vendredi 21 septembre 2007

Nous sommes tous des Américains

par Anaëlle Verzaux, 20 septembre 2007

Jean-Marie Colombani, l’ancien patron du Monde, n’a pas écrit sa maxime dans le vide. La preuve : les autorités allemandes font partie des atlantistes qui ont entendu son message. Oui oui, et celles-ci sont même allées jusqu’à collaborer avec les tortionnaires de Guantanamo. Dans son livre paru jeudi 13 septembre aux éditions Fayard Dans l’enfer de Guantanamo, Murat Kurnaz, un Germano-turc musulman de 25 ans, raconte le traitement inhumain qu’on lui a infligé durant 4 ans et 8 mois, de décembre 2001 à août 2006.

Dès 2002, les protagonistes gouvernementaux états-uniens, allemands et turcs savaient tout : l’usage de la torture et son innocence, son dossier vide. Pourtant, cette année-là, quand les autorités américaines proposent à l’Allemagne de libérer le « terroriste », le coordinateur des services secrets à la chancellerie de l’époque (bras droit de Schröder), Frank-Walter Steinmeier, s’y oppose. En mars 2007, Steinmeier est dénoncé par l’Américain Pierre-Richard Prosper, représentant du Département d’Etat chargé notamment des crimes de guerre entre 2002 et 2005 : « Le gouvernement allemand n’a jamais demandé la libération de Murat Kurnaz. » Et le porte-parole du ministère allemand des affaires étrangères (Martin Jäger) de répliquer : « Il s’est préoccupé à plusieurs reprises depuis 2002 et à des niveaux différents de M. Kurnaz. » En effet !
Et Murat le dit d’ailleurs lui-même : « Je n’aurais jamais pu imaginer qu’un gouvernement comme le gouvernement allemand m’envoie des membres de ses services de renseignement et que cette visite soit restée secrète. Enfin je n’étais plus sûr de rien. Ils m’avaient bien proposé de devenir un de leurs collaborateurs à Brême (« Ils voulaient m’employer comme espion », p.189). Les Allemands m’avaient auditionné pendant douze heures environ, deux jours de suite. » (p.190)
Frank-Walter Steinmeier a-t-il été jugé ? Il est aujourd’hui ministre des Affaires étrangères du gouvernement Merkel.
Source : http://www.bakchich.info/article1615.html

jeudi 20 septembre 2007

Christmas Island, un Guantanamo australien pour les immigrés

par Damian Spruce, il manifesto, 2 septembre 2007
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio et révisé par Chronique de Guantánamo


SIDNEY - Dans le cadre enchanteur d’une île tropicale, à des centaines de kilomètres de la côte australienne, le gouvernement australien est en train de construire, au beau milieu de l’Océan Indien, un centre de détention pour immigrés de dernière génération, qui a plus d’une ressemblance avec le camp de détention de Guantanamo Bay. Christmas Island est un des territoires les plus reculés de l’Australie (il est plus proche de l’Indonésie, à 360 kilomètres de distance seulement de Djakarta). Comme Lampedusa (au sud de la Sicile, où arrivent de nombreux migrants africains, NdT), c’est une île touristique, et les agences de voyage offrent des vols réguliers, mais très coûteux, à ceux qui veulent aller y passer des vacances de plage et plongée sous-marine. Mais il deviendra bientôt le site du centre de détention le plus grand et « high tech » d’Australie, où les détenus seront coupés du monde non seulement par des barbelés et systèmes de surveillance électronique, mais par des centaines de kilomètres d’océan.
Le «Christmas Island immigration detention centre » a été pensé à l’origine en 2001, et devait être terminé en 2002, immédiatement après la « crise » migratoire du navire Tampa et la « Pacific solution » qui s’en suivit. Une histoire qui avait commencé en août 2001, quand la marine australienne fut envoyée entre Timor-Est et l’Océan Indien pour surveiller et intercepter des barques chargées de demandeurs d’asile se dirigeant vers l’Australie, dans le cadre de l’opération militaire « Relex » (précurseur de l’ « Opération Frontex » en Méditerranée).

