samedi 30 décembre 2006

Si j’étais journaliste

par Maxime VIVAS , 20 décembre 2006


Sami Muhydine Al Hajj,
journaliste soudanais d'Al Jazeera,
détenu à guantanamo

Si j’étais journaliste, j’irais chercher l’information cachée.
Je foncerais vers un bagne international opaque : Guantanamo. Car mon sang corporatiste n’aurait fait qu’un tour en apprenant qu’un journaliste y est incarcéré.
J’aurais l’idée de lancer une grande campagne médiatique comme pour Christian Brunot, Georges Malbrunot et Florence Aubenas.
Pour ce faire, je me ferais aider par les syndicats de journalistes, je mettrais dans le coup toutes les associations qui défendent les droits de l’Homme. Emporté par mon élan, j’en appellerais même à Reporters sans frontières.

Avec tout ce battage, nous serions des dizaines, bardés de caméras, appareils photos dotés de puissants téléobjectifs, téléphones cellulaires, micro portables, gilets multi-poches, à atterrir à Santiago de Cuba.
Notre cohorte de voitures de location irait se garer sur le parking donnant sur la petite route interdite qui se termine par la grille du goulag. Les militaires états-uniens nous interdiraient d’entrer.
En l’absence d’hôtels, nous camperions. La température est douce sous les tropiques.
Nous créerions un gigantesque « camp de toile de la liberté ». Très vite, nous dresserions un grand chapiteau abritant une salle de presse reliée au monde entier.
Nous déploierions une immense banderole, assez consensuelle, du genre : « Laissez les journalistes faire leur travail » ou : « Le monde veut savoir » ou « Libre accès à l’information » ou « Respectez la presse ».
Oui, je ferais ça, si j’étais journaliste.
Nous créerions du même coup un événement médiatique mondial.
Nous redonnerions du lustre à la profession en montrant que les journalistes sont courageux, objectifs, et capables de travailler dans un confort spartiate.
Les gardiens en uniforme nous regarderaient à travers les barbelés, mais ils ne pourraient pas nous chasser car, entre nous, s’interposerait, outre cette frontière aux piquants d’acier, des centaines de millions de témoins à travers le monde.
Ils ne pourraient même pas nous pulvériser accidentellement en prétextant nous avoir pris pour des terroristes.
Nous serions invulnérables. Et pourtant, aucun de nous ne serait « embedded ».
D’autres journalistes, des envoyés spéciaux du monde entier, accourraient (ils logeraient dans les hôtels des villes les plus proches ou chez l’habitant dans des « habitacións particulares).
Des îliens curieux viendraient nous rejoindre. S’y mêleraient quelques jineteras, qui téléphoneraient à leurs copines de La Havane pour qu’elles rappliquent. Elles se réjouiraient sans complexe d’empocher nos pesos convertibles tout en participant à une action humanitaire. On éviterait de les photographier pour ne pas donner l’impression que, comme les amateurs de mondial du foot ou autres mâles ordinaires, nous succombons aux charmes tarifés.
Malignes, les autorités de l’île s’abstiendraient d’organiser des manifestations de soutien qui galvauderaient le mouvement purement journalistique. Pas de récupération.
Dans une conférence, notre porte-parole dirait d’ailleurs que dénoncer Guantanamo, ce n’est pas approuver tout le reste. Resté à Paris, le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, se demanderait alors s’il ne pourrait pas venir faire un tour. Il n’obtiendrait pas de visa et publierait un communiqué contre le gouvernement cubain « prédateur de la presse ».
Des amoureux de la liberté et les anti-yankees du monde entier convergeraient vers le « goulag tropical » états-unien. Ils dresseraient leurs tentes aux alentours.
A Paris, Libé et le Monde publieraient des éditoriaux contre Guantanamo, rééquilibrés par des considérations critiques à l’égard du « lider maximo », du « régime castriste », du « vieux dictateur », de « l’île à l’économie dévastée ».
Du coup Robert Ménard envisagerait d’envoyer à Cuba tous ses correspondants en poste en Amérique latine, avec mission de se partager entre Guantanamo et les centres de détention cubains. Un communiqué sur Guantanamo, et un par « prison castriste » : l’objectivité tartinée au pâté d’alouette.
Nous serions désormais plus de mille : journalistes organisateurs de l’événement, reporters venus le couvrir, badauds, militants, jineteras (très politisées), etc.
Nous camperions là depuis dix jours maintenant et, autour de nous, la foule nous délivrerait des signes de sympathie. Nous serions aimés, sensation dont nous étions sevrés depuis quelques lustres.
Si j’étais journaliste, je vivrais là des jours heureux.
Des jeunes filles (que nous prendrions parfois pour des professionnelles, et cela les ferait rire de toutes leurs dents si blanches), nous apporteraient des jus de mangue et des bananes séchées. Certaines s’offusqueraient cependant quand nous sortirions notre argent. Nous recevrions ainsi une petite leçon de fierté.
Des hommes nous offriraient du rhum et de gros cigares. Quelques-uns d’entre eux, des jineteros, repartiraient écoeurés par la rareté des journalistes femmes, par notre avarice ou la trop grande orthodoxie de nos moeurs.
