lundi 25 juin 2007

La production de ressentiment


En persécutant la communauté musulmane, le gouvernement britannique s'aliène ceux là même dont il a besoin pour éviter de nouvelles atrocités.
par Paul Donovan, 21 juin 2007
Traduit par Djazaïri

Les efforts incessants du gouvernement pour extrader vers leur pays un certain nombre d'Algériens suspectés de terrorisme sur la base de garanties diplomatiques devraient connaître un tournant majeur cette semaine lorsque l'affaire de Mustafa Taleb, connu du public comme Y, sera présentée devant la cour d'appel.
Craignant pour sa vie, Taleb avait fui l'Algérie dans les années 90 et avait obtenu le statut de réfugié politique au Royaume-Uni. Il avait ensuite travaillé dans une librairie. Dans l'après-11 septembre, l'opinion publique avait eu à le connaître comme une des personnes arrêtées et inculpées dans ce qui a été connu sous le nom de procès de la ricine dans lequel on n'avait pas trouvé de ricine. En avril 2005, Taleb avait été un des quatre Algériens acquittés de tous les chefs d'inculpation par le jury.
Après les attentats de Londres, Taleb et les trois autres figurèrent à nouveau parmi les personnes interpellées et qui firent l'objet d'arrêtés d'expulsion en tant que menace pour la sécurité nationale. Ils furent d'abord incarcérés avant d'être relâchés un peu plus tard sous le coup d'un arrêté d'expulsion, ce qui signifiait qu'ils faisaient l'objet d'un contrôle judiciaire strict.
En août dernier, le recours de Taleb devant la commission spéciale d'appel pour l'immigration (Special immigration appeals commission, SIAC) fut rejeté et on le renvoya en prison en attendant son expulsion vers l'Algérie. Précédemment, la SIAC avait statué que l'Algérie n'était pas un pays sûr. Cependant cette façon de voir a connu un changement quand la commission a décidé que Taleb pouvait rentrer en Algérie sur la base des garanties données à Tony Blair par le gouvernement algérien et selon lesquelles il n'y aurait "ni torture ni mauvais traitements."
Depuis la décision pour Taleb, quatre autres Algériens ont été renvoyés en Algérie, deux ayant été immédiatement arrêtés et inculpés. Ils attendent maintenant leur jugement. Un des hommes, désigné comme H, est détenu dans la prison de Serkadji à Alger. Il rapporte avoir entendu les cris de personnes torturées dans d'autres cellules et les cris de douleur d'une femme "écartelée" dans une cellule proche de la sienne avant de voir les gardiens qui transportaient la femme inconsciente passer devant sa cellule.
Plus largement, la question se pose de savoir si ce que le gouvernement a fait depuis le 11 septembre a été efficace dans la dissuasion du terrorisme ou a rendu la situation plus dangereuse.
Il ne semble guère faire de doute qu'il y a un petit groupe de ressortissants étrangers que, sur le conseil des services de sécurité, le gouvernement a ciblé particulièrement en revenant continuellement à la charge depuis décembre 2001. Algériens pour la plupart, dix de ces hommes avaient initialement été arrêtés sans inculpation au titre de la loi anti-terroriste (Anti-Terrorism Crime and Security Act, ATCSA) avant d'être placés sous contrôle judiciaire suite à l'arrêt de la Chambre des Lords selon lequel les pouvoirs de détention au titre de l'ATCSA étaient incompatibles avec la loi portant sur les droits de l'homme (Human Rights Act).
Après les attentats de Londres, les membres de ce groupe, en dépit du fait qu'ils disposaient des meilleurs alibis qui soient, étant sous contrôle judiciaire à l'époque, avaient été interpellés et mis en prison. Ils firent l'objet d'arrêtés d'expulsion au motif qu'ils représentaient des menaces pour la sécurité nationale.
Ce groupe d'individus "suspects" est effectivement devenu ce que l'avocat Gareth Pierce décrit comme des cobayes. ""L'expérimentation permanente est dangereuse et insidieuse à plusieurs titres. Il est devenu évident que quand un objectif a été atteint, les limites sont repoussées et un nouveau système se met en place," explique Pierce.
Amnesty International considère que les mesures adoptées par le gouvernement au nom de la guerre contre le terrorisme ont sapé les règles du droit au niveau national et nui à la réputation de la Grande-Bretagne à l'étranger. Selon John Watson, directeur pour l'Écosse d'Amnesty International, "les politiques anti-terroristes se sont moquées complètement du droit humain le plus élémentaire à la liberté et à un procès équitable,"
Malheureusement le temps passe et fort peu d'attention est accordée à la situation critique de ces hommes et d'autres qui sont arrêtés de manière routinière tandis que chaque jour qui passe nous aliène de nombreux membres de la communauté musulmane.
Alors que le débat porte sur la sécurité ou d'autres questions relatives à l'expulsion de personnes vers des pays qui pratiquent la torture ou sur l'efficacité du contrôle judiciaire, il n'y a aucun débat sur l'essentiel qu'est la disparition de la règle de droit que représentent les dispositions actuelles. La question longtemps oubliée est : pourquoi, si ces gens sont dangereux, ne sont-ils pas déférés devant un véritable tribunal pour répondre de chefs d'accusations?
Un système kafkaïen a été créé dans lequel des gens peuvent être détenus, apparemment indéfiniment, sur la base d'informations dont eux-mêmes ou leurs avocats n'ont pas eu connaissance et qu’ils n'ont pu remettre en cause. Des questions essentielles telles que la manière dont les informations ont été obtenues, si de l'argent a circulé etc. ne peuvent jamais être examinées dans le cadre d'une procédure publique.
Au lieu de remettre en cause cette situation, le gouvernement affiche parmi ses priorités la nécessité de plus de législations visant à restreindre encore plus les droits des citoyens sacrifiés sur l'autel des besoins en matière de sécurité.
Le problème à présent est que tout ce qui se passe en matière de persécution de la communauté musulmane aliène tout simplement les personnes mêmes dont le soutien est nécessaire pour éviter de nouvelles atrocités terroristes. Pierce fait le parallèle avec ce qui s'est passé en Irlande du nord quand les membres de la communauté suspectée ont complètement perdu confiance dans le recours au droit et ont donc été plus enclins à aller vers la confrontation violente.
L'avocat Clive Stafford Smith qui exerce aux USA a fait le parallèle entre ce qui s'est passé à Guantanamo Bay, où il représente un certain nombre de clients, et le régime de détention élaboré au Royaume-Uni. Il a déclaré :
"Les USA et le Royaume-Uni cherchent à répondre à une mauvaise question et apportent donc une mauvaise réponse. L'accent est mis sur la manière de neutraliser des individus qui pourraient à l'avenir commettre un crime. Les opérations de Guantanamo et de Belmarsh signifient que nous jetons par dessus bord les valeurs que nous sommes supposés défendre. Ce qui provoque la radicalisation de milliers de personnes... Appliquer les droit de l'homme est la meilleure manière d'affronter le terrorisme."La mise en oeuvre du présent système ne fait pas qu'imposer une injustice scandaleuse à un nombre croissant de personnes au Royaume-Uni mais elle fabrique le ressentiment à venir. Elle n'a aucun sens du point de vue humanitaire ou sécuritaire. Il faut revenir à un système judiciaire plus responsable, appliquant les droits de l'Homme et visant à traduire en justice ceux qui pourraient tenter de commettre des actes terroristes au Royaume-Uni.

Paul Donovan à une manifestation pour les 13 de Belmarsh, février 2004


Original : http://commentisfree.guardian.co.uk/paul_donovan/2007/06/breeding_resentment.html
Paul Donovan est un journaliste membre de Peace & Justice East London. Il écrit des chroniques hebdomadaires pour l’Irish Post et les journaux du groupe Universe newspapers sur des questions de justice politique et sociale.

Traduit par Djazaïri pour Chronique de Guantánamo

dimanche 24 juin 2007

« Haroun Al Afghani » nouveau pensionnaire de guantánamo

Le Pentagone a annoncé qu’il a transféré à guantánamo un commandant du Hezb-e-Islami de Gulbuddin Hekmyatar, capturé en Afghanistan et accusé bien entendu d’être une filiale d’Al Qaïda, ce qui est une absurdité pour quiconque connaît un petit peu l’Afghanistan. Accuser Hekmatyar d’être lié à Al Qaïda, ce serait à peu près comme accuser José Bové d’être lié à Jean-Marie Le Pen. Pour épicer cette information surréaliste, le nom indiqué par le Pentagone est le poétique Haroun Al Afghani. Comme on dirait Francis le Belge ou Jules le Marseillais.

95 Yéménites restent détenus

Quatre détenus yéménites de guantánamo sont arrivés le 19 juin à Sanaa. Il s’agit de Hani Abdu Shu’alan, Ali Saleh, Fawaz Noman Hamoud et Sadeq Mohammed Saeed. Après les procédures judiaires, ils devraient être remis en liberté. 8 autres anciens détenus yéménites de guantánamo sont maintenant en liberté après avoir passé un certain temps en prison au Yémen. Il reste à guantánamo 95 Yéménites sur les 375 détenus.

Prisonniers marocains en Belgique : Dans des Guantanamo au cœur de l’Europe


Dans les prisons belges, les détenus marocains sont les plus nombreux parmi les prisonniers étrangers. Autant que les autres, ils sont incarcérés dans des conditions « indignes d’un Etat de droit ».
DIFFICILE d’avoir des informations concernant les prisons belges. La preuve : à une question posée le 10 mai 2004 au Parlement belge par une députée sur le nombre de détenus nationaux et étrangers dans les prisons belges, la réponse n’est tombée que plus de deux ans plus tard. C’est la vice-première ministre et ministre de la Justice qui l’a enfin donnée le 12 juillet 2006. Elle révèle qu’à la date du 3 mai 2006, les prisons belges comptaient 9.737 détenus, dont pas moins de 3.621 personnes en détention préventive.
Les détenus marocains sont les plus nombreux parmi les prisonniers étrangers en Belgique : 700 déjà condamnés et 417 prévenus. Dans ces chiffres, il y a une bonne proportion de sans-papiers. Parmi ces derniers, certains sont en détention administrative prolongée, faute d’autres solutions. Du reste, une centaine de nationalités est représentée dans le milieu carcéral belge. (voir tableau des nationalités les plus représentées).
Depuis la date de publication de ces chiffres, les flux et reflux n’ont pas cessé dans les 34 prisons que compte la Belgique. Le 13 juin courant, la Confédération syndicale chrétienne (CSC) criait au scandale. Le syndicat annonçait un nouveau record de la surpopulation carcérale.
Les chiffres publiés à l’occasion sont encore plus effarants : les prisons belges comptent désormais 10.140 détenus.
Les principales causes de cette surpopulation chronique et récurrentes sont, selon différents experts : l’augmentation des détentions préventives, prorogeables de trois mois en trois mois ; la multiplication des longues peines ; le blocage des libérations conditionnelles et le refus systématique des grâces collectives ou individuelles. Le hic c’est qu’il n’y a que 8.311 places disponibles dans les différentes prisons belges. Où met-on alors les 1.829 excédentaires emprisonnés actuellement ? La réponse d’une source pénitentiaire est sans équivoque : « Nous ne sommes pas un hôtel. Nous n’avons pas le droit d’afficher complet. Nous sommes obligés de faire de la place pour tous les détenus ». Mais dans quelles conditions ? Et quelles places sont-elles « réservées » aux étrangers ?

