Affichage des articles dont le libellé est Albanie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Albanie. Afficher tous les articles

vendredi 12 juin 2009

Dispatching

L'Empire dispatche ses bagnards. Ainsi, les 17 Ouïghours de Chine encore détenus à Guantánamo vont être expédiés, pour quatre d'entre eux, aux Bermudes, et pour les 17 autres, à Palau (Palaos), en plein Océan Pacifique (à 800 km à l'Est des Philippines), un territoire théoriquement indépendant des USA depuis 1994 mais toujours contrôlé par eux. Une manière comme une autre de diversifier les sources de revenus pour pays de 21 000 habitants qui vit de la pêche et du tourisme. Quant aux Bermudes, colonie britannique et paradis fiscal, elles inaugurent une nouvelle forme de pavillon de complaisance : le pavillon de complaisance pénitentiaire...Mais leur décision a fait grincer des dents à Londres, siège de la maison-mère:
Le gouvernement des Bermudes "aurait dû consulter" Londres avant de prendre la décision d'accueillir quatre Ouïghours détenus à Guantanamo, a indiqué un porte-parole du Foreign office jeudi à l'AFP.
"Nous avons indiqué au gouvernement des Bermudes qu'il aurait dû consulter le Royaume-Uni sur la question de savoir si cela entre dans leur domaine de compétence ou s'il s'agit d'une question sécuritaire pour laquelle le gouvernement des Bermudes n'a pas de délégation de responsabilité", a indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères.
Les Bermudes sont un territoire britannique doté d'autonomie sur les affaires de politique intérieure, situé à l'est des côtes de Floride (sud-ouest des Etats-Unis).
Quatre des 17 Chinois ouïghours détenus à Guantanamo et blanchis de tout soupçon de terrorisme depuis des années ont rejoint jeudi les Bermudes, qui a accepté de les accueillir.
Les quatre Ouïghours pourront "être naturalisés" puis pourront quitter l'archipel, a affirmé le Premier ministre de ce territoire britannique, tout en précisant attendre encore le feu vert de Londres.
Source : AFP / 11 juin 2009
Ci-dessous un commentaire du site http://www.affaires-strategiques.info/
Pékin, Guantanamo et les Ouïgours
« La Chine exige que la partie américaine se conforme à ses obligations internationales sur l’antiterrorisme, bloque le transfert de ces suspects dans un quelconque pays tiers et les rapatrie en Chine », a déclaré aujourd’hui le ministère des Affaires étrangères chinois, en référence à la volonté de Washington d’envoyer dix-sept détenus chinois ouïgours, en prison à Guantanamo depuis 7 ans, dans les îles Palaos. Ce micro-Etat du Pacifique a en effet annoncé que les Ouïgours étaient les bienvenus, ce qui a quelque peu aidé les Etats-Unis. Ces derniers ne savent pas en effet où renvoyer ces Ouïgours, le Canada, l’Australie (entre autres) ayant refusé, et l’Allemagne ayant fait machine arrière.
Berlin ne veut pas contrarier Pékin qui considère les dix-sept Ouïgours comme des terroristes présumés pour leur appartenance au « Mouvement islamique du Turkestan oriental, classé comme groupe terroriste par le Conseil de sécurité des Nations unies ».La solution américaine a par ailleurs été qualifiée de « demi-mesure temporaire » par Amnesty International, de même que la communauté ouïgour de Washington s’est inquiétée du déracinement linguistique et culturel que représenterait cette solution pour des gens originaires du Xinjiang, une région du nord-ouest de la Chine désertique et montagneuse, peuplée de quelque huit millions d’Ouïgours. Reste à voir si les pressions de Pékin suffiront à résoudre ce casse-tête diplomatique qui rend difficile la tâche de l’Administration d’Obama sur Guantanamo.
Et voici la réaction d'Amnesty International
Guantánamo. La proposition des Palaos d’accueillir des détenus n’exonère pas les États-Unis de leur responsabilité
Les informations selon lesquelles le gouvernement des Palaos a proposé d’accueillir provisoirement jusqu’à 17 détenus de Guantánamo laissent bien des questions en suspens. Si l’offre est acceptée, cela n’exonérera pas les autorités américaines de leur responsabilité envers ces hommes, a déclaré Amnesty International ce mercredi 10 juin 2009.