La première déportation
Après l’interception du navire norvégien Tampa, qui avait secouru des centaines d’Afghans dans une barque en difficulté, partie d’Indonésie, l’unité australienne (en fait une unité d’élite des troupes aériennes spéciales australiennes) prit le contrôle du navire et transféra de force les demandeurs d’asile sur un vaisseau qui les amena jusqu’à l’île de Nauru. Là, on examina leurs demandes d’asile, et ceux qui arrivèrent à obtenir une protection furent réorientés dans différents pays d’accueil. Cette stratégie a pris le nom de « Pacific solution ». Un navire australien patrouille aujourd’hui encore dans les eaux au nord de Christmas Island pour arrêter toute embarcation d’émigrés se dirigeant sur ses côtes et vers le territoire australien. Christmas Island fait partie de la suite de la « Pacific solution », avec Nauru et quelques autres camps pour les migrants, sur l’île de Manus et en Papouasie Nouvelle-Guinée. Au départ, le centre devait coûter 230 millions de dollars et avait été planifié pour héberger 1.200 immigrés. Mais en 2006 le centre n’était toujours pas terminé. Le budget avait explosé jusqu’à 500 millions et les places réduites à 800. Certains témoignages des travailleurs sur l’île disent que les coûts atteindront le million de dollars avant même que le centre ne soit terminé. Pour le moment la date de fin des travaux est fixée à décembre 2007. L’entretien des implantations actuelles coûte 6,8 millions d’euros annuels et le Département pour l’immigration a reconnu que quand le nouveau centre sera terminé les coûts seront nettement supérieurs.
Les plans du nouveau centre et les détails de la structure sont arrivés récemment jusqu’aux médias, dévoilant une prison pour migrants horriblement « high tech ». Le centre sera équipé d’instruments de contrôle et surveillance très modernes, excessifs par rapport à leur emploi effectif. En effet la majeure partie du plan de sécurité du centre semble être d’un niveau à la hauteur d’une utilisation de lieux où seraient détenus des terroristes ou des prisonniers militaires, comme à Guantanamo Bay. Et du fait de ces mesures, de nombreux aspects suscitent une certaine perplexité.

Microsondes et cellules
S’y trouvent, par exemple, des centaines de microsondes pour contrôler les mouvements, et des télé-caméras en circuit fermé sous les chéneaux, aux plafonds et dans toutes les chambres. Pour donner un aperçu de ce régime de surveillance, les détenus seront obligés de porter des cartes électroniques qui enregistreront tous leurs mouvements. Les caméras sont reliées à un système de surveillance central, situé à Canberra, la capitale de l’Australie, au sud-est du continent, soit à des centaines de kilomètres de distance. C’est de là que sont activées les portes électroniques et les grilles métalliques qui ferment les cellules individuelles, les groupes de cellules, ou même les blocs entiers. Par le système de contrôle central, on peut aussi savoir ce qu’on regarde sur les télés du centre (peut-être les bureaucrates de l’immigration obligeront-ils les immigrés à regarder « Big Brother » 24h sur 24).
Le projet montre aussi comment le centre se trouve dans un milieu autosuffisant, renfermé à l’intérieur de barbelés, avec tous les services à disposition, si bien qu’un immigré n’aura jamais d’excuse pour demander à pouvoir sortir.
On y trouve une école, un centre de soins pour les mineurs, une nursery et un endroit pour les jeux d’enfants. Un hôpital équipé, avec un bloc opératoire, de façon à ce qu’un immigré puisse rester incarcéré même en cas d’urgence sanitaire. Il y a en outre de nombreuses cellules pour l’isolement qui ont déjà été utilisées par le Département pour l’immigration pour des détenus porteurs de problèmes psychologiques, exacerbant ainsi leurs troubles mentaux. Et puis des pièces spéciales, pour les interrogatoires, avec vitres renforcées pour séparer les détenus du personnel. D’autres caractéristiques du centre ont été prévues pour empêcher les manifestations des immigrés qui, ces dernières années, ont éclaté dans d’autres centres de détention australiens.

En attendant les « terroristes »
Pour empêcher les immigrés de manifester leurs revendications depuis les toits, d’où ils sont visibles de l’extérieur, les édifices du centre ont des toits construits de telle sorte qu’il est impossible de les escalader. Enfin, les barrières qui entourent le centre sont très loin des structures de résidence des détenus. Ce qui signifie que si quelque militant pour les droits des immigrés (ou de la communauté locale) réussissait à arriver à Christmas Island, et à aller au centre, il n’aurait que peu de chances d’établir un contact avec les détenus. Les barrières ont été électrifiées et munies de télé-caméras, de lumières et de détecteurs capables d’intercepter tout déplacement.
Des technologies de contrôle aussi avancées ont suscité des interrogations ; de nombreuses personnes pensent qu’un complexe aussi nouveau ne peut avoir été pensé seulement pour emprisonner des immigrés clandestins. Pour la bonne raison aussi que le nombre d’immigrés illégaux en Australie a chuté significativement depuis 2001, et il est difficile qu’ils soient désormais nombreux au point de remplir ce centre. Une hypothèse est que ce sera une structure à « usage mixte » où, en même temps que les détenus immigrés, on expédiera des présumés terroristes et combattants ennemis de la « guerre contre le terrorisme » étasunienne, qui y seront emprisonnés, surtout si les pressions politiques imposent au gouvernement US de fermer Guantanamo Bay.
Ce genre de suppositions s’est trouvé renforcé par l’arrivée sur l’île de quelques fonctionnaires du Département de la Sécurité étasuniens, entre le 4 et le 9 novembre de l’an dernier. Ils sont arrivés sur des vols charters de Singapour, et se sont arrêtés pendant une période assez longue sur l’île. Le gouvernement australien n’a jamais révélé le motif de cette visite, mais il n’y a pas beaucoup de doutes sur le fait que cela ait servi à inspecter le centre et ses nouvelles technologies. La visite des fonctionnaires étasuniens s’est déroulée dans un contexte de collaboration de plus en plus forte entre les USA et l’Australie, que ce soit sur le front des prisonniers militaires détenus à Guantanamo Bay (le dernier Australien qui y a été détenu,
David Hicks, a été transféré par le gouvernement US au début de cette année en Australie, où il purge la fin de sa peine), ou sur le front des migrants clandestins détenus à Guantanamo. En avril dernier, USA et Australie ont signé un accord pour échanger jusqu’à 200 réfugiés qui seront déportés dans de nouveaux territoires (appelé « resettlement »). Les réfugiés étasuniens sont sans doute ces immigrés haïtiens ou cubains interceptés par les USA tandis qu’ils essayent de rejoindre les USA, et détenus temporairement dans la base navale de Guantanamo Bay. Au lieu de les garder aux USA, ils seront expédiés en Australie. Les réfugiés australiens pourraient constituer une partie du nouveau centre de Christmas Island.

