mercredi 28 novembre 2007

De Sarajevo à Guantanamo, l'itinéraire des "Six d'Alger"

Par Marc Perelman (Journaliste), Rue89, 25/11/2007
Premier volet d'une enquête sur ces détenus arrêtés illégalement en Bosnie en 2001 suite à des pressions américaines.


La neige tombe drue, en cette nuit de janvier 2002, sur une petite foule réunie aux abords de la prison centrale de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Elle est venue accueillir six hommes à leur sortie du pénitencier. Mais depuis quelques jours, une rumeur enfle: ces détenus d’origine algérienne, qui viennent d’être innocentés d’un complot d’attentat contre l’ambassade américaine, vont être livrés aux militaires américains. Les heures passent et les portes de la prison restent closes. Soudain, les forces spéciales de la police bosniaque font leur apparition. Quelques minutes plus tard, les policiers tentent d’exfiltrer les six individus. Echauffourées, gaz lacrymogène, matraques… Au milieu de la confusion, un convoi parvient finalement à se frayer un passage et fonce dans la nuit avec, à son bord, les détenus.
Ils sont en route pour la base militaire américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, où ils seront parmi les premiers occupants de la fameuse prison. Pourtant, quelques heures avant leur transfert, les plus hautes instances judiciaires bosniaques avaient rendu deux décisions interdisant expressément une telle opération: l’une innocentant les six du complot contre la mission américaine, pour lequel ils étaient incarcérés depuis trois mois, et l’autre interdisant ce transfert extrajudiciaire.
En Avril 2002, la Cour suprême de Bosnie a officiellement suspendu l’enquête criminelle contre eux et, deux ans plus tard, le procureur général de Bosnie les a formellement acquittés. Plusieurs institutions bosniaques et européennes ont, depuis lors, réclamé leur libération. En vain. Le Pentagone maintient que ce sont des "ennemis combattants" affiliés à Al-Qaeda qui continuent de constituer une menace pour la sécurité des Etats-Unis. Ils sont aujourd'hui encore à Guantanamo. Leur cas doit être abordé par la Cour Suprême américaine le 5 décembre.
Après des années de silence, plusieurs des acteurs clés ont, pour la première fois, accepté d’évoquer ce qui s’est produit dans les coulisses de cette affaire, à Sarajevo, fin 2001 et début 2002. Le verdict est clair: un bras de fer inégal entre une Amérique traumatisée par le 11 septembre et une Bosnie aux ordres, sous les yeux d’une communauté internationale complice d’une violation flagrante du droit. Ceci dans un pays où les Etats-Unis et l’Union européenne n’ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour créer un système judiciaire modèle après la sanglante guerre civile des années 90...
Plus troublant encore, une enquête basée sur de multiples témoignages et des documents inédits amène inévitablement à se poser la question: les "Six d'Alger" ont-ils été victimes d’une terrible méprise que personne n’a ensuite osé corriger par honte de l’admettre?
"Si nous quittons la Bosnie, Dieu préserve votre pays"
11 septembre 2001: Après les attenats de New York, George Bush décide de lancer la "guerre contre le terrorisme" afin d’éradiquer le réseau Al-Qaeda. Comme le déclare alors Cofer Black, un haut responsable antiterroriste, "il est temps de retirer les gants". En plus de l’Afghanistan, du Pakistan ou du Moyen-Orient, la Bosnie s’impose comme une priorité. Depuis des années, les services secrets américains gardent un œil sur une poignée de volontaires musulmans étrangers qui s’y étaient rendus (avec l’appui tacite des Etats-Unis) pour combattre les Serbes aux côtés de leurs frères musulmans pendant la guerre civile. Certains se sont installés en Bosnie après l’accord de paix de Dayton qui mit un terme aux hostilités en novembre 1995, travaillant souvent pour des organisations caritatives musulmanes.
Début octobre 2001, l’ambassade américaine à Sarajevo demande à la police fédérale bosniaque d’enquêter sur un groupe d’individus correspondant à ce profil. Les autorités locales portent rapidement leur attention sur Bensayah Belkacem, un natif Algérien vivant avec son épouse bosniaque et leurs deux filles près de la ville de Zenica. Il est arrêté le 8 octobre 2001, officiellement pour avoir falsifié son passeport yéménite afin d’entrer en Bosnie. A son domicile, les enquêteurs trouvent prétendument un morceau de papier avec la mention manuscrite "Abu Zubeida" et un numéro de téléphone au Pakistan.
Abu Zubaydah est un lieutenant de Ben Laden qui sera arrêté au Pakistan six mois plus tard. En outre, les officiels américains, citant des relevés et des écoutes téléphoniques, affirment aux autorités bosniaques que Bensayah a passé 70 coups de téléphone en Afghanistan dans les mois suivants le 11 septembre et discuté de moyens d’obtenir des passeports avec Abu Zubaydah par téléphone. Ils leur fournissent une liste de suspects. La police bosniaque découvre que l’un d’eux, Saber Lahmar, vit dans la même maison que son beau-père, qui travaille comme… portier de l’ambassade américaine à Sarajevo. Lahmar est aussitôt mis sous surveillance.
Le 16 octobre, les services américains interceptent une conversation à partir de son téléphone incluant ce qu’ils interprètent comme une référence codée à une future attaque contre les ambassades américaine et britannique à Sarajevo. Le jour suivant, les deux missions sont fermées.
Ce même jour, lors d’une réunion entre officiels américains et bosniaques, Christopher Hoh, le chargé d’affaires américain, explique au Premier ministre de la Fédération bosnienne, Alija Behmen, que Washington retirera son personnel et rompra les relations diplomatiques entre les deux pays si Sarajevo n’arrête pas les suspects. "Si nous quittons la Bosnie, Dieu préserve votre pays, Monsieur le premier ministre", lâche Hoh, selon un document produit par les avocats américains des six prisonniers.
Un avocat du Département d’Etat, Vijay Padmanabhan, confirme l’existence de cette rencontre mais nie que de telles menaces y aient été proférées. Il explique que les Américains y ont simplement transmis des informations de leurs services secrets concernant le projet d’attentat contre l’ambassade.
Quoi qu’il en soit, la police locale arrête Lahmar et quatre autres hommes d’origine algérienne en l’espace d’une semaine. Ils sont placés en détention provisoire pendant trois mois pour leur rôle dans le projet d’attentat, tandis que la police et le FBI lancent une enquête de grande ampleur. Vers la fin de leur détention provisoire, les médias locaux rapportent que les hommes sont sur le point d’être expulsés. Le 10 Janvier 2002, les autorités bosniaques publient un arrêté d’expulsion pour quatre d’entre eux. Le jour suivant, le ministère des Affaires étrangères bosniaque demande au gouvernement algérien de prendre les Six en charge. Alger refuse net (voir la lettre de l'ambassade d'Algérie à Rome).
Aucun élément de preuve ne justifie de maintenir ces hommes en prison
Tout se joue le 17 Janvier 2002. Ce jour là, le procureur fédéral de Bosnie informe le juge de la Cour suprême en charge du dossier qu’il n’existe aucun élément de preuve justifiant de maintenir les hommes en prison. Le magistrat ordonne leur libération immédiate. Au même moment, la chambre des droits de l’homme, la cour la plus élevée de Bosnie, rend une injonction exigeant du gouvernement qu’il prenne toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les hommes ne soient pas expulsés de force.
Mais les autorités bosniaques reçoivent aussi une note de l’ambassade américaine leur indiquant que les Etats-Unis se déclarent prêts à prendre les Six d'Alger en charge. Et le soir même, les forces du ministère de l’intérieur bosnien extirpent les hommes de la prison et les livrent à une base militaire américaine tôt le lendemain matin. Ligotés, les yeux bandés, ils sont embarqués dans un avion C-130 vers Guantanamo, où ils arrivent le 20 janvier après des escales en Turquie et en Allemagne, sans doute pour ramasser d’autres "ennemis combattants".

