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jeudi 2 août 2007

Mamdouh Habib accuse

Un ex-détenu de Guantanamo accuse l'Australie de complicité d'arrestation arbitraire et de torture
par Marie-Morgane Le Moël, Le Monde, 28 juillet 2007

Le gouvernement australien est loin d'en avoir fini avec les deux anciens prisonniers de Guantanamo. Après avoir obtenu en mai le retour de David Hicks, détenu durant cinq ans à Camp Delta, Canberra doit maintenant batailler devant les tribunaux. Mamdouh Habib, le deuxième Australien détenu à Guantanamo, de 2002 à 2005, demande en effet des réparations au gouvernement fédéral.

En octobre 2001, cet Australien d'origine égyptienne a été arrêté au Pakistan. Transféré en Egypte, puis à Guantanamo, il y est resté trois ans, pour ses liens supposés avec Al-Qaida. Début 2005, il est libéré sans qu'une inculpation ait été prononcée. De retour à Sydney, où vit sa famille, ce sans-emploi de 51 ans tente d'obtenir des indemnités pour ses années de détention et les tortures qu'il dit avoir subies. Au coeur de la procédure : sa certitude d'avoir été enlevé avec l'accord de l'Australie, qu'il accuse de complicité d'arrestation arbitraire et de torture.
Mamdouh Habib affirme avoir eu affaire depuis longtemps aux services de renseignement australiens. Au début des années 1990, ce père de quatre enfants rend visite à des membres de sa famille aux Etats-Unis. Il y est vu en compagnie d'extrémistes islamistes, qui seront plus tard inculpés dans l'attentat contre le World Trade Center (1993). L'Australian Security Intelligence Organisation (ASIO) commence alors à s'intéresser à lui. "Des agents m'ont demandé de leur fournir des renseignements sur ma communauté. J'ai refusé", raconte Mamdouh Habib.
En juillet 2001, dépressif et poussé, dit-il, par le "harcèlement de l'ASIO", il part au Pakistan. "Uniquement pour étudier les possibilités de s'y établir", affirme-t-il. C'est alors qu'il est arrêté, à bord d'un bus en direction de Karachi.
M. Habib dit avoir été détenu, dans un premier temps, à l'ambassade australienne à Islamabad, où il aurait rencontré un diplomate australien, Alistair Adams. L'affirmation revêt une grande importance pour la suite du procès.

TRANSFERT VERS L'EGYPTE
"Le gouvernement a déclaré jusqu'ici que M. Habib était détenu par les Pakistanais ou les Américains et qu'il n'avait rien à voir avec cela. Mais lorsqu'on se trouve à l'ambassade australienne, on est sur le territoire australien", commente son avocat, Peter Erman. Il ajoute : "Ils auraient pu tout simplement décider de le renvoyer en Australie." Une accusation rejetée par le gouvernement. "Le Commonwealth nie que M. Habib ait été détenu ou interrogé à l'ambassade à Islamabad. Il juge inapproprié de commenter davantage la question alors qu'elle est examinée à la Cour fédérale", répond, laconique, un porte-parole du ministère des affaires étrangères.
Mamdouh Habib est ensuite transféré en Egypte, son pays d'origine, où il dit avoir été torturé. Or, durant les six mois de détention de M. Habib en Egypte, Canberra soutient avoir ignoré où se trouvait son ressortissant.
Pourtant, l'ancien détenu raconte avoir été interrogé sur ses contacts en Australie, et s'être vu présenter des objets lui appartenant, venant de son foyer à Sydney. "Comment les Egyptiens pouvaient-ils avoir accès à cela, si les Australiens n'avaient pas coopéré ?", interroge-t-il. Sa femme, Maha, a reçu, début 2002, une lettre du ministère des affaires étrangères l'informant que son mari allait bien. "Le gouvernement aurait su comment il allait sans savoir où il était ?", réagit-elle. A l'appui du témoignage de M. Habib, la chaîne de télévision ABC a produit, en juin, des documents incriminant le gouvernement.
Un câble du ministère des affaires étrangères, daté du 19 novembre 2001, quelques semaines après l'arrestation de M. Habib, stipule ainsi qu'il a été transféré dans son pays d'origine. D'autres documents évoquent la présence d'agents de l'ASIO en Egypte. "L'ASIO sait que l'Egypte pratique la torture, elle ne pouvait ignorer que M. Habib serait torturé", accuse Peter Erman. Depuis son retour, traumatisé, Mamdouh Habib est suivi par un psychologue. Libre de se présenter aux élections locales, comme il l'a fait, sans succès, dans la banlieue d'Auburn, en mars, il ne peut plus quitter le pays, son passeport ayant été annulé. Le gouvernement a répété, début juillet, qu'il représentait toujours "un risque pour la sécurité" du pays.
Après un an et demi de procédure, les audiences préliminaires à la Cour fédérale ont commencé, mais la date du procès est sans cesse repoussée. "C'est inacceptable : le gouvernement repousse les délais. On n'a encore accès à aucun document", déplore Peter Erman. A ce rythme, l'audience pourrait se tenir dans seulement deux ans. Mamdouh Habib et son avocat réclament "2 millions de dollars australiens (près de 1,25 million d'euros) par année d'emprisonnement". "Au vu de ce que M. Habib a subi, ce ne serait pas trop", commente M. Erman.