La protestation locale
Les plans du gouvernement australien, cependant, ne sont pas sans problème et, même à Christmas Island, qui a une population de 1.200 personnes seulement, les mouvements d’opposition vont en augmentant. Anna Samson, avocate australienne pour les droits des réfugiés, a reçu des fonds des associations Oxfam Australia et Oxfam Hollande pour aller à Christmas Island et inspecter le centre. Elle a fait part dans son rapport de l’accroissement de la section de Christmas Island de l’organisation australienne de soutien « Rural australians for refugees » qui conteste le traitement du gouvernement à l’égard des demandeurs d’asile ainsi que la construction du nouveau centre.
Peu d’habitants de l’île ont été employés à la construction, la main d’œuvre a été amenée du continent (parmi laquelle de nombreux ressortissants provenant d’Indonésie, façon de calmer le puissant voisin de l’Australie). Et nombre d’habitants s’opposent à l’idée que leur île ne devienne une prison pour les réfugiés ; ils s’opposent en particulier à cette détention indéfinie de demandeurs d’asile qui est désormais devenue une norme en Australie, avec des gens qui sont détenus pendant des années sans que leur cas ne trouve de solution. Étant donné l’isolement de l’île du reste de l’Australie, ce sont les mouvements politiques locaux qui joueront un rôle important pour s’opposer à l’incarcération des migrants dans cette nouvelle prison.

Lire aussi sur ce thème
Notre dossier
Nauru : la "solution Pacifique" du gouvernement australien
Australie: l’île Christmas, un Guantánamo pour réfugiés par Shar Adams, La Grande Époque - Brisbane, 27 janvier 2007
Solution du Pacifique" : C’est nouveau, ça vient de sortir, ça s’appelle le « dépaysement » Les boat people haïtiens en route vers les États-Unis risquent d’être "exilés" en Australie
Drôle d’échange


NDLR Chronique de guantánamo
Christmas Island –
Territoire de l'ile Christmas – est une colonie australienne dans l’Océan Indien, à ne pas confondre avec l’île homonyme, aussi appelée Kiritimati, un atoll de la république indépendante des Kiribati, trois archipels du Pacifique. La capitale de l’île australienne s’appelle joliment The Settlement (La colonie de peuplement).

lundi 17 septembre 2007

Sami Al Haj est sur le point de mourir à Guantánamo

Le syndrome du Darfour
par Robert Verkaik, The Independent, 13 septembre 2007
Traduit par Fausto Giudice,
Tlaxcala