Sarajevo-Guantanamo: témoins à charge contre Washington
Par Marc Perelman (Journaliste basé à New York), 27/11/2007

Suite de notre enquête en trois parties sur les "Six d'Algérie", arrêtés illégalement en Bosnie en 2001 suite aux pressions américaines sur la communauté internationale et les autorités bosniennes. Le cas des "Six d'Algérie", toujours détenus à Guantanamo, passera devant la Cour suprême des Etats-Unis le 5 décembre.
Que s’est-il réellement passé pendant les quelques jours fatidiques de janvier 2002 qui ont conduit à l'incarcération des "Six d'Algérie" à Guantanamo? Les autorités américaines et bosniaques restent muettes. Des documents juridiques permettent de lever une partie du voile. Surtout, des représentants de la communauté internationale sur place à l’époque ont accepté de briser des années de silence.
Parmi eux, Wolfgang Petritsch, un diplomate autrichien qui dirigeait la mission internationale en Bosnie et avait à ce titre des pouvoirs très élargis. Il révèle que les dirigeants bosniaques lui ont avoué s’être sentis obligés de se conformer aux demandes américaines. "Les Etats-Unis ont exercé une pression énorme sur eux", raconte-t-il.
Pour Madeleine Rees, une Britannique qui représentait le Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme en Bosnie, blâmer les seuls Américains est une excuse trop facile. Petritsch et les plus hauts officiels internationaux "savaient exactement ce qui se passait et ils n’ont rien fait, ce qui signifie qu’ils étaient complices", accuse-t-elle. Pour Petritsch:
"Si j’avais protesté plus ouvertement contre cette violation du droit, je suis convaincu que cela aurait compromis la mission internationale dont j’avais la charge. J’ai dû choisir."
Il affirme que des officiels américains lui ont clairement fait comprendre que Washington était prêt à retirer son soutien à la mission internationale s’il protestait publiquement contre le transfert des "Six d'Algérie".
L’administration Bush, elle, nie en bloc: "Les Etats-Unis ne menacent pas et n’intimident pas, ce n’est pas notre style", affirme Padmanabhan, l’avocat du Département d’Etat.
"Notre mission était d’établir un environnement stable"
En plus du poids de son ambassade, Washington a également pu compter sur la présence d’Américains à la tête de plusieurs institutions internationales clés en Bosnie: la force internationale de stabilisation de l’Otan, connue sous le nom de Sfor, la mission de l’ONU et celle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pour Madeleine Rees, il ne s’agit pas d’une simple coïncidence:
"Les Etats-Unis ont utilisé leur position dominante dans l’appareil international en Bosnie pour poursuivre leur objectifs de politique étrangère."
Une accusation vivement rejetée par le général à la retraite Jacques Klein, qui dirigeait la mission de l’ONU, ainsi que par Robert Beecroft, qui était à la tête de la délégation de l’OSCE. Ils précisent toutefois que le transfert des Six était du ressort de la Sfor, la force multinationale de l’Otan, commandée à l’époque par le général américain John Sylvester.
Petritsch, qui est aujourd’hui ambassadeur d’Autriche aux Nations unies à Genève, se souvient avoir confronté Sylvester au sujet du rôle ambigu joué dans le transfert des Six par les soldats américains servant sous ses ordres:
"Il m’a clairement indiqué qu’il n'était autorisé à répondre à aucune question au sujet de cette affaire parce qu’il ne portait pas une ‘casquette’ internationale mais sa ‘casquette’ américaine. C’était une réponse profondément troublante."
Le Général Sylvester, qui est aujourd’hui consultant en Virginie, dit n’avoir aucun souvenir spécifique d’une telle conversation. Toutefois, il admet que s’il était "officier de l’OTAN, [il était] également un général américain".
"Notre mission était d’établir un environnement stable en Bosnie et ces individus faisaient peser une menace directe sur cet objectif."
La justice bosnienne bafouée
Une chose est incontestable: en orchestrant ce transfert extrajudiciaire, Washington a bafoué le système judiciaire mis en place par les Occidentaux dans la Bosnie de l’après-guerre. Au premier chef, la chambre de droits de l’homme, qui fut créée par les accords de paix de Dayton en 1995. Elle avait la particularité d’être composée de juristes internationaux et locaux et d’être dotée de vastes pouvoirs. Ses décisions étaient sans appel. Du moins en théorie.
Car son injonction de janvier 2002 ordonnant aux autorités bosniennes de ne pas transférer les Six d'Algérie restera, comme on l’a vu, lettre morte. De même que ses jugements prononcés à trois reprises en 2002 et 2003 affirmant que la Bosnie avait violé la convention européenne des droits de l’homme et devait prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits fondamentaux des six prisonniers. "La constitution de la Bosnie était considérée comme la meilleure au monde en termes de droits de l’homme" en raison notamment des larges pouvoirs octroyés à la chambre, explique Manfred Nowak, le rapporteur spécial de l’ONU pour la torture qui était en 2001 un des magistrats de la chambre.
"Notre rôle était de développer la règle de droit, particulièrement les droits des prisonniers. Évidemment, cela a été ignoré dans ce cas précis."
Stress et violences physiques
Padmanabhan, l’avocat du Département d’Etat, est on ne peut plus clair sur ce point: les Etats-Unis n’ont aucunement tenu compte de ces décisions judiciaires quand il s’est agi de désigner ces hommes comme "ennemis combattants". Il précise qu’ils ont eu la possibilité de présenter leurs arguments devant les tribunaux militaires mis en place par l’administration Bush pour les détenus de Guantanamo. Ces instances spéciales font l’objet de furieuses batailles devant la justice américaine et au Congrès, notamment en raison des droits limités octroyés à la défense, de l’admission d’éléments de preuve classifiés ainsi que d’informations obtenues grâce à des méthodes dites "coercitives".
Les Six ont du attendre début 2004, soit plus de trois ans, pour avoir accès à leurs avocats de la firme Wilmer-Hale de Boston, qui a pris leur cas pro bono. Selon ces derniers, qui ont effectué une dizaine de voyage à Guantanamo, leurs clients souffrent de symptômes aggravés de dépression et de désordres liés au stress. Certains ont subi des violences physiques et l’un d’entre eux, Saber Lahmar, est placé en isolation depuis juin dernier pour avoir incité des détenus à se suicider et se mettre en grève de la faim.
En juillet 2004, les Six d'Algérie ont déposé des recours dits d’habeas corpus devant une cour fédérale à Washington affirmant que leur détention indéfinie sans accusation criminelle était illégale. Après deux arrêts contradictoires en première instance, une cour d’appel a jugé en février dernier que de telles pétitions étaient recevables uniquement par des commissions militaires. Cependant, la Cour Suprême a finalement accepté d’entendre un recours des Six (joint à ceux d’autres détenus de Guantanamo) le 5 décembre.
Cette décision ne portera cependant pas sur le fond de l’affaire. Or, si des doutes existent depuis le début sur la véracité des accusations contre les Six, les informations filtrant depuis Guantanamo n’ont fait que les aviver.