Nous enverrions chaque jour une petite délégation discuter avec les geôliers, à l’entrée du bagne. Elle reviendrait en nous faisant part des raisons du refus de nous laisser entrer : « Secret défense ».
Dans nos pays d’origine, les tirages de nos journaux repartiraient à la hausse.
CNN et son concurrent latino-américain, Telesur, nous intervieweraient à qui mieux mieux.
Nous serions ravis de cette vie champêtre et répondrions mollement aux sollicitations de nos rédactions qui, de très loin, nous inciteraient à mêler dans nos articles quelques détails sordides sur la vie dans la province de Guantanamo. Fraîchement respectés par le lectorat, nous n’allions pas recommencer nos conneries alors que nous baignions dans le rhum, les cigares, les sourires et plus si affinités.
Les autorités cubaines auraient fait venir des toilettes mobiles et des camions d’eau. Les autochtones seraient de plus en plus nombreux dans le village de toile, surtout le soir après le boulot. Guitares, chants et danses jusqu’à plus d’heures. Crevant, mais exaltant.
Si j’étais journaliste, je rajeunirais de vingt ans.
Les chaînes hôtelières de Varadero, flairant la bonne pub possible, nous feraient parvenir de vivres et nous offriraient un séjour de deux jours gratuits ainsi que l’acheminement en bus climatisés.
Nous nous serions procurés des porte-voix et nous haranguerions les responsables du centre de détention. Un journaliste d’Al-Jazira voudrait même s’adresser ainsi aux détenus, mais nous jugerions prudent de l’en dissuader.
Si j’étais journaliste, je serai là-bas, je vivrais ça, fier de mon travail. Je saurais qu’un jour, je le raconterais à mes enfants.
Au bout de deux semaines, l’affaire occuperait tout le début des journaux télévisés de 20 heures avec un audimat d’enfer.
L’Administration US demanderait alors aux autorités cubaines de mettre fin à cette gabegie. En réponse, celles-ci feraient l’historique de l’irrégularité de « Radio Marti » qui, depuis des avions US tournant à la limite de l’espace aérien cubain, viole les lois internationales sur les fréquences en inondant l’île d’émission hostiles et guerrières. Elles citeraient sans en omettre un seul, avec nom, prénom, âge, et média employeur, tous les journalistes tués par l’Armée US, de l’ex Yougoslavie jusqu’à l’Irak, en passant par l’Afghanistan et sans oublier les dizaines qui furent liquidés sous des dictatures latino-américaines soutenues ou mises en place par « los Yankis. Elles demanderaient la restitution de la base « à la nation ».
A Paris, Libé titrerait ainsi un édito : « Coup bas à Cuba. L’île des Caraïbes s’offre le luxe d’administrer une leçon de liberté de la presse aux USA ». Dans le corps de l’article, il serait question de « cynisme castriste ».
Sous le grand chapiteau, nous serions réunis en assemblée générale pour voter à main levée une lettre de protestation à l’intention de l’Administration américaine. Pris simultanément d’un besoin pressant, tous les correspondants de RSF sortiraient et ne pourraient prendre part au scrutin. Mais ils seraient ajoutés à la liste des votants par un confrère farceur qui ne peut « pas les piffrer » (sic).
Aux USA, le Center for a free Cuba (CFC) et The National Endowment for Democracy (NED) décideraient de suspendre leurs subventions à RSF.
Si j’étais journaliste, je me réjouirais qu’une ONG censée nous défendre ne soit plus financée par des officines écrans de la CIA. Je l’écrirais en buvant du rhum. Mon papier serait refusé. Je le lirais sur Telesur. Je serais viré. Mes collègues écoeurés signeraient une pétition en ma faveur et dénonceraient la censure. Ils seraient tous virés. Nous protesterions par une pétition. Nos gouvernements rappelleraient leur attachement à la liberté de la presse (qu’il ne faut pas galvauder) et nous conseilleraient de faire preuve de retenue.
Les autorités du bagne nous feraient savoir qu’elles ont toléré cette chienlit parce que nous étions soutenus par nos employeurs et nos Capitales. Maintenant que nous ne l’étions plus, « un tir ami » était possible. Alors, nous nous tournerions tous vers l’Incomparable Bouclier (RSF) mais, mystérieusement informés la veille, ses correspondants seraient déjà à l’aéroport.
Nous plierions nos tentes, embrasserions les jeunes filles, tapoterions les rotondités postérieures des jineteras, ferions provision de rhum et de cigares, distribuerions des stylos aux enfants et nous embarquerions vers les bus climatisés en partance pour Varadero.
Les journalistes ne peuvent pas résister à l’armée, faire fi des menaces, offrir leur poitrail à la mitraille, lutter pour (et avec) le peuple : c’est le rôle des révolutionnaires.
Si j’étais journaliste, je me contenterais donc de dire la vérité et de ne pas baver sur ceux qui tiennent tête aux canons depuis près d’un demi-siècle.
C’est peu et c’est beaucoup : ça suffirait pour que les lecteurs nous aiment enfin.
Source : Cuba Solidarity Project,
http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=636