Le président des Palaos, Johnson Toribiong, a affirmé ce 10 juin que cet État des îles du Pacifique avait accepté de faire « un geste humanitaire » et d’accueillir à titre provisoire 17 Ouïghours détenus sans inculpation ni jugement à Guantánamo depuis 2002. Leur situation ferait l’objet d’un examen périodique. Un représentant de l’État américain aurait indiqué peu après sous couvert d’anonymat : « Aucune décision définitive [n’a été prise], ni aucun détail discuté. Nous allons poursuivre les discussions avec les Palaos. »
« Bien qu’Amnesty International invite les autres pays du globe à accorder une protection humanitaire aux prisonniers de Guantánamo, cette annonce soulève plus de questions qu’elle n’en résout et n’exonère en aucun cas les autorités américaines de leur responsabilité envers ces hommes », a affirmé ce 10 juin 2009 Daniel Gorevan, responsable de la campagne d’Amnesty International Contre le terrorisme : la justice.
On ignore si l’offre des Palaos prévoit le placement en détention de ces hommes à leur arrivée sur l’île.
On ignore également si les souhaits des détenus ont été pris en compte dans cette décision, si les États-Unis ont adopté les mesures nécessaires pour faciliter le regroupement familial et si ces hommes seront soutenus dans leur adaptation à une nouvelle vie dans un pays très différent du leur, en prenant en compte leurs besoins particuliers après plusieurs années de détention illimitée.
« Le fait que cette proposition soit provisoire soulève aussi des questions graves. Après avoir passé plus de sept ans à Guantánamo dans une situation de non-droit, ces hommes ont besoin d’autre chose que de demi-mesures temporaires. Ils ont besoin d’une solution permanente et durable – et sont en droit de l’attendre », a fait valoir Daniel Gorevan.
Les États-Unis ont initié les détentions à Guantánamo et, de ce fait, portent la responsabilité première d’y mettre un terme, dans le respect de leurs obligations internationales. Néanmoins, Amnesty International demande depuis longtemps aux autres États du globe de leur prêter main forte en accueillant des prisonniers qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays. Bien des États refusent, invoquant la propre réticence des États-Unis à admettre ces détenus sur le territoire américain.
Complément d’information Les 17 Ouïghours sont maintenus en détention sans inculpation ni jugement à Guantánamo depuis 2002 et demeurent en détention illimitée à la base, alors qu’il y a plus de huit mois un juge fédéral américain a conclu à l’illégalité de leur détention et ordonné leur libération immédiate aux États-Unis. Les autorités américaines ont fait appel et eu gain de cause – l’affaire repose désormais entre les mains de la Cour suprême. Elles maintiennent ces hommes en détention, faisant valoir qu’il appartient aux branches politiques du gouvernement de décider qui doit être relâché sur le sol américain.
Si l’annonce du président Toribiong laisse planer le doute quant à la pertinence du transfert provisoire des 17 Ouïghours aux Palaos, il est certain que leur libération de Guantánamo s’impose de longue date. Tous ont reçu le feu vert pour être libérés à divers moments entre 2003 et 2008, mais aucun pays n’était disposé à les accueillir. Bien que leur remise en liberté sur le sol américain ait été ordonnée par la justice en octobre 2008, les autorités américaines n’ont pas assumé leur responsabilité en leur permettant de reconstruire leur vie sur le continent et n’ont cessé de chercher d’autres pays prêts à l’endosser. En 2006, l’Albanie a accueilli cinq autres Ouïghours détenus à Guantánamo.
Les 17 hommes concernés viennent de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine. Ils ne peuvent retourner en Chine, où ils risquent d’être torturés ou exécutés. Le gouvernement de George Bush avait fait savoir qu’il avait demandé à plus de 100 pays d’accueillir ces prisonniers, essuyant autant de refus.