De Sarajevo à Guantanamo: un "complot" plus que douteux
Par Marc Perelman (Journaliste basé à New York), 28/11/2007
Dernier volet de notre enquête sur les "Six d'Algérie", arrêtés illégalement en Bosnie en 2001 suite aux pressions américaines sur la communauté internationale et les autorités bosniennes. Le cas des "Six d'Algérie", toujours détenus à Guantanamo, passera devant la Cour suprême des Etats-Unis le 5 décembre.
Revenons sur le fameux complot contre l’ambassade, ou plutôt les ambassades. Il est en effet intéressant de noter que la référence initiale à la mission diplomatique britannique à Sarajevo comme cible de ce même complot a rapidement disparu. Pourquoi? Le Foreign Office, à Londres, se refuse à tout commentaire. Quant à Ian Cliff, ambassadeur britannique en Bosnie à l’époque, il reste évasif:
"Je peux seulement dire qu’il y avait une menace crédible contre l’ambassade britannique à Sarajevo en 2001 émanant des 'Six d'Algérie', raison pour laquelle nous avons dû fermer l’ambassade pendant quelques jours."
La lecture attentive de dizaines de documents contenus dans des procédures judiciaires à Guantanamo, aux Etats-Unis, en Europe et en Bosnie, ainsi que des entretiens avec des officiels alors en poste en Bosnie, des magistrats, des avocats et des experts suggèrent que ce complot repose sur des preuves fragiles, voire douteuses. En premier lieu, trois éléments: les 70 appels qu'aurait passé le leader présumé, Bensayah, en Afghanistan après le 11 septembre; les écoutes de ses communications avec Abu Zubaydah, le leader d’Al-Qaeda; ainsi que celles de la conversation "codée" de Saber Lahmar faisant allusion à un attentat contre l’ambassade.
Coups de fil fantômes
Or, les retranscriptions de ces écoutes n’ont jamais été transmises aux autorités bosniaques, bien qu’elles les aient réclamées dés les premiers jours suivants l’arrestation du groupe, en octobre 2001.
Plus troublant, une analyse des fichiers téléphoniques de Bensayah citée dans des documents juridiques bosniens conclut qu’il n’a appelé ni le numéro griffonné sur le fameux bout de papier avec la mention "Abu Zubeida" trouvé à son domicile, ni 70 fois en Afghanistan, selon plusieurs sources concordantes. Madeleine Rees, l’ancienne représentante du Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, affirme que l’un de ses assistants avait examiné les fichiers des téléphones fixes et portables de tous les suspects et n’y avait trouvé aucune trace de ces appels.
Nermina Pivic, l'avocate bosniaque de Bensayah, affirme avoir vu dans son dossier une correspondance de l’ambassade américaine à la Cour suprême bosniaque expliquant qu’une vérification du numéro au Pakistan par rapport à une base de données terroristes n’avait produit aucun résultat. Sa fiche d’accusation rédigée par le Pentagone ne fait d’ailleurs aucune référence aux fameuses écoutes, se contentant de déclarer que Bensayah était en possession de contacts téléphoniques d’Al-Qaeda en Afghanistan et "du réseau sunnite extrémiste international".
De plus, comme ils l’ont répété à maintes reprises, les cinq individus arrêtés dans les jours suivants l’arrestation de Bensayah, leur meneur présumé, n’en ont pas profité pour prendre la fuite, ce qui ne correspond guère à l’attitude de personnes se sachant activement recherchées. Et si Saber Lahmar a été envoyé à Guantanamo, aucune procédure n’a jamais été engagée contre son beau-père, qui travaillait à l’ambassade (et en fut renvoyé illico), un fait étrange si tant est que ce dernier ait bien fait partie du complot.
Les avocats américains des Six ont par ailleurs récemment découvert un nouvel élément: un autre membre de la famille de Lahmar, son ex-beau-frère, qui est en prison en Bosnie, aurait fourni des informations préjudiciables sur le groupe aux Américains afin de venger le divorce difficile de sa sœur et d'obtenir une remise de peine.
Les officiels américains balayent ces arguments en notant que des comités militaires d’appel qui examinent les dossiers des détenus de Guantanamo chaque année ont confirmé le statut de "combattant ennemi" des Six en 2005 et en 2006. La partialité de ces instances d’appel a été sévèrement dénoncée ces derniers mois par des officiers y ayant siégé. Un simple exemple éclaire la nature de ces tribunaux: lorsqu’ils ont réclamé de produire les décisions des cours bosniaques les innocentant du complot contre l’ambassade, il leur a été répondu qu’elles étaient introuvables. Or, elles étaient incluses dans leurs plaintes devant une cour fédérale américaine et facilement accessibles sur le Net...
Le Général Sylvester, l’ex commandant de la Sfor, affirme que les preuves qu’il a personnellement examinées (mais ne peut discuter en détail en raison de leur nature classifiée) étaient "très concluantes" et montrent que les Six planifiaient "une série d’actes hostiles, y compris l’attaque de l’ambassade".
"Ils savaient que je n'avais pas essayé de faire sauter l'ambassade"
Cependant, ces éléments si "concluants" sont à peine mentionnés (voire pas du tout) dans les récapitulatifs des accusations non classifiées contre les Six fournis par le Pentagone aux tribunaux militaires de Guantanamo. De fait, lors de leurs dépositions devant ces tribunaux, ils ont souligné que le complot contre l’ambassade américaine ne faisait pas partie du menu de leurs interrogatoires. Dans sa déposition d’octobre 2004, Saber Lahmar indique que dès son "premier jour à Cuba", il a demandé à ses interrogateurs de le questionner à ce sujet. Apres avoir évité la question, explique-t-il au tribunal militaire:
"Ils m’ont dit qu’ils savaient que je n’avais pas essayé de faire sauter l’ambassade et qu’ils m’avaient seulement amené à Cuba pour obtenir des informations."
Ces fiches d’accusation du Pentagone se focalisent sur les liens présumés de ces hommes avec Al-Qaeda et des organisations caritatives musulmanes. Elles affirment qu’ils constituaient une cellule opérationnelle liée à Al-Qaeda en Bosnie et qu’ils projetaient de voyager en Afghanistan au moment de leur arrestation à l’automne de 2001, vraisemblablement pour y combattre les forces américaines. Les hommes ont nié en bloc, affirmant qu’ils ne se connaissaient même pas tous à cette époque et que l’avion pour Guantanamo fut leur première réunion commune.
Stephen Oleskey, leur principal avocat américain, qui a accès aux accusations classifiées contre ses clients mais ne peut en discuter publiquement, n’est pas tendre avec les autorités:
"Le Pentagone est toujours à la recherche de nouvelles accusations au fur et à mesure que les anciennes partent en fumée. Si vous maintenez des personnes en prison, vous devez donner au monde des raisons de le faire... S’ils ont vraiment quelque chose contre eux, pourquoi est-ce que les motifs changent sans arrêt?"
Les fiches du Pentagone, longues d’une à deux pages, comportent des accusations peu convaincantes (la pratique d’arts martiaux, un anneau porté par des de sympathisants islamistes). D’autres sont pour le moins surprenantes. Ainsi, celle où l'on apprend qu'ils seraient liés au Groupe islamique armé (GIA) algérien. Comme ils l’ont précisé aux tribunaux militaires, le gouvernement algérien aurait logiquement dû sauter sur une occasion de se saisir de membres du réseau terroriste. Or, les autorités algériennes ont immédiatement réclamé leur libération (l’ambassade algérienne à Washington a refusé de réagir).
"J’étais là pour fournir des informations sur les organismes de charité en Bosnie"
Il ressort des documents des procédures militaires que le principal intérêt de leurs geôliers américains était de recueillir des informations au sujet d’organisations caritatives musulmanes que les services occidentaux suspectent souvent de servir de couverture à des groupes terroristes. Dans sa déposition d’octobre 2004, Mustafa Ait Idir indique que lorsqu’il a mentionné le complot contre l’ambassade:
"L’interrogateur m’a dit d’oublier cela... l’interrogateur m’a dit que j’étais là pour fournir des informations sur la Bosnie, sur les Arabes vivant en Bosnie, et les organismes de charité présents en Bosnie."
Excepté le chef présumé, Bensayah, tous les prisonniers avaient en effet travaillé pour de tels organismes en Bosnie depuis le milieu des années 90, après avoir transité par des universités islamiques ou d’autres organisations de charité au Pakistan, en Arabie Saoudite, au Yémen, aux Philippines ou encore en Albanie. Trois d’entre eux travaillaient au moment de leur arrestation pour des organisations non-gouvernementales qui étaient citées dans un rapport de la CIA datant de 1996 pour leurs liens extrémistes. De plus, lors d’un raid en mars 2002 sur l’antenne à Sarajevo de l’une d’entre elles, Benevolence international foundation (BIF), la police bosniaque et le FBI ont saisi un fichier informatique intitulé l'"histoire d’Oussama" qui contient des documents décrivant la fondation d’Al-Qaeda à la fin des années 80 en Afghanistan. Or, l’un de Six, Hajj Boudella, a travaillé pour BIF au Pakistan et, à partir de 1992, en Bosnie. Lui affirme qu’il prenait soin d’orphelins, mais les Américains estiment qu’il a en fait été envoyé par Al-Qaeda.
Etant donné ces liens sulfureux, l’empressement de la Bosnie de remettre ces hommes aux Américains en 2002 n’est guère surprenant. De même que son peu d’entrain pour obtenir leur libération en dépit de plusieurs décisions de justice, de résolutions du Parlement de Bosnie, du Conseil de l’Europe et du Parlement européen enjoignant Sarajevo de faire le nécessaire pour y parvenir. En juin dernier, la Bosnie a même reconnu devant le Conseil de l’Europe avoir violé la convention européenne des droits de l’homme dans cette affaire. Mais comme l’explique Nadja Dizdarevic (voir la photo ci-dessus), l’épouse de Hajj Boudella:
"Nos familles sont séparées, les enfants en bas âge et leurs aînés pleurent souvent et nous, les familles, sommes seules à lutter pour nos droits et ceux de nos maris."
La seule demande formelle de mise en liberté est une lettre de février 2005 envoyée par le Premier ministre de l’époque, Adnan Terzic, à la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. Elle la rejettera un mois plus tard, arguant que les hommes "possèdent toujours des informations importantes" et continuent de constituer une menace pour la sécurité des Etats-Unis.
De fait, le gouvernement bosniaque ne souhaite pas les voir revenir. "Nous voudrions qu’ils retournent en Algérie", explique de but en blanc le ministre des Affaires étrangères, Sven Alkalaj. C’est d’ailleurs ce que Washington s’efforce d’obtenir, sans succès pour le moment. La tache est compliquée par le fait que, l’Algérie ayant protesté contre leur arrestation à l’époque, les autorités pourraient laisser les Six en liberté à leur retour. Et dans l’hypothèse où ils seraient emprisonnés dans leur pays natal, les Etats-Unis, déjà accusés de les avoir maltraités à Guantanamo, seraient inévitablement critiqués pour avoir livré des hommes à un régime dont la réputation en matière de traitement des prisonniers n’est guère reluisante…
Leurs avocats, qui ont déposé au printemps une plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme, espèrent que les pressions conjuguées des institutions européennes et d’un Congrès américain passé sous le contrôle des Démocrates, ainsi que la volonté exprimée par le ministre de la Défense Robert Gates de fermer Guantanamo, accélèreront la libération des Six.
Un tel épilogue pourrait cependant exposer en plein jour une vérité incommode pour le gouvernement américain: leur détention n’est basée sur rien -ou si peu. Comme le rappellait Mustafa Ait Idir au tribunal militaire lors de sa comparution en octobre 2004:
"Je ne peux pas être renvoyé en Bosnie et être innocenté."