mercredi 28 février 2007

Les 38 prisonniers fantômes de la CIA

Des prisonniers secrets de la CIA toujours portés disparus
Washington devrait révéler le sort des personnes que les Etats-Unis ont fait « disparaître »
par Human Rights Watch, 27 février 2007

"Le programme de la CIA – et les responsables civils qui l’ont conçu – acausé un tort immense à la réputation, aux principes moraux et à l’intégrité des Etats-Unis. Il est temps que le Président Bush renonce à ce programme et prenne des mesures visant à réparer les préjudices occasionnés "
Joanne Mariner, directrice de la division terrorisme et contre-terrorisme de Human Rights Watch

Le gouvernement américain devrait révéler le sort de tous les prisonniers portés disparus alors qu’ils étaient aux mains de l’Agence centrale de renseignements (CIA), a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.
Le rapport de 50 pages, intitulé Ghost Prisoner: Two Years in Secret CIA Detention (Prisonnier fantôme : Deux ans de détention secrète aux mains de la CIA), contient la description détaillée d’une prison secrète de la CIA, émanant d’un ex-détenu palestinien libéré l’année dernière. Human Rights Watch a par ailleurs adressé une lettre publique au Président américain George W. Bush, réclamant des informations sur le sort et la localisation des détenus portés disparus. « Le Président Bush nous a dit que les 14 derniers prisonniers de la CIA avaient été envoyés à Guantanamo, mais il reste de nombreux autres prisonniers qui ont ‘disparu’ aux mains de la CIA et dont le sort demeure inconnu », a déclaré Joanne Mariner, directrice de la division terrorisme et contre-terrorisme de Human Rights Watch. « La question qui se pose est la suivante : qu’est-il advenu de ces personnes et où se trouvent-elles aujourd’hui ? »
Début septembre, 14 détenus ont été transférés des prisons secrètes de la CIA et remis aux mains de l’armée à Guantanamo Bay. A l’occasion d’un discours télévisé prononcé le 6 septembre, le Président Bush a annoncé que suite à ces 14 transferts, plus aucun prisonnier n’était détenu par la CIA. Un ex-détenu de la CIA, Marwan Jabour, a dévoilé à Human Rights Watch la présence d’un certain nombre d’autres personnes aussi détenues par la CIA mais dont on ignore encore la localisation actuelle.
Pas plus tard qu’en juillet 2006, Jabour aperçu l’un de ces hommes, un Algérien soupçonné de terrorisme du nom de Yassir al-Jazeeri, aux mains de la CIA. « L’administration Bush se doit de fournir des informations circonstanciées sur toutes les personnes ‘disparues’ dans les prisons de la CIA, notamment leur nom, le lieu où elles se trouvent, et le moment où a pris fin leur détention aux mains des Etats-Unis », a déclaré Mariner. La lettre que Human Rights Watch a adressée à Bush contient deux listes de détenus disparus (voir ci-dessous). La première nomme 16 personnes qui selon Human Rights Watch ont été détenues dans des prisons de la CIA et dont on ignore aujourd’hui le sort. La seconde nomme 22 personnes qui en toute probabilité de cause ont été détenues et se trouvent dans une situation similaire. Human Rights Watch a exprimé son inquiétude sur ce qui aurait pu arriver aux prisonniers disparus. L’une des possibilités est que les Etats-Unis en aient transféré certains vers des prisons à l’étranger où ils demeurent néanmoins sous le contrôle effectif de la CIA. Autre possibilité préoccupante: que ces prisonniers ne se trouveraient plus aux mains de la CIA et qu’ils auraient plutôt été transférés vers des lieux où ils risquent d’être torturés.
Il est fort à craindre que certains prisonniers disparus aient été renvoyés dans leur pays d’origine, dont l’Algérie, l’Egypte, la Libye et la Syrie, où la torture des terroristes présumés est monnaie courante. Le nouveau rapport fournit la description la plus complète à ce jour de la vie dans une prison secrète de la CIA, ainsi que de nouvelles informations sur 38 détenus potentiels. Le rapport explique que le traitement infligé à ces prisonniers par la CIA constitue une disparition forcée, pratique absolument interdite aux termes du droit international. Marwan Jabour a été arrêté par les autorités pakistanaises en mai 2004 au Pakistan et incarcéré pendant plus d’un mois à Islamabad, dans un lieu de détention clandestin administré par un personnel joint américain et pakistanais. Durant cette période, il a subi de graves sévices.
