jeudi 24 juillet 2008

Rapatriez Omar Khadr ! Bring back Omar Khadr !

Piquetage vendredi 12h/Picket Friday noon
Complexe Guy-Favreau (200 René-Lévesque O.)
Montréal

Shut down Guantanamo, here and everywhere!!
Justice and freedom for OmarKhadr and all Guantanamo prisoners!!
Justice and freedom for Hassan Almreiand all prisoners of Guantanamo north!!
Against Canadian/American policies of racism and colonialism.
Fermons le Guantanamo, ici et partout !!
Justice et liberté pour Omar Khadret tous les prisonniers de Guantanamo!!
Justice et liberté pour Hassan Almreiet tous prisonniers du Guantanamo nord!!
Contre les politiques racistes etcolonialistes du Canada et des USA.

Rapatriez Omar Khadr... afin de rapatrier la conscience canadienne
Omar Khadr, citoyen canadien, est emprisonné dans des conditions inhumaines à la prison de Guantanamo depuis plus de cinq ans.Le gouvernement canadien a le devoir de faire tout ce qui est en son pouvoir pour rapatrier Omar, qui a été arrêté lorsqu'il avait 15 ans.
Souvenez-vous que :
-- Omar n'était qu'un enfant au moment de son arrestation;
-- Le Canada est le seul allié des États-Unis qui n'a pas obtenu lerapatriement de ses citoyens emprisonnés à Guantanamo;
-- Omar a été torturé et abusé pendant des années.
Il n'y aura pas de justice pour lui dans le cadre du tribunal militaire auquel il fait face;
-- C'est le devoir du gouvernement canadien de défendre tous les citoyenscanadiens de façon égalitaire;
-- La prison de la Baie de Guantanamo viole le droit international. LeCanada doit exiger sa fermeture.
Il faut agir maintenant! Le silence nous met tous en péril.
Centre des travailleurs et travailleuses immigrant-e-s
Coalition Justice pour Adil Charkaoui
Collectif Échec à la guerre
Conseil des Canadiens
Fédération canado-arabe
Forum musulman canadien (FMC-CMF)
Ligue des droits et libertés
Parole Arabe
Québec Solidaire
Solidarité sans frontières
Tadamon! Montréal
Julius Grey, avocat
Info:
Mohamed S. Kamel, 514.863.9202
Ehab Lotayef, 514.941.9792

mercredi 23 juillet 2008

Hiatt, c'est fini


A Guantanamo, un « accessoire » est bien connu : le « service trois pièces », soit une paire de menottes, une chaîne pour les hanches et une chaîne pour les chevilles, le tout « astucieusement reliées entre elles pour le plus grand confort du bourreau » (Delfeil de Ton (DDT), Le Nouvel Observateur, 10 juillet).
Jusqu’ici, elles venaient de la firme Hiatt, de Birmingham, Angleterre. Si l’on en croit de bonnes gazettes, la maison Hiatt, à la réputation mondiale, qui fournit démocraties et dictatures, fournissait déjà la Couronne au temps de la traite des Noirs.
Eh bien, Hiatt de Birmingham vient de fermer, des emplois sont perdus, mais l’honneur anglais est peut être sauf. Désormais la production des « trois pièces » se fera aux USA, dans le Hampshire. DDT pose la question : « L’Amérique saura-t-elle maintenir un coût de production compétitif ? »


Action contre l'entreprise Hiatt en 2005, avec le groupe musical Seize the Day (écouter leur chanson sur Guantánamo en allant sur Chansons dans la colonne de droite)



vendredi 18 juillet 2008

Lundi 21 juillet : grande première du Tribunal "spécial"

