mardi 20 février 2007

Des bases espagnoles utilisées pour des vols vers Guantánamo

Trois bases militaires espagnoles d'utilisation conjointe avec les Etats-Unis ont été utilisées entre janvier 2002 et novembre 2005 pour sept vols militaires américains à destination ou en provenance du camp de prisonniers de Guantánamo, a révélé lundi le quotidien El Pais.
Vols
Ces appareils militaires américains ont quitté à quatre reprises l'Espagne vers Guantánamo et ont effectué le trajet inverse à trois reprises, utilisant les bases espagnoles de Rota (Cadix, sud), Moron de la Frontera (Séville, sud) et Torrejon de Ardoz (Madrid, centre). Le journal se fonde sur les informations détaillées apparaissant sur les registres du trafic aérien portugais.
Il souligne qu'aucune mention de ces vols n'est faite dans les documents du renseignement espagnol (CNI) déclassifiés vendredi par le gouvernement de Zapatero à la demande d'un juge d'instruction madrilène. Le juge Ismael Moreno enquête sur au moins dix escales d'avions civils affrétés par la CIA dans l'archipel des Baléares entre janvier 2004 et janvier 2005, soupçonnés d'avoir été utilisés pour des transferts illégaux de présumés terroristes islamistes vers des prisons secrètes à travers le monde.
Pas de contrôle
Selon un rapport d'enquête européen, un total de 68 vols civils affrétés par la CIA ont fait des escales en Espagne, non seulement aux Baléares et aux Canaries, mais aussi à Barcelone, Malaga, Séville, Valence, Alicante ou Vigo. El Pais souligne qu'il n'est "pas possible de démontrer que les avions qui ont voyagé entre les bases espagnoles et Guantánamo transportaient illégalement des prisonniers, en premier lieu parce que jamais l'Espagne ne les inspecte ni ne contrôle la liste des passagers".
Cette absence de contrôle résulte d'un assouplissement des règles d'utilisation de ces bases décidé par l'ex-gouvernement conservateur de José Maria Aznar en 2002, après les attentats du 11 septembre et l'invasion de l'Afghanistan, explique le journal. Il relève qu'un des avions apparaissant dans les registres portugais a déjà été cité dans un rapport d'enquête européen comme celui ayant transporté six Algériens arrêtés en Bosnie vers Guantánamo, le 20 janvier 2002 via la Turquie.
Violation
Le leader de la coalition écolo-communiste Izquierda Unida, Gaspar Llamazares, a réclamé "devant cette violation flagrante" de la souveraineté espagnole "la suspension" de l'accord bilatéral prévoyant l'utilisation des bases espagnoles par l'armée américaine. M. Llamazares, dont la coalition est alliée parlementaire du gouvernement socialiste, a dénoncé l'attitude de l'exécutif qui a cru la version des autorités américaines selon laquelle ses avions ayant fait escale en Espagne ne transportaient pas de prisonniers.
Le ministre de la Défense, José Antonio Alonso, a souligné que le gouvernement n'avait "aucune preuve qu'une quelconque illégalité ait été commise sur le territoire espagnol". "Si nous avions eu la moindre preuve, nous ne l'aurions pas toléré car en matière de droits de l'homme, il ne peut et il n'y aura aucune complaisance", a-t-il assuré.
Source : http://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/det/art_376987.html?wt.bron=hlnRPArtikels, 12 février 2007

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