lundi 26 novembre 2007

Abdul Malik : Un tribunal kenyan se déclare incompétent

Nairobi, Kenya - Un tribunal kenyan s'est déclaré incompétent pour traiter la requête déposée par la famille d'un présumé agent d'al-Qaïda, actuellement détenu dans une prison américaine.
Le suspect Abdul Malik, un Kenyan, est accusé d'avoir participé à un attentat meurtrier en 2002 contre un hôtel du Kenya dans lequel 15 personnes ont été tuées.
Les autorités américaines avaient annoncé au mois de mars qu'il avait été transféré aux Etats-Unis et envoyé au centre de détention de Guantanamo à Cuba.
Sa famille au Kenya, convaincue de son innocence, exige que le suspect soit présenté devant un tribunal au Kenya pour déterminer si sa détention est légale.
Le juge de la Haute Cour, Jacton Ojwang, a déclaré qu'il n'était pas de sa compétence d'ordonner que M. Malik soit traduit en justice.
Il a également décliné d'ordonner au ministre kenyan de la Sécurité intérieure, John Michuki et au chef de la Police anti-terrorisme Nicholas Kamwende, entre autres officiels, de témoigner devant un tribunal et de produire des procès-verbaux de toute correspondance entre le Kenya et les Etats-Unis à propos de M. Malik.
Au début de l'année, la Police kenyane avait déclaré au tribunal avoir arrêté M. Malik en février avant de le libérer 14 jours plus tard.
A l'époque, le juge avait estimé que les droits de M. Malik avaient été violés et recommandé qu'une loi soit promulguée pour réglementer "l'exercice du pouvoir discrétionnaire de placer les Kenyans au- dessus de la compétence des tribunaux locaux", pour s'assurer que les droits des suspects soient protégés à l'avenir.
L'avocat Harun Ndubi, qui représente la famille, a déclaré qu'il allait déposer une demande pour savoir si les droits constitutionnels de M. Malik avaient été violés à la suite de la mort de 225 personnes dans l'attentat de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie.
M. Malik était impliqué dans l'attentat à la voiture piégée de 2002 contre un hôtel de la ville portuaire de Mombasa.
Source : Panapress, 22/11/2007

Que sont les prisonniers de la CIA devenus?