Lire les lettres de guantanamo de Sami Al Hajj http://quibla.net/guantanamo2006/guantanamo1.htm

jeudi 28 décembre 2006

L'Arabie Saoudite libère des ex-détenus de Guantanamo

L'Arabie saoudite a annoncé mardi la libération de 29 ex-détenus de la base américaine de Guantanamo, à Cuba, qui avaient été remis au préalable par les autorités américaines.La justice saoudienne a jugé 29 ex-détenus de Guantanamo --28 Saoudiens et un ressortissant étranger né en Arabie saoudite-- et ordonné leur libération, a indiqué le porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur, le général Mansour Al-Turki. Leur libération s'est déroulée en deux temps, la semaine dernière, a-t-il ajouté: un premier groupe de 11 prisonniers a été relâché en début de semaine puis les 18 autres samedi.
Ces ex-prisonniers ont été avertis, en présence de leurs parents, que "leur respect des règles et des directives sera un facteur déterminant pour obtenir le rapatriement des autres Saoudiens toujours détenus à l'étranger", a déclaré le porte-parole, cité par l'agence officielle Spa. Ryad a obtenu le rapatriement, en plusieurs vagues, de 53 de ses ressortissants détenus sur la base de Guantanamo.
Les corps de deux détenus, dont les autorités américaines ont affirmé qu'ils s'étaient suicidés en juin, ont également été rapatriés. Au moins 74 Saoudiens sont toujours prisonniers à Guantanamo. Le 17 décembre, le Pentagone avait indiqué qu'"environ 395" personnes restaient détenues à Guantanamo. Quelque 85 d'entre elles pourraient être transférées ou relâchées après examen de leur cas, selon la même source.
Source : Belga, 26 décembre 2006

mardi 26 décembre 2006

Reportage vidéo

Reportage tourné début décembre par AFP TV sur la base de Guantanamo. Les premiers procès concernant les prisonniers retenus à Guantanamo sont programmés pour mi-2007. A l'approche de cette échéance, l'armée usaméricaine tente régulièrement de redorer le blason de ce centre de détention sans statut juridique et très critiqué dans le monde entier. Durée: 1mn55
Cliquer sur http://fr.news.yahoo.com/22122006/202/dans-la-prison-de-guantanamo.html

L'Arabie saoudite libère 18 anciens détenus de Guantanamo

L'Arabie saoudite a libéré 18 anciens détenus du centre de détention américain de la baie de Guantanamo, à Cuba, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Ils ont purgé leur peine de prison. Ces hommes figuraient parmi un groupe de 28 hommes de nationalité saoudienne et d'un résident de ce pays remis aux autorités saoudiennes, cette année, par les USA, précise le ministère. Le royaume wahhabite avait déjà libéré 11 de ces hommes ce mois-ci. L'Arabie saoudite a fait savoir qu'elle continuerait à rechercher le rapatriement d'autres nationaux encore détenus à Guantánamo. Elle n'a pas précisé combien d'entre eux s'y trouvaient.
De nombreux prisonniers de Guantánamo ont été capturés en Afghanistan lors de l'intervention militaire américaine qui a abouti au renversement des taliban, après les attentats du 11 septembre 2001. Beaucoup d'entre eux y sont depuis des années, et presque tous sans qu'aucune charge ne leur ait été notifiée.
Source : ats , 26 décembre 2006