Un journaliste d'Al Jazeera capturé en Afghanistan il y a six ans et envoyé à Guantánamo est sur le point de devenir le cinquième détenu à la base navale US à se suicider, selon un rapport médical rédigé par une équipe de psychiatres britanniques et usaméricains.
Sami Al Haj, un ressortissant soudanais, est dans son 250e jour de grève de la faim qu'il a entamé en protestation contre sa détention sans inculpation ni procès en Janvier 2002. Mais des médecins britanniques et usaméricains, qui ont pu avoir un accès exclusif à des procès-verbaux d’interrogatoire, disent qu'il y a de très forts indices qu'il a abandonné son combat pour la vie, subissant ce que les médecins qualifient de «suicide passif », un état éprouvé par des femmes victimes du Darfour.
Le Dr. Dan Creson, un psychiatre usaméricain qui a travaillé avec les Nations Unies au Darfour, dit que M. Al Haj souffre d'une dépression sévère et que la détérioration de son état rend sa mort imminente.Il dit que l'état du détenu était similaire à celui des femmes darfouries au Soudan dont l’état mental subit soudain un déclin irréversible après qu’elles ont enduré des mois de famine et d'abus. Il dit : « Entre viol, famine rampante et humiliations abjectes, elles faisaient ce qu'elles pouvaient pour survivre et sauver leurs enfants ; puis, soudain, quelque chose se passait dans leur psychisme, et, sans signes annonciateurs, elles allaient s’asseoir avec leurs petits enfants dans le premier coin d'ombre disponible pour attendre la mort sans émotion apparente ».
En juin de cette année, un Saoudien a été le quatrième prisonnier à se suicider à Guantánamo. Les gardiens l’ont retrouvé mort dans sa cellule. Deux prisonniers saoudiens et un prisonnier yéménite ont été retrouvés pendus dans ce qui apparaissait comme un suicide au mois de juin de l'année dernière à Guantánamo. Un responsable militaire US avait à l'époque provoqué l'indignation en décrivant le suicide des trois hommes comme un acte de guerre unilatéral et opération de relations publiques de la part des suspects de terrorisme.
M. Al Hajj, 38 ans, a été envoyé en mission par la chaine de télévision Al Jazeera pour couvrir la guerre en Afghanistan en octobre 2001. Le mois suivant, après la chute de Kaboul, M. Al Haj a quitté l'Afghanistan pour le Pakistan avec le reste de son équipe.
Début décembre, des visas ont été attribués à l'équipe pour retourner en Afghanistan. Mais quand M. Al Haj a essayé de rentrer en Afghanistan avec ses collègues, il a été arrêté par les autorités pakistanaises - apparemment à la demande de l'administration militaire US.Il a été emprisonné et remis aux autorités US en janvier 2002, emmené au camp militaire US à Bagram en Afghanistan, puis à Kandahar et finalement à Guantánamo en juin 2002.
Son avocat, Clive Stafford Smith de l'organisation humanitaire Reprieve , dit que son client a été brutalement nourri de force pendent des mois et a perdu presque le cinquième de son poids durant sa grève de faim.
M. Stafford Smith dit : « L'administration militaire US craint à juste titre qu'un cinquième prisonnier meure sous sa garde. Mais ils réagissent incorrectement en traitant les prisonniers encore plus mal. Les couvertures et les habits sont enlevés pour éviter qu'ils soient utilisés pour commettre un suicide. Les méthodes les plus brutales d'alimentation forcée sont employées - Sami a souffert, à plusieurs reprises, de l’introduction par erreur du tube d'alimentation forcée dans ses poumons».
L'alerte sur l'état de M. Al Haj coïncide avec la publication de transcriptions de documents de Guantánamo qui décrivent l'hostilité entre les gardiens et leurs prisonniers. Les transcriptions contiennent des détails sur des gardiens interrompant les prisonniers pendant la prière, des détenus lançant leurs excréments sur les gardiens, des interrogateurs suspendant la distribution de médicaments.
Le Dr. Hugh Rickards, un psychiatre britannique, a alerté dans son rapport que l’état de souffrance mentale de M. Al Haj « apparaît si aigu qu'il est de mon devoir de praticien de le signaler par écrit pour garantir une évaluation et un traitement appropriés ».
Le Dr. Mamoun Mobayed, un psychiatre britannique basé en Irlande du Nord, et troisième membre de l'équipe à qui on a donné l'accès à des procès-verbaux d’interrogatoires récents du prisonnier, dit qu'il y régnait aussi une inquiétude à propos de la santé mentale de la femme de M. Al Haj et de son fils âgé de sept ans, qui n’avait qu’un an quand son père a été envoyé en mission en Afghanistan.

Murat Kurnaz en français

La publication de la traduction française du livre de Murat Kurnaz, coécrit avec Helmut Kuhn (Fünf Jahre meines Lebens, Rowohlt Verlag, mars 2007) est l’occasion depuis quelques jours d’un intérêt renouvelé des médias francophones pour guantánamo. Il faut dire que ce livre, intitulé en français Dans l’enfer de Guantanamo (traduction de Brigitte Déchin, 300 pages, 19 €) et paru aux éditions Fayard est le meilleur et le plus intéressant paru à ce jour en français sur le goulag impérial. Murat y raconte notamment pour la première fois les luttes des prisonniers, qui ont trouvé les moyens d’organiser la résistance, principalement par des grèves de la faim. Il faut signaler que ces grèves de la faim continuent dans un silence quasi-total. Sami Al Hajj, le caméraman soudanais d’Al Jazira, a ainsi dépassé son 250ème jour de grève de la faim et risque de mourir à n’importe quel moment.