Parmi les membres soupçonnés par les US d'appartenir à des organisations terroristes qui sont tombés entre leurs mains, de nombreux ont subi des sévices, directement ou indirectement.
Directement, dans les prisons occultes de la CIA ou à Guantanamo, par exemple .(D'ailleurs, Bush lui-même n'approuve-t-il pas vivement la torture, qu'il appelle "méthodes alternatives"?)Ou indirectement dans les pays où ils étaient renvoyés, et où les Etats-Unis savaient pertinemment qu'ils seraient torturés, voire assassinés.
De certains de ces prisonniers, il y en a qui croupissent encore dans les geôles états-uniennes, d'autres dans les prisons peu accueillantes de pays étrangers (Libye, Syrie, Arabie Saoudite, etc.), sans espoir d'être jugés équitablement un jour.Pour d'autres encore, personne ne sait ce qu'ils sont devenus à l'heure actuelle.
Voici un article du Washington Post "From CIA Jails, Inmates Fade Into Obscurity" de Craig Whitlock , publié le 27 octobre 2007.
Effrayant.
Des prisons occultes de la CIA à la plongée dans les ténèbres
Il y a des dizaines de "prisonniers fantômes" dont on n'a plus aucune nouvelle
ISLAMABAD, Pakistan - Le 6 septembre 2006, le président Bush avait annoncé que les prisons secrètes de la CIA à l'étranger avaient été vidées temporairement et que 14 leaders d'Al Qaida avaient été emmenés à Guantanamo.Mais depuis lors il n'y a pas eu de déclaration officielle concernant le sort d'environ une trentaine d'autres "prisonniers fantômes" détenus par la CIA.
D'après des enquêtes menées au Pakistan et en Europe auprès des autorités gouvernementales, d'associations de défense des droits de l'homme et d'avocats, certains auraient été transférés discrètement dans leur pays d'origine, où ils seraient encore détenus dans des endroits tenus secrets. D'autres ont disparu sans laisser de trace et on ne sait s'ils sont encore sous le contrôle de la CIA.
La majorité de ces prisonniers fantômes avaient été capturés au Pakistan, où ils s'étaient réfugiés après l'invasion américaine de l'Afghanistan en 2001.Parmi eux se trouve Mustafa Setmariam Nasar, qui possède la double nationalité syrienne et espagnole, idéologue influent d'Al-Qaida et dont on n'a plus de nouvelles depuis deux ans.Le 31 octobre 2005, ce radical à la barbe rousse pour lequel les Américains offraient une récompense de 5 millions de dollars, arrivait à Quetta, une ville à la frontière pakistanaise, ignorant qu'il était suivi.Nasar avait été appréhendé par la police pakistanaise au restaurant où il dînait avec un petit groupe de ses partisans.Peu après, selon les autorités pakistanaises, il était remis à des agents américains et avait disparu dans le réseau occulte des prisons de la CIA.
Depuis ce temps, selon certaines sources, il aurait été localisé en Syrie, en Afghanistan et en Inde sans que quiconque ait pu confirmer ces affirmations. Selon les responsables de la sécurité au Pakistan, presque tous les Arabes membres d'Al-Qaida arrêtés en Afghanistan ont été remis à la CIA.
Mais on ne sait pas ce qu'il est advenu de plusieurs militants d'Al-Qaida qui avaient été également capturés; le gouvernement pakistanais a refusé de donner suite à un certain nombre de plaintes déposées par leurs familles en quête d'informations."On n'en a simplement aucune idée – ces gens-là sont entre les mains soit des Pakistanais, soit des Américains " explique Zafarullah Khan, responsable de la défense des Droits de l'Homme à la Ligue musulmane du Pakistan, un parti d'opposition.D'autres ont été remis à leurs gouvernements respectifs qui ont tenu secrète leur présence.
Depuis 2004, par exemple, la CIA a remis cinq militants libyens aux autorités de Tripoli. Deux ont été enlevés secrètement par la CIA en Chine et en Thaïlande tandis que les autres ont été appréhendés au Pakistan et détenus dans les prisons de la CIA en Afghanistan, et en Europe de l'est, d'après les sources libyennes.Le gouvernement libyen a gardé le silence sur ces cas, mais les exilés politiques libyens affirment que ces hommes sont détenus à l'isolement sans aucune chance de bénéficier d'un procès public.
Selon des associations de défense des droits de l'Homme, d'autres prisonniers fantômes, d'abord détenus par la CIA, puis remis à d'autres, seraient à nouveau sous le contrôle de la CIA ."La famille d'un Tunisien soupçonné d'appartenir à Al-Qaida, connu sous le nom de Retha al-Tunisi et capturé à Karachi, au Pakistan en 2002, a reçu récemment un courrier de la part du Comité International de la Croix Rouge qui affirmait qu'il était détenu dans une prison militaire américaine en Afghanistan", dit Clara Gutteridge, qui enquête pour "Reprieve", association pour la défense des droits de la personne dont le siège est à Londres, et qui représente de nombreux détenus dans la prison américaine de Guantanamo. D'autres prisonniers, libérés depuis, avaient précédemment déclaré avoir vu Tunisi dans un "site noir" de la CIA en Afghanistan.Au moins un de ces anciens prisonniers de la CIA a été libéré sans encombre. Il s'agit d'Ahmad Khalil Ibrahim Samir al-Ani, agent secret irakien arrêté après l'invasion de l'Irak en 2003, qui était détenu dans un lieu secret jusqu'à sa libération l'an dernier.Ani avait acquis sa notoriété avant la guerre en Irak quand les hauts responsables de l'admin Bush avaient déclaré qu'il avait rencontré Mohamed Atta, chef présumé des pirates de l'air, à Prague le 11 septembre 2001.
Certains hauts responsables, dont le Vice-président Cheney, avaient affirmé que cette rencontre apportait bien la preuve qu'il y avait une alliance entre Al-Qaida et Saddam Hussein. Une théorie qui avait été ensuite discréditée quand les services secrets américains et la commission du 11 septembre avaient révélé en 2004 qu'Ani était à cette époque-là détenu par les Etats-Unis.Le nom de l'agent irakien refaisait surface il y a deux mois quand les autorités tchèques ont révélé qu'il réclamait une compensation de plusieurs millions de dollars. La raison de sa plainte: les rapports sans fondement des services secrets tchèques qui avaient été à l'origine de son incarcération par la CIA.
Les nouveaux arrivants de Guantanamo
Quand Bush a confirmé l'existence des prisons de la CIA en Septembre 2006, il a déclaré qu'il n'y avait plus aucun détenu pour le moment. Mais il avait ajouté que le gouvernement US les utiliserait à nouveau si nécessaire.La CIA a repris son programme de détention.Depuis le mois de mars, cinq nouveaux terroristes présumés ont été transférés à Guantanamo. Bien que le Pentagone n'ait pas donné de détails sur la façon dont ils avaient été capturés ni sur la date exacte où cela s'éatit produit, de hauts responsables du Pentagone ont indiqué qu'Abd al-Hadi al-Iraqi, un de ces prisonniers, avait été détenu pendant des mois dans les prisons de la CIA à l'étranger.
Les détails sur ce programme de détention restent confidentiels. Les autorités américaines sont restées très vagues sur l'envergure de cette opération.Le mois dernier, lors d'un discours à New York, le directeur de la CIA, Michael V. Hayden déclarait que "moins d'une centaine de personnes" avaient été incarcérées dans les prisons de la CIA à l'étranger depuis la prise d'effet de ce programme, début 2002.En juin, une coalition d'associations de défense des droits de l'homme a établi une liste de 39 personnes susceptibles d'avoir été détenues par la CIA et qui n'ont toujours pas été retrouvées. Beaucoup de ceux qui figurent sur cette liste ont été identifiés grâce à des noms partiels ou à leur "nom de guerre", tel le terme laconique de "Mohamed l'Afghan".
Joanne Mariner, directrice des recherches sur le terrorisme et le contre-terrorisme à Human Rights Watch , signale que la CIA a transféré de nombreux prisonniers d'un pays à l'autre, laissant à d'autres services secrets la responsabilité de garder les suspects, parfois temporairement parfois définitivement."La grande majorité d'entre eux sont repartis dans leur pays d'origine", explique-t-elle, "mais pas tous. Il pourrait y avoir certains détenus dans des lieux de substitution "
Dans une note du rapport publié en 2004, la commission du 11 septembre cite les noms de neuf membres présumés d'Al-Quaeda qui étaient détenus dans les "sites noirs" américains. Sept ont été ensuite transférés à Guantanamo.
Manque toujours à l'appel Hassan Ghul, un ressortissant pakistanais enlevé dans le nord de l'Irak en janvier 2004. Les autorités américaines le décrivent comme un émissaire important entre le QG d'Al-Qaida au Pakistan et les groupes affiliés en Irak.
Un autre prisonnier figurant sur la liste de la commission, Ali Abd al-Rahman al-Faqasi al-Ghamdi, un Saoudien accusé d'avoir préparé des attentats dans la péninsule arabe, s'est, lui, rendu aux autorités saoudiennes en juin 2003.
Alors que la commission du 11 septembre certifiait qu'il était détenu par les Etats-Unis, les autorités saoudiennes assuraient que ce n'était pas le cas. Elles affirment qu'il est toujours en prison en Arabie Saoudite et qu'il n'a jamais quitté le pays."Il n'a jamais été, en aucune circonstance, détenu par les Américains", a déclaré, sous couvert d'anonymat, un responsable de la sécurité.
Les responsables du Comité International de la Croix Rouge (le CICR) ont déclaré ne pas avoir réussi à retrouver la trace de dizaines de personnes dont on pensait auparavant qu'elles étaient détenues par la CIA, et cela, malgré les demandes répétées auprès des gouvernements des Etats-Unis et d'autres pays."Le CICR s'inquiète énormément du sort de personnes qui faisaient précédemment partie du programme de détention de la CIA et dont on ne sait plus rien" a déclaré Simon Schorno, porte parole de la Croix Rouge à Washington. "Le CICR se préoccupe vivement de tout ce qui est détention occulte". La CIA a refusé d'indiquer si certaines de ces personnes avaient été, à un moment ou à un autre, détenues par elle."Sauf pour ceux qui ont été transférés à Guantanamo, la CIA, ne fait pas, en règle générale, de déclaration publique sur les personnes censées avoir été détenues par elle, même si les listes de noms sont souvent inexactes", explique Paul Gimigliano, porte-parole de la CIA.

