mercredi 23 janvier 2008

Les avocats d`Omar Khadr demandent l`annulation des poursuites

Les avocats d`Omar Khadr, un jeune Canadien accusé de terrorisme et détenu à Guantanamo, ont annoncé lundi avoir demandé l`annulation des poursuites, arguant que leur client était un enfant soldat qui ne relevait pas d`un tribunal militaire d`exception. Selon les avocats, une audience est prévue le 4 février sur la base navale américaine de Guantanamo à Cuba pour examiner le recours.
Omar Khadr avait 15 ans quand il a été arrêté en 2002 en Afghanistan. Il est accusé d`avoir fabriqué des explosifs et d`avoir tué un soldat américain en lançant une grenade lors de son arrestation. Dans un nouveau recours déposé vendredi, les avocats de M. Khadr ont demandé au colonel Peter Brownback, le juge du tribunal militaire d`exception chargé du dossier, d`annuler les poursuites, au motif que la loi de 2006 qui a créé les tribunaux ne leur a pas donné autorité pour juger les mineurs.
Si le juge considère qu`il a autorité sur Omar Khadr, il deviendra "le premier dans l`histoire occidentale à présider un procès pour des crimes de guerre reprochés à un enfant", font valoir les avocats dans leur recours, expliquant qu`Omar Khadr était d`abord une victime utilisée par Al-Qaïda.
Des parlementaires et des professeurs de droit canadiens, ainsi que le Français Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel, ont soutenu la démarche de la défense.
Source : AngolaPress, 21 janvier 2008

mardi 22 janvier 2008

17 ans de prison : Jose Padilla échappe à la perpétuité

par Juan Castro Olivera, Agence France-Presse, Miami, 22 janvier 2008
L'Américain Jose Padilla, devenu un symbole des excès de l'administration Bush dans la «guerre contre le terrorisme», a été condamné mardi à 17 ans et 4 mois de prison par une juge fédérale de Miami, alors que l'accusation réclamait la perpétuité.

Ancien membre d'un gang de Chicago converti à l'islam, Jose Padilla, 37 ans, avait été reconnu coupable en août de liens avec Al-Qaeda, mais la juge Marcia Cooke a estimé qu'il n'existait pas assez de preuves pour une condamnation à perpétuité.
Ses deux co-accusés, Adham Amin Hassoun, 45 ans, d'origine palestinienne, et Kifah Wael Jayyousi, un Jordanien de 46 ans, ont été condamnés respectivement à 15 ans et demi et 12 ans et demi de prison pour avoir eux aussi rejoint Al-Qaeda en vue de préparer des attentats.
Selon la défense de M. Padilla, l'administration Bush, motivée par des considérations politiques, souhaitait démontrer par une condamnation qu'elle voulait exemplaire l'efficacité de sa lutte contre le terrorisme sur le sol américain.
Mais Marcia Cooke a jugé qu'il «n'y avait pas de preuves que ces accusés aient personnellement mutilé, kidnappé ou tué qui que ce soit aux États-Unis ou ailleurs».
Les débats s'étaient ouverts le 8 janvier pour examiner ces preuves et déterminer si les quatre années de détention militaire au secret de M. Padilla pouvaient lui valoir un allègement de peine.
«Je trouve que les conditions très dures (d'incarcération) méritent d'être prises en considération dans cette affaire», a relevé Marcia Cooke.
Plusieurs expertises ont en effet attesté des graves séquelles psychologiques dont souffre M. Padilla depuis ses années de détention militaire à l'isolement absolu, sans bruit ni lumière du jour, souvent privé de sommeil, et interrogé sans relâche.
Né à Brooklyn, un quartier de New York, José Padilla a grandi dans les quartiers ouest de Chicago (nord, Illinois) où il faisait partie du gang «The Latin Disciples» et avait eu des démêlés très jeune avec la justice.
Converti à l'islam, il était parti étudier en Égypte, avant de gagner l'Afghanistan. Arrêté à son retour en mai 2002, il avait alors été accusé d'avoir fomenté un attentat à la bombe «sale» et avait été incarcéré près de quatre ans dans une prison militaire.
Après une longue bataille juridique sur la légalité de cette détention illimitée sans inculpation d'un citoyen américain, sur ordre direct du président, le gouvernement a cédé et transféré M. Padilla à la justice fédérale.
Le 16 août, un jury de Floride a conclu que M. Padilla et ses deux co-accusés étaient coupables d'association de malfaiteurs en vue d'assassiner hors des États-Unis et de soutien à une entreprise terroriste.
Alors que la CIA a reconnu en décembre avoir détruit des enregistrements vidéo d'interrogatoires de responsables présumés d'Al-Qaeda, la défense avait également réclamé d'avoir accès à tous les éléments à la disposition du gouvernement sur M. Padilla.