lundi 2 juin 2008

Ottawa aurait refusé d'accueillir des Ouïgours détenus à Guantanamo

La Presse Canadienne, Toronto, 2 juin 2008

Le gouvernement canadien aurait refusé d'accueillir des Chinois d'origine ouïgoure détenus à la base militaire de Guantanamo, par crainte de voir Pékin se venger sur un Canadien emprisonné en Chine.
Le quotidien torontois Globe and Mail rapporte dans son édition de lundi qu'en 2002, une vingtaine de Chinois appartenant à la minorité ouïgoure ont été interpellés au Pakistan et transférés à Guantanamo.Les responsables américains ont rapidement réalisé que les hommes - tous membres d'une minorité qui réclame son indépendance de la Chine - étaient innocents et ont sollicité plusieurs pays, dont le Canada, pour les accueillir.Les pourparlers avec le Canada se seraient déroulés en mai 2006, au même moment où le Canadien Huseyin Celil, lui aussi d'origine ouïgoure, a été arrêté en Ouzbékistan et remis aux autorités chinoises.Selon des sources gouvernementales citées par le Globe and Mail, Ottawa a failli accepter d'accueillir ces individus mais a finalement changé d'idée par crainte de voir les conditions de détention de M. Celil se détériorer en Chine. En avril 2007, M. Celil a été condamné à la prison à vie pour terrorisme.Les prisonniers - qui n'ont pas été rendus à la Chine, par crainte qu'ils ne soient torturés - ont finalement été accueillis par l'Albanie. Les autres pays sollicités avaient refusé pour ne pas être associés à Guantanamo ou pour ne pas provoquer la colère de la Chine.

mercredi 15 août 2007

Le gouvernement canadien hésite à accueillir des détenus ouïghours de Guantánamo

Le gouvernement canadien hésite à accueillir des détenus ouïghours de Guantánamo
Le gouvernement canadien hésite à accéder à la demande de Washington d'accueillir des détenus de la prison militaire de Guantánamo .
Selon des documents obtenus par la Presse Canadienne en vertu de la Loi d'accès à l'information, l'administration Bush a demandé au Canada d'accepter des détenus de la minorité ouïgoure, en Chine, qui ne représentaient pas une menace à la sécurité nationale.
Les Américains ne voulaient pas accepter les détenus sur leur territoire, mais ne pouvaient les renvoyer en Chine, par crainte qu'ils soient persécutés.
Le Canada, ainsi que d'autres pays, hésitent à accepter des réfugiés sous prétexte qu'ils causent un problème de relations publiques aux Etats-Unis. Par conséquent, 17 des hommes sont toujours détenus et vivent en confinement 22 heures par jour.
Selon une note préparée en mai dernier au ministère canadien des Affaires étrangères, les autorités canadiennes ont indiqué à la délégation américaine que les détenus en question seraient vraisemblablement inadmissibles en vertu des lois canadiennes.
Les représentants américains se sont pourtant rendus à Ottawa à trois reprises pour tenter de convaincre le gouvernement, en vain. En mai 2006, les Etats-Unis avaient réussi à convaincre l'Albanie d'accueillir cinq détenus.
Une semaine après leur transfert, les Américains revenaient à la charge et rencontraient des fonctionnaires canadiens de plusieurs ministère et du bureau du premier ministre.
Une question de principe serait en jeu, car en vertu de l'Entente sur les tiers pays sûrs, les réfugiés ne peuvent demander asile au Canada à partir des Etats-Unis, sauf en cas d'exception.
Des notes préparées en février dernier pour l'ancien ministre des Affaires étrangères, Peter MacKay, laissent entendre que la position du gouvernement sur de futurs transferts restait incertaine.
Les relations du Canada avec la Chine seraient également tenues en ligne de compte, puisque Pékin aurait apparemment fait pression sur des pays pour qu'ils refusent les Ouïgours, selon des articles américains.
Source :
Presse canadienne, 15 août 2007

