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jeudi 3 mai 2007

Il y a terrorisme et terrorisme


par Juan Gelman, 1er mars 2007

Pourquoi l'islamique Al Qaïda est-elle une chose et la chrétienne – ou démocrate-chrétienne- Opération Gladio qui fut menée en Italie dans les décennies 70 et 80, en est-elle une autre ? Le mot « gladio » vient du latin « Gladius », nom de l'épée des gladiateurs, mais les membres de l'opération utilisaient plutôt des bombes qui causèrent la mort de nombre de civils à Milan, Brescia et autres lieux de la botte. C'était – c'était ? - un réseau clandestin de paramilitaires dirigé par le général Gerardo Serravalle qui avait à son actif des attentats systématiquement attribués aux gauches du pays en général, et au Parti Communiste italien en particulier. Les investigations des juges Felice Casson et Carlo Mastelloni obligèrent l'éternel Premier ministre démocrate-chrétien Giulio Andreotti à révéler, le 27 octobre 1990, l'existence de cette armée clandestine et parallèle. Il synthétisa son origine avec une brillante précision.



Emblème de Gladio : "Je servirai la liberté en silence"

« Après la Seconde Guerre Mondiale -déclara Andreotti-, la crainte de l'expansionnisme soviétique et l'infériorité des forces de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) par rapport aux forces du Kominform conduisirent les nations d'Europe Occidentale à aborder de nouvelles formes de défense non conventionnelles, créant sur leurs territoires un réseau occulte de résistance destiné à agir dans le cas d'une occupation ennemie, moyennant la collecte d'informations, le sabotage, la propagande et la guérilla ». Le Premier ministre italien d'alors – dont on a dit qu'il avait la conscience propre parce qu'il ne l’vait jamais utilisée – rapporta nombre de détails : par exemple que l'ambassade des USA finançait régulièrement des groupes terroristes d'extrême-droite. La Maison Blanche voulait à tout prix empêcher que le Parti Communiste -le plus puissant d'Occident- prenne les rênes du gouvernement.

Certaines de ces structures clandestines de l'OTAN n'attendirent pas une invasion soviétique pour opérer. Dans divers pays d'Europe -pas dans tous- ils organisèrent des attentats dont furent accusées les gauches respectives, pour les discréditer. Daniele Ganser, chercheur et professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Bâle, arrive dans son livre Nato's Secret Armies : Terrorism in Western Europe (Frank Cass, éd. 2005) à la conclusion suivante : au cours du dernier demi-siècle, la CIA a équipé, financé et entraîné ces paramilitaires européens- en coordination avec le service secret britannique M16 – et insiste aujourd’hui sur la stratégie de la tension pour répandre la crainte de l'islamisme et justifier les guerres pour le pétrole. Il s'agit, en somme, d'influencer les sociétés et gouvernements de pays européens et cela entraîne la mort de civils. Mais qui se soucie de ces « dommages collatéraux » supplémentaires ? Le Comité Clandestin de l'Union Occidentale (CCWU pour son sigle en anglais), établi en 1948, fut le premier organisme coordinateur de Gladio. A la création de l'OTAN en 1949, le CCWU s'intégra au Comité Clandestin de Planification (CPC, sigle en anglais) qui s'installa en 1951 sous la supervision du commandement suprême allié en Europe. Mais les activités du type Gladio ne se limitèrent pas au Vieux Continent durant la Guerre Froide, aujourd'hui dans sa seconde étape. Il est prouvé que les attentats terroristes de 1953 en Iran furent orchestrés par des agents provocateurs au service de la CIA et du MI6. Les communistes iraniens furent accusés du crime. Les agents du Mossad israélien commirent les attentats à la bombe de 1954 en Égypte. On les attribua à des groupes musulmans. Comme on le sait, le bon exemple se propage et dans ce contexte les déclarations de Zbigniew Brzezinski devant le Comité des Relations Extérieures du Sénat des USA sont inquiétantes. L'ex- conseiller à la sécurité nationale de Carter et de Bush père a anticipé la possibilité d'un auto-attentat terroriste sur le territoire US, « lequel serait attribué à l'Iran et justifierait une action militaire nord-américaine 'défensive ' contre l'Iran » (voir Pagina/12 du 11.2.07).