Un juge fédéral usaméricain a autorisé jeudi le premier procès pour crimes de guerre devant une juridiction d'exception à Guantánamo, lundi prochain. Le procès de Salim Hamdan, ancien chauffeur d'Oussama ben Laden, sera le premier à se dérouler selon les procédures d'exception mises au point par l'administration Bush. Accusé de complot et de soutien matériel au terrorisme, il risque la prison à vie. Vingt autres inculpés, dont le cerveau présumé des attentats du 11 septembre 2001, Khalid Sheikh Mohammed, devraient être jugés par ce tribunal spécial, inédit depuis la 2èmee Guerre mondiale.

mercredi 16 juillet 2008

Extradés vers l’Algérie, deux détenus de Guantanamo y seront jugés

Le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a entendu les deux Algériens extradés récemment du camp de Guantanamo, à Cuba, et il a ordonné à la fin de l’audience de les placer sous contrôle judiciaire. Des sources judiciaires bien informées ont assuré la comparution de Houari Abderrahmane et Mustapha Hamlil sans les nommer, hier, devant le parquet du tribunal de Sidi M’Hamed, deux semaines après leur extradition de la prison de Guantanamo en direction de l’Algérie. Ils ont été déférés devant le juge d’instruction qui a ordonné de les placer sous contrôle judiciaire, en attendant le complément d’enquête.
Selon les premières informations recueillies lors de l’investigation, les deux concernés ont quitté l’Algérie illégalement depuis des années, et ils sont parvenus à se déplacer à travers plusieurs Etats africains et asiatiques, à l’aide de faux passeports. Ils se sont installés ensuite au Pakistan (l’un d’eux est marié à une Pakistanaise) avant qu’ils ne soient arrêtés par les forces américaines dans la ville de Kandahar en Afghanistan, puis extradés vers le camp de Guantanamo, où ils ont passé environ six années pour des charges retenues contre eux.
Source : www.algerie-dz.com, d’après El Khabar, 16 juillet 2008

Salim Hamdan parle

L'ex-chauffeur d'Oussama ben Laden, Salim Hamdan, dont le procès doit s'ouvrir lundi devant une commission militaire à Guantanamo, a affirmé avoir été humilié par une femme lors d'un interrogatoire et évoqué d'autres mauvais traitements, selon la presse américaine mercredi.
Un juge fédéral doit décider vendredi si le procès de M. Hamdan, le premier depuis l'ouverture du camp de détention à Cuba fin 2001, peut ou non s'ouvrir. Dans l'attente, sur place, les audiences préliminaires s'enchaînent cette semaine.
Selon les journalistes américains présents à Guantanamo, Salim Hamdan a raconté mardi comment il avait été humilié par une femme lors d'un interrogatoire.
"Elle s'approchait très près de moi, avec tout son corps", a-t-il rapporté, précisant qu'elle lui touchait la cuisse, selon le Washington Post. "Je ne pouvais rien faire, j'avais peur des soldats". Puis, "je lui ai demandé ce qu'elle voulait. Elle a répondu: +que vous répondiez à toutes mes questions+", a-t-il poursuivi, assurant avoir alors effectivement répondu aux questions.
Le Yéménite, qui a passé plus de six ans à Guantanamo, a également raconté, selon le New York Times son voyage vers le camp de détention pendant lequel ses yeux étaient bandés et son corps attaché dans une position qui a aggravé une blessure au dos. "La douleur était tellement grande que je ne peux pas vraiment la décrire", a-t-il déclaré.
Selon les deux quotidiens, M. Hamdan a également décrit ses conditions de vie quotidienne dans les différents quartiers du camp. A l'isolement, où il a passé la majeure partie de ses six années de détention, les cellules sont petites et seules y sont autorisées une brosse à dents, une couverture et une serviette, quand elles ne sont pas confisquées. Dans le camp 6, "vous ne pouvez voir que les soldats et bien sûr, je n'ai jamais pu voir le soleil", a-t-il assuré.
Dans le camp 4 en revanche, "vous partagez une chambre avec d'autres et avez presque une vie normale. Vous parlez ensemble, vous priez ensemble", a-t-il raconté, demandant à y être à nouveau transféré.
Selon les journalistes présents sur place, le détenu marche difficilement en raison de douleurs au dos et son regard est hagard. Il semble avoir perdu la notion du temps et ne plus savoir combien de temps il a passé dans telle ou telle partie de la prison.
Lundi, ses avocats avaient rendu publics des documents attestant que M. Hamdan avait subi des privations de sommeil pendant 50 jours.
Source : AFP, 16 juillet 2008