jeudi 1 février 2007

Affaire Khaled El Masri : la CIA poursuivie par la justice allemande

Après la justice italienne, qui a lancé l’année dernière un mandat d’arrêt contre 26 agents de la CIA pour le kidnapping à Milan de l’Égyptien Abou Omar, la justice allemande s’est enfin décidée, après des mois d’hésitations, à lancer un mandat d’arrêt contre les ravisseurs de Khaled El Masri.
La justice allemande réclame que lui soient livrés treize agents de la CIA suspectés d'avoir enlevé en 2003 un inoffensif père de famille confondu avec un dangereux terroriste d'Al-Qaeda. Allemand d'origine libanaise, Khaled El Masri est le cas le plus notoire de transfèrement secret attribué aux services secrets américains.
Ce vendeur de voitures de la ville d'Ulm a été kidnappé sur son lieu de vacances, en Macédoine, mené pieds et poings liés dans un avion et jeté dans une geôle immonde en Afghanistan, où il a été traité «comme un animal», dit-il, pendant cinq mois. Avant d'être relâché en Albanie. La CIA l'aurait, confondu avec un homonyme ­ Khaled El Masri ­ soupçonné d'être lié aux auteurs des attentats du 11 septembre 2001.
Le parquet de Munich a fait émettre, mercredi 31 janvier «un mandat d'arrêt contre treize ravisseurs présumés», soupçonnés «de séquestration et blessures corporelles graves». Ces suspects, 11 hommes et deux femmes très vraisemblablement des agents de la CIA, seraient pour la plupart domiciliés en Caroline du Nord. La justice allemande a remonté leur piste grâce à la police espagnole. Selon la Garde civile, c'est dans un Boeing enregistré sous le numéro N313P, parti de Majorque, le 23 janvier 2004, que Khaled El Masri a été expédié hors d'Europe. Cet avion, identifié dès novembre 2004, a pu continuer ses vols « spéciaux », décollant et atterrissant à plusieurs reprises de l’aéroport de Francfort-sur-le-Main. Les magistrats munichois se sont également appuyés sur l'enquête du Conseil de l'Europe qui a recensé plus d'un millier de vols secrets de la CIA en Europe entre 2001 et 2005. En septembre 2006, la station de radio-télévision allemande NDR avait rendu publique l’identité de trois des ravisseurs : Eric Fain, James Fairling et Kirk James Bird, pilotes de ce vol spécial, employés par l’entreprise Aero Contractor, qui a pris la succession de la fameuse société de la CIA, Air America, utilisée pendant la guerre d’Indochine, notamment pour le transport d’opium du Laos, produit par l’armée secrète hmong dirigée par le général Van Pao.
Comme le soulignaient mercredi les médias allemands, l'arrestation des suspects sera difficile à mener à bien, sans un mandat d'arrêt international. La justice usaméricaine, de son côté, a jusqu'ici refusé d'aider les enquêteurs allemands. En novembre, la Cour d'appel fédérale de Richmond (Virginie) avait commencé à examiner un recours d'El Masri. Mais Washington considère qu'il s'agit d'activités secrètes, que la CIA ne peut ni confirmer ni démentir.
Quant aux autorités allemandes, très gênées, elles répètent qu'elles n'ont pas favorisé l'enlèvement, qualifiant d' «infamants» tous les soupçons sur une contribution active ou un silence complice de Berlin. Il n’en reste pas moins que des forts soupçons pèsent sur les autorités policières allemandes, qui ont affirmé devant la commission d’enquête du Bundestag qu’elles n’ont pris connaissance de l’enlèvement de Khaled El Masri que le 10 juin 2004, c’est-à-dire après sa libération, et n’ont ouvert une enquête qu’en août 2004. Or, il est avéré que Khaled El Masri était, bien avant son kidnapping par la CIA, sous observation de la police allemande pour ses contacts « suspects » avec le centre multiculturel de Neu-Ulm. Il est donc difficile de croire que la CIA n’a pas informé ses homologues allemands de son enlèvement.
Déjà mis en difficulté par l’enquête sur la détention de Murat Kurnaz, les responsables allemands doivent répondre de leurs faits et geste dans cette autre affaire devant la commission du Bundestag chargée de surveiller les activités du BND, les services de renseignement. Le 1er mars prochain, la commmission entendra Joschka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères, Ernst Uhrlau, chef du BND et son prédécesseur August Hanning. Le 8 mars ce sera au tour de Frank-Walter Steinmeier, actuel ministre des Affaires étrangères, qui était à l’époque des faits membre du secrétaiat du Chanecelier Schröder, ainsi qu’ Otto Schily, alors ministre de l’Intérieur.
L’affaire El Masri ne fait donc que commencer : elle avait déjà été à l’origine de la création de deux commissions d’enquête, celle du Conseil de l’Europe, dirigée par le Suisse Dick Marty, et celle du Parlement européen, dirigée par le député sicilien Claudio Fava.