lundi 25 décembre 2006

Guantánamo : cinq ans d’existence

Londres - Le 11 janvier 2007, le centre de détention de Guantánamo aura cinq ans d’existence. Révoltés par ce symbole des injustices et des sévices commis par les États-Unis, des militants des droits humains se mobilisent dans le monde entier pour manifester leur solidarité avec les détenus et leurs familles, et pour exiger une fois de plus que le gouvernement américain ferme Guantánamo. À la veille du cinquième anniversaire des premiers transferts vers le centre de détention des États-Unis à Guantánamo (Cuba) – le 11 janvier 2007 – Amnesty International rend public un dossier qui contient des informations importantes et des analyses sur la situation des droits humains dans ce centre de détention.
Le dossier contient :
• Une liste de juristes et de spécialistes d'Amnesty International pouvant répondre à des demandes de renseignements ou donner des interviews.
• La fiche Guantánamo en chiffres.
• La fiche Guantánamo au fil du temps, qui relate les événements depuis janvier 2001.
• La fiche Les détenus de Guantánamo - Présentation succincte de personnes actuellement détenues au camp.
• La fiche Le sort des anciens détenus - Présentation succincte de personnes libérées de Guantánamo.
• La fiche Torture et autres mauvais traitements, qui décrit les préoccupations d'Amnesty International dans ce domaine à Guantánamo.
• La fiche Les commissions militaires de Guantánamo : une parodie de justice, qui montre l'illégalité de ce dispositif par rapport aux normes internationales d'équité des procès.
• Le plan d'action d'Amnesty International en faveur de la fermeture de Guantánamo.
• La fiche La pointe émergée de l'iceberg - Guantánamo comme exemple de violations des droits humains commises par le gouvernement des États-Unis dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme».
• Photos et vidéos d'entretiens avec des proches de personnes actuellement détenues à Guantánamo et d'anciens détenus.
• Photos et vidéos d'actions publiques menées par Amnesty International dans le monde pour obtenir de la fermeture de Guantánamo.
• Une liste des rapports et synthèses ayant un lien avec Guantánamo publiés par Amnesty International depuis 2001.
Le dossier d'Amnesty International sur Guantánamo destiné aux médias se trouve sur le site de l'organisation, à l'adresse suivante :
http://web.amnesty.org/pages/usa-151206-media-eng
Si vous souhaitez recevoir un exemplaire du dossier de presse par courrier électronique ou postal, ou si vous voulez prendre rendez-vous pour un entretien avec l'un des spécialistes d'Amnesty International sur ce sujet, veuillez prendre contact avec : Josefina Salomon, attachée de presse pour les Amériques ; tél. : +44 207 413 5562 ; mobile : +44 7778 472 116 ; courriel : jsalomon@amnesty.org Jane Rose, responsable de la planification Médias ; tél. : +44 207 413 5808 ; courriel : jrose@amnesty.org Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service de presse d'Amnesty International à Londres, au +44 20 7413 5566 Amnesty International, 1 Easton St., Londres WC1X 0DW.
site :
http://www.amnesty.org
Source :
web.amnesty.org

mardi 19 décembre 2006

Seize détenus de Guantanamo ont été transférés en Arabie saoudite

Une centaine d'autres attendent d'être transférés ou relâchés dans les pays disposés à les recevoir.
Washington - Le ministère de la défense des États-Unis a annoncé, le 14 décembre, que 16 personnes qui avaient été détenues à la prison militaire de la base navale américaine de Guantanamo (Cuba) dans le cadre de la guerre mondiale contre le terrorisme avaient été envoyées en Arabie saoudite.
La décision de transfert a été prise par un conseil administratif qui, après examen de leur cas, a conclu que ces personnes ne constituaient plus un danger pour les États-Unis ou pour leurs alliés.
Les États-Unis procèdent à des consultations avec d'autres pays afin de savoir s'ils pourraient accepter de recevoir une centaine d'autres détenus déclarés aptes à être libérés dans un pays d'accueil ou à être transférés aux autorités d'un pays disposé à accepter cette responsabilité. M. John Bellinger, conseiller juridique du département d'État, avait déclaré, le 3 novembre, à la faculté de droit de l'université Harvard que les États-Unis « ne tenaient pas à les détenir pendant encore très longtemps ».La difficulté, avait-il dit, est que nombre de pays ne veulent pas accepter les détenus, certains allant même jusqu'à nier que ces personnes soient de leur nationalité.
Or le président Bush tient réellement à fermer la prison militaire de Guantanamo, avait poursuivi M. Bellinger. Il comprend fort bien, comme le fait la secrétaire d'État, Mme Condoleezza Rice, que cette question suscite des problèmes pour les États-Unis dans l'ensemble de la communauté internationale.Depuis 2002, 360 détenus ont quitté Guantanamo pour les pays suivants : l'Afghanistan, l'Albanie, l'Allemagne, l'Arabie saoudite, l'Australie, le Bahreïn, la Belgique, le Danemark, l'Égypte, l'Espagne, la France, l'Iran, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, les Maldives, le Maroc, l'Ouganda, le Pakistan, le Royaume-Uni, la Russie, le Soudan, la Suède, le Tadjikistan, la Turquie et le Yémen. Durant la seule année 2006, on a compté 96 départs de Guantanamo.Les personnes qui ne sont pas aptes à être libérées ou transférées parce qu'elles continuent de représenter un danger dans le cadre de la guerre contre le terrorisme seront jugées selon les règles établies par la loi sur les commissions militaires votée par la 109e législature.
M. Bellinger a déclaré, le 15 novembre, à la faculté de droit de l'université Duke que cette loi établissait un cadre juridique satisfaisant pour ces procès « car elle apporte toutes les garanties fondamentales d'équité et de procédure » et répond à la plupart des préoccupations soulevées par le Congrès et par la communauté internationale.
Source : Jacquelyn S. Porth, http://usinfo.state.gov/francais/, 19 décembre 2006

