dimanche 28 septembre 2008

Loi anti-terrorisme canadienne :le premier verdict de culpabilité inquiète les experts

Toronto -- La Loi anti-terrorisme canadienne a soulevé les questions de plusieurs observateurs, hier, à la suite du verdict de culpabilité prononcé jeudi contre un adolescent accusé d'activités terroristes, bien qu'un informateur de la GRC ait affirmé sous serment que l'accusé n'était pas au courant du complot terroriste.
Des spécialistes juridiques et des défenseurs des droits de la personne, qui s'inquiètent des répercussions de la loi sur les libertés civiles, ont prévenu du danger que des innocents n'en soient victimes. Cette loi, selon eux, ratisse large et son seuil de déclaration de culpabilité est anormalement bas.
La définition que fait la loi de «groupe terroriste» ou de «participation» à l'un de ceux-ci est très vague, selon l'avocat Robert Diab, en entrevue de North Vancouver.
«Une personne pourrait être accusée d'avoir fréquenté des terroristes, lorsque son implication ne serait en réalité qu'une participation très marginale à des activités, ce qui pourrait être très sérieux», a indiqué Me Diab, qui vient tout juste de publier Guantanamo North: Terrorism and the Administration of Justice in Canada.
«L'objectif [de la loi] est louable, mais on doit se demander si nous nous y prenons bien. Je ne le crois pas», a-t-il estimé.
Malgré le témoin vedette
La loi, adoptée dans une atmosphère de crise à la suite des attentats du 11-Septembre 2001, criminalise toute participation évidente à un complot terroriste.
Un juge de la Cour supérieure de l'Ontario a rendu jeudi le premier verdict de culpabilité au pays en vertu de cette Loi anti-terrorisme, déclarant que l'adolescent soupçonné était coupable d'avoir participé activement au sein d'un groupe qui voulait perpétrer des attentats au Canada.
Le juge John Sporat en est venu à cette conclusion malgré le témoignage sous serment du témoin vedette de la poursuite, un informateur payé par la GRC, Mubin Shaikh, que le juge avait trouvé crédible et digne de confiance.
M. Shaikh a maintenu catégoriquement, au cours du procès et par la suite, que les dirigeants du plan terroriste n'avaient pas informé l'accusé de leur projet meurtrier et que l'adolescent n'avait aucune idée du complot terroriste.
«Comment est-il possible qu'un verdict de culpabilité soit prononcé alors que tout au long du procès, le témoin vedette [de la Couronne] a fait des déclarations très publiques et très contradictoires, qui minaient les arguments mêmes de la poursuite?», a dit James Clark, de l'organisme Presumption of Innocence Project.

vendredi 26 septembre 2008

Canada: intervention de la gouverneure générale en faveur d'Omar Khadr

MONTRÉAL - La gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean a demandé au Premier ministre Stephen Harper de rapatrier le jeune Omar Khadr, seul ressortissant d'un pays occidental encore détenu à Guantanamo, affirme vendredi un quotidien québécois.
Selon La Presse, Mme Jean est intervenue auprès de M. Harper avant le déclenchement, début septembre, de la campagne en cours pour les législatives du 14 octobre.
Omar Khadr a été arrêté en Afghanistan en 2002 à l'âge de 15 ans et est détenu depuis près de six ans à Guantanamo. Aujourd'hui âgé de 22 ans, il doit être jugé en novembre pour le meurtre présumé d'un soldat américain, en lançant une grenade lors de son arrestation.
M. Harper a jusqu'à présent refusé de demander son rapatriement au Canada avant la fin des procédures américaines. Les partis d'opposition et plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme plaident pour le rapatriement immédiat au Canada du jeune homme et réclament qu'il soit traité comme un enfant-soldat.
La gouverneure générale Michaëlle Jean est la représentante de la reine Elizabeth II, chef d'Etat en titre du Canada. Elle n'a pas de pouvoirs réels, mais elle est garante de la Constitution et représente une autorité morale.
Sa porte-parole, Marthe Blouin, a déclaré à l'AFP que les entretiens entre la gouverneure générale et le Premier ministre sont "confidentiels" et qu'elle ne pouvait faire aucun commentaire.
Selon La Presse, M. Harper ne s'est pas montré totalement hostile à un éventuel rapatriement, mais il aurait fait valoir que son groupe parlementaire et une partie de la population n'accepteraient pas une telle décision.
"Cette information est fausse", a déclaré le Premier ministre, interrogé à ce sujet lors d'une étape de sa campagne pour les législatives du 14 octobre. "Ma position sur M. Khadr est claire. Il est accusé de crimes très sérieux et nous croyons qu'il doit être jugé pour répondre de ces accusations".
Les appels au rapatriement d'Omar Khadr s'étaient multipliés après la diffusion en juillet d'une vidéo montrant la détresse de l'adolescent, alors âgé de 16 ans, pleurant et exhibant ses blessures, devant des agents des services de renseignement canadiens.
Source : AFP, 26 septembre 2008