L’Amérique m'a kidnappé

La politique US de “transferts extraordinaires” a un visage humain, et c'est le mien Par Khaled El Masri, Los Angeles Times, 19 décembre 2005
KHALED EL-MASRI, citoyen allemand, né au Liban, était vendeur de voitures avant son enlèvement en décembre 2003.


Je ne suis pas encore remis d'une expérience complètement hors des limites du tolérable, hors des limites de n'importe quel cadre légal, inadmissible dans n'importe quelle société civilisée. J'ai foi dans le système de justice US, c'est pourquoi j'ai déposé une plainte la semaine dernière contre George Tenet, l'ex-directeur de la CIA. Ce qui m'est arrivé ne doit plus jamais se produire.

Je suis né au Koweit et j'ai grandi au Liban. En 1985, alors que le Liban était déchiré par la guerre civile, j'ai fui vers l'Allemagne en quête d'une vie meilleure. Je suis devenu un citoyen de ce pays où j'ai fondé ma famille. J'ai cinq enfants.Le 31 décembre 2003, j'ai voyagé par bus d'Allemagne pour la Macédoine. A notre arrivée, mon cauchemar a commencé. Des agents aacédoniens ont confiqué mon passeport et m'ont gardé en détention pendant 23 jours. Tout contact m'était interdit, même avec mon épouse.

Ensuite on m'a forcé à enregistrer une vidéo où je déclarais avoir été bien traité. Puis on m'a menotté, bandé les yeux et emmené dans un bâtiment où j'ai été durement frappé. Mes vêtements ont été découpés à l'aide d'une lame ou de ciseaux et mes sous-vêtements arrachés. On m'a jeté à terre, les mains maintenues en arrière et une botte faisant pression sur mon dos. J'étais humilié. Parfois ils ôtaient mon bandeau, et je pouvais voir des hommes habillés en noir et portant des lunettes de ski noires. J'ignorais leur nationalité. Ils m'ont placé sur un matelas, enchaîné les poignets et les chevilles, mis un cache-oreilles, un bandeau aux yeux et une cagoule. On m'a jeté dans un avion, mains et jambes écartées et solidement arrimées au sol. J'ai senti qu'on me faisait deux injections puis j'ai pratiquement perdu conscience. J'ai senti l'avion décoller, atterrir puis décoller à nouveau.

J'ai appris plus tard qu'on m'avait emmené en Afghanistan.