lundi 21 janvier 2008

Une lettre de Guantánamo de Sami Al Haj

Nourri de force depuis le 7 janvier 2007
par Andy WORTHINGTON, 17 janvier 2008. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Aujourd'hui, Associated Press fait état d’une lettre de Guantánamo écrite par Sami Al Haj, le caméraman d'Al Jazeera. La lettre est datée du 27 décembre 2007 et vient juste d’être déclassifiée par les censeurs du Pentagone. Elle a été traduite de l'arabe par ses avocats de l’ONG Reprieve à Londres, qui représentent des douzaines de détenus de Guantánamo.

M. Al Haj a été capturé par les forces pakistanaises, agissant pour le compte des USA, en décembre 2001, alors qu’il se préparait, avec le reste de son équipe, à reprendre la couverture de l’Afghanistan pour la chaîne arabe de télévision. Comme Clive Stafford Smith, le directeur juridique de Reprieve, l’a expliqué après lui avoir rendu visite à Guantánamo en septembre dernier, il a été pris « parce que les USA pensaient qu'il avait filmé la fameuse interview d’ Oussama Ben Laden par Al Jazeera. Comme cela a souvent été le cas ces derniers temps, les USA se trompaient (mais citez-moi le nom d’un seul journaliste qui refuserait un scoop sur Ben Laden). »

À Guantánamo, M. Al Haj a été soumis à une panoplie extraordinaire d'allégations vagues pour lesquelles l'administration n'a fourni aucune preuve. Lors de l’examen administratif de son cas en septembre 2006, il a été allégué qu'il avait transporté 220.000 $ en Azerbaïdjan "pour ce qu’on lui avait dit être une mission humanitaire mais qui étaient en fait destinés aux rebelles tchétchènes," et que, quand il a travaillé pour une société appelée Union Beverage Company, il a « interagi avec l'individu responsable de la distribution de jus de fruit en Azerbaïdjan, » qui « faisait l’objet d’une enquête pour des liens possibles avec le terrorisme. »

En référence à sa première mission pour Al Jazeera en Afghanistan, les autorités ont également décidé que des interviews prétendument conduites par M. Al Haj et un collègue avec « le ministre du Trésor des Taliban, le ministre de l'Électricité, et le ministre des Affaires étrangères » et avec « un homme qui s'est identifié lui-même comme membre d'Al Qaïda (sic) » constituaient une connexion ou une association avec le terrorisme. Au cours de sa détention, d’autres affirmations - dont une allégation qui il aurait « arrangé le transport d'un système anti-aérien Stinger d'Afghanistan en Tchétchénie » - ont été écartées des « preuves » retenues contre lui.

Confirmant que ces allégations ne sont rien d’autre qu'un écran de fumée, les autorités de Guantánamo se sont concentrées presque exclusivement sur l’association de M. Al Haj avec Al Jazeera. Dans une interview avec Democracy Now (l’émission d’Amy Goodman aux USA, NdT) le 15 janvier, son plus jeune frère Asim a parlé à Amy Goodman de Khartoum et expliqué que son frère est « victime d'une opération politique contre Al Jazeera, que Washington n'approuve pas. » Il a ajouté que les 130 interrogatoires auxquels il a été soumis à Guantánamo, « étaient tous au sujet d'Al Jazeera et des relations alléguées entre Al Jazeera et Al Qaïda. Ils ont essayé de l’amener à travailler comme espion pour les renseignements US en échange de la citoyenneté US pour lui et pour sa famille et ont promis de l'aider même à écrire un livre, à condition qu'il espionne ses collègues d’Al Jazeera. Si par exemple vous regardez l'allégation qu'il a été impliqué dans des ventes de fusées ou de missiles à l'Afghanistan, je veux dire, comment un journaliste ou une personne de médias voyageant vers un pays où il n’a jamais été auparavant pouvait-il transporter ça ? Il les aurait transportés dans ses bagage ou quoi? »

À Guantánamo, M. Al Haj a été un militant inlassable pour la justice. Il a été en avant dans les campagnes exigeant que les détenus soient libérés ou soumis à procès équitable, et a fourni des informations détaillées (déclassifiées par le Pentagone) au sujet de ses compagnons de détention, et au sujet des diverses grèves de faim qui ont donné du fil à retordre à l'administration.