Prisons belges : Bienvenue en enfer !
« Guantanamo, en termes d’infrastructure, est mieux que les prisons belges ». C’est là l’une des conclusions, on ne peut plus claire, que tirent les Belges Anne-Marie Lizin, Alain Grignard et Simon Petermann.
Ces experts ont représenté l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) lors d’une visite qu’ils ont effectuée en début de cette année à la tristement célèbre prison ouverte par les Américains. Leur constat n’étonne guère tous ceux qui connaissent de l’intérieur les prisons de la Belgique.
La ministre de la Justice n’a-t-elle pas avoué le 23 août 2006 que « le secteur pénitentiaire va mal... » ? Que l’on en juge !
« Les conditions de vie dans les prisons belges sont indignes d’un état de droit. L’opacité du monde carcéral nous permet malheureusement trop souvent de l’oublier », déplore Delphine Paci, présidente de l’Observatoire International des Prisons (OIP) qui tente, aidée de ses collèges volontaires et avec les moyens de bord, de « briser le secret qui entoure les lieux de détention ».
A la lecture du dernier rapport en date de l’Observatoire (celui couvrant la période de 2003 à 2005), il y a de quoi s’alarmer. « Surpopulation chronique, hygiène déplorable, insalubrité, déficience dans l’administration des soins de santé, dysfonctionnement criant de la défense sociale, sécurité mise en péril par l’état des bâtiments... », souligne l’organisation dans son rapport. L’une des images qu’elle esquisse est parlante : « De nombreuses cellules ne sont toujours pas équipées de W.C, ce qui contraint les détenus à utiliser des seaux, dont l’odeur est parfois tellement insoutenable que certains détenus se retiennent d’aller aux toilettes ».
Plus graves encore, des cas de violence et d’humiliation perpétrés par des agents pénitentiaires à l’encontre de certains détenus et d’autres actes du même genre commis entre détenus ainsi que des actes de suicide, voire de décès inexpliqués, sont relevés dans le rapport de l’OIP. Une partie de ces révélations a été déjà signalée dans le rapport du 20 avril 2006 du Comité pour la prévention de la torture relevant du Conseil de l’Europe.
Une autre confirmation est donnée à travers le rapport 2006 de la Commission centrale de surveillance des prisons. Cet organe qui relève du département de la justice rapporte, à titre indicatif, que des suicides ont été commis dans 8 prisons.
Le cas du jeune belgo-marocain Fayçal Chaàbane montre bien ce qui peut arriver dans une prison belge. Au mois de septembre dernier, il a été incarcéré à la prison de Forest. « C’était à la suite d’un contrôle policier anodin de voiture », précise sa famille.
Ne supportant pas son incarcération, Fayçal se serait agité pour exprimer sa désapprobation. Il est sorti de la prison aussitôt qu’il y est entré, mais les pieds devant. Sa famille aurait appris qu’une forte dose de l’Haldol lui a été injectée et a causé sa mort. L’instruction est toujours en cours, sans qu’aucune explication n’ait encore été donnée à la famille déroutée. Ce n’est là qu’un exemple parmi bien d’autres.
Les différents rapports et même des sources de l’intérieur des « quartiers généraux » de certaines prisons ne cachent plus la triste réalité des milieux carcéraux en Belgique. Tous confirment que les souffrances subies par les détenus sont lourdes. Elles le sont davantage pour les prisonniers étrangers, dont les Marocains, à cause de leur isolement culturel. Isolement contre lequel la présence momentanée d’aumônier (il y a désormais 24 aumôniers musulmans), ne change pas grand chose. Pire, s’ajoutent parfois à la souffrance psychologique, des actes racistes ou de violence gratuite. « La population étrangère se trouvait déjà fragilisée à l’extérieur de la prison. Elle vit dans une situation de fragilité extrême à l’intérieur des cellules », explique une source pénitentiaire.
Déjà en 2004, une étude diligentée et publiée par la Fondation Roi Baudouin sous le titre « Etrangers dans les prisons belges : problèmes et solutions possibles » a montré le désarroi de la population carcérale étrangère. Mais rien n’a été entrepris depuis pour améliorer la situation décrite par tous comme lamentable dans la plupart des prisons en Belgique. Du coup, pour se défendre dans un milieu carcéral aussi hostile, les prisonniers s’organisent souvent, quand ils le peuvent, en bandes. Lesquelles, pour « survivre » et se renforcer, peuvent toucher à tout : stupéfiants, trafic de certains médicaments...
Quand arrive le jour fatidique de la libération, le détenu met difficilement le pas dehors. Qu’il soit autochtone, allochtone ou étranger, aucun moyen n’est prévu pour l’aider à réintégrer, sereinement, la société. D’où, un fort taux de récidive et donc de retour derrière les barreaux.
L’immigration (sur)criminalisée
« La relation entre délinquance et immigration est une construction sociale », écrit la chercheuse belge Fabienne Brion dans un ouvrage collectif intitulé « Mon délit ? Mon origine » paru aux éditions De Boeck. Sa conclusion est édifiante : « Le système d’administration pénale est un entonnoir dans lequel des processus sélectifs puissants sont à l’œuvre et qui aboutit à retenir principalement ceux qui ne disposent pas des ressources pour déjouer ou neutraliser les pratiques judiciaires de la nouvelle pénologie contribuant par l’incarcération à alimenter la prison de la misère. »
« La prison devient un lieu par excellence de mise à l’écart de populations qui ont des problèmes d’insertion », affirme un autre expert. De nombreux chercheurs et intellectuels, dont le belge Andrea Rea et bien d’autres, défendent cette thèse.
Ce que dit la loi
La loi Dupont, loi de principe, publiée le 1er février 2005, stipule que « le détenu n’est soumis à aucune limite de ses droits politiques, civils, sociaux, économiques ou culturels autre que les limitations qui découlent de sa condamnation pénale ou de la mesure privative de liberté ».
Elle précise que « le caractère punitif de la peine privative de liberté se traduit exclusivement par la perte totale ou partielle de la liberté de mouvement et les restrictions à la liberté qui y sont liées de manière indissociable. »
L’OIP regrette que les dispositions de cette loi restent dans leur majorité lettre morte, car elles nécessitent, pour leur entrée en vigueur, l’adoption d’arrêtés royaux qui se font attendre.
La loi du silence
« En Belgique, les prisons sont des poubelles humaines où l’on jette sans ménagement des "ordures" qu’on laisse pourrir, sans leur offrir la moindre possibilité de recyclage. »
Celui qui dessine cette image noire du milieu carcéral belge est Marc Sluse, plus connu sous le surnom de Marcus. Cet ex-détenu avait enduré pendant 20 ans, à des périodes variables et séparées, les affres de l’emprisonnement dans différentes prisons en Belgique. Pour une grande partie, il a été emprisonné pour avoir accueilli des personnes en cavales.
Aujourd’hui âgé de 50 ans, Marcus insiste pour parler à visage découvert de l’univers carcéral pour briser le silence des cellules et des cachots. Sa cause : lutter contre l’arbitraire par la force de l’amour.
Sans rancoeur, il milite pour que la confiance, la compréhension et pourquoi pas l’amour s’installent dans les prisons et soient partagés dans les rangs des détenus entre eux et entre les détenus et les responsables pénitentiaires.
« Sans ce climat de paix, il y aura toujours des problèmes », prévient-il. Son espoir le plus cher, c’est que la prison respecte la dignité humaine pour ne plus rester un dépotoir humain et devenir un lieu de reconstruction pour les détenus. Il se rappelle avec des trémolos dans la voix que des prisonniers marocains lui ont fait découvrir Tahar Benjelloun et Paulo Colheo.
« C’est vous dire, insiste Marcus, que contrairement à ce que pensent ceux qui se trouvent en dehors des barreaux, la plupart des prisonniers ne sont pas des bêtes sauvages. »
Des prisonniers qui prennent la clé...des champs
Selon des chiffres cités par la ministre de la Justice Laurette Onkelinx à la Chambre et rapportés par l’agence de presse Belga, depuis 1995, le nombre d’évasions des établissements pénitentiaires fermés est en nette régression. Il a été en 1995 de 105, en 1998 de 26, en 1999 de 19, en 2003 de 13, en 2004 de 12, en 2005 de 17. Au cours de la première moitié de 2006, il y en a eu 5, a rappelé la ministre.
Cette enquête a été réalisée en Belgique grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin.
Source : http://www.lereporter.ma/article.php3?id_article=4171