Dans l’enfer de Guantanamo
Une interview de Murat Kurnaz, réalisée par Daniel Mermet et diffusée le 13 septembre 2007 dans l’émission « Là-bas si j’y suis »
Murat Kurnaz avait 19 ans quand il a été arrêté à Peshawar par des policiers Pakistanais puis vendu pour quelques milliers de dollars aux autorités militaires
Américaines. Envoyé à Kandhar, en Afghanistan, il est ensuite transféré à la prison de Guantanamo, à Cuba. Il y restera cinq ans, sans qu’aucune charge ne pèse contre lui. Zone de non-droit, où les libertés fondamentales humaines sont systématiquement bafouées et où les tortures physiques et psychologiques sont monnaie courante, la prison de Guantanamo représente aujourd’hui l’exemple le plus flagrant de l’aberration de la lutte anti-terroriste menée par les Américains, étant elle-même une usine à fabriquer les terroristes qu’elle est supposée démasquer. L’histoire de Murat est celle d’un rescapé de cet enfer. Mais c’est aussi celle d’un homme dont le gouvernement a refusé le retour, et qui a croupi trois années de plus dans l’enfer de la geôle américane.
Pour écouter l’émission :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1232#telecharger

vendredi 7 septembre 2007

أم لسبعة مساجين في سجون العدو الصهيوني لطيفه ناجي عبده حميد - Latifah Naji Abo Homeed, mère de sept prisonniers, A Mother Of Seven Prisoners

Latifah Naji Abo Homeed, 61 ans, vit dans le camp de réfugiés d’ Al Amary à Ramallah en Palestine . De ses dix enfants, l’un a été tué en 1994 par les militaires israéliens et sept ont été emprisonnés par Israël. Elle aspire à les voir mais n’a que leurs photos pour se réconforter. Elle a demandé à être emprisonnée elle aussi afin de pouvoir vivre avec eux.Latifah se souvient comment son fils Nasr aimait jouer avec son premier né; sa femme a accouché de leur deuxième fils alors qu’il était en prison. Les plaisanteries de Basile, la gentillesse de Naseir, la disponibilité de Mohamed lui manquent. Son plus jeune fils Jihad, souffrait de l’absence de ses frères plus âgés et maintenant il est aussi emprisonné, attendant sa condamnation. Sharif est fiancé et rêve d’être libre pour épouser sa fiancée. Islam était célèbre pour ses beaux yeux; beaucoup de filles essayaient d’attirer son attention en étant gentilles avec Latifah.Latifah ne partcipe à aucune fête de mariage car elle craint de ne pouvoir contrôler ses larmes. Elle est désespérée à l’idée qu’elle mourra avant de pouvoir assister au mariage de son propre fils.
Bien que Latifah n’ait pas abandonné l’espoir que ses fils et d’autres prisonniers palestiniens seront libérés, elle ressent souvent que personne ne se souvient d’eux et ne se bat pour eux. Elle prie pour trouver la force et la patience de supporter la vie sous occupation et la séparation indéfinie d’avec ses fils. La maison qu’elle partage avec son mari a été démolie à deux reprises ces dix dernières années. Elle et son mari, qui a 67 ans, ont ouvert récemment une boutique de bonbons dans leur maison pour essayer de gagner un peu d’argent et de s’occuper.L’histoire de Latifah est celle de trop nombreuses femmes palestiniennes, qui n’espèrent qu’une chose : la liberté pour leurs fils, leurs maris et leur frères
Les fils emprisonnés de Latifah Naji :
Nom Âge Date d’emprisonnement Condamnation
Naseir 36 ans– célibataire 2002 7X perpétuité + 50 ans
Nasr 34 ans– marié, 2 enfants 2002 5 X perpétuité
Sharif 30 ans– fiancé 2002 4 X perpétuité
Basile 29 ans- célibataire 2004 4 ans+ 4 mois + $2500
Mohamed 26 ans- célibataire 2002 2 X perpétuité + 30 ans
Islam 22 ans- célibataire 2004 5 ans+ 6 mois + $2500
Jehad 19 ans- célibataire 12/2006 pas encore

Traduit de l’anglais par Fausto Giudice
Source : Hekmat Bessiso,
http://www.countercurrents.org/bessiso310807.htm, 31 août 2007