En raison de sa fermeté sur les principes, M. Al Haj a fait l’objet d’une suspicion particulière des autorités, et a été soumis à un traitement effroyable au fil des années. Désespéré par le traitement auquel non seulement lui-même mais tous les autres détenus étaient soumis, il a déclenché une grève de faim le 7 janvier 2007, et refuse donc de s’alimenter depuis 374 jours. La réponse des autorités aux grèves de faim a été brutale, comme Clive Stafford Smith l’a expliqué en octobre. « L'éthique médicale prescrit qu’on ne peut pas nourrir de force un gréviste de la faim doté de toutes ses facultés mentales, car il a le droit de se plaindre au sujet des mauvais traitements subis, même jusqu’à la mort, » a écrit Stafford Smith dans le Los Angeles Times. « Mais le Pentagone sait qu'un prisonnier se laissant mourir de faim serait une publicité catastrophique, donc ils nourrissent Sami de force. Comme si ce n'étaient pas assez, quand le général. Bantz J. Craddock dirigeait le Commandement Sud US, il a annoncé que les soldats avaient commencé à rendre les grèves de faim moins 'commodes.' Plutôt que de laisser un tube d'alimentation en place, ils l'insèrent et le retirent deux fois par jour. Avez-vous jamais poussé un tube de 110 cm à travers votre narine vers votre gorge ? Ce soir, Sami av endurer cela pour la 479ème fois. »

Stafford Smith a également noté un déclin sérieux dans la santé mentale et physique de son client, et s’est inquiété qu'il puisse mourir à Guantánamo. « Sami paraît très maigre, » écrivait-il en octobre. « Sa mémoire se désagrège, et je m'inquiète qu'il ne survive pas s'il continue comme ça. Il a déjà écrit un message pour son fils de 7 ans Mohamed, au cas où il mourrait ici. » Sur Democracy Now, son frère a ajouté : « Si Sami meurt, qui sera responsable de cela ? Et contre qui devrions-nous porter plainte, contre qui ? La chose la plus difficile pour un être humain est d'être soumis à une injustice contre laquelle vous ne pouvez rien faire, pour vous-même ou pour à en soutien à d'autres. »

Dans l'espoir de fournir un petit geste pour maintenir l’attention du public sur la détresse de Sami Al Haj, je reproduis ci-dessous le texte intégral de sa lettre.


Lettre de Guantánamo de Sami Al Haj, 27 décembre 2007

C’est avec un grand plaisir que je transmets mes salutations les plus cordiales et ma gratitude pour tous vos efforts au sujet des prisonniers de Guantánamo. Je voudrais aussi vous transmettre nos voeux de Nouvel An et demander à Dieu qu’il soit réussi et prospère.

Quant à nos nouvelles, nous sommes ici depuis plus de six ans, et nous cherchons toujours à proclamer la vérité, la liberté et la paix mondiale.

Tout ceci a lieu dans un monde qui sait ce qui se passe mais reste silencieux et font à peine plus qu'observer ce théâtre désolé.

Désormais tout le monde sait sûrement cette vérité. Les USA étaient le pays qui s'est enorgueilli d’apporter la paix ; maintenant, c’est triste à dire, au lieu de cela il ne pleut que violence et discorde. Guantánamo en est l'exemple le plus évident.

Nous prisonniers sommes entrés à Guantánamo vivants, beaucoup l'ont quitté vivants, et certains d'entre nous y restent dans lui, apparemment vivants. Mais ceux qui restent meurent chaque seconde de chaque jour que nous sommes ici. Chacun de nous souffre de nouvelles douleurs physique, et nos coeurs blessés souffrent d'une douleur psychologique qui ne peut pas être décrite.

Toute ceci se produit et le monde reste silencieux. Et, comme cela a été écrit, voici notre vérité :

Je suis vivant et écouterai si vous appelez
Mais il n'y aura bientôt aucune vie pour nous que vous appelez ;
Et si vous souffliez sur les braises maintenant elles brilleraient
Mais attendez et vous constaterez que vous souffliez sur des cendres

Sami Al Haj













Le Canada place les USA et Israël sur une liste de surveillance des pays soupçonnés de pratiquer la torture