Le témoignage du lieutenant-colonel Stephen Abraham

Un lieutenant-colonel de l'armée américaine, officier de réserve du renseignement depuis 35 ans, a dénoncé la procédure administrative sur le statut des détenus de Guantanamo, dans un document de justice rendu public vendredi.
Les avocats de dizaines de détenus ont déposé ce témoignage vendredi devant la Cour suprême dans une ultime tentative pour maintenir en vie la procédure entamée il y a des années pour dénoncer leur détention sans inculpation. La cour d'appel de Washington a déjà rejeté leur recours et la Cour suprême a refusé en avril d'examiner l'affaire.
La Cour suprême a estimé que les détenus devaient d'abord épuiser leurs recours contre la procédure mis en place par l'administration Bush pour valider ou pas leur statut de "combattants ennemis", qui justifie leur détention.
Vendredi, les avocats ont demandé à la Cour suprême de maintenir les arrangements qui jusque là leur garantissent d'avoir accès à leurs clients et aux documents de procédure. La Cour peut le faire soit en suspendant sa décision quelques mois, soit en reconnaissant dès à présent que la procédure administrative est invalide.
Cette seconde proposition est appuyée par le témoignage du lieutenant-colonel Stephen Abraham, qui a travaillé de septembre 2004 à mars 2005 au bureau des Commissions de révision du statut (CSRT) à Guantanamo, comme agent de liaison avec les services de renseignement et comme juge.
Selon M. Abraham, les éléments présentés lors de ces commissions sont très généraux, retirés de leur contexte, ambigus... Et si le statut d'un détenu n'est pas confirmé, la réaction des supérieurs des juges est: "Qu'est-ce qui n'a pas marché?".
Devant une CSRT, le détenu comparaît menotté et sans avocat face à trois juges militaires. Un rapporteur doit présenter les témoins et documents à charge qui lui semblent pertinents, ainsi que tous les éventuels éléments à décharge.
Selon M. Abraham, qui exerce dans le civil dans un cabinet d'avocats en Californie, les rapporteurs "étaient en général des officiers relativement jeunes, peu formés ou expérimentés".Surtout, les diverses agences avec lesquelles M. Abraham a été en relation en sa qualité d'officier de liaison avaient déjà fait un tri dans ce qu'elles envoyaient aux rapporteurs: elles ont par exemple refusé de lui confirmer par écrit qu'elles ne disposaient pas d'éléments à décharge.
Un jour, le lieutenant-colonel Abraham a été désigné juge d'une CSRT en compagnie de deux officiers de l'armée de l'air: "Dans ce qui nous a été présenté comme un exposé précis des faits, il n'y avait même pas la plus infime trace d'une preuve objectivement crédible".Les trois juges n'ont pas confirmé le statut du détenu, autorisant de fait sa libération. Leur supérieur les a forcés à refaire une audience, mais ils n'ont pas changé d'avis. M. Abraham n'a plus jamais été désigné juge.
Source : AFP, 23 juin 2007

Beaucoup de bruit pour (presque) rien

Colin Powell est pour la fermeture, mais il n’est plus aux affaires. Robert Gates, le successeur de Rumsfeld à la tête du Pentagone, est aussi plutôt pour la fermeture, ainsi que Condoleezza Rice, la secrétaire d’État. Mais Dick Cheney, le vice-Président et Alberto Gonzales, le ministre de la Justice, sont résolument contre. Bref, à Washington, le débat bat son plein.
Un débat que Bush ne parvient pas à arbitrer, semble-t-il, tiraillé qu’il est entre les deux tendances au sein de l’exécutif républicain de l’Empire : la première tendance, sous l’influence des Démocrates, serait pour transférer les prisonniers dans une prison sur le territoire US, pour calmer un peu les défenseurs des droits humains et donner un visage humain à la « guerre contre le terrrorisme », par exemple à Fort Leavenworth, au Kansas ou dans une prison afghane en cours de rénovation sous l’égide de l’ONU ; la deuxième tendance, ce sont les purs et durs, néoconservateurs pur sucre, qui ne veulent pas céder un pouce. Pas question pour eux de transférer les bagnards sur le territoire US car cela leur ouvrirait automatiquement l’accès aux droits garantis par la Constitution : habeas corpus, défense, procès équitable.
Tout ce beau monde a connu une vive agitation en fin de semaine, après qu’une dépêche de l’agence Associated Press, eut annoncé une réunion à la Maison blanche pour décider de la fermeture du camp de guantánamo. Du coup, la réunion a été annulée.
Le débat continue donc au sein de l’administration. Il ne porte pas sur la question de savoir s’il faut libérer les détenus, mais simplement s’il faut leur donner des droits. Ansi en va-t-il dans l’Empire « démocratique ».
Pour la Belge Anne-Marie Lizin, rapporteur spéciale de l’OSCE, l’Organisation de sécurité et de coopération en Europe, désormais « tout va bien » à Guantánamo. Les interrogateurs sont surveillés par une équipe spéciale, les gardiens reçoivent une formation et « il n’y a plus de torture ». Jeudi 22 juin, Lizin a rendu public son rapport sur la prison devant le Congrès US. Un apport légèrement plus critique que le précédent, qui lui avait valu de nombreuses critiques pour sa complaisance à l’égard du Pentagone. Écoutez son interview sur Radio Vatican.

vendredi 22 juin 2007

La Suisse s’embarque dans la croisade de Bush

La Suisse pourra ratifier le nouvel accord contre le terrorisme passé en juillet 2006 avec les Etats-Unis. Après le National, le Conseil des Etats a donné son aval. Plusieurs orateurs ont néanmoins critiqué les pratiques américaines.
L'accord sur la constitution d'équipes communes d'enquête pour lutter contre le terrorisme et son financement remplacera l'arrangement de travail en vigueur depuis septembre 2002. Contrairement à ce dernier, le nouveau document ne se limite pas au cas d'Al-Qaïda et des attentats du 11 septembre 2001, a expliqué un membre de la commission.
Les fonctionnaires détachés se consacreront pour l'essentiel à l'analyse des informations recueillies et à l'élaboration de stratégies pour la suite de l'enquête. Pour d'autres actes d'instruction, comme la participation aux interrogatoires et auditions, l'aval spécifique du procureur en charge de la procédure sera nécessaire.
Une minorité emmenée par Pierre Bonhôte (PS/NE) a plaidé en vain pour une exigence supplémentaire. La lutte anti-terroriste menée par Washington a sapé le droit international, a critiqué le socialiste en évoquant le centre de détention de Guantanamo, les enlèvements par la CIA et les prisons secrètes d'Europe de l'Est.
Mais plutôt que de renoncer à tout accord, il a proposé de préciser l'arrêté: le Ministère public de la Confédération peut suspendre la participation à une équipe d'enquête s'il soupçonne que des informations ou des preuves sont obtenues par des moyens contraires au droit suisse ou sur la base de concepts juridiques inconnus du droit international.
Source : ats, 21 juin 2007

jeudi 21 juin 2007

Le gouvernement US envoie des détenus de Guantánamo en Tunisie malgré des menaces de mauvais traitements et de torture

par Reprieve, 19 juin 2007

Reprieve dénonce le transfert – qui vient d’être révélé aujourd’hui – de son client le prisonnier de, Guantánamo Abdallah Ben Amor, et d’un second prisonnier, dont on ignore pour l’instant le nom, en Tunisie.Les deux hommes ont été expédiés en Tunisie le dimanche 17 juin 2007. Condamné par contumace en Tunisie pour son association avec le parti politique d’opposition Ennahdha, M. Ben Amor court un risque sérieux de mauvais traitements et de torture.
Au début des années 1990, M. Ben Amor a été condamné par contumace en Tunisie à 23 ans de prison pour son affiliation au parti politique islamiste modéré et non-violent Ennahdha. À cette époque, M. Ben Amor vivait au Pakistan depuis 2 ans. Il était absent à son procès et n’a donc pu se défendre. Cette condamnation, ajoutée à l’emprisonnement de M. Ben Omar à Guantánamo, lui fait courir un risqué grave de détention indéfinie et de torture."
Abdallah Ben Amor a été blanchi par les USA, qui ont considéré qu’il ne constituait pas e menace et ne détenait aucune information sur le terrorisme. Mais les USA ne lui ont pas présenté d’excuses et ne l’ont pas remis en liberté après cinq ans à Guantánamo. Au lieu de cela, il a été expédié en Tunisie, où des mauvais traitements et éventuellement des tortures l’attendent. Qu’est-il arrivé à la justice américaine ? Comment pouvons-nous assurer note sécurité en renvoyant des hommes innocentés à des régimes notoirement sinistres ? », a dit Zachary Katznelson, avocat de Reprieve.
Le gouvernement US n’a autorisé Reprieve à rencontrer M. Ben Amor qu’une seule fois durant ses cinq ans de détention. Lors de sa rencontre avec Zachary Katznelson le 1er mai 2007 à Guantánamo, M. Ben Omar a exprimé de vives inquiétudes quant aux risques qu’il courait, en cas de renvoi en Tunisie, d’être torturé pour être forcé à faire des aveux ou à devenir un informateur. Lorsque Reprieve a plus tard appris que M. Ben Amor avait été condamné par contumace – une condamnation dont M. Ben Amor n’a apparemment pas eu connaissance -, l’organisation a demandé à plusieurs reprises à être autorisée à rendre de nouvelles visites à notre client. Le gouvernement US n’a pas répondu à ces requêtes.
"Aujourd’hui, Abdallah Ben Amor se retrouvé transformé en cobaye dans une expérience diplomatique potentiellement mortelle. Les USA sont si désespérément résolus à se débarrasser de détenus de Guantánamo Bay, qu’ils sont prêts à ignorer l’horrible dossier des droits humains de la Tunisie. La Tunisie fait face à un choix simple : agira-t-elle correctement et montrera-t-elle au monde qu’elle soutient les droits humains ou va-t-elle retourner à son sombre passé ? Nous attendons tous de le savoir », a déclaré Zachary Katznelson.
Abdallah Ben Amor est né dans le nord-est de la Tunisie. Après ses études , il a travaillé comme mécanicien pour les chemins de fer tunisiens. Il a quitté la Tunisie pour l’Arabie saoudite en 1989 pour ensuite aller au Pakistan, fuyant son pays pour cause de persécution religieuse.
Il vivait donc au Pakistan quand il a été condamné en son absence en Tunisie à 23 ans de prison. En 2001, Abdallah a été arrêté à son domicile par des agents pakistanais. Il dit avoir été vendu aux USA pour une rançon de 5000 $. Il se trouvait à Guantánamo Bay depuis le 5 août 2002. Il est marié et a huit enfants. Sa famille vit en Tunisie.
Pour plus d’information ou des interviews, appelez SVP Zachary Katznelson au +44 (0)7838 383 149. Tel: +44 (0)20 7353 4640Fax: +44 (0)20 7353 4641 - Courriel : zachary@reprieve.org.uk
Traduit par le
Collectif guantánamo

Des poèmes de détenus de Guantánamo publiés aux USA

Un recueil de poèmes, qui sera publié en août 2007 aux États-Unis, donne la parole aux détenus de Guantanamo qui ont transmis à leurs avocats leurs textes parfois écrits avec de la pâte à dentifrice ou gravés sur des couvercles de tasses en plastique.

"Poems from Guantanamo. The Detainees Speak" (Poèmes de Guantanamo. Les détenus parlent) rassemble sur 84 pages 22 textes écrits par 17 prisonniers. Quatre ou cinq ont été libérés depuis, mais les autres font encore partie des 375 détenus du camp de Guantanamo ouvert sur une base navale américaine à Cuba dans les mois qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001. La plupart sont retenus depuis plus de cinq ans sans inculpation ni jugement.