لطيفه ناجي عبده حميد، 61 سنة، تعيش في مخيم الأمعري للاجئين في ضواحي رام الله – فلسطين. هي أم لعشرة أبناء، قتل العدو الصهيوني أحدهم عام 1994، وسبعة من الباقين يقبعون في سجون هذا العدو. انها تتلهف لروئيتم، ولكن جل ما هو متاح لها هو صورهم لتخفف من لوعة الشوق. طالبت بأن تسجن هي أيضاً حتى تعيش معهم.
تتذكر لطيفة كيف أن ابنها ناصر كان يحب ملاعبة ابنه؛ وقد ولدت زوجته وهو قابع خلف قضبان السجن. إنها تتوق إلى سماع نكات ناصر، والشعور بحنوه ومساعدة محمد. أصغر أبنائها، جهاد، دائم الشوق إلى إخوانه الأكبر منه سناً، وهو الآن في جوارهم في السجن، بانتظار صدور الحكم عليه. أما شريف فقد عقد خطوبته ويحلم باليوم الذي يطلق فيه سراحه ليتمم فرحته بالزواج من عروسه. إسلام معروف بجمال عينيه مما حمل الكثيرات من الفتيات إلى جلب نظره بالتقرب من والدته لطيفة.
لطيفة لا تقبل الدعوات إلى الأعراس لأنها تخاف من عدم قدرتها من السيطرة على مشاعرها وحبس دموعها. وهي تخاف الموت قبل أن يتسنى لها حضور أعراس أبنائها.
ومع أن لطيفة لم تفقد الأمل بخروج أبنائها وبقية الشباب الفلسطيني إلى الحرية، فأنها دائمة الشعور بأن لا أحد يتذكرهم وليس من أحد يناضل في سبيل تحريرهم. إنها تصلي، كي تمتلك القوة والصبر كي تتحمل الحياة في ظل الاحتلال والفراق الدائم بينها وبين أبنائها.
أما البيت الذي تعيش فيه مع زوجها فقد جرفه ودمره العدو الصهيوني مرتين خلال السنوات العشرة الأخيرة. لطيفة وزوجها ابن السابعة والستين استغلا مؤخراً الفراغ في بيتهما نتيجة غياب أبنائهما في سجون العدو ليفتتحا دكان حلويات صغير كي يؤمنا لنفسيهما بعض الدخل وملئ الفراغ في وقتهما.
هذه هي قصة عدد لا يحصى من النساء الفلسطينيات اللواتي يعتصر قلوبهن الشوق والمنى مع كل نفس كي ينال أبائهن وأزواجهن وإخوانهن الحرية.

أبناء لطيفه السجناء:
الاسم – العمر – تاريخ صدور الحكم بالسجن:
ناصر 36 سنة – أعزب – 2002 – 50 سنة مع السجن مدى 7 مدى الحياة
نصر - 34 سنة – متأهل وله ولدان 2002 – 30 سنة مع السجن 5 مدى الحياة
شريف - 30 سنة - خاطب - 2002 – السجن 4 مدى الحياة
باسل – 29 سنة - أعزب - 2004- 4 سنوات و 4 شهور - مع غرامة 2500 دولار أمريكي
محمد – 26 سنة – أعزب – 2002 - 30 سنة + 2 مدى الحياة
جهاد - 19 سنة – أعزب – 12/2006 لم يزل حراً
حكمت بسيسو
ترجمة: أديب قعوار تلاكسكالا

Latifah Naji Abo Homeed, 61 years old, lives in Al Am’ary Refugee Camp in the city of Ramallah – Palestine . Of her 10 children, one killed during 1994 by Israeli military and seven have been imprisoned by Israel . She longs to see them but has only their photos for comfort. She has asked to be taken to prison herself so that she can live with them.Latifah remembers how her son Nasr loved to play with his first son; his wife delivered his second child while he was in prison. She misses Basil’s jokes, Naseir’s kindness, and Muhamed’s helpfulness. Her youngest, Jehad, was always missing his older brothers, and now he, too, is a prisoner, awaiting his own conviction. Sharif is engaged and dreams to be free and marry his bride. Islam was known for his beautiful eyes; many girls tried to win his attention by being nice to Latifah.Latifah does not attend any weddings because she is afraid she will not be able to control her tears. She despairs that she will die before she can witness her own sons’ weddings. Though Latifah has not given up hope that her sons and other Palestinian prisoners will be freed, she often feels that no one remembers them and no one is fighting for them. She prays, searching for the strength and patience to endure life under Occupation and the unending separation from her sons. The home Latifah shares with her husband has been demolished twice in the last ten years. She and her husband, 67 years old, have recently opened a small candy store in their home to try to earn money and fill their free time.This is the story of countless Palestinian women, who hope for the freedom of their sons, husbands, and brothers with every breath.
Latifah Naji’s imprisoned sons:
Name Age Year imprisoned Sentence
Naseir 36 years – single 2002 7 lifers + 50 years
Nasr 34 years – married with 2 children 2002 5 lifers
Sharif 30 years – engaged 2002 4 lifers
Basil 29 years - single 2004 4 years + 4 months + $2500
Muhamed 26 years - single 2002 2 lifers + 30 years
Islam 22 years - single 2004 5 years + 6 months + $2500
Jehad 19 years - single 12/2006 Not yet
Source : Hekmat Bessiso,
http://www.countercurrents.org/bessiso310807.htm, August 31, 2007

jeudi 6 septembre 2007

Ne renvoyez pas les détenus de Guantánamo dans leurs pays s’ils risquent d’y être torturés et maltraités

