lundi 5 février 2007

Grève de la faim au pénitencier de Kingston (Canada) : le gouvernement Harper reste de glace

Des militants des droits humains et des membres des familles de trois hommes détenus au Centre de surveillance de l'immigration de Kingston en vertu de certificat de sécurité ont tenté de faire valoir leur cause, vendredi 2 février, à Ottawa.
Les trois musulmans, soupçonnés d'être liés au réseau terroriste Al-Qaïda, sont en grève de la faim depuis plus de deux mois pour protester contre leurs conditions de détention.
- Arrêté en juin 2000, Mohamed Zeki Mahjoub, 45 ans, d'origine syrienne, en est à son 71e jour de grève;
- Mahmoud Jaballah, 44 ans, d'origine égyptienne, qui est pour la seconde fois sous le coup d'un certificat de sécurité, a entamé son 60e jour de jeûne;
- Son compatriote Hassan Almrei, 33 ans, détenu depuis octobre 2001, en est également à son 60e jour de grève de la faim.
« Le gouvernement fédéral est en train de les laisser mourir », s'indignent les militants des droits de l'homme, qui ont surnommé le centre de détention de Millhaven, de Kingston, le « Guantánamo du Nord ».
« Mon mari est un être humain et il ne mérite pas de mourir », renchérit Mona Ilfouli, l'épouse de Mohammed Mahjoub et mère de trois enfants.« Les animaux sont mieux traités que mon père! » s'est indigné Ahmed Jaballah, le fils de Mahmoud Jaballah, au cours d'une conférence de presse. Il demande au premier ministre Stephen Harper ce qu'il dira à ses frères et soeurs quand son père sera mort.
Les organisations des droits de l'homme relèvent que depuis le début de leur grève, aucun examen médical n'a été effectué sur les grévistes alors que les exigences médicales au-delà de 10 jours de jeûne imposent un contrôle quotidien.
Elles rapportent également un incident survenu samedi dernier au cours duquel Mahmoud Jaballah, très affaibli, a été pris deux fois de malaise avant que les services médicaux du centre se décident à lui porter secours.
Les trois détenus ont entamé une grève de la faim en décembre dernier pour protester contre leur isolement et contre l'attitude des responsables pénitentiaires qui multiplient les vexations à leur égard, par des commentaires ou des attitudes provocatrices. Ils réclament aussi la désignation d'un superviseur pour prévenir toute fausse allégation découlant de ces incidents, qui pourrait nuire à leurs dossiers.
Harper demeure insensible
Questionné à ce sujet lors d'une conférence de presse portant sur une autre annonce, le premier ministre Stephen Harper a répondu que « le gouvernement agit selon la loi. Nous nous assurons régulièrement que ces personnes sont traitées de façon humaine ».
De son côté, le ministre de la Sécurité publique a déclaré que ces trois hommes n'avaient qu'à accepter de partir pour être libres. « C'est une cellule à trois murs parce qu'ils peuvent quitter dans leur pays d'origine », a commenté Stockwell Day.
Les certificats de sécurité, qui existent depuis 1978, sont une procédure exceptionnelle en vertu de laquelle le Canada peut détenir indéfiniment des ressortissants étrangers soupçonnés de constituer une menace pour la sécurité nationale, sans procès et sans avoir à divulguer la preuve retenue contre eux.« La justice fondamentale exige que, si on vous renvoie dans un pays où vous risquez d'être torturés, pour que vous puissiez faire état de votre défense, il faut que vous sachiez de quoi on vous accuse », explique François Crépeau, directeur scientifique du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal.
La Cour suprême est actuellement en train d'étudier la constitutionnalité de tels certificats. Elle a la difficile tâche de trouver un équilibre entre la sécurité nationale et le droit de tout individu à un procès juste et équitable.
Source : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/02/02/006-prisons-certificatsecurite.shtml
Lire aussi http://chroniquedeguantanamo.blogspot.com/2007/01/lettre-ouverte-la-population-du-canada.html et http://chroniquedeguantanamo.blogspot.com/2007/01/kingston-le-guantanamo-du-nord-2_10.html

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