Acte I

Par David Ljunggren, Reuters, 17 janvier 2008. Traduit par Antonio Artuso

OTTAWA (Reuters) - Le ministère canadien des Affaires étrangères a mis les USA et dsraël sur la liste de surveillance des pays où les détenus risquent d'être torturés.
D'autre part il considère que certaines techniques d'interrogatoire utilisés par les USA constituent des actes de torture.
C'est ce qu'indique un document obtenu par Reuters jeudi. La révélation est de nature à embarrasser le gouvernement conservateur minoritaire, qui est un allié indéfectible des USA et d'Israël.
Les deux pays ont nié qu'ils permettaient l'utilisation d'actes de torture dans leurs prisons. Le document fait partie du matériel de formation d'un cours de sensibilisation des diplomates sur l'utilisation de la torture, mentionne la prison US de Guantanamo Bay à Cuba, où un Canadien est détenu.
L'homme, Omar Khadr, est le seul Canadien à Guantanamo. Ses défenseurs affirment que le document montre combien sont ridicules les affirmations d'Ottawa selon lesquelles Khadr n'a pas été maltraité. Sous la rubrique «définition de la torture», le document énumère les techniques US d'interrogatoire telles que la nudité forcée, l'isolement, la privation de sommeil et l'utilisation d'un bandeau sur les yeux des détenus.
«Les USA ne permettent ni ne tolèrent la torture en aucune circonstance", a indiqué un porte-parole de l'ambassade US à Ottawa.
Un porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier a tenté de distancer Ottawa du document. «Ce manuel de formation n'est pas un document de politique et ne reflète pas les vues ou les politiques de ce gouvernement», a-t-il dit.
Le gouvernement a fourni par erreur le document à Amnesty International Canada dans le cadre d'une plainte judiciaire lancée par l’organisation contre Ottawa au sujet du traitement des détenus en Afghanistan.
Le secrétaire général d'Amnesty, Alex Neve, a déclaré à Reuters que son groupe avait des preuves très claires de violation des droits de la personne dans les prisons israéliennes et US.
«Il est donc rassurant et réconfortant de voir que ... ces deux pays ont été lis sur la liste et que les considérations de politique étrangère ne l'ont pas emporté sur le souci des droits de l'homme», a-t-il dit.
Khadr est détenu à Guantanamo Bay depuis cinq ans. Il est accusé d'avoir tué un soldat états-unien lors d'un affrontement en Afghanistan en 2002, quand il avait 15 ans.
Des groupes de défense des droits de la personne affirment que Khadr devrait être rapatrié au Canada, idée que le premier ministre Stephen Harper rejette en alléguant que l'homme doit répondre à de graves accusations.
«À un moment donné au cours de la détention d'Omar Khadr, le gouvernement canadien commencé à soupçonner qu'il était soumis à des actes de torture», a déclaré William Kuebler, avocat US de Khadr. «Le gouvernement canadien n'a cependant rien fait pour obtenir la libération de Khadr de la prison de Guantanamo et pour protéger ses droits, contrairement à tous les autres pays du monde occidental qui ont eu des ressortissants détenus à Guantanamo, a déclaré l'avocat à la chaîne de télévision CTV.
La liste de surveillance comprend la Syrie, la Chine, l'Iran, l'Afghanistan, le Mexique et l'Arabie Saoudite.
«Si Israël est inclus dans la liste en question, l'ambassadeur d'Israël s'attendrait à sa suppression», a déclaré le porte-parole de l'ambassade israélienne, Michael Mendel.
Le cours de sensibilisation a commencé après qu'Ottawa a été critiqué pour la façon dont il a traité le cas du Canadien Maher Arar, qui avait été déporté des USA vers la Syrie en 2002. Arar affirme avoir été torturé à plusieurs reprises au cours de l'année qu'il a passé dans les prisons de Damas. Une enquête sur cette affaire a révélé que des diplomates canadiens n'avaient pas reçu de formation officielle leur permettant de détecter si les détenus sont maltraités.

Acte II
Réaction
L'ambassadeur israélien est outré qu'Israël soit sur la liste
Associated Press (AP) 20/01/2008
L'ambassadeur d'Israël au Canada trouve choquant d'apprendre que le nom de son pays figure sur une liste des États tortionnaires dans un manuel de formation du ministère des Affaires étrangères.
Alan Baker croit que la personne qui a dressé cette liste a été induite en erreur ou mal informée.
Il est néanmoins heureux de la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, qui a annoncé que le manuel allait être révisé et que les noms des États-Unis et d'Israël allaient en être retirés.
Les États-Unis étaient cités dans le manuel compte tenu des inquiétudes que soulèvent les conditions de détention des présumés terroristes sur la base de Guantanamo. Le groupe de défense des droits de la personne, Amnistie internationale, s'est déjà fait critique à l'égard de Guantanamo et des techniques d'interrogatoire de l'armée et des services secrets israéliens.
Selon l'ambassadeur Baker, Amnistie a été trop prompte à accepter des accusations de torture qu'il juge non fondées sans les vérifier.
Acte III
Excuses
Le ministre des Affaires étrangères du Canada regrette la 'liste de torture"