En juin, un avion l’a transféré vers une autre prison secrète qui, selon lui, se trouvait en Afghanistan et dont tous ou presque tous les membres du personnel étaient américains. A son arrivée, ses vêtements ont été confisqués et il été forcé de demeurer complètement nu pendant un mois et demi, même lorsqu’il était interrogé par des femmes et lorsqu’il était filmé. Il était solidement enchaîné au mur de sa petite cellule, de façon telle qu’il ne pouvait se lever, mis dans des positions douloureuses de stress rendant sa respiration difficile, et informé que s’il ne coopérait pas, il serait placé dans une « niche pour chien » étouffante.
Durant la période de plus de deux années passée dans cette prison secrète, Jabour était presque toujours seul, dans une cellule sans fenêtre, avec peu de contacts humains en dehors de ses geôliers. Alors qu’il ne cessait de s’inquiéter à propos de sa femme et de ses trois jeunes fillettes, il n’était pas été autorisé à leur envoyer une lettre pour les rassurer sur le fait qu’il était en vie. « C’était une tombe », a par la suite déclaré Jabour à Human Rights Watch. « J’avais l’impression que ma vie était terminée. »
L’épouse d’un autre ex-détenu de la CIA, dont on ignore toujours le sort, a révélé à Human Rights Watch qu’elle a dû mentir à ses quatre enfants au sujet de la « disparition » de son mari. Elle a expliqué qu’elle ne pouvait supporter l’idée de leur dire qu’elle ignorait où il se trouvait. « Ce que j’espère », a-t-elle confié, « c’est que s’ils découvrent que leur père a été arrêté, que je sois au moins en mesure de leur dire dans quel pays il est détenu et dans quelles conditions. » Toute disparition forcée entraîne une détention arbitraire, clandestine et sans possibilité de communication. Elle met sérieusement en péril le droit à la vie et à la protection contre la torture et autres mauvais traitements.
Comme le démontrent les cas susmentionnés, la disparition forcée inflige également de graves douleurs psychiques et souffrances à la famille de la personne « disparue ». Human Rights Watch a exprimé une profonde inquiétude au sujet du point de vue exprimé par le Président Bush, selon lequel la loi de 2006 relative aux commissions militaires (Military Commissions Act) autorise le gouvernement à relancer le programme des prisons secrètes de la CIA. Human Rights Watch a appelé l’administration Bush à rejeter le recours à la détention secrète et aux interrogatoires coercitifs comme stratégie pour combattre le terrorisme, et à annoncer l’abandon définitif du programme de détentions et d’interrogatoires de la CIA.
« Le programme de la CIA – et les responsables civils qui l’ont conçu – ont causé un tort immense à la réputation, aux principes moraux et à l’intégrité des Etats-Unis », a déploré Mariner. « Il est temps que le Président Bush renonce à ce programme et prenne des mesures visant à réparer les préjudices occasionnés ».
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Voici la liste des 38 disparus recensés par Human Rights Watch dont l'organisation a demandé des nouvelles dans sa lettre à Bush du 26 février
Les personnes suivantes – dont le nom, la nationalité, le lieu e la date d’arrestation sont indiqués Quand ils sont connus – ont selon nous informations été détenus un certain temps dans des prisons secrètes de la CIA :
1. Ibn al-Shaykh al-Libi (Libyen) (Pakistan, 11/01). Selon de sinformations non confirmées, il aurait été transféré en Libye début 2006.
2. Mohammed Omar Abdel-Rahman (aussi connu comme Asadallah) (Égyptien) (Quetta, Pakistan,2/03)
3. Yassir al-Jazeeri (Algérien) (Lahore, Pakistan, 3/03)
4. Suleiman Abdalla Salim (Kényan) (Mogadiscio, Somalie, 3/03)
5. Marwan al-Adeni (Yéménite) (autour de 5/03)
6. Ali Abd al Rahman al Faqasi al Ghamdi (aussi connu comme Abu Bakr al Azdi) (Saoudien) (Médina, Arabie saoudite, 6/03)
7. Hassan Ghul (Pakistanais) (Nord Irak, 1/04)
8. Ayoub al-Libi (Libyen) (Peshawar, Pakistan, 1/04)
9. Mohammed al Afghani (Afghan né en Arabie saoudite) (Peshawar, Pakistan, 5/04)
10. Abdul Basit (Saoudien ou Yéménite) (arrêté avant 6/04)
11. Adnan (arrêté avant 6/04)
12. Hudeifa (arrêté avant 6/04)
13. Mohammed Naeem Noor Khan (aussi connu comme Abu Talaha) (Pakistanais) (Lahore, Pakistan,7/04)
14. Muhammad Setmarian Naser (Syrien/Espagnol) (Quetta, Pakistan, 11/05)
15. Somalien inconnu (peut-être Shoeab as-Somali)
16 Somalien inconnu (peut-être Rethwan as-Somali)