Dans ce pays on m'a encore frappé et placé dans une petite cellule froide en béton. J'avais très soif, mais il n'y avait qu'une bouteille d'eau croupie dans la cellule. L'eau fraîche m'était refusée.Cette première nuit on m'a emmené dans la salle d'interrogatoire où j'ai vu un homme portant les mêmes vêtements noirs et les mêmes lunettes de ski que précédemment. Ils m'ont déshabillé et photographié, prélevé des échantillons de sang et d'urine. On m'a replacé dans la cellule où je suis resté à l'isolement pendant plus de quatre mois.La nuit suivante, les interrogatoires ont commencé. Ils m'ont demandé si je savais pourquoi on m'avait arrêté. J'ai répondu que non. Ils m'ont dit que j'étais à présent dans un pays sans lois et demandé si je comprenais ce que cela signifiait. Ils m'ont souvent demandé si je connaissais les hommes qui étaient responsables des attentats du 11 septembre, si j'avais séjourné dans des camps d'entraînement en Afghanistan, quels étaient mes liens avec certaines personnes à Ulm, la ville où je vis en Allemagne. J'ai dit la vérité : que je n'avais aucune relation avec aucun terroriste, que je n'étais jamais venu en Afghanistan et que je n'avais jamais été impliqué dans aucune forme d'extrémisme.

J'ai demandé maintes fois à rencontrer un représentant des autorités allemandes, ou un avocat, ou encore d'être traduit en justice. À chaque fois mes demandes étaient ignorées.

Au désespoir, j'ai entamé une grève de la faim. Après 27 jours sans nourriture, on m'a emmené pour rencontrer deux Américains - le directeur de la prison et un autre homme qu'ils appelaient "le Boss". Je les ai suppliés de me relâcher ou de me traduire en justice, mais le directeur de la prison m'a répondu qu'il ne pouvait me libérer sans l'autorisation de Washington. Il a également dit qu'il pensait que je n'aurais pas dû me retrouver en prison.

Après 37 jours sans nourriture, on m'a traîné jusqu'à la salle d'interrogatoire où on m'a intubé de force pour me nourrir. J'ai été très très mal, endurant les pires souffrances de ma vie.

Trois mois plus tard, on m'a emmené voir un Américain qui disait revenir de Washington et m'a promis que je serais rapidement libéré. J'ai aussi reçu la visite de quelqu'un qui parlait allemand et m'a expliqué que je serai autorisé à rentrer chez moi mais m'a averti que je ne devrais jamais parler de ce qui s'était passé car les Américains tenaient à garder cette affaire secrète.

Le 28 mai 2004, près de cinq mois après mon enlèvement, on m'a bandé les yeux, menotté et enchaîné à un siège d'avion. On m'a dit que j'atterrirai dans un pays autre que l'Allemagne parce que les USA ne voulaient pas laisser de trace de leur implication, mais que je pourrais en fin de compte rentrer en Allemagne.

Après l'atterrissage on m'a emmené en voiture dans des montagnes, les yeux toujours bandés. Mes ravisseurs ont ôté mes menottes et mon bandeau puis ordonné d'avancer sur un sentier sombre et désert sans regarder derrière moi. J'avais peur qu'on me tire dans le dos.

A un tournant j'ai rencontré trois hommes qui m'ont demandé le pourquoi de ma présence illégale en Albanie. Ils m'ont conduit à l'aéroport où j'ai acheté un billet pour l'Allemagne (mon portefeuille m'avait été restitué). C'est seulement après le décollage que j'ai vraiment cru à mon retour à la maison. J 'avais les cheveux longs, ma barbe avait poussé et j'avais perdu 30 kilos. Ma femme et les enfants étaient partis au Liban, ils croyaient que je les avais abandonnés. Heureusement, nous sommes désormais tous ensemble en Allemagne. J'ignore toujours ce qui m'est arrivé. On m'a dit que la Secrétaire d'Etat US, Condoleezza Rice, avait confirmé lors d'une rencontre avec la Chancelière allemande que mon affaire était une "erreur" - mais aussi que des officiels US ont démenti plus tard qu'elle ait tenu ces propos. Je n'étais pas présent à cette rencontre. Aucun membre du gouvernement US ne m'a jamais contacté pour me donner une explication ou s'excuser des souffrances qu'ils m'ont infligées.Mme Rice a déclaré publiquement, au cours d'une discussion sur mon affaire, que "n'importe quelle politique peut déboucher parfois sur des erreurs." Mais c'est précisément pourquoi le “transfert extraordinaire” ("Extraordinary Rendition") est si dangereux.