Maxime Bernier, ministre des Affaires étrangères du Canada

Le ministre des Affaires étrangères du Canada a demandé des excuses pour l'inclusion des États-Unis et d'Israël dans la liste des pays qui risquent de torturer.
Maxime Bernier a dit que la liste, qui faisait partie d'un manuel de sensibilisation à la torture donné à des diplomates «comprend de façon erronnée certains de nos plus proches alliés».
Monsieur Bernier a affirmé que le manuel ne constitue pas un document relatif aux politiques et ne représentait pas les opinions de son gouvernement.
La liste a été critiquée par les États-Unis et par Israël, qui ont exigé que celle-ci soit modifiée.
«Nous trouvons insultant d'être placé ans la même liste que des pays comme l'Iran et la Chine. C'est franchement absurde», a déclaré l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Wilkins.
Un porte-parole de l'ambassade d'Israël à Ottawa, Michael Mendel, a dit que la Cour suprême d'Israël «a déclaré qu'elle interdit expressemment tout type de torture».
«Si le nom d'Israël est indiqué sur la liste en question, l'ambassadeur d'Israël s'attend à ce qu'il en soit enlevé», a-t-il ajouté.
Dans une déclaration émise samedi, monsieur Bernier a dit qu'il regrettait l'embarras causé par la diffusion publique de la liste et a promis qu'elle serait changée de façon a présenter la position officielle du gouvernement canadien.
«Le manuel n'est ni un document sur les politiques ni une déclaration politique. Il ne représente pas les points de vue ou les positions du gouvernement.»
«Le manuel contient une liste qui inclue de façon erronnée certains de nos plus proches alliés. J'ai ordonné la révision et la réécriture du manuel» a-t-il déclaré.
«Le manuel n'est ni un document sur les politiques ni une déclaration politique. Il ne représente, en tant que tel, pas les points de vue ou les positions du gouvernement.»
Le manuel enumère les techniques d'interrogatoire des États-Unis telles que la nudité forcée, l'isolement, la privation de sommeil et le fait de bander les yeux des détenus, et indiquen que ces actes correspondent à la «définition de la torture». Il se réfère également au camp de détention américain de Guantanamo Bay, où un homme canadien, Omar Khadr, est actuellement détenu. Les critiques disent que cela rend ridicules les affirmations d'Ottawa selon lesquelles ce dernier n'est pas maltraité. Le manuel se réfère à Guantanamo Bay où un Canadien est actuellement détenu.
D'autres pays sur la liste des pays à surveiller sont les suivants: Afghanistan, Chine, Iran, Israël, Mexique, Arabie saoudite et la Syrie. Le document a été fourni par erreur au groupe de défense des droits humains Amnesty International dans le cadre d'un procès qu'il intente au gouvernement canadien au sujet du traitement des détenus en Afghanistan. Le cours de sensibilisation aux cas de torture a été mis en place après qu'Ottawa ait été vivement critiqué pour sa gestion du cas d'un Canadien qui a été déporté des États-Unis vers la Syrie en 2002.
Né en Syrie, Maher Arar, qui a été accusé d'être membre d'Al-Qaïda, a déclaré qu'il avait été torturé pendant les 10 mois de sa détention dans une prison de Damas. Une enquête a reconnu qu'il n'avait aucun lien avec des groupes terroristes en 2006.

TOUT COMMENTAIRE EST SUPERFLU

Source : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/7198435.stm

dimanche 20 janvier 2008

Paroles d'amiral

Non, cet homme n'est pas un quelconque idiot du village, malgré les apparences, mais l'amiral Michael Mullen. Voici ce qu'il a déclaré, à en croire l'agence BELGA (mais ce n'est pas une blague belge !)