Par Human Rights Watch, Washington DC, 5 septembre 2007

Les « assurances diplomatiques » se révèlent une fois encore insuffisantes


Les autorités tunisiennes ont infligé des mauvais traitements à deux ex-détenus de Guantánamo renvoyés dans leur pays en juin alors que la Tunisie avait promis au gouvernement américain qu’elle les traiterait humainement, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.
Le gouvernement tunisien détient actuellement les deux hommes, Abdallah Ben Amor El Hajji et Lotfi Lagha ; ces derniers ont confié aux personnes qui leur rendent visite que leur situation est à ce point pénible qu’ils préféreraient se trouver à Guantánamo, a indiqué Human Rights Watch. « Fermer Guantánamo constitue pour les États-Unis une de leurs meilleures chances de rétablir leur autorité morale et de faire la preuve de leur bonne volonté au niveau international », a expliqué Jennifer Daskal, avocate spécialisée dans le contre-terrorisme à Human Rights Watch. « Washington ne devrait pas galvauder cette chance en rapatriant de force des détenus vers des pays présentant des antécédents connus de recours à la torture et aux mauvais traitements. »

Le rapport de 41 pages, intitulé « Ill-fated Homecomings: A Tunisian Case Study of Guantánamo Repatriations » (« Des retours aux tristes conséquences : Une étude de cas sur des rapatriements de Tunisiens détenus à Guantánamo »), décrit l’expérience des deux Tunisiens renvoyés dans leur pays il y a 11 semaines, et exhorte le gouvernement américain à mettre en place une procédure qui informera à l’avance les détenus de leur transfert et leur permettra de s’y opposer devant un tribunal fédéral s’ils craignent d’être torturés ou maltraités à leur retour dans leur pays d’origine. Dix détenus tunisiens se trouvent encore à Guantánamo, dont huit au moins ont été condamnés par défaut en Tunisie pour des délits.

Le 18 juin, les autorités américaines ont transféré par avion, de Guantánamo à Tunis, al-Hajji, 51 ans et père de huit enfants, et Lagha, 38 ans et originaire d’un village reculé du sud de la Tunisie, et les ont remis aux forces de sécurité tunisiennes. Les États-Unis avaient retenu les deux hommes à Guantánamo pendant environ cinq ans, sans jamais les inculper d’aucun crime.
Au cours de la dernière semaine de juillet, deux chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus en Tunisie afin d’enquêter sur le sort de ces deux hommes. Bien que les autorités aient rejeté la demande introduite par Human Rights Watch de rencontrer les détenus, les chercheurs se sont entretenus avec leur avocat et des proches qui leur ont rendu visite. Al-Hajji a déclaré à son avocat qu’à son arrivée en Tunisie, il avait passé les deux premiers jours au Ministère de l’Intérieur, où des responsables de la sécurité tunisienne l’avaient frappé, menacé de violer son épouse et ses filles, secoué pour le réveiller chaque fois qu’il s’assoupissait, et contraint de signer un document qu’il n’arrivait pas à lire car il avait besoin de nouvelles lunettes. Après la signature de la déclaration, les autorités tunisiennes ont déféré al-Hajji devant le tribunal militaire qui l’avait condamné par défaut en 1995 pour participation à une organisation terroriste étrangère en territoire étranger. Il a passé les six semaines suivantes en isolement cellulaire, dans une pièce qu’il appelait sa « tombe ». Début août, il a été transféré dans une cellule avec des prisonniers de droit commun, où il attend maintenant la révision de son procès prévue le 26 septembre. Al-Hajji a indiqué à son avocat qu’à Guantánamo, les Américains ne lui avaient jamais parlé de sa condamnation par défaut et que s’il avait été au courant, il se serait opposé à son renvoi dans son pays.
Lagha, qui n’a jamais été représenté par un avocat à Guantánamo, n’a vu aucun avocat en Tunisie avant le 9 août, soit plus de sept semaines après son retour dans ce pays. A l’instar d’al-Hajji, les autorités tunisiennes l’ont d’abord emmené au Ministère de l’Intérieur. Lagha a déclaré plus tard à son avocat que la police avait menacé de le torturer mais qu’elle ne lui avait pas infligé de sévices corporels. Un juge a ensuite interrogé Lagha sans qu’un avocat soit présent, et a recommandé son inculpation. Lagha a été envoyé en détention préventive, où il a été placé en isolement cellulaire pendant plus de six semaines. Le 7 août, les autorités l’ont transféré dans une cellule avec des prisonniers de droit commun.
« Dans ses rapports sur les droits humains, le Département d’État américain souligne on ne peut plus clairement la persistance de la torture et des procès inéquitables en Tunisie », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice à la Division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch. « Le gouvernement américain pense-t-il réellement que les ‘assurances diplomatiques’ vont faire le poids face à ces pratiques bien enracinées ? » Les États-Unis font valoir qu’ils peuvent négocier l’élimination du risque de torture en obtenant de la part du pays de renvoi ce qui est connu sous l’appellation d’ « assurances diplomatiques », ou promesses de traitement humain.
Robert F. Godec, l’ambassadeur américain en Tunisie, a déclaré à Human Rights Watch que les assurances émanant de la Tunisie étaient « précises et dignes de foi, et que nous garantissons un suivi de ces assurances ». Mais l’Ambassadeur Godec n’a pas voulu ou pu dire ce que la Tunisie avait promis en particulier dans le cas d’al-Hajji et de Lagha, si elle avait honoré ses promesses, ou ce que les États-Unis faisaient pour assurer ledit suivi. « L’expérience des Tunisiens renvoyés chez eux est une nouvelle démonstration que les États-Unis ne peuvent se fier aux ‘assurances diplomatiques’ pour faire abstraction d’une crainte légitime de torture ou de mauvais traitements », a expliqué Daskal.