En outre , le personnes suivantes ont pu être détenues dans des prisons secrètes de la CIA :
1. Abd al-Hadi al-Iraqi (sans doute Irakien) (1/02)
2. Anas al-Liby (Libyen) (Khartoum, Sudan, 2/02)
3. Retha al-Tunisi (Tunisien) (Karachi, Pakistan, début ou mi-2002)
4. Sheikh Ahmed Salim (aussi connu comme Swedan) (Tanzanien) (Kharadar, Pakistan, 7/02)
5. Saif al Islam el Masry (Égyptien) (Gorges de Pankisi, Georgie, 9/02)
6. Amin al-Yafia (Yéménite) (Iran, 2002)
7. _ al-Rubaia (Irakien) (Iran, 2002)
8. Aafia Siddiqui (Pakistanais) (Karachi, Pakistan, 3/03)
9. Jawad al-Bashar (Égyptien) (Vindher, Balochistan, Pakistan, 5/03)
10. Safwan al-Hasham (aussi connu comme Haffan al-Hasham) (Saoudien) (Hyderabad, Pakistan,5/03)
11. Abu Naseem (Tunisien) (Peshawar, Pakistan, 6/03)
12. Walid bin Azmi (nationalité inconnue) (Karachi, Pakistan, 1/04)
13. Ibad Al Yaquti al Sheikh al Sufiyan (Saoudien) (Karachi, Pakistan, 1/04)
14. Amir Hussein Abdullah al-Misri (aussi connu comme Fazal Mohammad Abdullah al-Misri) (Égyptien) (Karachi, Pakistan, 1/04)
15. Khalid al-Zawahiri (Égyptien) (Sud Waziristan, Pakistan, 2/04)
16. Musaab Aruchi (aka al-Baluchi) (Pakistanais) (Karachi, Pakistan, 6/04)
17. Qari Saifullah Akhtar (Pakistanais) (arrêté dans les Émirats a.u. 8/04)
18. Mustafa Mohamed Fadhil (Kényan/ Égyptien) (Punjab oriental, Pakistan, 8/04)
19. Sharif al-Masri (Égyptien) (Pakistan frontière, 8/04)
20. Osama Nazir (Pakistanais) (Faisalabad, Pakistan, 11/04)
21. Osama bin Yousaf (Pakistanais) (Faisalabad, Pakistan, 8/05)
22. Speen Ghul (Africain) (Pakistan)