Harold et Kumar s'évadent de Guantanamo

Sortie en salles en France ce mercredi 16 juillet 2008

Le premier film comique sur Guantánamo !
Réalisé par
Hayden Schlossberg, Jon Hurwitz
Les nouvelles aventures de nos deux anti-héros les conduisent à guantánamo, d’où ils s’échappent (c’est une fiction !) pour échouer dans le ranch texan de George Bush. Une comédie décoiffante avec l’acteur d’origine coréenne
John Cho (Harold Lee) et l’acteur d’origine indienne Kal Penn, de son vrai nom Kalpen Suresh Modi (Kumar Patel ). Succès familial garanti. Le producteur New Line vient d’être racheté par Warner Bros.
Visitez le site d’Harold et Kumar
http://www.haroldandkumar.com/

Bande-annonce du film








Un rapport secret du CICR sur la torture à Guantánamo

Le mot «torture» est lâché. La menace de traduire en justice des membres du gouvernement américain est brandie. Dans un livre intitulé La Face cachée, à paraître mardi aux Etats-Unis, la journaliste Jane Mayer dévoile un rapport secret du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont les conclusions sont sans appel. L'organisation y confirme «catégoriquement» le recours à la torture par les Etats-Unis contre des membres présumés d'Al-Qaida. Elle lance également un avertissement: «Les membres de l'administration Bush qui ont autorisé ces pratiques pourraient être coupables de crimes de guerre.»

Enchaînés au plafond

Selon la journaliste du New Yorker, le CICR a rédigé son rapport après une visite à Guantanamo à la fin de l'année 2006. Il l'a transmis ensuite à la CIA, qui l'a remis au président George W. Bush et à la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Sur la base militaire, les délégués ont rencontré plusieurs prisonniers, dont Abu Zubaydah, considéré comme l'un des lieutenants d'Oussama ben Laden. Grâce à leurs témoignages, ils ont reconstitué le traitement infligé aux détenus dans les prisons secrètes de la CIA, avant leur arrivée à Guantanamo. Abu Zubaydah a assuré avoir été soumis au moins à dix reprises au «waterboarding», cette pratique qui consiste à mettre la tête d'un détenu sous l'eau pour simuler la noyade. Après son arrestation, il a d'abord été enfermé dans une caisse où il ne pouvait que rester «replié en position fœtale», selon le récit de la journaliste.

Au total, le CICR s'est entretenu avec 14 prisonniers. Onze d'entre eux ont dit avoir été privés de sommeil, en étant soumis à longueur de journée «à une lumière très forte et du bruit qui déchirait leurs tympans». Certains ont dénoncé les nombreuses heures passées «enchaînés au plafond». Pour Jane Mayer, ces pratiques sont contraires aux Conventions de Genève et même à la loi américaine.

Aux Etats-Unis, le mot «torture» est tabou, même après la diffusion des images de la prison irakienne d'Abou Ghraib il y a quatre ans. La presse a tendance à utiliser le terme «abus», y compris quand elle se réfère au «waterboarding». Jusqu'à présent, les seuls Américains à avoir été jugés et condamnés pour «abus» n'étaient que de simples soldats, souvent présentés comme des «moutons noirs» qui n'avaient pas bien compris les consignes. En 2005, George Bush s'était notamment exclamé haut et fort: «Nous ne torturons pas.»