jeudi 25 septembre 2008

Le lieutenant-colonel Darrell Vandeveld claque la porte

Un procureur militaire des commissions militaires chargées de juger les détenus de Guantanamo inculpés, a démissionné en dénonçant, selon les avocats militaires de la défense jeudi, un manque d'éthique dans la procédure, indiquent plusieurs médias américains vendredi.
Le lieutenant-colonel Darrell Vandeveld, en charge de l'accusation dans le dossier de Mohammed Jawad, un jeune Afghan arrêté et transféré à Guantanamo alors qu'il n'avait que 16 ans, a démissionné en évoquant, selon les avocats militaires «des inquiétudes éthiques», explique le Washington Post.Il a notamment regretté que ses collègues refusent de «remettre aux avocats de la défense des documents déclassifiés» allant dans le sens de la disculpation du détenu, ajoute le quotidien.
Le colonel Vandeveld avait recommandé au Pentagone de privilégier dans ce cas une procédure en plaider coupable qui aurait permis au jeune Afghan, enfermé depuis plus de six ans, d'être libéré à très court terme, selon le major David Frakt, avocat de Mohammed Jawad, qui a parlé à la presse sur la base américaine de Guantanamo (Cuba) et dont les propos sont rapportés par le New York Times.
La démission de ce procureur, censé appliquer les règles fixées par le gouvernement, est une nouvelle claque pour l'administration Bush dans sa gestion du dossier Guantanamo.
Si les associations de défense des droits de l'Homme et de nombreuses voix de la communauté internationale se sont élevées à de multiples reprises contre le principe même d'enfermer des hommes indéfiniment sans les juger, les avocats militaires, eux-aussi, mènent la fronde. Mais jusqu'ici, les protestations se limitaient à la défense.
Affectés au conseil des détenus lorsque la Cour suprême les y a autorisés, en 2004, les avocats militaires protestent contre le choix de leur hiérarchie de juger la vingtaine de détenus inculpés devant des tribunaux militaires d'exception.
Source : AFP, 25 Septembre 2008

mercredi 10 septembre 2008

Salt Pit


Du fond de sa cellule, Ali revit sa vie. Celle d’avant, celle du temps où il s’appelait encore Franck. Une cassure, le départ du père. Puis tout s’enchaîne : la découverte de l’islam, une rixe avec la police au nom de l’amitié, le prosélytisme d’un islamiste en prison. Franck le rebelle se trouve une cause à défendre. Il devient Ali, un apprenti djihadiste. Dans cette guerre, tous les coups sont permis. La CIA enlève, emprisonne, torture, dans l’ombre de prisons secrètes. Celle d’Ali se trouve en Afghanistan. Son nom : Salt Pit.

Salt Pit, premier roman-graphique des auteurs Sasha et François Vataux sort le 8 septembre chez votre libraire. L’album est sélectionné par le prestigieux festival de Blois "BD Boum" dans la catégorie "Prix Région Centre". Une exposition est organisée par le festival du 2 novembre au 2 décembre et les auteurs seront en dédicace les 21/22 et 23 novembre. Tous les détails .
« Salt Pit » est le nom de code d’une prison secrète de la CIA au nord de Kaboul, en Afghanistan. C’est l’un des « black sites », ou centres d’interrogation secrets, de l’agence américaine. Son existence a été révélée en mars 2005 par le Washington Post. Officiellement fermée, cette installation faisait partie d’un réseau mondial de centres de détentions déployé par les Etats-Unis à l’extérieur de leur territoire, après les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Dans ces prisons, les agents de la CIA étaient autorisés à pratiquer des « techniques d’interrogatoires poussées », interdites sur le sol américain.