lundi 18 décembre 2006

Libéré de Guantanamo, Mubarak Hussain est emprisonné à son retour au Bangladesh

Un Bangladais rapatrié il y a une semaine après avoir passé cinq ans dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba, a été emprisonné à son retour chez lui, a indiqué une source policière. Il doit rester en détention pendant un mois.
Mubarak Hussain Bin Abul Hashem, 32 ans, est arrivé le week-end dernier dans la capitale bangladaise Dacca sur un vol spécial des Etats-Unis pour être remis à la police. Il a été placé vendredi en état d'arrestation pour un mois pour "activités contre l'Etat", a indiqué une source policière sous couvert de l'anonymat. Cette détention va permettre de nouveaux interrogatoires en vue de déterminer si l'homme "a des liens avec des organisations militantes locales ou internationales", a précisé la source. Mubarak Hussain Bin Abul Hashem avait été arrêté en Pakistan fin 2001 puis remis aux Etats-Unis. Son père, Abul Hashem, un important dignitaire à la mosquée de Dacca, a assuré de l'innocence de son fils, déclarant que sa vie avait été "détruite" par cinq ans de vie en prison. Un autre Bangladais reste détenu à Guantanamo.
Source : http://www.20min.ch/ro/monde/sdastory.tmpl?id=brf013&date=2006-12-23

Mubarak Hossain est arrivé dimanche à la mi-journée à Dacca à bord d'un avion de l'US Air Force, «après cinq années d'horreur dans la prison de Guantanamo», rapporte le Daily Star. «Personne n'a pu lui parler», ni sa famille qui a vainement attendu pendant plusieurs heures devant le bâtiment de l'immigration de l'aéroport international de la capitale bangladaise, ni les journalistes, écrit le Star. Parce qu'il «a aussitôt été arrêté par les services de sécurité». Les Américains l'ont libéré parce qu'ils n'avaient finalement aucune preuve de liens du jeune homme, âgé de 30 ans, avec la nébuleuse al-Qaïda. Mais il était question de le traduire en justice, dès ce lundi, selon le journal qui, comme son confrère New Age, reste très circonspect sur ces éventuelles poursuites au Bangladesh. Le New Age relève que Mubarak vient tout de même de passer de longues années dans les geôles de l'armée américaine à Cuba, Guantanamo Bay, «notoirement connue pour les tortures et les humiliations infligées aux prisonniers», insiste le quotidien. Le New Age rappelle aussi que le jeune Mubarak avait été arrêté fin 2001, à la frontière afghane par les Pakistanais, qui l'avaient rapidement livré aux Américains, comme beaucoup d'autres islamistes présumés. Sa famille n'avait eu aucune nouvelle, jusqu'en 2004, quand le Croissant Rouge bangladais l'a informé de sa détention. A l'époque, ses parents n'y ont pas cru, souligne le journal, parce que leur fils, assuraient-ils, n'avait aucun lien avec un quelconque groupe islamiste radical, même s'il avait étudié dans des madrassa, des écoles coraniques, au Pakistan, dans les années 90.
Source : http://www.rfi.fr/actufr/articles/084/article_48277.asp, 18 décembre 2006

dimanche 17 décembre 2006

Rapatriement de 18 détenus de Guantanamo

L'armée usaméricaine a renvoyé au cours du week-end 18 détenus de Guantanamo dans leurs pays respectifs, a annoncé dimanche 17 décembre le ministère usaméricain de la Défense. Les détenus ont été transférés en Afghanistan, au Yémen, au Kazakhstan, en Libye et au Bangladesh, a précisé un porte-parole du Pentagone. Ils ont été remis aux autorités de leur pays, à l'exception d'un détenu yéménite relâché sans condition. Ces prisonniers, qui étaient depuis plusieurs années sous les verrous sans inculpation sur la base navale américaine de Cuba, ont été transférés ou libéré à l'issue d'un processus militaire de révision, destiné à vérifier qu'ils ne représentent pas une menace pour les USA. Le Pentagone n'a pas fourni de précisions sur les cas individuels. Depuis l'ouverture de la prison en janvier 2002, environ 380 détenus ont quitté le camp de Guantanamo. Quelque 395 autres, soupçonnés de liens avec Al-Qaeda ou les talibans, sont toujours détenus, en majorité sans inculpation. Les États-Unis les considèrent comme des «combattants ennemis» et ne leur reconnaissent pas le statut de prisonnier de guerre.
Source : AP, 17 décembre 2006