Le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, a affirmé dimanche que le centre de détention de Guantanamo devait être fermé, tout en soulignant qu'une telle décision n'était pas prévue pour l'instant. "Nous considérons que cette mission est durable, jusqu'à ce que quelqu'un vienne et ferme" le centre, a-t-il déclaré à quelques journalistes, après avoir visité la prison sur la base navale américaine à Cuba. "Je n'ai aucune idée du temps que cela va prendre. C'est aux dirigeants politiques de prendre cette décision", a-t-il ajouté. "Je dis publiquement que nous devrions le faire. Le ministre de la Défense (M. Robert) Gates dit publiquement que nous devrions le faire. Même le président Bush dit publiquement que nous devrions le faire. Mais aucune décision n'a été prise", a-t-il insisté.
L'amiral Mullen a fait valoir que Guantanamo nuisait à l'image des Etats-Unis: "je pense qu'il s'agit des images - ce que Guantanamo est devenu dans le monde, la manière dont cela représente les Etats-Unis. En termes de réputation, cela nous a fait du tort".
"D'un autre côté il y a ici des gens très dangereux qui ont perpétré des crimes terribles", pour lesquels ils seront "presque certainement" jugés, a conclu l'amiral Mullen.
Six ans après l'arrivée des premiers prisonniers de la "guerre contre le terrorisme" en janvier 2002 à Guantanamo, il reste 277 détenus, mais aucun procès n'a encore eu lieu. Plus de 500 détenus ont été renvoyés chez eux, où la plupart ont été libérés sans poursuites. Après des années de procédures judiciaires, le premier procès devant un tribunal militaire d'exception est prévu en mai. Une salle d'audience toute neuve sera prête au printemps, et un village de tentes militaires attend les participants.


jeudi 17 janvier 2008

Les Démocrates, les Républicains, et même RSF pour la fermeture de Guantanamo

par Maxime Vivas, 10 Janvier 2008

En janvier 2006 Amnesty International écrivait : « Il n’y a pas de mesure intermédiaire en ce qui concerne Guantanamo. Le centre de détention doit être fermé et une enquête doit être immédiatement menée sur les nombreuses informations faisant état d’actes de torture et de mauvais traitements depuis 2002 ».
En février 2006, cette proposition est reprise par l’ONU.
Le 31 mai 2006, tombait cette dépêche de l’agence Associated press : « L'Union européenne appelle les autorités américaines à fermer Guantanamo. Ursula Plassnik, présidente en exercice du conseil des ministres de l’UE a exhorté mercredi 31 mai les USA à fermer dès que possible le centre de détention sur la base de Guantanamo, à Cuba, où sont incarcérés des hommes suspectés de terrorisme. »
Il faudra attendre le 12 juin 2006 pour que, dans une phrase noyée dans un article, RSF murmure que Guantanamo doit être fermé.
Guantanamo ou croupit un journaliste soudanais, Sami Al Haj depuis 2002.
Qu’attendent de cet homme les dirigeants Etats-uniens ?
Le 26 septembre 2005, le journal britannique The Guardian, nous l’avait appris par la plume de Vikram Dodd : « Sami Al-Haj se plaint d’avoir été interrogé plus de 100 fois, mais pas à propos des accusations. M.Haj dit que lors d’un interrogatoire, la nationalité américaine lui a même été proposée, s’il acceptait de devenir espion. » Ils ont dit : si tu travailles pour nous, nous t’apprendrons le journalisme, nous te donnerons un visa pour vivre où tu veux, nous te donnerons même la nationalité américaine, nous te protégerons et te donnerons de l’argent. Nous t’aiderons à écrire un livre et nous le publierons. Cela aidera à ce que les gens d’Al Qaida te contactent et travaillent avec toi. »
« M. Haj a également déclaré que les américains ont menacé de s’en prendre à sa famille s’il refusait d’espionner une fois libéré. »[1]
Pendant deux ans Sami Al Haj a été escamoté de la liste de RSF recensant tous les journalistes emprisonnés à travers le monde. Disparu, rayé, inexistant ! Entre 2002 et 2007, RSF a parcimonieusement émis des communiqués laconiques et non suivis d’actions en faveur du journaliste enlevé, encagé, torturé pour la seule raison de refuser de trahir la chaîne qui l’employait et de devenir un agent des USA.
Le 12 septembre 2006, croulant sous les critiques, RSF publie une longue lettre ouverte en droit de réponse au réseau Voltaire. RSF ambitionne de prouver la mauvaise foi de ses détracteurs. Mais elle est contrainte aussi d’expliquer son mutisme prolongé. Elle le qualifie d’erreur » et d’« oubli » tout en le justifiant : elle ne savait pas si Sami Al Haj avait bien « été arrêté en raison de sa qualité de journaliste » et « faute d’information » elle a « attendu ». Près de 5 ans !
Or, dès qu’un journaliste est emprisonné dans n’importe quel pays, pour peu que ce pays soit ennemi des USA, RSF réagit dans l’heure. Elle ne mène pas d’enquête, elle hurle aussitôt et sans discontinuer contre les « prédateurs » (elle le fait même contre les ennemis des USA où aucun journaliste n’est en prison ou tué. Exemple : le Venezuela).
Mais le fond n’est pas encore touché. En effet, après avoir, à retardement et dans un souffle contraint, demandé la fermeture de Guantanamo, RSF s’avise que cette idée est devenue une revendication forte aux USA.
Le 30 juin 2006, la Cour suprême US a déclaré anticonstitutionnels les tribunaux militaires d'exception.
Barack Obama, candidat à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine 2008, s'est prononcé haut et fort pour la fermeture.
L'administration républicaine déclare ouvertement y réfléchir actuellement. Bush dit que la fermeture est une priorité.
Du coup, les cordes vocales de RSF retrouvent leur élasticité bien connue de la presse pauvre des pays pauvres.
« Le scandale juridique et humanitaire incarné par Guantanamo dure depuis maintenant six ans. » tonitrue-t-elle dans un communiqué » du 10 janvier 2008.
« Le vainqueur du scrutin présidentiel du 7 novembre prochain devra mettre fin à une situation humainement intolérable et juridiquement intenable ». RSF appelle « tous les candidats en lice pour les primaires à s'engager à fermer Guantanamo ».
Quelle tristesse de voir les journalistes qui reçoivent ce genre de pitreries les répercuter sans objecter que :
- Puisque le scandale dure depuis 6 ans, RSF aurait pu se joindre plus tôt aux autres ONG et organisations internationales qui l’ont dénoncé.
- Attendre que les Démocrates et les Républicains aient publiquement exprimé leur volonté de fermer Guantanamo pour leur demander d’exprimer cette volonté c’est vraiment prendre les lecteurs pour des abrutis de première.
« L’argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître ». Surtout quand il est versé en dollars, via des officines écrans de la CIA.