Si ceux qui m'interrogeaient m'ont dit clairement qu'on m'avait emmené dans un pays sans lois, c'est que le but premier du transfert extraordinaire est de soustraire les personnes à la protection de la loi.

J'ai supplié maintes fois mes ravisseurs de me déférer devant un tribunal, où je pourrais expliquer à un juge qu'une erreur avait été commise. A chaque fois ils ont refusé. Ainsi, une "erreur" qui aurait pu être rapidement corrigée a conduit à plusieurs mois d'un traitement cruel et de souffrances dépourvues de sens, pour ma famille et moi-même.

Mes ravisseurs ne voulaient pas me traduire en justice, alors, la semaine dernière c'est moi qui les ai traduits en justice. Avec l'aide de l' American Civil Liberties Union, j'ai déposé une plainte contre le gouvernement US parce que j'ai la certitude que ce qui m'est arrivé était illégal et ne devrait pas arriver à d'autres. Et je suis certain que le peuple US, quand il connaîtra mon histoire, sera d'accord avec moi.
Traduit par MB pour quibla.net.
Source : http://quibla.net/guantanamo/guanta55.htm#d
Deutsche Fassung
Die amerikanische Politik der „ausserordentlichen Überstellungen“ hat eine menschliche Form und zwar meine

dimanche 7 janvier 2007

Deux Égyptiens libérés de Guantanamo

Deux détenus égyptiens de la prison militaire américaine de Guantanamo Bay ont été remis en liberté, et l'un d'entre eux a demandé à ne pas être rapatrié, a annoncé vendredi le ministère de l'Intérieur égyptien.
Les deux ex-prisonniers n'ont pas été identifiés.
Selon l'agence de presse publique MENA, l'un d'entre eux est arrivé en Égypte alors que l'autre a obtenu le droit d'asile en Albanie.
Les autorités égyptiennes, qui se sont félicitées de la libération de "deux des cinq détenus égyptiens de Guantanamo", n'ont pas précisé la date ou la raison de leur placement en détentionUn responsable du ministère de l'Intérieur n'a pas souhaité révéler si les deux hommes font l'objet d'une enquête sur des liens éventuels avec des organisations islamistes, mais a déclaré que celui qui est de retour en Égypte se trouvait "toujours en détention".
La libération de prisonniers de Guantanamo est généralement considérée comme un abandon des suspicions des autorités américaines sur leurs liens présumés avec des organisations terroristes.
Source : AP, 6 janvier 2007

lundi 20 novembre 2006

L’étrange destin des Algériens de guantánamo

En Algérie, de source bien informée, on a appris que le prisonnier algérien, récemment libéré de Guantánamo, est originaire de Mostaganem, exactement du quartier Tigditt. Il s’agit de Boucetta Fethi, un médecin de 43 ans, marié et père de 6 enfants. M. Boucetta qui a, semble-t-il, émigré au Pakistan en 1998, a été arrêté en 2001 par les autorités pakistanaises, en collaboration avec les services du FBI, pour cause d’appartenance à un groupe de moudjahidin lié à El Qaïda. Après l’avoir libéré, les autorités américaines l’ont transféré en Albanie où il se trouve à présent, avec un autre prisonnier égyptien. Toujours selon notre source d’information, Boucetta Fethi a téléphoné, à partir de ce pays, à sa famille résidant à Haï Tigditt, pour lui dire qu’il est en bonne santé et que le tribunal militaire de Guantánamo a décidé de le remettre en liberté avant de le transférer vers l’Albanie.
Lakhdar Hagani — La Voix de l’Oranie
Source : http://actualite.el-annabi.com/article.php3?id_article=2609