Le recueil, édité par les presses universitaires d'Iowa (centre), a pu voir le jour grâce à un avocat, Marc Falkoff et tous les textes, écrits en arabe et traduits par des traducteurs accrédités auprès du ministère américain de la Défense, ont été "déclassifiés" par le Pentagone.C'est en commençant à recevoir des poèmes de ses clients que M. Falkoff, qui défend des détenus yéménites à Guantanamo, a eu l'idée de les publier. Il s'est rendu compte que d'autres avocats également recevaient de tels poèmes.

Tous les textes sortant de la base sont a priori considérés comme des menaces potentielles à la sécurité et doivent être analysés par les services du Pentagone qui choisissent de les retenir ou de les "déclassifiés" en les remettant aux avocats.Durant la première année de détention, lorsque les prisonniers n'étaient pas autorisés à avoir de papier ni de crayon, certains de ces poèmes ont été écrits avec de la pâte à dentifrice ou gravés sur des couvercles de tasses en plastique à l'aide de cailloux, a raconté Marc Falkoff à l'AFP.

Les auteurs, qui pour la plupart n'ont jamais écrit de poésie avant, sont Saoudiens, Yéménites, Britanniques, Pakistanais."Aucun de ces textes n'a été écrit dans le but d'être publié dans ce volume. La plupart des détenus s'interrogent sur leur situation, sur la justice, confient leur désillusion de l'Amérique, parfois leur colère et surtout la nostalgie qu'ils ressentent", explique l'avocat qui s'est rendu une dizaine de fois à Guantanamo.

"Amérique, tu caracoles sur le dos d'orphelins/ Et tu les terrorises chaque jour./ Bush, fais attention./ Le monde reconnaît en toi le menteur arrogant", écrit Sami al-Haj, un ancien caméraman de la chaîne d'information arabe, Al-Jazira, encore détenu.

"Prenez mon sang, prenez mon suaire et ma dépouille, prenez des photos de mon corps dans sa tombe, esseulé,/Envoyez-les au monde, aux juges, aux hommes de conscience, aux hommes de principe et aux justes,/Et laissez-les porter, aux yeux du monde, le fardeau coupable d'une âme innocente", écrit de son côté Jumah al Dossari, 33 ans, détenu à Guantanamo depuis cinq ans, qui a tenté de se suicider en prison douze fois.

"Il y a deux moyens de faire entendre ce qui se passe à Guantanamo", résume Marc Falkoff. "Avoir un procès public, ce qui jusqu'ici a été refusé à mes clients. Ou publier ces textes, afin que le public puisse entendre la voix des détenus", ajoute-t-il.
Le recueil de poèmes a été tiré à 5.000 exemplaires. "Nous avons pensé que c'était un livre très important à publier", a indiqué Allison Thomas, porte-parole de University of Iowa Press."Nous sommes exactement dans le rôle de toutes presses universitaires, qui est de soutenir des idées engagées et de contribuer à porter à la connaissance du public l'information dont dépend la démocratie", a-t-elle ajouté.Les profits du livre iront à un centre de défense des droits des détenus, le Center for Constitutional Rights, a précisé l'avocat.
Source : AFP, 20 juin 2007

ABOU GHRAIB : Vous n'avez pas encore tout vu

Le webzine Salon a obtenu d'une source militaire l'ensemble des photos et vidéos recueillies par les enquêteurs de l'armée américaine sur les sévices subis par les détenus irakiens de la prison d'Abou Ghraib. La prison sera bientôt fermée, mais le dossier Abou Ghraib est loin d'être clos.

"279 photos et 19 vidéos découvertes au cours de l'enquête interne de l'armée américaine témoignent de trois mois de tortures cruelles dans les murs de la tristement célèbre prison d'Abou Ghraib et prouvent que beaucoup de responsables doivent encore répondre de leurs actes", dénonce le webzine américain
Salon, qui affirme s'être procuré la totalité des photos existantes sur les mauvais traitements infligés par les soldats américains aux détenus de la prison irakienne (voir quelques exemples ci-contre). Le magazine en ligne rappelle que le scandale avait été révélé en mai 2004 par la chaîne de télévision américaine CBS et par le magazine The New Yorker. Depuis, certaines photos ont fait le tour du monde. Une télévision australienne a récemment rendu publiques de nouvelles images de sévices, encore plus choquantes que celles déjà connues. Mais jamais encore l'ensemble des documents n'avait été publié. Salon a décidé de présenter chronologiquement, du 17 octobre au 30 décembre 2003, ce que le webzine considère être la totalité des fichiers existants sur ces événements. "La plupart des photos ont déjà été vues, mais l'analyse de l'armée elle-même sur ces photos n'était pas entièrement connue. C'est un compte rendu choquant, au jour le jour, à l'intérieur du quartier 1A de la prison, et ces photos compilent l'histoire détaillée des tortures constantes dont faisaient l'objet les prisonniers. Les archives légendées fournissent aussi de nouvelles informations sur le rôle de la CIA, des renseignements militaires et de la commission d'enquête de l'armée elle-même", affirme Salon pour justifier la publication de ces documents, obtenus grâce à une source militaire proche du dossier. "Notre but est le même qu'il y a un mois, lorsque nous diffusions un petit nombre de photos encore inconnues. Comme nous l'écrivions alors, Abou Ghraib symbolise 'l'échec de la société démocratique à enquêter sur les abus commis par ses propres soldats'. Les documents ont été généralement publiés dans la presse sans informations contextuelles ou descriptives. Pendant ce temps, les autorités de Washington n'ont pas réagi aux conclusions inquiétantes des rapports du Pentagone. Nous pensons que ces archives de l'armée appartiennent au public en tant que documentation pour mener l'enquête et déterminer les responsabilités", affirme Salon.


En effet, seuls quelques coupables subalternes ont été identifiés et jugés. "Une fois de plus, des images horribles, inconcevables, insupportables nous stupéfient. Une fois de plus, ce sont des images – inconnues jusqu'ici – de la sinistre prison des tortures d'Abou Ghraib, près de Bagdad", réagit le magazine allemand Der Spiegel. En publiant ces archives, le webzine Salon permet de mesurer "dans toutes ses dimensions la catastrophe morale de la superpuissance américaine", estime-t-il. De son côté, le quotidien italien La Repubblica rappelle qu'"au moment où est publié en ligne le premier dossier complet sur les tortures à la prison d'Abou Ghraib George W. Bush injurie les droits de l'homme à l'ONU". En effet, la présentation de ces photos coïncide avec le non américain au nouveau Conseil des droits de l'homme. "Les Etats-Unis souhaitaient former un club restreint de 'champions des droits de l'homme', dont ils feraient bien sûr partie et qui exclurait, grâce à des critères rigoureux et à la barrière de deux tiers des voix à l'Assemblée, les Etats candidats peu respectueux du droit", explique le quotidien suisse Le Temps.


Parallèlement, The Washington Post rapporte le témoignage d'un officier supérieur de l'armée américaine, le colonel Thomas M. Pappas, qui vient d'admettre devant une cour martiale qu'il avait autorisé l'utilisation de chiens lors des interrogatoires de détenus de la prison d'Abou Ghraib. Il a reconnu ainsi avoir fourni à ses subordonnés un moyen pour terroriser les détenus, alors que cela ne fait pas partie des techniques traditionnelles d'interrogatoire, et cela sans consulter ses supérieurs. "L'administration Bush, qui a annoncé le 10 mars dernier son intention de fermer la prison et de transférer les détenus vers d'autres sites, veut faire croire au monde que la question des tortues est réglée et qu'il est temps d'avancer. Mais les questions sur ce qui s'est passé là-bas et sur ceux qui en étaient responsables ne cesseront pas avec la fermeture d'Abou Ghraib", assure Salon.


"Cette série d'images d'Abou Ghraib est seulement un exemple des tactiques utilisées systématiquement par les Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme. Il existe de nombreux témoignages de torture, d'abus et autres pratiques qui violent les règles internationales, comme la détention de prisonniers sans inculpation à Guantanamo Bay et dans d'autres prisons secrètes aux Etats-Unis et dans le monde, comme le transfèrement de prisonniers vers des pays où ils seront torturés, comme la violation constante des droits de l'homme dans les prisons irakiennes. Abou Ghraib à l'automne 2003 était un enfer, c'est certain, mais les tortures perpétrées là-bas ne sont exceptionnelles que dans un sens : elles ont été photographiées et filmées", conclut Salon.

Hamdam Mostafavi

Tunis confirme la remise de deux ex-détenus de Guantanamo, Lotfi Lagha et Abdullah Hajji

La Tunisie a confirmé mercredi soir s'être fait remettre par les autorités américaines deux de ses ressortissants qui étaient détenus sur la base militaire de Guantanamo à Cuba.
Dans un communiqué transmis à l'Associated Press, les autorités tunisiennes expliquent que les deux ex-détenus, Lotfi Lagha et Abdallah Hajji, étaient réclamés par la justice tunisienne "en raison de poursuites pénales en cours à leur encontre" et qu'ils leur ont été remis lundi par les autorités américaines.
Le premier fait l'objet d'une instruction judiciaire auprès du tribunal de première instance de Tunis pour "appartenance à une organisation en relation avec la commission de crimes terroristes", indique le communiqué sans plus de précisions.
Lotfi Lagha a été déféré devant le juge d'instruction près ce tribunal à l'effet de parachever les investigations et de déterminer s'il est impliqué dans les faits pour lesquels il est poursuivi.
Quant au deuxième prévenu, Abdallah Hajji, qui a été précédemment condamné par défaut (à 20 ans de prison), il pourra faire opposition à ce jugement et, dans ce cas, devrait être rejugé pour répondre des griefs qui lui sont attribués lors d'un procès public lui offrant toutes les garanties légales, ajoute le communiqué qui ne précise pas ces griefs.
L'information avait été annoncée plus tôt dans la journée, à l'Associated Press, par Cris Chang, un responsable de l'organisation de défense des droits de l'homme Reprieve, basée à Londres, puis confirmée par l'avocat tunisien Samir Ben Amor, spécialiste des affaires liées au terrorisme. Toutefois, ces deux sources avaient indiqué que les deux détenus avaient été rapatriés dimanche dernier par les autorités américaines.
Source : AP, 20 juin 2007

mercredi 20 juin 2007

4 Yéménites et 2 Tunisiens transférés de Guantánamo vers leurs pays

Les États-Unis ont annoncé ce mardi le transfert vers leurs pays d'origine de six prisonniers de Guantanamo Bay. L'un d'entre eux, originaire de Tunisie, risque d'y subir des violences au titre de ses activités politiques non violentes passées, selon ses avocats.
Avec le transfert de quatre Yéménites et de deux Tunisiens, l'armée américaine affirme détenir désormais sur sa base militaire de Guantanamo au sud-est de Cuba quelque 375 prisonniers soupçonnés de terrorisme ou de liens avec al-Qaïda ou avec les Talibans.
Les États-Unis n'ont pas divulgué les noms des prisonniers concernés, mais des avocats et des groupes de défense des droits de l'homme ont identifié l'un d'entre eux comme étant Abdallah ben Amor, un Tunisien de 50 ans, retenu prisonnier sans inculpation depuis août 2002.
Selon l'avocat Zachary Katznelson de l'organisation britannique de défense des droits humains Reprieve, M. ben Omar est exposé à un «grave risque» d'abus et de torture en Tunisie en raison de son implication dans Ennahdha, décrit comme un parti politique islamique modéré et non violent.