Exposé au froid
Quand l'administration Bush a annoncé l'an dernier que 14 membres importants d'Al-Quaeda avaient été transférés à Guantanamo (ce qui avait vidé temporairement les prisons de la CIA), certains noms importants ne figuraient pas sur la liste.
L'un d'eux, connu sous le nom de Ibn al-Sheikh al-Libi, était un des responsables des camps d'entraînement d'Al-Qaida. Il avait été arrêté dans la ville frontière pakistanaise de Kohat à la fin de l'année 2001 pour être ensuite emmené au Caire où la CIA engageait des agents secrets égyptiens pour participer aux interrogatoires.
Et Libi a parlé. Il a dit, entre autres, que le régime irakien avait permis aux militants d'Al-Qaida de se former sur les différents poisons et sur le gaz moutarde. Son témoignage, comme d'autres, a servi à l'administration Bush pour justifier l'invasion de l'Irak en 2003. Même s'il s'était rétracté après le début de la guerre, il était important politiquement pour la CIA le maintenir en détention.
Même si la CIA a depuis reconnu avoir détenu Libi, les autorités US n'ont pas révélé ce qu'il est devenu. A la suite d'enquêtes, on a appris néanmoins que des exilés politiques libyens avaient déclaré que la CIA l'avait transféré à Tripoli début 2006 où il a été incarcéré par le gouvernement libyen. D'après une source libyenne, Libi aurait raconté que, d'Egypte, la CIA l'avait transféré dans divers sites secrets, entre autres, en Jordanie, au Maroc et en Afghanistan. Toujours d'après cette source, il aurait également révélé qu'il avait été détenu dans un endroit où il faisait très froid et que ses geôliers de la CIA lui avaient dit qu'il se trouvait en Alaska.
Les associations de défense des droits de l'homme ont émis l'hypothèse que Libi faisait partie d'un petit groupe de dirigeants d'Al-Qaida détenus dans une prison de la CIA au nord de la Pologne.
A Tripoli, Libi a rejoint plusieurs autres Libyens qui avaient passé un certain temps dans les prisons de la CIA. Tous étaient membres du groupe islamique des combattants libyens (GICL) , un réseau dont les militants ultérieurement en exil avaient tenté de renverser le colonel Kadhafi.
Après l'invasion américaine de l'Afghanistan en 2001, les membres du réseau libyen installés là-bas avaient été dispersés. La CIA avait aidé les services secrets libyens à retrouver certains de ses dirigeants.
L'un d'eux, Abdallah al-Sadeq, selon Noman Benotman, ancien membre du groupe libyen, avait été appréhendé au cours d'une opération secrète de la CIA en Thaïlande au printemps 2004.Un autre, Abu Munder al-Saadi, chef spirituel du groupe, avait été arrêté à l'aéroport d'Hong Kong. Dans les deux cas, toujours d'après Benotman, les Libyens auraient été détenus brièvement par la CIA avant d'être renvoyés à Tripoli."Ils se sont vite rendu compte que ces gars n'avaient aucun lien avec Al-Qaida" a déclaré Benotman dans une interview à Londres. "Ils les ont gardés quelques semaines et c'est tout".
Benotman dit avoir confirmé les informations sur les opérations menées par la CIA quand il a eu l'opportunité de rencontrer ces deux hommes lors d'une visite dans une prison de Tripoli cette année. Cette visite avait été organisée par le gouvernement libyen soucieux d'amener les prisonniers libyens à se réconcilier avec le régime de Kadhafi. D'après Benotman, la CIA aurait transféré au moins deux autres Libyens à Tripoli. D'après lui, Khaled al-Sharif et un autre Libyen seulement connu sous le nom de Rabai avaient été appréhendés à Peshawar au Pakistan, en 2003, et avaient été détenus par la CIA en Afghanistan.L'ambassade de Libye à Washington n'a pas donné suite au courrier lui demandant des informations à ce sujet.

Disparition d'une "mine d'or"
En Espagne, le ministère public recherche depuis quatre ans Nasar, l'idéologue roux d'Al-Qaida.Il avait été inculpé en 2003 à Madrid par un juge d'instruction qui l'accusait d'avoir contribué à créer des cellules terroristes dormantes en Espagne.Ecrivain prolifique et théoricien du Jihad islamique, Nasar avait vécu dans plusieurs pays européens ainsi qu'en Afghanistan.L'Espagne a déposé des demandes de renseignements sur Nasar auprès du gouvernement pakistanais, mais elles sont restées sans réponse.Miguel Angel Moratinos, le ministre des affaires étrangères espagnol avait également posé la question à Islamabad l'an dernier."Nous n'avons aucune indication sur le lieu où il se trouve", a répondu, sous couvert d'anonymat, une source au ministère des affaires étrangères espagnol.
Brynjar Lie, spécialiste norvégien des questions de terrorisme et auteur d'un nouveau livre sur Nasar, "L'architecte du Jihad international" a déclaré que ce radical saurait beaucoup de choses sur le fonctionnement interne d'Al-Qaida."Les Américains sont probablement ceux qui s'intéressent le plus à lui parce qu'il était membre très actif d'Al-Qaida dans les années 90", explique Lie, "Ce doit être une mine d'information".
Certains médias espagnols ont émis l'hypothèse qu'il serait détenu en Syrie, son lieu de naissance.La CIA a transféré d'autres prisonniers soupçonnés d'activités terroristes en Syrie malgré les relations tendues entre Washington et Damas.D'autres articles de presse espagnols ont affirmé que Nasar serait toujours détenu par les Etats-Unis. On dit aussi qu'il serait détenu dans une prison de la CIA en Inde, dit Manuel Tuero, l'avocat qui représente la femme de Nasar à Madrid."S'il était ramené en Espagne, Nasar passerait en jugement, mais ce serait toujours préférable à la détention perpétuelle dans une prison secrète", dit Tuero."Il se trouve dans un 'trou noir' juridique. Les Américains ne lui accorderont jamais le droit à un procès équitable. L'Espagne, si".
Avec la contribution des envoyés spéciaux Munir Ladaa à Berlin et Cristina Mateo-Yanguas à Madrid .
Source : Des bassines et du zèle, 28 octobre 2007