Contexte
Les États-Unis disent aujourd’hui que 150 des 355 détenus de Guantánamo remplissent les conditions pour être libérés ou transférés. Human Rights Watch recommande vivement au gouvernement américain de notifier à l’avance aux détenus de Guantánamo tout prochain transfert et de leur fournir une occasion de s’opposer à ce transfert, et notamment de contester la fiabilité de toute « assurance diplomatique », devant un tribunal fédéral. Cette notification devrait inclure les informations utiles et nécessaires pour opérer un choix en toute connaissance de cause, notamment les procès-verbaux de toute condamnation antérieure par défaut. Même si Human Rights Watch pense que la vaste majorité des détenus ne souhaiteront pas contester leur transfert vers leur pays, une telle procédure instaurera une protection nécessaire pour ceux qui, autrement, risqueraient d’être soumis à la torture et autres mauvais traitements en cas de renvoi dans leur pays.
Sur les 355 personnes encore détenues par les États-Unis à Guantánamo, une cinquantaine sont originaires de pays tels que l’Algérie, la Chine, la Libye, la Tunisie et l’Ouzbékistan – pays qui présentent tous des antécédents connus de recours à la torture – et elles ont confié à leurs avocats qu’elles craignaient à ce point d’être torturées ou maltraitées qu’elles ne voulaient pas rentrer dans leurs pays. Neuf autres qui ne sont pas représentées ou n’ont jamais rencontré leur avocat proviennent également de pays « à risque » et peuvent aussi raisonnablement nourrir des inquiétudes au sujet de leur rapatriement, tout comme d’autres détenus confrontés à des circonstances personnelles. La Convention contre la torture, dont les Etats-Unis sont un État partie, interdit d’extrader une personne vers un autre État où « il y a des motifs sérieux de croire qu'elle risque d'être soumise à la torture ».
Dans certains cas, l’administration américaine a reconnu la légitimité des préoccupations émises par les détenus, par exemple les Ouighours chinois, et elle cherche activement à les extrader vers des pays tiers. Mais il faut reconnaître que trouver un pays désireux d’accueillir ces détenus n’est pas facile ; trouver un pays ad hoc l’est encore moins. Il en ressort que le gouvernement américain semble se tourner de plus en plus vers le recours aux « assurances diplomatiques » du pays d’origine des détenus afin d’atténuer le risque d’exactions. Les recherches effectuées par Human Rights Watch sur lesdites assurances mettent clairement en évidence le fait que celles-ci ne constituent pas une protection efficace contre la torture et les mauvais traitements.
Selon un rapport publié en mars 2007 par Human Rights Watch et intitulé
The Stamp of Guantánamo, des ex-détenus de Guantánamo renvoyés en 2004 dans leur pays d’origine, la Russie, ont subi des actes de torture et autres mauvais traitements alors que Moscou avait promis à Washington qu’ils seraient traités humainement. En dehors de la Tunisie, les États-Unis négocieraient également des assurances de ce type avec l’Algérie, qui compte encore 26 de ses ressortissants parmi les détenus de Guantánamo, et la Libye, qui en compte neuf. Ces deux pays ont des antécédents connus de recours à la torture. Pour en savoir davantage sur le travail de Human Rights Watch au sujet des « assurances diplomatiques », veuillez consulter : http://www.hrw.org/doc/?t=da
Source :
http://hrw.org/french/docs/2007/09/05/tunisi16795.htm

Rapatriement de seize Saoudiens de Guantánamo

Seize prisonniers saoudiens libérés de la base américaine de Guantánamo sont arrivés jeudi à Ryad après avoir été remis aux autorités saoudiennes, a indiqué le ministère saoudien de l'Intérieur. Leur transfert porte à 93 le nombre de détenus de Guantánamo remis à l'Arabie Saoudite. 37 restent incarcérés sur la base américaine à Cuba.
Le ministre de l'Intérieur saoudien, le prince Nayef ben Abdel Aziz, a indiqué, dans un communiqué publié par l'agence officielle SPA, que les autorités déployaient tous les efforts possibles pour assurer le retour des prisonniers restants et remercié les Etats-Unis pour leur coopération.
Seize Saoudiens avaient été libérés de Guantánamo en juillet et rapatriés.
Trois détenus saoudiens sont morts durant leur détention à Guantánamo, dont l'un en mai 2007 et les deux autres en juin 2006. La thèse du suicide évoquée aux Etats-Unis pour expliquer leurs décès avait été contestée par des défenseurs des droits de l'Homme en Arabie Saoudite.
Source : AFP, 6 septembre 2007