Le CICR embarrassé

Interrogé par Le Temps, le CICR n'a pas caché son embarras. «On ne discute jamais publiquement du contenu de notre dialogue confidentiel avec les autorités», a répondu l'organisation, sans nier ou confirmer l'authenticité du rapport. Elle «regrette toutefois que l'ouvrage attribue au CICR des informations sur les détenus alors que la divulgation de telles informations n'est pas la pratique de l'organisation et que la journaliste n'a jamais approché le CICR.»

En d'autres termes, l'origine de la fuite est à chercher du côté de l'administration américaine, où les règlements de comptes se multiplient à l'approche de la fin du mandat de l'actuel président américain. Dans La Face cachée, Jane Mayer démontre à quel point certains responsables ont travaillé dans la peur. Elle cite notamment l'exemple de l'ancien ministre de la Justice, John Ashcroft. Il craignait tellement d'être sur écoute qu'il en est arrivé à utiliser un langage codé pour parler à ses collaborateurs.

Pour la journaliste, la lutte contre le terrorisme s'est transformée en «une guerre contre les idéaux américains». Elle vise notamment le vice-président Dick Cheney et son entourage. «Pour la première fois dans l'histoire, les Etats-Unis ont autorisé des responsables du gouvernement à tourmenter physiquement et psychiquement des prisonniers, faisant de la torture une loi nationale dans tous ses aspects sauf le nom», dénonce Jane Mayer.
Source : Le Temps, Lausanne, 14 juillet 2008

Vidéo d'un interrogatoire d'Omar Khadr à Guantánamo

Le premier enregistrement vidéo de l'interrogatoire d'un détenu à Guantanamo a été diffusé mardi et montre un adolescent, le Canadien Omar Khadr, éclater en sanglots et perdre sa confiance à l'égard des autorités canadiennes aujourd'hui dans l'embarras.
«Aidez-moi! Aidez-moi!», répète Omar Khadr, 16 ans, assis derrière une table d'interrogatoire à Guantanamo lors d'une pause après la visite d'agents des services canadiens du renseignement (CSIS) venus l'interroger.

Le jeune Canadien, arrêté à l'été 2002 en Afghanistan et accusé du meurtre d'un soldat américain, recevait en février 2003 à la base américaine de Guantanamo à Cuba ces agents canadiens qu'il croyait venus l'aider pour retourner à la maison.
Diffusion sur les télés canadiennes
Mais la visite des services secrets canadiens tourne plutôt à l'interrogatoire en règle, selon les enregistrements diffusés mardi matin par les télévisions grâce à une décision le mois dernier de la Cour fédérale canadienne.
Celle-ci avait autorisé les avocats d'Omar Khadr, seul ressortissant d'un pays occidental encore détenu à Guantanamo, à remettre à la presse un total de plus de sept heures d'enregistrement tournées à Guantanamo à l'insu du jeune homme. Les autorités canadiennes s'opposaient à cette diffusion.
«Je veux rester à Cuba avec toi. Peux-tu m'aider?», demande un agent canadien, en référence aux conditions météorologiques favorables dans l'île des Antilles qui contraste avec le rude hiver canadien, dans un autre extrait de la vidéo diffusé mardi.
Les médias ont retransmis différents extraits totalisant une dizaine de minutes et la version complète devait être rendue publique par les avocats d'Omar Khadr plus tard dans la journée.
La détresse d'un adolescent
La vidéo - de mauvaise qualité et qui semble filmée derrière une grille de ventilation, ne montre pas d'abus physiques à l'encontre du jeune détenu, mais plutôt l'état de détresse d'un adolescent qui pensait retourner à la maison et se voit en lieu et place interroger sur sa connaissance d'Al-Qaïda et sur sa foi.
Par moments, il pleure et se tire les cheveux de désespoir. Il montre également ses blessures à ses interlocuteurs.
L'un d'entre eux tente de le calmer, et lui dit qu'il faut qu'il «mange quelque chose», ajoutant: «je comprends que cela soit stressant.»
Mauvais traitements connus d'Ottawa
La diffusion de ce document intervient moins d'une semaine après la publication de documents officiels canadiens montrant qu'Ottawa était au courant dès 2004 qu'Omar Khadr était victime de mauvais traitements.
Selon ces documents, un responsable du ministère canadien des Affaires étrangères a rendu visite à Omar Khadr à Guantanamo le 30 mars 2004.
A son arrivée, des responsables militaires américains lui ont indiqué que le détenu avait été privé de sommeil dans les trois semaines précédentes afin qu'il soit plus docile lors des interrogatoires. «Toutes les trois heures, il est transféré dans une autre cellule, le privant ainsi de sommeil ininterrompu», précisait le compte rendu officiel canadien de cette visite.
La défense et des juristes internationaux ont fait valoir à maintes reprises qu'Omar Khadr devrait être traité comme un enfant-soldat.
Les organisations de défense des droits de l'homme, comme Amnesty international, ont appelé en vain le Premier ministre canadien à demander aux Etats-Unis l'extradition d'Omar Khadr, un refus qui sera plus difficile à justifier soulignaient mardi les médias canadiens.
Le Parti libéral, principale formation d'opposition, était au pouvoir au moment où ont été filmées ces images et avait refusé de demander son extradition au Canada.
Sources : agences de presse
Lire aussi
Khadr en 2003: un jeune désespéré, par Claude Lévesque , Le Devoir, Montréal, 16 juillet 2008

