jeudi 1 février 2007

Suisse-Guantanamo: Blocher défend le MPC

POLÉMIQUE. Le Conseil fédéral accepte l'interrogatoire de détenus de la base.
Par Valérie de Graffenried, Le Temps, 1er février 2007

«Le Ministère public de la Confédération (MPC) a agi conformément au droit; il n'a jamais été en contact direct avec Guantanamo et la diffusion de photos aux détenus de la base américaine n'a pas permis de recueillir des indices susceptibles d'être creusés.» Telles sont en résumé les explications données mercredi par Christoph Blocher (chef du Département fédéral de justice et police) sur l'«affaire Guantanamo», via un texte lu devant la presse par Oswald Sigg, porte-parole du Conseil fédéral. En clair: il rejette les récentes critiques et le Conseil fédéral ne prendra aucune mesure. Consterné par la «pusillanimité du gouvernement», le PS demande la suspension de la coopération avec Washington en matière de lutte contre le terrorisme.

Suite à un article du Blick soulignant que la Suisse a demandé aux Américains de transmettre aux prisonniers de Guantanamo des noms et photos d'islamistes détenus en Suisse pour voir s'ils les reconnaissent, des voix se sont élevées pour condamner ces pratiques. La Suisse demande aux Américains de respecter les Conventions de Genève à Guantanamo et voilà qu'elle en profite, s'insurgent des politiciens. Motif de leur courroux: les informations à Guantanamo sont souvent extirpées sous la torture. Certains vont jusqu'à demander de dénoncer l'accord d'entraide avec les Américains en matière de terrorisme, qui sera discuté au National en mars.

Christoph Blocher fait, lui, savoir que ni la Délégation des commissions de gestion, ni le Tribunal pénal fédéral n'ont contesté l'étendue et la portée des contacts avec les Etats-Unis. Il précise qu'en raison des critiques sur les conditions de détention à Guantanamo, la collaboration «la moins poussée» a été choisie: l'entraide policière. Le Conseil fédéral ne voit pas de raison d'intervenir, a-t-il ajouté. Pas étonnant puisque celui-ci a avalisé ces pratiques à travers une réponse à une interpellation d'Alexander Baumann (UDC/TG) en septembre déjà. Faire marche arrière le décrédibiliserait. Oswald Sigg a aussi souligné que la démarche n'a rien donné. Voilà qui ne va pas rassurer ceux qui s'offusquent de ces pratiques: la Suisse ne pourra certes pas être accusée d'utiliser des informations extirpées sous la torture, mais serait-elle complice de mauvais traitements administrés «pour rien»? Le débat est loin d'être clos.

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