[1] Une partie des informations de cet article est tirée de mon livre « La face cachée de RSF. De la CIA aux Faucons du Pentagone ». Editions Aden.

vendredi 11 janvier 2008

L'An 7

Ce 2192ème jour de détention est le premier de la septième année d'existence du bagne impérial de Guantánamo. Cette septième année sera-t-elle la dernière ? Les déclarations des trois candidats les mieux placés à l'élection présidentielle US, peuvent le laisser espérer : Hillary Clinton, Barack Obama et John McCain ont tous trois déclaré qu'ils fermeraient guantánamo une fois élus. Mais on sait ce qu'il faut penser des promesses électorales. Le déni de justice continue donc : 300 hommes entament leur septième année de détention sans inculpation. Les tractations continuent avec divers gouvernements pour délocaliser guantánamo. Ainsi, avec l'Algérie, les négociations semblent sur le point d'aboutir à un transfert des détenus algériens vers leur pays et...ses prisons. Beau progrès en vérité.
Les enfermés de guantánamo n'ont pas eu droit au tintamarre fait autour des "otages des FARC" en Colombie. Or que sont-ils d'autre que des otages ?

mercredi 9 janvier 2008

Interview with the Wife of Abou Elkassim Britel

Abou Elkassim Britel is an Italian citizen of Moroccan ethnicity, married to an Italian convert to Islam. On 10th March 2002, whilst in Lahore translating books on Islam, he was detained on a false passport charge, and subsequently interrogated and tortured by Pakistani security services. Transferred to Islamabad to be questioned by US intelligence agents, he was prevented from contacting the Italian embassy to prove the authenticity of his passport. On 24th May 2002, he was rendered to Morocco (with the co-operation of the Italian Ministry of Internal Affairs), where he was detained incommunicado in Témara by the Moroccan secret service until February 2003. Released without charge and granted a border pass by Italian Embassy, he was again arrested on 16th May 2003 to the frontier before the bomb attacks in Casablanca. He was brought to Témara in secret detention for other 4 months. Condemned to fifteen years in jail, his sentence was reduced to nine years on appeal. Despite the European Parliament having solicited the Italian government to obtain his immediate release, he remains incarcerated in the Äin Bourja prison of Casablanca, where he is to be released in 2012. Cageprisoners spoke exclusively to Britel’s wife, Khadija Anna Lucia Pighizzni, about her husband’s plight and her fight for justice.
Take Action for Abou El Kassim