lundi 19 novembre 2007

Diffusion d'un ancien manuel des gardiens de guantánamo

Un ancien manuel de 238 pages régissant de manière minutieuse le travail des gardiens du centre de détention de Guantanamo a été diffusé cette semaine sur un site Internet, provoquant un certain embarras au sein de l'armée américaine.
Le manuel n'était pas classé confidentiel mais «réservé aux personnes intéressées». Il date de 2003, et a été régulièrement révisé depuis, a rapidement assuré le commandant Rick Haupt, porte-parole de la base navale américaine à Cuba.«Cela nous inquiète», a-t-il précisé à l'AFP, reconnaissant que l'armée ne pouvait plus rien faire pour protéger sa confidentialité: «une fois que c'est sorti, il est sorti». Même s'il ne contient pas d'information ultra-sensible, «une accumulation d'informations non-confidentielles peut parfois créer des dommages et donner un avantage à l'ennemi», a-t-il expliqué.
Et il s'agit bien d'une accumulation: chaque aspect du travail des gardiens, de la descente d'avion d'un détenu à la gestion des clés des camps, de la fouille des cellules au discours à tenir face aux journalistes, tout est détaillé, minuté, décortiqué...Le manuel répète qu'il est interdit de frapper les détenus, mais il détaille les tactiques d'isolement et d'intimidation, et laisse entendre que certains détenus ont pu ne pas avoir accès aux représentants de la Croix Rouge.
Plusieurs tableaux énumèrent les activités et des objets autorisés en fonction du niveau de coopération des détenus, ou encore du nombre de jours de punition pour chaque objet détérioré: 3 jours pour une brosse à dents, 5 pour un jeu de cartes, 10 pour une couverture...
Mais ces détails concernent un temps révolu. Depuis un an, 70% des détenus se trouvent dans les camps 5 et 6, construits sur le modèle de prisons de haute sécurité, où l'isolement n'est plus une punition temporaire mais un état de fait.
Source : AFP, 15 Novembre 2007

dimanche 18 novembre 2007

Préavis de grève de la faim d'Abou Elkassim Britel

Au nom et pour le compte de mon mari Abou Elkassim Britel, citoyen italien et marocain – matricule 69546, prison d'Aïn Bourja, Casablanca – je communique sa ferme intention d'entreprendre une grève de la faim pour obtenir la libération qui lui est due, après que son innocence a été démontrée par plusieurs parties et depuis longtemps* .
Nous demandons aux autorités une réponse rapide et efficace, faute de quoi mon mari - privé illégalement de sa liberté depuis 2002, victime d'extraordinary rendition, de tortures et de beaucoup d'autres choses - sera obligé de continuer sa propre action à outrance. Abou ElKassim Britel fera une grève de la faim le 19 et le 20 novembre 2007 à l'appui de cette déclaration. Khadija Anna L. Pighizzini
* Voir en particulier :
- la Résolution du Parlement européen sur l'utilisation alléguée de pays européens par la CIA pour le transport et la détention illégale de prisonniers « 63. condamne la restitution extraordinaire du citoyen italien Abou Elkassim Britel, qui a été arrêté au Pakistan en mars 2002 par la police pakistanaise et interrogé par des agents américains et pakistanais, pour être ensuite remis aux autorités marocaines et placé dans le centre pénitentiaire de "Temara", où il est toujours détenu; souligne que les enquêtes pénales menées en Italie contre Abou Elkassim Britel ont été classées sans suite; 64. regrette que, selon les pièces fournies à la commission temporaire par l'avocat d'Abou Elkassim Britel, le ministère italien de l'intérieur ait entretenu une "coopération constante" avec des services secrets étrangers sur le dossier d'Abou Elkassim Britel, à la suite de son arrestation au Pakistan; 65. appelle instamment le gouvernement italien à prendre des mesures concrètes afin d'obtenir la libération immédiate d'Abou Elkassim Britel », février 07,
- le classement de l'enquête par la magistrature italienne «« vu que les vérifications qui ont été entreprises, les interceptions téléphoniques et les vérifications effectuées sur les comptes bancaires n’ont apporté aucun appui aux allégations », septembre 2006,
- Amnesty International: Italy - A briefing to the UN Committee against Torture, avril 2007. Pour information : www.giustiziaperkassim.net
Contact : info@giustiziaperkassim.net

Abou Elkassim Britel – Preavviso di sciopero della fame
In nome e per conto di mio marito Abou Elkassim Britel, cittadino italiano e marocchino – matricola 69546, carcere di Äin Bourja, Casablanca – comunico la sua ferma intenzione di intraprendere uno sciopero della fame per ottenere la liberazione che gli è dovuta, dopo che la sua innocenza è stata da più parti e da tempo dimostrata(*).
Chiediamo alle Autorità una pronta e fattiva risposta a questa richiesta, in assenza della quale mio marito – illegalmente privato della sua libertà dal 2002, vittima di extraordinary rendition, di torture e di molto altro – si vedrà costretto a proseguire ad oltranza la propria azione. Abou ElKassim Britel osserverà uno sciopero della fame il 19 e 20 novembre 2007 a supporto di questa dichiarazione.
Khadija Anna L. Pighizzini 18 novembre 2007
(*) In particolare, si vedano:
- la Risoluzione del Parlamento Europeo sul presunto uso dei paesi europei da parte della CIA per il trasporto e la detenzione illegali di prigionieri che « 63. Condanna la consegna straordinaria del cittadino italiano Abou Elkassim Britel, che era stato arrestato in Pakistan nel marzo 2002 dalla polizia pakistana ed interrogato da funzionari USA e pakistani, e successivamente consegnato alle autorità marocchine ed imprigionato nella prigione di "Temara", dove è ancora detenuto; sottolinea che le indagini penali in Italia contro Abou Elkassim Britel erano state chiuse senza che egli fosse incriminato; 64. si rammarica che secondo la documentazione trasmessa alla commissione temporanea, dall'avvocato di Abou Elkassim Britel, il Ministero degli Interni italiano all'epoca fosse in "costante cooperazione" con servizi segreti stranieri in merito al caso di Abou Elkassim Britel dopo il suo arresto in Pakistan; 65. sollecita il governo italiano a prendere misure concrete per ottenere l'immediato rilascio di Abou Elkassim Britel », feb 2007; - l'archiviazione dell'indagine da parte della magistratura « rilevato che gli ulteriori accertamenti disposti, intercettazioni telefoniche ed accertamenti bancari, non hanno fornito alcun supporto all'accusa », set. 2006;
- Amnesty International: Italy - A briefing to the UN Committee against Torture, apr 2007.

dimanche 11 novembre 2007

Quatorze Saoudiens transférés de Guantanamo rentrent au pays

RIYAD - Quatorze Saoudiens transférés de la prison américain de Guantanamo sont arrivés samedi en Arabie saoudite où il seront remis à la justice locale, annonce l'agence de presse officielle.
Avec ce nouveau retour, les ressortissants saoudiens toujours détenus par les Américains dans leur prison de Cuba ne sont plus que 22, précise SAPA.
L'agence ne fournit pas de précisions sur les chefs d'inculpation que les 14 risquent en Arabie saoudite. Jusqu'à présent, aucun détenu de Guantanamo remis à la justice saoudienne n'a encore été jugé.
Le précédent transfert remonte à septembre et concernait 16 détenus.
Selon un communiqué du Pentagone, il reste 305 détenus à Guantanamo, dont 70 qui sont susceptibles d'être transférés ou remis en liberté et pour lesquels les négociations sont en cours avec leurs pays d'origine.
Sur les 759 personnes passées par Guantanamo, on compte 136 Saoudiens, soit la deuxième nationalité après les Afghans, selon des documents du ministère américain de la Défense dont l'Associated Press a eu connaissance.
Source : 10 nov. 07