Source : AP, 19 juin 2007 http://www2.canoe.com/infos/international/archives/2007/06/20070619-231848.html

Négociations autour des 26 détenus algériens de Guantanamo : Les conditions inacceptables des Américains


par Salima Tlemçani , El Watan, 19 juin 2007

Le tout nouveau chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a créé la surprise hier, en annonçant devant un parterre de journalistes, en marge des travaux de l’atelier sur l’universalité de la mise en œuvre de la convention pour l’interdiction des armes chimiques en Afrique, que « des informations précises nous seront données dans les prochaines heures » sur la libération éventuelle des détenus algériens de cette prison militaire américaine, située à Cuba.
Si tel est le cas, cela voudrait dire que l’une des deux parties, l’Algérie ou les USA, a fait marche arrière du fait que jusqu’à il y a quelques jours, les négociations étaient au point mort. L’Algérie refusait catégoriquement de céder aux « conditionnalités » imposées par le département d’Etat en contrepartie de l’extradition, alors que les négociateurs américains sont restés intransigeants quant au traitement accordé à ceux qu’ils qualifient d’« ennemis combattants illégaux » une fois de retour dans leur pays. Ils sont au nombre de 26, arrêtés à partir de la fin 2001, en Afghanistan et au Pakistan (19), en Georgie (1) et en Bosnie (6) puis déportés vers la base militaire de Guantanamo. Depuis, aucune nouvelle n’a été donnée quant à leur sort jusqu’à octobre 2005, lorsque des responsables américains ont pris attache avec les autorités algériennes pour leur exprimer leur vœu de trouver une solution à la situation. Les Américains se sont dits prêts à extrader certains d’entre eux mais avec des conditions : engager une procédure à même d’empêcher que les mis en cause se lancent dans des activités terroristes, partager les renseignements sur leurs activités, informer de toute mesure judiciaire prise à leur encontre, surveiller leurs activités quotidiennes et en faire part, confisquer leurs passeports et refuser de leur en délivrer en cas de demande, engager une procédure pour inscrire leurs noms sur la liste rouge de terroristes établie par l’ONU, avoir la garantie qu’ils ne créent pas d’organisations terroristes et accepter que chaque mois une tierce personne vienne leur rendre visite pour vérifier s’ils sont bien traités. Des conditions jugées comme étant une atteinte à la souveraineté des lois algériennes et, de ce fait, elles ont été rejetées par la partie algérienne. Celle-ci a estimé, a révélé notre source, que l’Algérie ne « se dérobe pas à ses responsabilités à l’égard de ses ressortissants ». La loi lui permet de juger ses ressortissants pour les actes terroristes commis à l’étranger, même s’ils ne sont pas dirigés contre elle. Le refus de céder aux conditionalités judiciaires et sécuritaires a poussé les USA à trouver d’autres solutions, dont le transfert vers d’autres pays. C’est le cas de Boucetta Fethi, un jeune natif de Mostaganem, qui a rejoint l’Afghanistan en 1989 et s’est retrouvé captif des troupes US, fin 2001, après le bombardement des monts de Tora Bora.
Les garanties
Boucetta Fethi et cinq séparatistes musulmans chinois de la région frontalière avec le Turkmenistan, arrêtés à la frontière pakistanaise, et non considérés comme des « combattants ennemis », ont été transférés en Albanie, où ils sont maintenus en détention depuis octobre 2006. Aucune information n’a filtré sur les conditions et les contreparties d’une telle décision, restée dans les secrets du département d’Etat. Lors de la conférence-débat tenue mercredi dernier au siège de l’ambassade US à Alger, le directeur principal des détenus, M. J. Alan Liotta et la sous-directrice du bureau des investigations sur les crimes de guerre, Mme Sandra Hotgkinson, ont tous les deux indiqué que leur pays veut avoir la garantie que « les combattants ennemis » une fois dans leurs pays ne constituent plus de menaces contre lui ou contre ses alliés. Les deux responsables ont présenté Guantanamo comme un hôtel 5 étoiles, qualifié, selon eux, par les députés européens qui lui ont rendu visite, de « modèle de prison ». Selon les conférenciers, les conditions de détention « sont meilleures » que celles des prisons ailleurs dans le monde. « Les détenus ont droit à trois repas par jour, de l’eau en quantité suffisante, à la prière, à la lecture du Coran, à écrire et recevoir des lettres, jouer au football et à avoir un avocat . En 2006, un millier de journalistes, 500 avocats et 70 000 [sic!] personnes faisant partie des familles des détenus ont visité Guantanamo. Les prisonniers qui ne sont plus des combattants ennemis peuvent être renvoyés vers leurs pays, mais une fois que nous nous assurons que leur gouvernement est prêt à prendre ses responsabilités pour qu’ils (les détenus) ne constituent plus de menaces et qu’ils soient bien traités chez eux. D’autres solutions sont également envisageables, celles de les envoyer vers un pays tiers pour y être jugés. Pour ceux qui constituent une menace, ils devront rester à Guantanamo jusqu’à la fin du conflit avec Al Qaïda ». Les conférenciers ont indiqué à propos des négociations avec l’Algérie qu’il s’agit de discussions en précisant qu’elles vont se poursuivre. Au cours de cette semaine, des sources diplomatiques ont parlé de blocage de ces mêmes discussions du fait de l’intransigeance des deux parties. Néanmoins, les mêmes sources relèvent que la porte du dialogue n’a pas été fermée. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, déclare ne pas exclure la libération de certains parmi les 25 Algériens en attente d’« informations précises qui nous seront données dans les prochaines heures ». La question qui reste posée est de savoir si les Américains sont revenus sur les conditionalités qu’ils estimaient, il y a quelques jours, essentielles pour leur sécurité et pour celle de leurs alliés.
Source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=70755

Liste des Algériens détenus à Guantanamo
Abdenour Sameur, né à Alger ; Mustapha Aït Idir, né à Sidi M’hamed (Alger) ; Al Hadj Boudella, né à Laghouat ; Mohamed Abd El Kader, né en 1976 ; Ammeur Mâamar, né à Alger ; Barhoumi Sofiane, né à Alger ; Ahmed Ben Saleh Bel Bacha, né à Alger ; Belkacem Bensayah, né à Ouargla ; Adel Hadj Al Djazairi Ben Hamlili, né à Oran ; Fathi Boucetta, né à Mostaganem ; Lakhdar Boumedienne, né à Saïda ; Saïd Farhi, né à Cherchell ; Ferghoul Abdelli, né à Tiaret ; Nabil Hadjrab, né à Aïn Taya ; Mustapha Ahmed Hamlili, né à Béchar ; Abdellah Husseini, né à Alger ; Houari Abdoul Raham, né à Alger ; Hourari Sofiane Abar, né à Oran ; Mahfoud Lahmar, né à Constantine ; Aziz Abdelnaji, né à Batna ; Saïd Hassan Rebai, à Oum El Bouaghi ; Zumiri Hassan, né à Alger ; Ahmed Saïb ; Mohamed Nechli, né à Laghouat ; Mahfoud Saber Lahmer, né à Constantine.
Source : Département de la défense US
Le gouvernement américain multiplie les embûches
Près de 400 avocats américains bataillent, bénévolement, pour que les détenus du Guantanamo puissent avoir un procès juste.
Leur combat s’inscrit à contre-courant de la politique américaine actuelle. La tâche n’est guère aisée d’autant que l’administration américaine multiplie les embûches, les brimades et les vexations. L’île-prison de Guantanamo Bay est sortie de l’anonymat depuis que le gouvernement Bush a choisi d’y incarcérer les personnes suspectées d’avoir des accointances avec le groupe Al Qaïda. Ce choix ne doit rien au hasard. L’administration américaine semble avoir bien examiné la question avant de transférer les premiers détenus. Me Joshua Colangelo-Bryan, avocat new-yorkais représentant six détenus bahreïnis à Guantanamo, explique que la difficulté qu’il a rencontrée réside dans le fait que ces prisonniers ne séjournent pas dans un territoire américain. Les citoyens et les différents Etats fédéraux n’avaient pas, de ce fait, leur mot à dire. Un groupe d’avocats a porté plainte. En vain. Dès lors qu’il ne s’agit pas de prisonniers américains, les tribunaux américains n’ont aucune prérogative. Opiniâtres, les avocats américains ont saisi la Cour suprême. L’un des juges a réussi à trouver une brèche dans la législation. Il se trouve, en effet, que des animaux (les iguanes) habitant sur le même territoire sont protégés par la législation américaine. « L’on s’est interrogé sur la raison pour laquelle des animaux sont protégés par les lois et non pas les humains », affirme Me Colangelo-Bryan. Trois ans plus tard, un certain nombre d’avocats a saisi l’affaire. Une juge américaine a décidé que tous les détenus doivent connaître la raison de leur détention. Les avocats n’ont pas eu le temps de crier victoire que le Congrès américain a légiféré une loi qui anéantit ces efforts. La loi en question limite l’intervention des avocats américains sur la base de Cuba. « C’est quelque chose qui est en contradiction avec la Constitution américaine », s’insurge Me Colangelo-Bryan.
Amel B., El Watan, 19 juin 2007