vendredi 8 décembre 2006

Les juges françaises veulent la levée du secret défense

Les juges parisiennes Sophie Clément et Nathalie Frydman, chargées d'instruire la plainte pour "détention arbitraire, enlèvement et séquestration" des ex-détenus français de Guantánamo, ont demandé la levée du secret-défense. Cette demande adressée le 17 octobre aux ministères de la défense, de l'intérieur et des affaires étrangères a été transmise à la commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), le 10 novembre, qui en a accusé réception le 29. Celle-ci devrait rendre son avis - généralement suivi par les ministres - dans le courant du premier trimestre 2007.
Interpellés au Pakistan en décembre 2001 après qu'ils eurent séjourné dans des camps d'entraînement d'Al-Qaida en Afghanistan, les ex-détenus avaient été transportés par les troupes américaines vers Guantánamo. Les deux magistrates sont intéressées par les interrogatoires qu'ils ont subis en 2002 sous le contrôle des soldats américains et hors de tout cadre légal.
Leurs dépositions avaient été recueillies par un agent de la DGSE, un policier de la DST et un représentant de l'ambassade de France à Washington envoyés à Guantánamo. Les juges souhaitent obtenir les enregistrements et les scripts de ces auditions.La plainte déposée dès 2002 à Lyon par Mes Jacques Debray et William Bourdon, les avocats de Nizar Sassi et de Mourad Benchellali - deux des six Français internés pendant plus de quatre ans à Guantánamo - avait été retenue à l'issue d'un marathon judiciaire arbitré le 4 janvier 2005 par la Cour de cassation qui avait confié le dossier à la cour d'appel de Paris.
Parallèlement au dossier instruit par Mmes Clément et Frydman, les juges de la section antiterroriste avaient été saisis en 2002 d'une information pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Renvoyés devant le tribunal correctionnel, les six anciens détenus ont comparu du 3 au 12 juillet. Le tribunal qui devait rendre son jugement le 27 septembre a décidé de rouvrir le procès le 2 mai 2007, afin de procéder à "un supplément d'information". Il avait estimé être "insuffisamment éclairé sur le cadre légal dans lequel sont intervenus plusieurs fonctionnaires, lorsqu'ils se sont rendus à plusieurs reprises sur la base de Guantánamo pour y rencontrer les prévenus" (Le Monde du 29 septembre).
Le président du tribunal, Jean-Claude Kross, devrait convoquer dans son cabinet les trois fonctionnaires français avant la fin de l'année. Si ces derniers refusent de répondre à ses questions, en opposant le secret-défense, il pourrait à son tour en demander la levée.

lundi 4 décembre 2006

L’odyssée du citoyen italien Abou Elkassim Britel, victime d’un « transfert extraordinaire » par la CIA, détenu au Maroc

Par statewatch.org, novembre 2006
Depuis plusieurs mois, une commission du Parlement européen présidée par Claudio Fava enquête sur les « transferts extraordinaires » (« extraordinary renditions ») opérées par la CIA à travers toute l’Europe, en dehors de tout cadre légal, de suspects de terrorisme. Un des cas les plus incroyables est celui du citoyen italien d’origine marocaine Abou Elkassim Britel, condamné sans preuves à 9 ans de prison au Maroc. Son épouse et son avocate contnuent à se battre pour obtenir que l’Italie intervienne en faveur de sa libération. Voici l’histoire de Abou Elkassim Britel, telle qu’elle est rapportée par le site britannique statewatch.org, sur la base des documents de la commission d’enquête.
(TLAXCALA)

Francesca Maria Longhi, l’avocate de la défense représentant le Marocain Abou Elkassim Britel, qui a obtenu la citoyenneté italienne en 1999, a fait parvenir des documents à la commission d’octobre du Parlement européen qui enquête sur les « transferts extraordinaires » opérés par la CIA, pour ajouter de nouveaux éléments à ceux fournis lors de sa comparution devant la commission du 14 septembre 2006. Elle a raconté à l’audience l’enlèvement et les interrogatoires subis par Britel au Pakistan, sa déportation au Maroc où il a été torturé, relâché, de nouveau arrêté alors qu’il se rendait en Espagne et où il a été condamné à une peine de neuf ans de prison fondée sur des déclarations obtenues sous la torture et sur des rapports provenant d’Italie selon lesquels il serait impliqué dans des activités terroristes. Malgré une surveillance de deux ans et une longue enquête judiciaire sur ses activités, dont une perquisition et des interceptions téléphoniques, Britel n’avait pas été poursuivi en Italie. Longhi remarque qu’une fois que l’affaire avait été classée, l’accès aux pièces de l’enquête lui avait été accordé, confirmant « avec une clarté absolue les informations qu’[elle] avait données, fondé sur un prcessus déductif lors de [son] témoignage le 14 septembre ». Elle insiste sur le fait que les informations prouvent que « l’autorité judiciaire aussi bien que le ministère de l’Intérieur étaient en coopération constante avec les services secrets étrangers et étaient en permanence au courant de chaque mouvement entrepris par la personne que je représente et de toute action illégale menée à son encontre, plus précisément, depuis sa première arrestation au Pakistan. »

Les documents incluent :