mardi 15 juillet 2008

Mobilisation européenne pour le chauffeur présumé de Ben Laden

Trois cent soixante-quinze responsables européens passés et présents issus de tout l'éventail politique ont demandé lundi la suspension de la procédure visant l'ancien chauffeur présumé de Ben Laden, dont le procès doit commencer le 21 juillet devant un tribunal militaire à Guantanamo.
Ces responsables de Grande-Bretagne, d'Irlande et du Parlement européen représentent les principaux partis politiques et s'ils ne sont pas forcément d'accord sur les questions de politique étrangère, ils estiment que la procédure engagée à l'encontre de Salim Hamdan ne remplit pas les conditions normales de justice et d'équité.
Ce Yéménite conteste la légalité du système de commission militaire depuis 2004. Un juge doit décider s'il suspend la comparution prévue pour le 21 juillet afin de lui permettre de poursuivre son combat.
Source : AP, 15 juillet 2008

jeudi 10 juillet 2008

«Nous n'avions aucun droit, pas même celui de faire la grève de la faim!»

GUANTANAMO. Sami Mohieldin El Haj, journaliste à Al-Jazira, a passé six ans et demi dans les geôles américaines sur l'île de Cuba. Libéré début mai, il est venu à Genève témoigner de son calvaire devant les Nations unies.

Par Caroline Stevan, Le Temps, 27 juin 2008


Sami Mohieldin El Haj, 39 ans: Les geôliers américains «nous empêchaient de dormir, laissaient la lumière tout le temps allumée, nous mettaient dans des cellules glacées. (...) Ils piétinaient le saint Coran, nous dénudaient ou encore nous humiliaient sexuellement». (photo: Keystone)




Costume-cravate impeccable par 30 degrés, lunettes cerclées d'or, canne à pommeau. Sami Mohieldin El Haj a l'air d'un gentilhomme. Il y a deux mois encore, il figurait pourtant parmi «les pires des pires», les détenus de Guantanamo en pyjama orange. Le Soudanais a été arrêté fin 2001 alors qu'il effectuait un reportage à la frontière afghano-pakistanaise pour la chaîne de télévision qatariote Al-Jazira.

Détenu durant six ans et demi sans aucun motif d'inculpation, le journaliste est de passage à Genève afin de plaider sa cause auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme. Une procédure y est en cours, grâce à la fondation Alkarama, pour faire reconnaître le caractère arbitraire de son emprisonnement, prémices à une action pénale.

Le Temps: Parlez-nous des circonstances de votre arrestation en 2001; était-ce lié à votre travail de journaliste?