mardi 27 février 2007

CIA, vols secrets

par Ignacio Ramonet, Le Monde diplomatique, mars 2007 (éditorial)Indécence ? Cynisme ? Perversion ? Comment qualifier l’attitude des gouvernements européens surpris en flagrant délit de complicité avec des services étrangers dans l’enlèvement clandestin de dizaines de suspects traînés vers des prisons secrètes et livrés à la torture ? Peut-on imaginer plus flagrante violation des droits de la personne humaine ?Deux événements récents témoignent de la schizophrénie ambiante. D’abord, le 7 février dernier à Paris, la signature solennelle par la plupart des gouvernements européens de la convention de l’Organisation des Nations unies (ONU) contre les « disparitions forcées » (1), qui criminalise l’usage des prisons secrètes. Puis, le 14 février, au Parlement européen de Strasbourg, l’adoption d’un rapport (2) qui accuse ces mêmes gouvernements de complicité avec la Central Intelligence Agency (CIA) américaine dans des opérations d’enlèvements clandestins.
Selon ce rapport, entre 2001 et 2005, les avions de la CIA auraient fait pas moins de mille deux cent quarante-cinq escales dans des aéroports européens, avec souvent à leur bord des suspects victimes de « disparitions forcées » acheminés clandestinement vers le bagne illégal de Guantánamo ou vers des prisons de pays complices (Egypte, Maroc) où la torture se pratique habituellement. Il est désormais évident que les gouvernements européens n’ignoraient rien de la nature criminelle de ces vols secrets. Certains d’entre eux ne se sont d’ailleurs pas contentés de fermer les yeux. Ainsi, la Pologne et la Roumanie sont particulièrement suspectées d’avoir aménagé sur leur sol de « petits Guantánamo » où étaient incarcérées, en attendant leur transfert définitif, des personnes enlevées au Pakistan, en Afghanistan ou ailleurs.

Le gouvernement britannique est soupçonné d’avoir participé à l’enlèvement de suspects et à leur mauvais traitement. De même que les gouvernements suédois et autrichien. Quant aux autorités allemandes, elles sont accusées, entre autres, de « ne pas avoir ignoré » l’enlèvement d’un de leurs ressortissants, d’origine libanaise, M. Khaled Al-Masri, transféré en Afghanistan. Les services secrets italiens sont, eux aussi, accusés d’avoir aidé des agents de la CIA à enlever clandestinement, à Milan, l’imam Hassan Moustapha Ossama Nasr, dit « Abou Omar », transféré en Egypte, où il aurait été torturé et violé (3).
Cette massive violation des droits humains n’a pu se faire sans que les services du haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, M. Javier Solana, ainsi que ceux de son collaborateur, le coordinateur européen de la lutte antiterroriste, M. Gijs de Vries, en aient eu connaissance. M. de Vries, en un geste éloquent, a choisi de démissionner : « Les Etats démocratiques, a-t-il averti, doivent mener leur combat antiterroriste dans le cadre du respect des lois (...). L’accumulation des mauvais traitements d’Abou Ghraïb, des abus de Guantánamo et des enlèvements de la CIA a miné la crédibilité des Etats-Unis et de l’Europe (
4). »

Tous ceux, dirigeants ou exécutants, qui ont participé à ces enlèvements doivent craindre la justice. Et méditer sur le destin de Mme María Estela Martínez, dite « Isabelita Perón », ancienne présidente de l’Argentine, pays où, au nom de l’antiterrorisme, les autorités pratiquèrent massivement les enlèvements politiques. Elle vient d’être arrêtée à Madrid, accusée de la « disparition forcée » d’un étudiant, Héctor Faguetti, en février 1976, il y a donc trente et un ans... La justice est lente, mais elle doit être inexorable.