CAGEPRISONERS: How long had your husband been in Pakistan before he was first arrested?
KHADIJA PIGHIZZINI: My husband had been travelling since June 2001.
CP: What had brought your husband to Pakistan?
KP: Kassim and I had an ongoing project, involving the translation of Islamic books from Arabic to Italian. My husband was seeking funds to finance the translation of Tafsir Ibn Kathir. We have a small website, Islàmiqra' translations of topics and authentic Islamic texts for the education and spreading of Islam, (web.tiscali.it/islamiqra ) which I have updated very little during these years. It is an interesting project, useful for the Italian-speaking people who do not understand Arabic.
CP: When did you find out about the arrest of your husband?
KP: My husband disappeared on the 10th of March 2002. I had spoken to him on the phone that day. In the evening, he was stopped in Lahore at a police road block while he was travelling with his luggage on a taxi. As soon as they saw his Italian passport they told him it was false and took him to the police station. Then he disappeared until the 11th of February 2003.
CP: You claim your husband was tortured by Pakistani security services during his initial detention?
KP: Kassim still finds it difficult to relate what he’s been through. Even though he does speak about it now, he is not up to telling the whole story.
My husband was psychologically tortured with death threats against him and threats of violence against the female members of his family. They told him that the Italian ambassador was not interested in him “because he was a terrorist”. As for the physical torture, I know he was beaten severely, with a cricket bat at times. The handcuffs he wore around his wrists were tied behind his back with chains and he would be hung from the prison bars or off the ceiling for a long time. He would be blindfolded and his hands and feet would be chained so that he could not defend himself nor predict where he was going to be hit. The cell did not include a toilet and he was not allowed to relieve himself except once every 24 hours, when he was given a bucket. For three days he was sleep deprived, while tied to a gate.
When I saw him again after 11 months, he still had patches of yellow on his skin where he’d been severely beaten. This treatment, inflicted on him by the Pakistani police and secret services, lasted a very long time. At the beginning of April 2002 after another violent interrogation, Kassim was in critical condition, exhausted and continuously prone to fainting, so they gave him medical attention for about a week. My husband was transferred to Islamabad the 5th of May 2002, to the Pakistani secret services. He was then taken four times, tied and blindfolded, to a villa where he was interrogated by US agents

CP: In what way was your husband denied access to the Italian embassy in Pakistan?

mardi 8 janvier 2008

Abou Elkassim Britel suspend sa grève de la faim


par Khadija Anna Lucia PIGHIZZINI, 7 janvier 2008. Traduit par Fausto Giudice.

Abou Elkassim Britel a décidé de suspendre sa grève de la faim déclenchée le 16 novembre dernier suite à une invitation pressante formulée par le Consul d’Italie Stefano Risotti, qui lui a rendu visite en prison le 3 janvier dernier et l’a assuré que les autorités italiennes se sont engagées pour une solution de son affaire et insistent aussi sur une amélioration de ses conditions de détention.
Kassim a accepté volontiers d’accomplir ce geste de confiance, dans l’attente d’une libération que l’engagement italien nous fait espérer proche.
Les prochains jours seront critiques pour Passim qui recommence progressivement à s’alimenter, après une si longue grève. Physiquement il est très faible, même si son coeur est solide et lors de chaque conversation téléphonique, il me demande de remercier tous ceux qui nous soutiennent et tous ceux qui nous ont envoyé des mails d’encouragement et d’expression d’inquiétude. Merci. !
Une autre information importante : le jeudi 10 janvier, Kassim recevra la visite d’une délégation de parlementaires et journalistes italiens, organisée par le député Ezio Locatelli. Dans l’après-midi suivra une conférence de presse au consulat italien de Casablanca. Des informations plus détaillées suivront dans les prochains jours.
ET LA PÉTITION ?
SVP, signez-la et invitez vos proches à le faire, dans cette phase de négociations et d’engagement déclaré du gouvernement italien, il est plus important que jamais d’insister sur la demande de libération d’ Abou Elkassim Britel. Il y a onze mois, une autre délégation de parlementaires nous avait fait espérer une solution positive mais il ne s’était rien passé. La participation de chacun d’entre vous, chaque nouvelle discussion ouverte sur vos sites et blogs est un pas de plus vers le résultat que nous sommes en train de chercher à obtenir : un acte de justice à l’égard d’un homme qui a beaucoup souffert et pour sa famille. Si vous ne l’avez pas encore fait, signez la pétition en ligne.
Merci encore.
Khadija