Sami Mohieldin El Haj: J'ai quitté Doha – où je travaillais pour Al-Jazira depuis deux années – en octobre 2001 afin de couvrir la guerre américano-afghane et la chute des talibans. J'ai été arrêté le 15 décembre 2001 à la frontière pakistanaise, alors que tous mes papiers étaient en règle. Les interrogateurs eux-mêmes m'ont dit que ça devait être une erreur, que je serais libéré très vite. En réalité, j'ai été arrêté et emprisonné aussi longtemps parce que je travaillais pour Al-Jazira et que les Américains n'apprécient pas la façon dont cette chaîne couvre les événements.

– N'avez-vous pas rencontré, dans le cadre de votre enquête, des talibans ou des membres d'Al-Qaida?

– Si, j'ai interviewé Abu Hafs, considéré comme le numéro trois d'Al-Qaida, mais je suis sûr que ma capture n'a aucun rapport. J'ai rencontré en Afghanistan des gens de toutes opinions, c'est mon travail. Et si j'avais pu parler à Ben Laden, je l'aurais fait! Durant ces six ans et demi de prison, j'ai été interrogé plus de 200 fois: 95% des questions tournaient autour d'Al-Jazira. On m'a même proposé de travailler comme espion pour les services secrets américains au sein de ma télévision.

– Vous avez été transféré à Guantanamo en juin 2002. Quelles ont été vos conditions de détention?

– Nous étions isolés, maltraités et sans aucun droit, pas même celui de faire la grève de la faim! J'en ai fait plusieurs – la dernière a duré de janvier 2007 à mai 2008, date de ma libération – mais on m'enfilait des tuyaux dans le nez pour me forcer à ingurgiter des quantités énormes de nourriture qui provoquaient vomissements et diarrhées. Et pendant ce traitement, j'étais attaché sur une chaise, dans l'impossibilité de bouger. Sinon, ils nous empêchaient de dormir, laissaient la lumière tout le temps allumée, nous mettaient dans des cellules glacées, nous enveloppaient de drapeaux américains et israéliens, piétinaient le saint Coran, nous dénudaient ou encore nous humiliaient sexuellement.

– Vous marchez avec une canne. Est-ce dû à un mauvais traitement?

– On m'a fait sauter dans l'avion durant un transfert à la prison de Bagram. Je me suis déchiré les ligaments du genou. Les punitions – comme se tenir accroupi des heures durant – ont fait ensuite que je n'ai jamais pu guérir.

– Qu'est-ce qui vous a permis de tenir durant ces six années et demie?

– Les journalistes doivent comprendre qu'ils ont une mission. Quand je suis parti en octobre 2001 pour couvrir cette guerre, j'ai laissé mon fils d'un an et ma femme en sachant que je pouvais recevoir une balle. J'étais conscient du danger. Ensuite, en détention, je me suis dit que j'étais là comme témoin, que je devais me souvenir de tout pour ensuite pouvoir le raconter.

– Avez-vous eu des contacts avec votre famille, avec un avocat durant la détention?

– J'ai eu accès à un avocat à la mi-2005, un Britannique qui se bat énormément pour les prisonniers de Guantanamo. Quant à ma famille, j'ai eu quelques contacts grâce au CICR (Comité international de la Croix-Rouge), mais les lettres arrivaient de façon irrégulière, souvent avec six mois de retard, parfois deux ans.

– Comment expliquez-vous votre libération?

– Il y a eu une immense mobilisation d'ONG et de journalistes, une procédure en cours devant l'ONU. Cela a dû mettre la pression sur les Etats-Unis.

– Comment vivez-vous aujourd'hui?

– J'ai repris le travail à Al-Jazira. Nous avons créé un département droits humains que je dirige. Je vais aussi travailler sur un livre ou un documentaire consacré à ce que j'ai subi. Je ne pourrai oublier Guantanamo que le jour où il sera fermé. Il reste 269 personnes enfermées là-bas. Certaines sont devenues folles.