jeudi 8 novembre 2007

Omar Khadr subit un autre revers

Omar Khadr, le seul Canadien détenu sur la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, devra vraisemblabelement subir son procès. Lundi 5 Novembre, une cour d'appel fédérale de Washington a refusé de mettre fin aux procédures de la commission militaire américaine contre le jeune Canadien.
En octobre, les avocats de M. Khadr avaient demandé au tribunal de mettre un terme aux processus juridique intenté contre leur client. Ils contestent la décision de la cour d'appel militaire spéciale qui a décidé, le 24 septembre dernier, que le cas d'Omar Khadr pouvait bel et bien être jugé par un tribunal militaire d'exception.
La cour d'appel militaire spéciale renversait elle-même la décision du juge qui avait abandonné, en juin dernier, les accusations de terrorisme pesant sur Omar Khadr en raison d'un vice de forme.La décision rendue lundi signifie qu'Omar Khadr devra revenir en cour jeudi pour qu'un juge se prononce sur le statut d'Omar Khadr, à l'origine de ce vice de forme.
Le juge du tribunal militaire d'exception chargé du cas d'Omar Khadr, le colonel Peter Brownback, doit en effet décider si le Canadien est un « combattant ennemi illégal » ou simplement un « combattant ennemi ». Toute la question du procès d'Omar Khadr en dépend.Imbroglio juridiqueAu moment de son arrestation en Afghanistan, en 2002, Omar Khadr, alors âgée de 15 ans, a été désigné « combattant ennemi », mais pas « combattant ennemi illégal » par les autorités américaines.
Or, la Cour suprême des États-Unis a statué l'an dernier que les tribunaux militaires d'exception institués par l'administration Bush sont habilités à juger seulement les ressortissants étrangers ayant obtenu le statut de « combattants ennemis illégaux ».En juin dernier, le juge Brownback a abandonné les accusations qui pesaient contre lui en raison de ce vice de forme. Mais, à la demande du gouvernement américain, la cour d'appel militaire spéciale a cassé cette décision, estimant que le colonel Peter Brownback avait l'autorité nécessaire pour déterminer lui-même le statut de l'accusé.
Omar Khadr, aujourd'hui âgé de 21 ans, a été détenu pendant cinq ans à la prison de Guantanamo, à Cuba, sans qu'aucune accusation ne soit portée contre lui. Au printemps dernier, le gouvernement américain l'a formellement inculpé de meurtre, de tentative de meurtre, de complot, d'espionnage et de soutien au terrorisme. Il aurait tué un soldat américain à l'aide d'une grenade en Afghanistan en 2002.Le Canada est le seul pays occidental à ne pas avoir encore obtenu la libération d'un de ses citoyens de Guantanamo.
Source : Presse Canadienne, 7 novembre 2007.

Un détenu jordanie libéré de guantánamo

Un conducteur de camion jordanien emprisonné au camp américain de Guantanamo a été libéré. Il est rentré chez lui après 5 ans de détention sans procès.
Ousama Abu Kabir avait été capturé à Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan. Il était suspecté d'avoir des liens avec une organisation associée à al-Qaïda et était depuis détenu de façon préventive au camp américain de Guantanamo, à Cuba.
La famille de Abu Kabir n'était pas autorisée à communiquer avec le prisonnier. Seules quelques lettres du détenu sont parvenues jusqu'à elle.
Abu Kabir dit se sentir comme toute personne emprisonnée puis libérée. Heureux et reconnaissant envers Dieu, qui lui permet aujourd'hui de revoir sa famille.
Il s'est aussi exprimé sur les conditions de détention à Guantanamo.
"La prison est une torture psychologique. Ils veulent nous détruire mentalement et émotionnellement."
Source : CCTV, 7 novembre 2007

mardi 6 novembre 2007

L'administration Bush envisagerait de fermer la prison de Guantánamo

Le New York Times évoque le transport de prisonniers aux États-UnisNew York -- Des responsables de l'administration Bush examinent un plan qui accorderait davantage de droits aux détenus de la base de Guantánamo, dans l'optique, à terme, de fermer le centre et de transférer éventuellement certains prisonniers aux États-Unis, a rapporté hier le New York Times.
Citant des responsables américains impliqués dans les discussions, le Times affirme que ces propositions, visant à modifier les procédures en vertu desquelles on détermine si les détentions sont justifiées, comprennent notamment le droit pour les prisonniers d'être représentés par un avocat lors des audiences. Il est également envisagé de confier à des juges fédéraux, plutôt qu'à des officiers de l'armée, la tâche de décider de la validité de ces détentions, ajoute le Times. Selon le journal, des responsables estiment que le transfert de détenus de Guantánamo vers des centres de détention aux États-Unis devra s'accompagner de mesures de sécurité renforcées. Des responsables ont affirmé que les discussions actuelles sur la façon dont Guantánamo pourrait être fermé s'étaient intensifiées ces dernières semaines, le secrétaire à la Défense Robert Gates ayant demandé à ses conseillers de lui présenter une proposition en ce sens. Certains responsables pensent qu'accorder davantage de droits aux détenus de Guantánamo pourrait permettre au gouvernement de contrer un recours déposé par des prisonniers devant la Cour suprême, qui pourrait leur permettre d'obtenir un droit accru de remise en question de leur détention, écrit le quotidien new-yorkais. Selon des avocats une proposition détaillée de l'administration sur l'accroissement des protections légales dont bénéficient les détenus pourrait pousser les juges de la Cour suprême à conclure qu'ils n'ont pas besoin de se prononcer sur la plainte qui leur a été soumise.
Source : Reuters, 5 novembre 2007

samedi 3 novembre 2007

Écrivez à Adel Hamad !

Dear Collectif guantanamo,
We are writing today because there is a simple act you can do that can make a world of difference.
We recently sat down with the lawyers of Adel Hamad to get an update on his situation. We learned that the newest head of Guantanamo has moved the vast majority of the detainees into 22 hour total lock down. This is complete isolation from human contact with a mere 2 hours of "recreation time" occurring in a small concrete room, not outdoors, and often in the middle of the night. Needless to say, more and more cases of psychosis and other significant psychiatric conditions are arising from indefinite detention under these conditions.
Fortunately Adel Hamad is one of about 50 detainees not in lockdown but morale is still at an all-time low. He has watched many detainees, some of whom have actual evidence against them, get released simply because the United States has good relations with their home countries (Britain, Kuwait, Saudi Arabia etc.). Others like him—where the government has produced no evidence-- hospital administrators, fruit vendors, people turned in because of bounties offered by the U.S. or Pakistanis simply for being foreigners or looking different-- remain at Guantanamo for no other reason than the U.S. is not friendly with their country of origin.
Hamad's lawyers have just now learned, from their recent trip to Sudan, that he was cleared for transfer in November of 2005, TWO YEARS AGO. The U.S. government never shared this information with his own defense team and obviously do not seem to feel any obligation to expedite the release of a man that they have charged with no crime.
But we aren't writing you to share yet another piece of depressing news you can do nothing about. For the last 10 months we have been encouraging Project Hamad members to write Adel Hamad at Guantanamo, to make sure the U.S. government knows he has not been forgotten. We were operating under the assumption that he might never see the letters. But he mentioned them to his lawyers as the only bright spot in an otherwise grim existence.. A parish from the midwest that had organized a letter writing campaign on his behalf, has received letters back from Hamad, thanking them, and wishing them well.
We are hoping that you will take a moment, with the two year anniversary of his "transfer approval" approaching, and write Adel Hamad.
Adel Hamad (ISN 940)
Camp Delta
P.O. Box 160
Washington DC
20053 USA
Thanks,
Laura, David and Ben
Project Hamad

jeudi 1 novembre 2007

Un avocat d’Omar Khadr exclu de la farce

Dennis Edney, l’un des deux avocats civils canadiens défendant Omar Khadr, a dit mercredi ne pas avoir l'autorisation pour accéder à une audience de son client, la semaine prochaine à Guantánamo, en raison d'un différend avec des avocats militaires commis d’office pour la défense. Il affirme que cette interdiction lui a été signifiée après qu'il a exprimé son désaccord avec les avocats en uniforme, et les a critiqué publiquement.