« J’ai vu l’horreur à Guantanamo »

par Amel Blidi , El Watan 19 juin 2007

Lorsque Joshua Colangelo-Bryan, brillant avocat new-yorkais, a décidé de représenter six détenus bahreïnis à Guantanamo Bay, il n’imaginait probablement pas voir une telle détresse.
Face à la persistance d’une politique américaine aveugle, il ne trouve plus d’autre issue que de raconter inlassablement l’histoire de ses clients, devenus aujourd’hui ses amis, espérant pouvoir sensibiliser les Américains à la tragédie qui se déroule de l’autre côté de la rive. Rencontré à Washington DC, maître Colangelo-Bryan commence par brosser un tableau de l’actuelle politique américaine. Il dénonce les embûches que l’administration Bush et l’ancien Congrès républicain ont semé sur la route des avocats américains qui souhaitent défendre les prisonniers du Guantanamo. Son histoire remonte à l’été 2004, date à laquelle l’avocat new-yorkais a fait son premier voyage dans l’île-prison. Avant de pouvoir effectuer ce voyage, il a dû subir une inspection rigoureuse du FBI. « Ils sont venus chez moi, ils ont rencontré mes voisins, inspecté mon bureau, ils ont fait des recherches sur les pays que j’ai visités, ils se sont assurés que je payais mes impôts, que je ne prends pas de drogue, etc. », raconte Me Colangelo-Bryan.
« La pire espèce »
A cette époque, la prison du Guantanamo était méconnue des Américains. Seulement deux avocats, un Anglais et un Australien, avaient osé faire le voyage au bout de l’enfer. « Bush nous avait dit que ces gens-là étaient de la pire espèce, qu’ils ont consacré leur vie dans le seul but de tuer les Américains et je le reconnais volontiers aujourd’hui : j’étais effrayé », confie Joshua. Des idées confuses se bousculent dans sa tête. Il luttera longtemps contre les démons de la peur. « J’étais effrayé à l’idée de m’asseoir avec des tueurs, seul », reconnaît-il. Ses craintes, dit-il, se sont dissipées aussitôt qu’il a vu le visage souriant de Djoumâa Al Dossari, son premier client bahreïni. « C’était certainement le sourire le plus large et le plus amical que je n’ai jamais vu de ma vie. Je n’ai jamais été aussi bien accueilli, il m’a donné l’accolade très chaleureusement », raconte-t-il. Alors que Joshua s’attendait à rencontrer un monstre venu tout droit des camps d’entraînement de Ben Laden, il n’a vu en Djoumâa qu’un petit gars chétif et souriant. « C’est quelqu’un de sociable, il mourait d’envie de rencontrer quelqu’un de l’extérieur, il n’en pouvait plus de l’enfer de sa prison », glisse Me Colangelo-Bryan. Ce jour-là, Djoumâa et son avocat ont discuté pendant des heures. Joshua a d’abord pris le soin d’expliquer à son client, preuves à l’appui, qu’il avait été envoyé par sa famille du Bahreïn. Comme il est fréquent que des gardes se fassent passer pour des avocats, Joshua avait à cœur d’écarter toute suspicion de guet-apens. Puis Djoumâa s’est mis à évoquer son enfance, ses longues rêveries devant les plages d’El Manama et puis son cauchemar à Guantanamo. « C’est là que j’ai réalisé ce qui se passait. Je n’imaginais pas une telle horreur, je n’arrivais pas à y croire », lance Me Colangelo-Bryan. Selon lui, Djoumâa était battu tous les jours par les gardes de la prison (généralement des femmes). Le prisonnier bahreïni garde les stigmates des mauvais traitements qu’il subissait, notamment une blessure, très grave, au nez. Il vivait dans la cellule n° 5, une petite cave sans fenêtre. Djoumaâ est isolé dans une cellule ; il ne peut même pas voir d’autres détenus ou seulement leur parler en criant. Le seul livre qu’on lui permet de lire dans sa cellule est le Coran et quelques lettres. On ne cesse de lui répéter qu’il passera le restant de ses jours dans cette prison. L’avocat a découvert sur place la précarité judiciaire même. « Aucun de nos clients n’a été incarcéré pour crime. Ils ont été accusés de diverses choses. L’un d’entre eux a été accusé d’avoir rencontré un homme qui plus tard a combattu sur "la ligne de front". Pour être clair, notre client n’a pas été accusé de combat, seulement l’homme qu’il a rencontré a été accusé de combat. Un autre client a été accusé de vouloir combattre. Un autre, connu pour ses actions de bienfaisance en Afghanistan, a été accusé de soutenir les talibans », témoigne Me Colangelo-Bryan. Il précise que tous les clients des avocats ont été arrêtés au Pakistan par des autorités pakistanaises « avec très peu de preuves ». « En fait, la plupart de nos clients ne sont même pas accusés de vouloir nuire aux Etats-Unis », ajoute-t-il. L’avocat s’est déplacé onze fois à Guantanamo. « La plupart des détenus vivent isolés dans de petites cellules durant 22 à 24 heures par jour. Généralement, ils ne peuvent absolument rien voir de leur cellule. Quand ils vont s’exercer, ils sont mis dans de petits camps. Cet isolement est très préjudiciable », dira-t-il.
Seule issue, le suicide
A la fin de l’année 2005, lors d’une rencontre avec l’avocat new-yorkais, Djoumâa faisait part de son extrême solitude. « Comment puis-je faire pour ne pas devenir fou, ne cessait-il de répéter. Je lui disais alors qu’il pouvait m’écrire à chaque fois qu’il se sentait seul », raconte Joshua. Ce jour-là, en présence de son avocat, Djoumâa a demandé à ses gardes la permission d’utiliser les toilettes. Bizarrement, il y est resté plus longuement qu’à l’ordinaire. De nombreuses minutes sont passées, Joshua commençait à s’inquiéter. En se dirigeant vers les toilettes, il fut horrifié de voir une mare de sang. Le corps de Djoumâa gisait là, paraissant sans vie. Djoumaâ semblait avoir été étranglé, son visage ensanglanté. Ne sachant que faire, Joshua a crié le nom de son ami à de nombreuses reprises. En vain. Il a appelé les gardes, à bout de nerfs. « Ils ont allongé son corps devant moi, je n’y ai vu aucun signe de vie ». Les gardes ont dû demander à l’avocat de quitter les lieux. Abattu, il s’est précipité vers la sortie pour appeler les secours. Durant la même nuit, il a rencontré un militaire qui l’a quelque peu rassuré sur l’état de son client, lui disant que Djoumâa était toujours en vie. Il s’est avéré par la suite que le détenu bahreïni avait tenté de mettre fin à ses jours. « J’ai essayé de lui envoyer des livres, j’ai demandé à sa famille de lui transmettre des DVD », indiquera Joshua. Cruel hasard du calendrier, c’est à cette période que le Congrès à majorité républicaine a légiféré une loi « sur mesure » interdisant aux avocats américains de plaider la cause des prisonniers étrangers (voir encadré). Ligoté, l’avocat new-yorkais craint aujourd’hui pour l’avenir de son ami. Il a appris que Djoumâa a déjà fait trois autres tentatives de suicide. « Je ne peux rien y faire », a affirmé Me Colangelo-Bryan, dépité. Djoumâa vit aujourd’hui dans une minuscule cellule entre celle d’un Yéménite qui se prend pour le Christ et un autre qui ne cesse de parler à lui-même. « Je l’ai rencontré voilà trois semaines, il se demandait comment faire pour survivre », nous dira Me Colangelo-Bryan. L’avocat tente aujourd’hui d’exercer des pressions sur le gouvernement bahreïni afin que son client soit extradé. « Certains détenus sont rentrés chez eux, se sont mariés, ont eu des enfants, grâce à des efforts diplomatiques. Pourquoi pas Djoumâa », lance-t-il. Au total, près de 400 détenus ont été relâchés. C’est toujours avec une grande émotion que Joshua évoque son amitié avec Djoumâa. « Aujourd’hui, nous avons notre propre langage, nous avons le même sens de l’humour. Quand il m’arrive de lui rendre visite, nous parlons d’amour, de mariage, de films… », relatera-t-il. Et d’ajouter qu’il « est temps qu’on mette des visages sur de simples chiffres ». Aujourd’hui, il fait de son mieux pour que Djoumâa ne perde ce qui est le plus précieux dans ce genre de situation : l’espoir.
Source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=70758

samedi 16 juin 2007

Alerte d’action urgente: un prisonnier de Guantánamo risque la torture s’il est transféré en Libye – Empêchons la déportation d’Abdurraouf Al Qassim !

par Cageprisoners, 15 juin 2007
Rahima, l'épouse d'Abdurraouf avec leur fille Khiria
Abdurraouf Al Qassim est un Libyen qui a été emprisonné par le gouvernement US à Guantánamo pendant plus de cinq ans. Il court maintenant le danger d’être transféré par le gouvenemnt US en Libye, un pays que les USA ont idenifié comme un parrain étatique du terrorisme e que le gouvernement US, des institutions internationales et des organisations indépendantes de défense des droits humains ont tous critiqué pour son traitement brutal des prisonniers.
De par son statut d’ancien prisonnier de Guantánamo – et de par les allégations fausses et non étayées du gouvernement US selon lesquelles il serait lié à un groupe hostile du leader dictatorial de la Libye – il court un sérieux danger de détention indéfinie, de torture et de mort s’il est renvoyé de force en Libye.
En décembre 2006, et de nouveau en février 2007, le gouvernement US a publiquement déclaré son intention de transférer Abdurraouf en Libye, nonobstant ses craintes de sévères persécutions en cas de retour forcé. Une action juridique de ses défenseurs du centre pour les droits constitutionnels ont initialement retardé ce transfert. Mais en mai 2007 la Cour suprême US a refuse d’intervenir dans le dossier Abdurraouf et d’empêcher son transfert en Libye, malgré le risqué indiscutable de persecution qu’il encourait dans son pays d’origine. En refusant d ‘inetervenir dans son cas, les tribunaux ont effectivement laissé le sort d’Abdurraouf entièrement entre les mains du Président Bush.
Il y a une autre option pour Abdurraouf. Il est marié avec une citoyenne afghane avec qui il a une fille, elle aussi citoyenne afghane. Il a donc droit à al citoyenneté afghane, et sa famille a exprimé son vif désir qu’il puisse retourner en Afghanistan pour y vivre avec elle en sécurité.
Il est indiscutable qu’Abdurraouf court de graves dangers s’il est renvoyé en Libye mais l’administration Bush a refuse de réexaminer se décision de le livrer au régime brutal du Colonel Muammar Kadhafi. Le gouvernement US doit immédiatement et sans équivoque s’engager à ne pas envoyer Abdurraouf en Libye. Son transfert forcé vers ce pays violerait les lois nationales et internationales, et tout ce à quoi les USA dissent être attachés pour la défense des droits humains.