-la requête de classement sans suite émanant du procureur (en du 28 juillet 2006) en raison :
« d’un manque absolu de preuves d’accusation, pouvant être utilisés pendant le procès qui rendraient possible l’affirmation selon laquelle les personnes faisant l’objet d’une enquête ont fait partie d’une organisation terroriste islamiste dont l’objectif était de mener des actions violentes à des fins terroristes ou de subversion de l’ordre démocratique. »
- l’ordre du juge d’ instruction préliminaire décrétant la fin des procédures judiciaires (doc. 9745/06, daté du 29 septembre 2006), parce que :
« les vérifications qui ont été entreprises, les interceptions téléphoniques et les vérifications effectuées sur les comptes bancaires n’ont apporté aucun appui aux allégations ».
Il a également été remarqué que l’enquête était justifiée par des preuves de contact établis avec des suspects trouvés dans des enregistrements téléphoniques, des preuves de fanatisme religieux dans des documents trouvés lorsque la maison de Britel et de sa femme italienne Anna Pighizzini (cette dernière a également fait l’objet d’une enquête) a été perquisitionnée et lorsque des conversations téléphoniques ont été interceptées, tout comme les preuves qui ne pourraient pas être utilisées devant un tribunal, à savoir une note réservée sur sa présence dans un camp d’entraînement paramilitaire en Afghanistan où il aurait souffert de malaria et un rapport selon lequel ses coordonnées ont été trouvées par un journaliste dans un appartement de Kaboul qui a été fréquenté par des membres d’ Al Qaïda. Ils sont décrits comme n’étant « absolument pas » suffisants « pour soutenir l’accusation de sa participation dans l’organisation terroriste Al Qaïda . »
- Un troisième document, datant du 22 mai 2003, une note réservée de l’unité d’opérations spéciales de la police DIGOS, envoyée par le bureau du magistrat du parquet de Bergame pour transmettre les informations « réservées » selon lesquelles Britel a été arrêté aux douanes en traversant la frontière de Melilla « parce qu’il a été identifié dans le passé comme un individu ayant participé au camp d’entraînement paramilitaire en Afghanistan dirigé alors par Al Qaïda. ». La note souligne également « qu’en dépit d’une absence d’éléments revendiquant la participation de Britel dans les fameuses attaques de Casablanca, il est actuellement interrogé. »
Le document est décrit par Longhi comme « éclairant » en référence aux informations qu’elle a envoyées à la commission du 12 juillet 2006 sur l’illégalité de l’arrestation de Britel à la frontière de Melilla et sur les fausses informations apparaissant dans la presse italienne sur cette affaire. En remarquant qu’il existe un grand nombre d’informations nécessitant des explications, elle « espère qu’en ayant clarifié davantage et de manière incontestable ces circonstances sérieuses , l’État italien adoptera enfin une position pour permettre la libération immédiate de l’un de ses citoyens, [qui avait été] reconnu coupable par l’État marocain en vertu des confessions qu’on lui a arrachées par la torture et fondées sur des actions supposées criminelles qui sont survenues de l’interaction entre les services secrets italiens et américains, et celles de pays arabes modérés pour mettre leurs forces de police en condition d’intervenir et certaines opérations préventives ont été remplies de succès. » [souligné dans l’original], selon une déclaration faite par Gianfranco Fini, le vice-Premier ministre du gouvernement Berlusconi, qui a été rapportée dans le journal Corriere della Sera du 21 novembre 2001.

Source

Doc. A 2006 11668 – Documents envoyés par Francesca Longhi à la commission enquêtant sur les transferts extraordinaires, Bergame, 28/10/2006 ; Corriere della Sera, 21/11/2006.


Arrière-fond : le transfert extraordinaire de Britel

Avant de fournir des preuves en septembre, Francesca Maria Longhi a envoyé un grand nombre de documents à la commission du Parlement européen en apportant des détails sur le transfert extraordinaire et ses circonstances.
Ils comprennent une chronologie des évènements apportés par la femme de Britel, fondée sur le propre compte-rendu que lui en a fait Britel lorsqu’elle l’a vu en mars 2003, et sur ses efforts déchirants pour obtenir les informations ci-dessous :

Britel a pris l’avion pour l’Iran de Rome le 17 juin 2001 et a rencontré des difficultés à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001, de la militarisation de la région et de la guerre qui a suivi en Afghanistan. Il a été arrêté le 10 mars 2002 lors d’un contrôle d’identité à Lahore (Pakistan) et emmené au commissariat « Garden Town » où son passeport était considéré (à tort) comme faux, il a été ainsi torturé, attaché et enchaîné. Dix jours plus tard, il a été emmené au Département d’enquête criminelle (Crime Investigation Department) à Lahore pour cinq jours d’interrogatoires accompagnés de mauvais traitements, de violences et de privation de sommeil. Ramené à la police et ensuite au Service secret pakistanais, il a été de nouveau torturé lors de deux interrogatoires début avril, au cours d’un desquels, il a admis deux éléments qu’il était obligé de déclarer sous la pression.

Il a été transféré le 5 mai à Islamabad pour être interrogé par le FBI dans une villa à quatre reprises. Les Américains lui ont promis de l’argent en échange d’informations concernant Oussama Ben Laden et l’ont autorisé à rencontrer l’ambassadeur marocain, alors que l’accès aux autorités diplomatiques italiennes, ce qu’il demandait constamment, lui étaient refusées depuis son arrestation.