Les fins déclarées de l'OTAN étaient la défense des alliés des USA en territoire européen. Cette doctrine a changé. L'OTAN a étendu ses opérations à l'Afghanistan et l'admission des ex-Républiques soviétiques dans l'organisation- La Pologne, la Roumanie, la Hongrie et d'autres - n'est pas innocente : elle permet l'installation de plus de bases, de systèmes de défense et de missiles qui encerclent la Russie et approchent les possibles objectifs militaires dans les pays pétroliers du Moyen Orient et de l'Asie Centrale. À qui doute que la « guerre anti-terroriste » dissimule la lutte pour le contrôle US de l'or noir, nous renvoyons à la lecture de la doctrine sur les scénarios de guerre que le commandement central des forces militaires des USA (USCENTCOM, sigle en anglais) a formulé en 1995 sous la présidence de Clinton. Elle se propose d'envahir l'IRAK puis l'Iran avec une intention très claire : « Protéger les intérêts vitaux des USA dans la région, un accès sûr et sans interruptions des USA et alliés au pétrole du Golfe » (www.milnet.com/milnet/pentagon/centcom/chap1). Il y a douze ans que l'Iran est dans la mire. Il ne manque qu'un prétexte pour l'attaquer. Serait-ce l'hypothèse de l'auto-attentat de Zbigniew Brzezinski ?
Source : juangelman.com
Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant et révisé par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.
URL de cet article :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2557&lg=fr
Deutsche Fassung : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2480&lg=de


Version farsie :
تروريسم هم اينگونه هست و هم آنگونه

بقلم خوان گِلمان- 1 مارس 2007بفارسي از حميد بهشتي

mardi 6 février 2007

Les déboires des Marocains bosniaques

Par Brahim Mokhliss, LE REPORTER (Maroc), N° 400, 1er février 2007

Des combattants islamistes, dont des Marocains qui se trouvaient en Bosnie et à quion avait octroyé la nationalité bosniaque, risquent d’être déchus de leur nationalité et renvoyés vers leur pays d’origine.
Amnesty International, le Comité Helsinki des droits de l'homme de Bosnie-Herzégovine et le Comité international des droits de l'Homme ont exprimé leur inquiétude concernant les activités de la Commission d'État de Bosnie-Herzégovine pour la révision des décisions sur la naturalisation des citoyens étrangers (dont des Marocains) qui a commencé son travail en mars 2006. Car ses décisions pourraient entraîner le transfert de personnes vers des pays où elles risqueraient de graves violations de leurs droits humains.
En effet, au cours de la guerre yougoslave, plus de 5000 musulmans, parmi eux des Marocains, s’étaient rendus entre 1991 et 1995 dans ce pays pour soutenir les musulmans. Environ 1500 parmi ces volontaires musulmans venus du monde entier sont ensuite restés en Bosnie et ont acquis la citoyenneté bosniaque. Soit en reconnaissance de leurs bons et loyaux services dans la défense de la Bosnie agressée soit suite à un mariage avec une bosniaque.
Or, nous apprend le président du «Collectif Guantanamo- France» Fausto Giudice, journaliste indépendant, écrivain et éditeur (collectif créé pour défendre les détenus de Guantanamo) voici que, depuis quelques mois, le gouvernement bosniaque a constitué une commission chargée de réexaminer le dossier de ces anciens combattants et de leur retirer leur nationalité. Selon lui : « 330 hommes ont déjà été frappés par cette mesure, 500 autres sont en attente de passer devant la commission. Une fois privés de leur nationalité bosniaque, les intéressés disposent de deux mois pour trouver un pays d’accueil. Et la plupart d’entre eux n’en trouvent évidemment pas.
Quel pays, cinq ans après le 11 septembre, serait-il disposé à accueillir des combattants de la liberté désormais étiquetés « terroristes jihadistes» ? », se demande-t-il. «Oui, il y a des Marocains parmi les anciens combattants musulmans concernés par les retraits de citoyenneté bosniaque », nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Mais au stade actuel de notre enquête -difficile, car les gens ont peur - nous ne pouvons vous en dire plus ». La seule information qu’il a pu nous apprendre à ce sujet c’est que « l'un d'eux, Saïd Othmani, a été expulsé de Bosnie vers le Maroc en mars ou avril 2006 et il se trouve actuellement au Maroc, où il serait en liberté… ».
Ces nouvelles actions entreprises par le gouvernement bosniaque s’expliquent par sa volonté d’intégration à l’Europe. L’expulsion des combattants musulmans est une des conditions posées à la Bosnie par l’Union européenne et par l’OTAN pour son adhésion à ces deux structures.
Les anciens combattants de liberté bosniaque qui ont essayé de quitter la Bosnie ont été arrêtés
en France, Italie… Ces ex-combattants musulmans, dont un certain nombre de
Maghrébins, qui sont presque tous âgés de 40 ans et plus, n’ont évidemment rien à voir avec
le terrorisme, précise Fausto Giudice : « ils s’étaient tous refait une vie civile et familiale pacifique.
Ce n’est pas l’avis de Bruxelles, Berlin, Londres, Rome et Paris ni bien sûr de Washington. Il serait temps que les défenseurs des droits de l’homme et du citoyen et les parlementaireseuropéens s’alarment de ce scandale. Sinon, des centaines d’hommes se retrouveront à terme dans des prisons marocaines, tunisiennes, algériennes…»