Background d’ Abdurraouf Al Qassim
Abdurraouf a été engagé dans l’armée libyenne à 18 ans. Il a déserté car il commençait à éprouver des problèmes psychologiques qui lui rendaient difficile la vie de groupe. Après avoir quitté l’armée, Abdurraouf a fui la Libye car il était un musulman pratiquant et savait que des homes étaient persécutés par le gouvernement Kadhafi pour le port de longues barbes et la pratique de leur religion.
Dans les dix années qui ont suivi, Abdurraouf a vécu à l’étranger comme réfugié pour éviter d’être renvoyé en Libye. Il a vécu de la charité et de la générosité de ceux qui lui accordaient l’hospitalité. En 2000, il a épousé une femme afghane et s’est installé à Kaboul avant que les bombardements US commencent en octobre 2001. Abdurraouf s’est enfui avec sa femme enceinte pour chercher refuge au pakistan. Ils ont mainteant une fille qui est ressortissante afghane.À peine arrivé au Pakistan, Abdurraouf a été victime du chaos de la guere en Afghanistan. À cette époque, l’armée US offrait de grosses sommes d’argent – 5 000 $ et plus – à quiconque livrait des « terroristes » supposés. Les USA ont inondé l’Afghanistan et le Pakistan de tracts promettant monts et merveilles, « assez d’argent pour vous occuper de votre famille, de votre village, de votre tribu pour le reste de votre vie ».
Abdurraouf vivait au Pakistan avec son épouse et son jeune enfant quand il fut livré aux autorités militaires, vraisemblablement pour une rançon conséquente. Il a ensuite été transporté à Guantánamo, où il a été détenu pendant plus de cinq ans sans inculpation ni procès.
Depuis qu’il a été emprisonné à Guantánamo, le gouvernement US a prétendu qu’Abdurraouf était lié au au Groupe islamique combattant libyen (LIFG), un groupe opposé au régime Kadhafi. Le seul lien ténu d’Abudrraouf avec ce groupe est le fait que certains des hommes vivant dans une des maisons où il avait été accueilli au Pakistan étaient accuses d’en faire partie. Bien qu’il n’ait eu aucun lien avec ce groupe, la simple allégation de son association avec le LIFG suffit à le mettre en danger s’il est renvoyé en Libye. Les suspects d’opposition politique au régime Kadhafi subissent une répression brutale de la part des autorités libyennes; le LIFG est une des bêtes noires du gouvernement libyen.

Les abus contre les prisonniers politiques par le régime Kadhafi
La Libye d’aujourd’hui est un régime autoritaire soumis à la poigne de Kadhafi. Depuis qu’il a pris le pouvoir par un coup d’État militaire en 1969, Kadhafi a maintenu son pouvoir dictatorial par une sévère répression contre toute forme de dissidence politique, utilisant des méthodes qui incluent la torture routinière, les arrestations et détentions arbitraires et les exécutions extrajudiciaires. L’État de droit est inexistant en Libye et toute organisation indépendante de surveillance du respect des droits humains est purement et simplement interdite par le gouvernement.
Les prisonniers politiques y sont particulièrement exposés à la torture et aux mauvais traitements durant leur détention. Selon le rapport du Département d’État de 2006, “le personnel de sécurité torture les prisonniers, de manière routinière, pendant les interrogatoires ou en guise de punition,” notamment en “enchaînant les prisonniers à un mur pendant des heures, en leur donnant des coups de gourdin, en leur appliquant des décharges électriques, en leur enfonçant des tire-bouchons dans l’anus, en versant du jus de citron dans des blessures ouvertes, en leur brisant des doigts et en les laissant guérir sans soins médicaux, en les étouffant avec des sachets en plastique, en les privant de manière prolongée de sommeil, de nourriture et d’eau, en les suspendant par les poignets, ou par une barre insérée entre les genoux et les coudes, par des brûlures de cigarettes, des menaces de les faire attaquer par des chiens et des coups sur la plante des pieds.”
Dans une audition récente au Royaume-Uni, le gouvernement britannique a tenté de renvoyer deux homes en Libye après avoir reçu des assurances du fils du Colonel Kadhafi qu’ils ne seraient pas soumis à des mauvais traitements. Le fonctionnaire britannique qui a négocié l’accord avec le gouvernement libyen a reconnu que les individus menacés de transfert courraient un grave risque de persécution. Il a du admettre que leur seule protection était l’assurance douteuse obtenue par le gouvernement britannique d’un dictateur brutal – un home à la longue histoire de brutalité systématique et condamné par le monde pour son soutien au terrorisme, y compris sa responsabilité dans l’attentat contre le Vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie, en Écosse. Finalement, le tribunal britannique a rejeté les assurances du gouvernement libyen et a ordonné au gouvernement de ne pas transférer les Libyens, car les risques de persécution étaient indéniables.
Le gouvernement US n’a pas montré le même respect pour la loi. Au contraire, les USA se sont fiés à des assurances diplomatiques de toute évidence peu fiables pour transférer des gens dans des pays violant notoirement les droits humains. Notamment en décembre 2006, l’armée US a renvoyé un autre détenu de Guantánamo en Libye contre sa volonté. Il est pour l’instant le seul Libyen remis par les USA au régime Kadhafi. Et il a été transféré malgré ses protestations urgentes auprès de fonctionnaires de Guantánamo qu’il serait soumis à des tortures ou pire en cas de retour forcé. Il a été rapporté que cet homme avait été interrogé par des fonctionnaires libyens à Guantánamo, qui l’avaient menace de torture et de mort. Comme dans le cas d’Abudrraouf, cet homme état accusé d’être lié au groupe LIFG, malgré ses démentis répétés. Cet homme est actuellement emprisonné en Libye, malgré des déclarations publiques du gouvernement libyen selon lesquelles il n’avait aucun intérêt à l’emprisonner. Comme il n’existe pas d’organisme indépendant de surveillance et que les organisations de droits humains sont hors-la-loi en Libye, on sait peu de choses de sa situation actuelle, si ce n’est qu’il est détenu. On craint qu’il ait été torturé et soumis à des mauvais traitements.

Abdurraouf Al Qassim a un besoin immédiat de protection : les USA ne doivent pas l’envoyer à la torture ou la mort
Abdurraouf Al Qassim a de manière répétée et sans équivoque exprimé ses fortes craintes de tortures et de persécutions à ses avocats, à la Croix Rouge, à ses interrogateurs et à d’autres représentants militaires. Lorsqu’il a dit à des représentants officials qu’il craignait de retourner un Libye et avait besoin d’obtenir l’asile dans un pays tiers, ils ont ignoré ses propos ou lui ont répondu qu’ils ne savaient pas comment lui venir en aide. Les craintes d’Abdurraouf son sans aucun doute fondées. La déclaration du Pentagone du 20 février 2007 concernant son intention de le remettre à la Libye souligne sa vulnérabilité : “[Abdurraouf] sera transféré sous le contrôle du gouvernement de son pays pour une poursuite de sa détention, enquête et/ou poursuites selon ce que son pays jugera approprié …” Les USA ne doivent pas condamner un autre home à la torture ou pire encore – entre les mains des autorités libyennes. Ils doivent au contraire oeuvrer à faciliter son transfert en Afghanistan, le pays dans lequel sa femme et sa fille résident.

Contactez la Secrétaire d’État US Condoleezza Rice
> Priez-la de ne pas envoyer Abdurraouf Al Qassim en Libye, où il court des risques de persécution ;
> Demandez-lui d’organiser son transfert sûr en Afghanistan pour quil puisse y rejoindre sa famille
> Envoyez-lui un courriel maintenant en utlisant ce formulaire:
http://contact-us.state.gov/
> Ou téléphonez au Départment d’État 202-647-4000 ou envoyez une letter à U.S. Department of State, 2201 C Street NW, Washington DC 20520.

Urgent Action Alert: Guantanamo Prisoner At Risk of Transfer by US to Torture in Libya
Help Prevent Libyan Guantánamo Detainee Abdul Ra’ouf Al Qassim from Being Sent to Torture; Tell U.S. to Send Him Home to His Family in Afghanistan

Abdul Ra’ouf Al Qassim is a Libyan who has been imprisoned by the U.S. government in Guantánamo Bay for more than five years. He is now in imminent danger of being transferred by the U.S. government to Libya, a country which the United States has identified as a state sponsor of terrorism and which the U.S. government, international institutions and independent human rights organizations have all criticized for its brutal treatme! nt of prisoners.
Because of Abdul Ra’ouf’s status as a former Guantánamo detainee – and the U.S. government’s false and unsubstantiated allegations that he was associated with a group hostile to Libya’s dictatorial leader – he is at grave risk of indefinite detention, torture and death if forcibly returned to Libya.
In December 2006, and again in February 2007, the U.S. government publicly declared its intention to transfer Abdul Ra’ouf to Libya, notwithstanding his fears of severe persecution if he were forcibly returned. Legal action by his lawyers at the Center for Constitutional Rights delayed his transfer initially. However, in May 2007 the U.S. Supreme Court refused to intervene in Abdul Ra’ouf’s case and prevent the U.S. government from transferring him from Guantánamo to Libya – regardless of the indisputable risk of persecution he would face in his home country. By refusing to intervene in his case, the courts have effectively left Abdul Ra’ouf’s life an! d safety entirely in the hands of President Bush.
There is another option for Abdul Ra’ouf. He is married to an Afghan citizen with whom he has an Afghan citizen daughter. He is therefore legally eligible for Afghan citizenship, and his family has expressed their strong desire for him to return home to Afghanistan to live with them in safety. Abdul Ra’ouf indisputably would be at grave risk if returned to Libya, but the Bush administration has refused to reconsider its decision to hand him over to the brutal regime of Colonel Muammar Qadhafi. The U.S. government must immediately and unequivocally commit not to send Abdul Ra’ouf to Libya. His forcible transfer there would violate domestic and international law, and everything that the United States claims to stand for in upholding human rights.