Notes

(1) Une soixantaine de pays – dont le Chili, l’Argentine et l’Uruguay, mais pas les Etats-Unis – l’ont signée. Au moins vingt Etats devront ratifier la convention pour qu’elle entre en vigueur.

(2) Disponible sur www.europarl.europa. eu , ou cliquer ici.

(3) Un tribunal de Milan a entamé, le 16 février dernier, une procédure judiciaire contre vingt-six agents américains de la CIA et plusieurs membres des services secrets italiens accusés d’avoir organisé en février 2003 la « disparition forcée » de l’imam Abou Omar.

(4) El País, Madrid, 17 février 2007.

mardi 13 février 2007

Abou Omar, kidnappé à Milan en 2003, a été libéré en Égypte après 4 ans de prison

Hassan Mustafa Osama Nasr, alias Abou Omar, avait été enlevé dans une rue de Milan par un commando de la CIA en février 2003 et livré à la police égyptienne. Après avoir été brièvement relâché, il avait été de nouveau incarcéré en avril 2004 et on n’avait plus de nouvelles de lui depuis lors. Son avocat Montasser Al Zayat vient d’annoncer au Caire que Abou Omar était de nouveau libre et avait rejoint sa famille. Quatre années de détention sans inculpation, « à la guantanamo ». Abou Omar pourra donc théoriquement être entendu par les magistrats milanais qui ont lancé en décembre 2005 un mandat d’arrêt contre 22 agents de la CIA identifiés, étendu en juillet 2006 à 4 autres ainsi qu’à plusieurs responsables ses services de renseignement italiens pour ce kidnapping. Seul problème : le ministre de la Justice du gouvernement « de gauche » Clemente Mastella, tout comme son prédécesseur berlusconien, refuse de transmettre la demande d’extradition aux USA. C’est pourquoi le Camp antiimpérialiste, une organisation italienne, a lancé une pétition adressée à Mastella pour lui demander de procéder à cette transmission. Signatures à envoyer à estradare@email.it

samedi 13 janvier 2007

Des Tunisiens menacés d'être livrés par l'Italie et l'Égypte au régime de Ben Ali

Kamel Darraji a été arrêté vendredi à son domicile et enfermé au centre de rétention de Varese en Italie, d’où il doit être expulsé lundi après-midi 15 janvier vers la Tunisie, où il a été condamné pour « terrorisme » à dix ans de prison. Or il avait été innocenté par la justice italienne des mêmes accusations et la Cour européenne des droits de l’homme a déclaré son expulsion illégale. Le 4 janvier, Fouad Chérif avait été expulsé d’Italie vers la Tunisie et on est sans nouvelles de lui depuis lors.
En Égypte, Ayman Hkiri, Ahamed Lahbib, Mohamed Almadiri et un quatrième Tunisen ont été arrêtés et sont aussi menacés d’expulsion vers le geôles de Ben Ali. Cinq Tunisiens avaient déjà été expulsés vers la Tunisie le 4 janvier.
Lire les informations sur/leggere le informazioni su http://azls.blogspot.com/2007/01/des-tunisiens-menacs-dtre-livrs-par.html

dimanche 7 janvier 2007

Deux Égyptiens libérés de Guantanamo

Deux détenus égyptiens de la prison militaire américaine de Guantanamo Bay ont été remis en liberté, et l'un d'entre eux a demandé à ne pas être rapatrié, a annoncé vendredi le ministère de l'Intérieur égyptien.
Les deux ex-prisonniers n'ont pas été identifiés.
Selon l'agence de presse publique MENA, l'un d'entre eux est arrivé en Égypte alors que l'autre a obtenu le droit d'asile en Albanie.
Les autorités égyptiennes, qui se sont félicitées de la libération de "deux des cinq détenus égyptiens de Guantanamo", n'ont pas précisé la date ou la raison de leur placement en détentionUn responsable du ministère de l'Intérieur n'a pas souhaité révéler si les deux hommes font l'objet d'une enquête sur des liens éventuels avec des organisations islamistes, mais a déclaré que celui qui est de retour en Égypte se trouvait "toujours en détention".
La libération de prisonniers de Guantanamo est généralement considérée comme un abandon des suspicions des autorités américaines sur leurs liens présumés avec des organisations terroristes.
Source : AP, 6 janvier 2007