ALGÉRIENS DE GUANTÁNAMO : L’étrange décision américaine
par Ali TITOUCHE, L’Expression (Alger) 20 novembre 2006
Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a souvent abordé le sujet avec ses interlocuteurs US.
Les Algériens détenus à Guantánamo n’ont-ils pas le droit de rentrer au pays? L’affaire de l’Algérien, libéré, avant-hier, de la base américaine à Cuba, témoigne du flou qui entoure la décision américaine. Certes, la Bosnie avait été gommée de la liste des pays à choisir pour la réception des six prisonniers algériens de nationalité bosniaque. Mais la surprise, plutôt l’illogisme, demeure toutefois intact! Pourquoi le Pentagone a-t-il opté pour l’Albanie comme pays d’accueil aux trois détenus libérés, dont l’Algérien?
Dans une récente publication du très influent quotidien américain The Washington Post, il a été retenu le fait que les six Algériens de nationalité bosniaque pourraient être extradés vers leur pays d’origine.Les six Algériens, à en croire le quotidien US, ne seront jamais autorisés à retourner en Bosnie qui leur avait accordés la citoyenneté. Au lieu de cela, «les USA ont demandé à l´Algérie de rapatrier les prisonniers à condition qu´ils soient mis sous surveillance», retient The Washington Post. Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (Cncppdh), interrogé récemment par L’Expression au sujet de cette affaire, a rejeté catégoriquement le «refus», par l’Algérie, de «rapatrier les prisonniers». Le contraire serait plutôt moins surprenant d’après maître Farouk Ksentini. Car, selon ses explications, «l’Algérie n’a jamais abandonné ses ressortissants et a toujours oeuvrer pour faire valoir leurs droits». Plus concrètement encore, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a abordé le sujet avec ses interlocuteurs américains, lors de sa visite effectuée à Washington au début de l’année en cours. De ce cheminement découle «l’inimaginable refus des autorités algériennes d’accueillir les détenus», soutient-on. Pourquoi donc le Pentagone préfère jouer la carte de l’Albanie?Les justificatifs américains qui ont accompagné le choix de ce pays ne tiennent absolument pas la route. Selon l’administration Bush, l’Albanie est le seul Etat qui a accepté d’accueillir les trois détenus, dont l’Algérien, et d’oeuvrer pour réussir leur insertion au sein de la société.Un discours qui ne plaît pas, d’autant qu’aucune information n’est fournie au sujet des trois détenus libérés, et encore moins leurs véritables identités. L’Algérien fait-il partie des six prisonniers de nationalité bosniaque? L’interrogation demeure toujours sans réponse.
Le Pentagone se contentait d’annoncer que les trois otages libérés sont de nationalité algérienne, égyptienne et ouzbekistanaise. En tout cas, si l’Algérie avait été sollicitée pour accueillir son ressortissant, «son refus serait injustifiable».25 Algériens croupissent toujours dans la base de non-droit de Guantánamo, dont six naturalisés bosniaques. Ils sont accusés d’activité terroriste et de lien avec l’organisation criminelle d’Al Qaîda. Le 17 janvier 2002, la Cour suprême de Bosnie a ordonné la libération des six Algériens prétextant l’absence de pièces à conviction suffisantes pour leur inculpation. Le même jour, la Chambre bosniaque des droits de l´homme a publié une décision permettant aux Algériens de rester en Bosnie et de ne pas être expulsés. Peu avant l´aube du 18 janvier, les Algériens ont été officiellement libérés. Mais au lieu de retrouver leur liberté, ils ont été remis par la police bosniaque aux militaires américains.
Source : http://www.lexpressiondz.com/T20061120/ZA4-5.htm