Background on Abdul Ra’ouf Al Qassim
Abdul Ra’ouf was conscripted into the Libyan Army when he was about 18 years old. He deserted because he began to experience psychiatric problems that ! made it difficult for him to be in groups of people. After leaving the army, Abdul Ra’ouf fled Libya for fear of persecution because he was an observant Muslim and knew that men were persecuted by the Qadhafi government for wearing long beards and practicing their religion.
During the next ten years, Abdul Ra’ouf lived abroad as a refugee to avoid being returned to Libya. He survived on the charity and generosity of those who offered him places to stay. In 2000, he married an Afghan woman and settled in the Afghan capital of Kabul before the U.S. bombardment began in October 2001. Abdul Ra’ouf fled with his pregnant wife to seek refuge in Pakistan. They now have a daughter who is also an Afghan citizen.
Soon after the family arrived in Pakistan, however, Abdul Ra’ouf fell victim to the chaos of the war in Afghanistan. At the time, the U.S. military offered large sums of money – $5,000 or more – to anyone who handed over alleged “terrorists.” The Unite! d States blanketed Afghanistan and Pakistan with leaflets prom! ising “w ealth and power beyond your dreams” or “enough money to take care of your family, your village, your tribe for the rest of your life.” Abdul Ra’ouf was living with his wife and young daughter in Pakistan when he was turned over to military authorities, likely for a sizable bounty. He was later brought to Guantánamo, where he has been detained for more than five years without charge or trial.
Since he has been imprisoned in Guantánamo, the U.S. government has claimed that Abdul Ra’ouf is associated with the Libyan Islamic Fighting Group (LIFG), a group opposed to the Qadhafi regime. Abdul Ra’ouf’s only tenuous link with the group is that some of the men in one of the houses at which he stayed in Pakistan were accused of being LIFG members. Though he has no connection with this group, the mere allegation of his association with LIFG virtually guarantees that he will be severely persecuted if forcibly returned to Libya. Suspected political opponents of the Qadhafi r! egime face brutal repression by Libyan authorities; the LIFG is one of the Libyan government’s most detested foes.

The Qadhafi Regime’s Abuse of Political Prisoners
Libya is a modern-day authoritarian regime governed by Qadhafi’s fierce and unchallenged authority. Since assuming control in a 1969 military coup, the Qadhafi dictatorship has maintained power through severe repression of any political dissent, using methods that include routine torture, arbitrary arrest and detention, and extrajudicial killings. The rule of law in Libya is nonexistent in any meaningful sense, and independent human rights monitoring entities are flatly prohibited by the government.
Political prisoners are particularly vulnerable to torture and abuse during their imprisonment. According to a 2006 U.S. State Department report, “security personnel routinely tortured prisoners during interrogation or as punishment,” including through “chaining prisoners ! to a wall for hours, clubbing, applying electric shock, applyi! ng corks crews to the back, pouring lemon juice in open wounds, breaking fingers and allowing the joints to heal without medical care, suffocating with plastic bags, prolonged deprivation of sleep, food and water, hanging by the wrists, suspension from a pole inserted between the knees and elbows, cigarette burns, threats of dog attacks, and beatings on the soles of the feet.”
In a recent hearing in the United Kingdom, the British government sought to return two men to Libya after receiving diplomatic assurances from Colonel Qadhafi’s son that they would not be mistreated. The British official who negotiated the agreement with the Libyan government acknowledged that the individuals to be returned would be at grave risk of persecution. Admittedly, their only protection was the unenforceable assurance of their safekeeping that the British government had procured from a brutal dictator – a man with a history of systematic brutality and condemned by the world for his support of! terrorism, including involvement in the bombing of Pan Am Flight 103 over Lockerbie, Scotland. The British court eventually rejected the assurances of the Libyan government and ordered the government not to transfer the Libyans; the risk of their persecution was undeniable.
The U.S. government has not shown the same respect for the law. The United States has instead relied on patently unreliable diplomatic assurances to transfer people to countries with notorious human rights records. Notably, in December 2006 the U.S. military returned another Guantánamo detainee to Libya against his will. He is the only Libyan citizen that the United States has transferred to the Qadhafi regime; and he was transferred despite his urgent protests to officials at Guantánamo that he would be subjected to torture or worse if forcibly returned. According to one unclassified account, this man was reportedly interviewed by Libyan officials in Guantánamo who threatened to tort! ure and perhaps kill him. As with Abdul Ra’ouf, the U.S. gove! rnment a lleged that this man was associated with the LIFG, despite his repeated denials. This man is currently imprisoned in Libya, despite public statements that the Libyan government had no interest in imprisoning him. Because there is no independent monitoring mechanism within Libya and human rights organizations are outlawed by the government, little is known about his current situation except that he is currently detained. It is feared that he has been subjected to torture and abuse.

Abdul Ra’ouf Al Qassim Needs Immediate Protection: The United States Must Not Send Him to Be Tortured or Killed
Abdul Ra’ouf Al Qassim has repeatedly and unambiguously expressed his strong fear of torture and persecution to his lawyers, the Red Cross, his interrogators and other military officials. When he told officials about his fear of returning to Libya and his need for asylum in a third country, they essentially ignored him or told him they didn’t know how he! could get help. Abdul Ra’ouf’s fears are undoubtedly warranted. The military’s own statement on February 20, 2007 regarding its intent to transfer him to Libya underscores his vulnerability:
“[Abdul Ra’ouf] will be transferred to the control of his home government for continued detention, investigation, and/or prosecution as that country deems appropriate…”
The United States must not condemn another man to torture – or worse – at the hands of the Libyan authorities. The United States must instead work to facilitate his transfer to Afghanistan, the country in which his wife and daughter reside.
Contact U.S. Secretary of State Condoleezza Rice
> urge her not to send Abdul Ra’ouf Al Qassim to Libya where he is likely to face persecution.
> urge her to arrange for his safe transfer to his family in Afghanistan.
> Email her now by using this form: http://contact-us.state.gov/
> Or contact the State Department at 202-647-4000 or by mail: U.S. Department of State, 2201 C Street NW, Washington DC 20520.

mercredi 13 juin 2007

Le caméraman soudanais Sami Al Haj entame sa sixième année de détention à Guantánamo

Le 13 juin 2007, le caméraman soudanais d’Al Jazira, Sami Al Haj, aura passé cinq ans de détention, sans charges ni procès, sur la base militaire américaine de Guantanamo (Cuba). Reporters sans frontières, qui a rencontré la famille du journaliste au Soudan, le 19 mars dernier (cf. communiqué du 28 mars 2007 incluant une vidéo de l’entretien), rappelle que cette détention est inconstitutionnelle et contraire au droit international. L’organisation plaide une nouvelle fois pour la fermeture du camp de Guantanamo, qui représente l’un des plus grands scandales juridiques et humanitaires de ces dernières années.
“Comment le gouvernement des États-Unis ose-t-il faire la leçon à d’autres pays sur les droits de l’homme quand lui-même ne les respecte pas et bafoue ses propres principes constitutionnels ? Par deux fois, la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la détention des présumés ‘ennemis combattants’ à Guantanamo. Le 7 juin dernier, le Comité judiciaire du Sénat s’est prononcé en faveur d’une ‘restauration’ de l’Habeas Corpus, applicable à ces prisonniers et impliquant leur comparution devant des juridictions civiles et non pas militaires. Enfin, le 11 juin, une cour d’appel fédérale, statuant sur le cas d’un individu détenu en Caroline du Sud, a rappelé que le Président n’avait pas le pouvoir d’ordonner à l’armée de l’arrêter et de le détenir indéfiniment. Les textes et la jurisprudence imposent la libération de Sami Al Haj”, a déclaré Reporters sans frontières.
Assistant caméraman de la chaîne qatarie Al Jazira, père d’un petit garçon, Sami Al Haj a été arrêté à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan par les forces de sécurité pakistanaises en décembre 2001. Accusé sans la moindre preuve d’être à la solde d’Al Qaïda alors qu’il effectuait son travail, le journaliste a été livré le 7 juin 2002 à l’armée américaine, qui l’a transféré le 13 juin suivant à Guantanamo. Il n’a jamais fait l’objet de la moindre inculpation depuis.
Mauvais traitements, sévices et privation de contact avec sa famille ont été le lot quotidien de Sami Al Haj pendant cinq ans. Selon les dernières nouvelles rapportées par son avocat, Clive Stafford Smith - lui-même menacé à une époque par les autorités du camp -, le journaliste a tenté de faire valoir ses droits et entamé une grève de la faim en janvier dernier (cf. communiqué du 6 mars 2007). En représailles, ses geôliers l’ont nourri de force.
La Cour suprême, saisie par les avocats des 380 prisonniers du camp, a déjà établi à deux reprises le caractère inconstitutionnel de leur détention, ainsi que celui des tribunaux militaires chargés de les juger. Un projet de loi garantissant l’application des droits constitutionnels aux présumés “ennemis combattants” de Guantanamo, avalisé le 7 juin 2007 par le Comité judiciaire du Sénat, doit à présent être débattu et voté au Congrès. Malgré ces avancées, le gouvernement fédéral continue de prétendre que les lois des États-Unis ne concernent pas des personnes emprisonnées hors du sol américain, dont la base de Guantanamo fait partie.
Il y a plus de 16 ans, Reporters sans frontières mettait en place le " parrainage " et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l’oubli.
Sami Al Haj est ainsi soutenu par des médias espagnols, La Sexta, IPS-Comunica, La Voz del Occidente, Colexio de Xornalistas de Galicia, et canadiens, Corriere Canadese, Atlas media, Magazine de Saint-Lambert, Mouton Noir, CIBL, Radio Canada Sudbury.
Source : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=22515

Quand le porte-parole de la Maison blanche avoue qu’il « ne sait pas »

Le porte-parole de la Maison-Blanche a reconnu mardi ne pas savoir comment on déclarait la fin d'une «guerre» contre le terrorisme.
«Je ne sais pas», a répondu Tony Snow à la presse qui l'interrogeait sur l'éventualité que certains suspects de terrorisme restent détenus jusqu'à la fin de la «guerre contre le terrorisme» du président George W. Bush et sur la façon dont on déclare la fin d'une telle guerre. M. Snow a cependant estimé que détenir indéfiniment de présumés terroristes sans les mettre en accusation, comme à Guantanamo, ne discréditait pas le discours de M. Bush sur la propagation de la démocratie. «Cette question n'a pas de sens pour moi. Comment cela pourrait-il être le cas?», a répondu M. Snow. «Est-ce que vous êtes en train de dire que détenir des gens cueillis sur le champ de bataille est une atteinte à la démocratie? Vous plaisantez? Vous parlez des gens coupables de soutenir les talibans?», a-t-il insisté. Les conditions de détention des suspects de terrorisme a valu à l'administration américaine des critiques internationales, y compris de la part de ses alliés, et dernièrement des désaveux juridiques. Une cour d'appel a jugé lundi que l'administration ne pouvait détenir perpétuellement un étranger résidant légalement aux États-Unis sans le mettre en accusation. Ce jugement conteste de facto les pouvoirs exceptionnels que revendique M. Bush dans la lutte contre le terrorisme. M. Snow a reconnu que la politique américaine à cet égard était «impopulaire». Il a invoqué «une longue pratique» et des «précédents» de telles détentions en temps de guerre dans l'histoire américaine. Il a répété que M. Bush voudrait fermer Guantanamo et que le nombre de détenus diminue «lentement» au gré des mises en accusation, des libérations ou des extraditions vers les pays d'origine quand cela est possible.
Source : AFP, 12 juin 2007