Le 24 mai, on lui a bandé les yeux, on l’a menotté et emmené dans un avion privé usaméricain vers Rabat (Maroc). Une fois là-bas, il a été conduit dans un centre de détention non-officiel à Temara, où la DST (Direction de la Surveillance du Territoire) garde des prisonniers dans des conditions illégales, où ceux-ci ne peuvent pas avoir de contacts avec des avocats, ni avec leur famille, et où des abus comme l’usage régulier de la torture et de l’isolement ont été rapportés par des organisations de défense des droits humains.

Le 11 février 2003, il a été emmené à Kénitra dans sa famille et a été relâché après une série de questions et d’interrogatoires approfondis sur ses activités, aucune charge n’a été retenue contre lui. Néanmoins, son passeport ne lui a pas été rendu. Le 26 février, Anna Pighizzini s’est rendue au Maroc pour enfin voir son mari et l’a trouvé en mauvaise condition physique. Un responsable de la DST le garde sous son contrôle par des coups de téléphone et des visites régulières, en lui mettant la pression pour qu’il collabore avec eux sur son retour en Italie et pour qu’il rentre en Italie illégalement, en utilisant de faux papiers. Après son retour en Italie a la mi-mars (il est resté plus longtemps au Maroc), Britel a expliqué par téléphone qu’il était sous pression pour obtenir de faux papiers mais qu’il ne voulait rien faire d’illégal. Le 4 avril, Britel lui a affirmé que l’ambassade italienne était d’accord pour lui remettre un passeport afin qu’il retourne en Italie. Sa femme est retournée au Maroc, et il lui a expliqué qu’il était peu probable qu’il soit autorisé à partir en Italie en avion puisqu’il n’avait pas de visa. L’ambassade italienne lui a expliqué qu’il était impossible de l’accompagner à l’aéroport et il envisageait de partir de la frontière marocco-espagnole Nador/Melilla. Il a reçu un passeport le 12 mai et dans l’après midi, il a emprunté un bus en partance pour Nador. Le 15 mai, il a appelé pour déclarer que la police espagnole et marocaine ne le laisseraient pas passer, et il a ensuite affirmé qu’il avait trouvé quelqu’un qui l’aiderait à traverser la frontière.

Ce fut leur dernier contact et le lendemain les attaques terroristes de Casablanca ont eu lieu. Le 17 mai, la télévision espagnole a rapporté qu’un italo-marocain traversant la frontière de Melilla avait été arrêté. Le 19 mai, un journal marocain a publié son nom et sa date de naissance en prétendant qu’il avait été arrêté avant les attaques comme une personne qui aurait pu être en contact avec Al Qaïda. La femme de Britel s’est rendue au consulat italien de Rabat qui n’avait reçu aucune information et elle a engagé un avocat qui l’a également informée qu’il était impossible pour l’instant d’obtenir plus d’information. Elle s’est ensuite rendue au ministère de la Justice marocain pour enquêter sur le lieu où se trouvait son mari et on lui a affirmé le 29 mai que « [son] mari n’était pas en état d’arrestation », une déclaration à laquelle elle a réagi en affirmant qu’il était illégalement arrêté sans que personne ne le sache. Elle a été encouragée à porter plainte, ce qu’elle a fait, et on lui a répondu qu’une enquête serait menée. Après son retour en Italie le 6 juin 2006, elle a adressé une lettre au ministère de la Justice marocain et par la suite à plusieurs autres ministères marocains. Son avocate, Melle Longhi, a adressé une lettre demandant des informations au procureur général marocain.
Une correspondance approfondie entre Longhi et les tribunaux italiens dans laquelle l’avocate demande que les enquêtes judiciaires sur les activités de son client cessent (1 er avril 2004), souligne que :
- Du 25 mai 2002 au 11 février 2003, et de nouveau du 16 mai 2003 au 10 septembre 2003, Britel a été emmené illégalement à Temara, un centre accusé par les ONG y compris par Amnesty International et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) d’être un lieu où les interrogatoires, la détention secrète et la torture sont pratiqués.
- Le 3 octobre 2003, une peine de 15 ans de prison a été prononcée contre Britel à Rabat pour des crimes terroristes avant d’être réduite à neuf ans en appel le 7 janvier 2004.
- Considérant que le procès était sommaire et qu’il enfreignait à plusieurs reprises les normes positives et de procédure de la loi marocaine, y compris le rejet par le tribunal des textes qui appuyaient la cause du prévenu et l’utilisation de confessions obtenues sous la torture et les mauvais traitements.
- Considérant le fait que Britel faisait l’objet d’une enquête en Italie et que les rapports des journaux avaient été des éléments importants en faveur des charges retenues contre lui au Maroc, bien que l’enquête ait échoué à retenir des charges contre lui, et que les rapports des journaux étaient parfois inexacts.

Original : http://www.statewatch.org/news/2006/nov/01italy-abu-omar-britel.htm
Traduit de l’anglais par Florence Razimbaud et révisé par Fausto Giudice, membres de
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