mardi 30 octobre 2012

Sandy, la Cour Suprême et les grandes oreilles

A Washington, la Cour suprême siège malgré l'ouragan Sandy
WASHINGTON - La Cour suprême des Etats-Unis était lundi l'une des rares institutions de Washington à fonctionner normalement malgré l'arrivée prochaine dans la région de l'ouragan Sandy, mais a finalement décidé de reporter ses débats prévus mardi.

La plupart des services publics étaient fermés lundi à Washington, où les transports publics ont également été suspendus, en raison des intempéries dues à l'approche de Sandy, un ouragan qui pourrait être plus dévastateur encore qu'Irene, qui avait frappé la région et fait 47 morts en 2011.

La Cour suprême a décidé de siéger malgré tout mais a annoncé dans la matinée qu'elle repoussait ses audiences programmées mardi, en raison des intempéries. L'édifice devait fermer ses portes à 14H00 (18H00 GMT).

Une audience préliminaire consacrée au soldat Bradley Manning, accusé d'avoir transmis des dizaines de milliers de documents secrets au site WikiLeaks, a également été reportée au 7 novembre sur la base militaire de Fort Meade (Maryland, est).

Lundi, la plus haute instance juridique américaine a examiné un litige portant sur un programme d'écoutes des communications avec l'étranger mis en place après les attentats du 11-Septembre.

Amnesty International ainsi que des journalistes, des avocats et d'autres organisations de défense des droits de l'homme comme l'Union américaine de défense des libertés (ACLU) ont porté devant les tribunaux la loi fédérale sur la surveillance des renseignements à l'étranger (FISA).

Cette loi votée en 1978 a été amendée en 2008 pour permettre à l'Agence de renseignement nationale (NSA) d'étendre ses écoutes téléphoniques et électroniques avec l'étranger, susceptibles de l'aider à contrer d'éventuels complots terroristes après ceux de 2001.

Les plaignants estiment que ces dispositions violent la Constitution et leur imposent de prendre des mesures coûteuses pour assurer la confidentialité de leurs communications avec l'étranger.

Mais le litige devant la haute Cour porte non pas sur la constitutionnalité de ces écoutes mais uniquement sur la légitimité des plaignants à saisir la justice. Le gouvernement fédéral estime que ceux-ci n'ont pas montré avoir personnellement souffert de conséquences de ces écoutes.

Une cour d'appel avait donné raison aux organisations de défense des droits de l'homme estimant que leurs craintes d'être surveillées n'étaient ni paranoïaques ni déraisonnables et que les coûts engendrés par cette loi leur donnaient la légitimité de saisir la justice.

Certains juges de la Cour suprême ont semblé enclins à reconnaître ce droit.

La juge Elena Kagan a ainsi comparé l'affaire à la situation d'agriculteurs qui prendraient des précautions sur la base de risques significatifs de voir leur récolte contaminée.

Le juge Stephen Breyer a quant à lui évoqué l'exemple (bien réel) d'un avocat d'un détenu de Guantanamo prenant des mesures préventives, au même titre que pour un ouragan, pour éviter que ses coups de fil et emails confidentiels ne soient interceptés.

C'est ce qu'affirme devoir faire David Nevin, l'un des plaignants et défenseur du cerveau autoproclamé des attentats du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed, incarcéré à Guantanamo.

Pour l'ACLU, Jameel Jaffer a admis que leurs communications n'étaient pas ciblées mais seulement susceptibles d'être surveillées. Il est vrai que nous ne savons pas si nos clients ont été spécifiquement surveillés, nous ne le saurons jamais, a-t-il ajouté.

La Cour rendra sa décision courant 2013.


Source :
AFP / 29 octobre 2012 18h05

dimanche 28 octobre 2012

Les Russes dénoncent la présence d’une prison secrète US au Maroc


Cette fois-ci, ce sont les Russes qui l’affirment. Dans un rapport circonstancié établi par le ministère russe des affaires étrangères et traitant des droits de l’homme dans le pays, zaâma le plus démocratique de la planète, les Etats-Unis, les ex-tovarich (camarades) révèlent que la CIA, l’agence américaine de renseignements, possède une prison secrète au Maroc.

Dans ce document virulent qui accable les Etats-Unis et qui a été présenté au parlement russe (la Douma), il est signalé que cette prison se trouve à 25 kilomètres de Rabat, qu’elle a été « bâtie à l’intérieur d’une colline boisée, non loin du village d’Aïn Aouda« .

Selon des sources qui ont lu ce rapport, il s’agirait « d’un long bâtiment de trois étages ceint d’une quinzaine de maisons cubiques ». C’est là où sont cuisinés les marocains suspectés de terrorisme, ainsi que les hôtes étrangers livrés par la CIA à la DST.
Car, cette prison secrète n’est autre que le siège central de la DST, la police politique marocaine, qui avait ses quartiers à Témara, et qui a été depuis vidée après que des photos par satellite ne révèlent l’emplacement géographique de cet endroit de sinistre mémoire où ont été torturés des centaines, voire des milliers de Marocains et d’étrangers, dont le plus connu est le champion du monde boxe thaïe Zakaria Moumni.
Zakaria Moumni n’est ni un « islamiste » ni un « indépendantiste sahraoui », c’est juste un sportif de haut niveau qui avait exigé à l’entourage de Mohamed VI, le secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir Majidi pour ne pas le citer, le droit, comme le stipule la loi, de bénéficier d’un poste de conseiller au ministère de la jeunesse et des sports. Pour avoir trop exigé, on l’a envoyé au goulag de la DST à Témara.
Mais, selon le ministère russe des affaires étrangères, il n’y a pas que Aïn Aouda qui sert de prison secrète aux Américains. La très imposante base militaire de Beni Guerir, qu’on peut facilement voir à gauche, 70 kilomètres avant d’arriver à Marrakech venant de Casablanca, sert aussi de lieu de torture pour nos hôtes étrangers. La plupart de ces invités gardent une rancune tenace envers le Maroc, un pays qu’ils ne connaissaient même pas avant d’être torturés par des agents marocains pour le compte de l’Oncle Sam.
On comprend mieux maintenant pourquoi à chaque fois qu’elle vient au Maroc, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton trouve que nous sommes un pays formidable.
Mais formidable pour qui, dear Ms ?

Guantanamo, la grande absente du débat usaméricain

Par CHARLIE DUPIOT, Libération, 26/10/2012

Décryptage- De nouveaux documents révélés par Wikileaks pointent le traitement des détenus dans la prison de Guantanamo. Ni Obama ni Romney n’a évoqué le sort du camp controversé, toujours ouvert malgré les promesses.

Derrière les barreaux de Guantanamo, vivent aujourd'hui 166 détenus. Quand Obama est arrivé au pouvoir, le centre de détention en comptait 242.
Derrière les barreaux de Guantanamo, vivent aujourd'hui 166 détenus. Quand Obama est arrivé au pouvoir, le centre de détention en comptait 242. (Photo Reuters.)
Guantanamo semble résister à toutes les tempêtes. Après que l’ouragan Isaac, menaçant de s’abattre sur Cuba en août, a fait reporter les audiences des cinq accusés du 11-Septembre, c’est Sandy, un second ouragan, qui a fait annuler jeudi 25 octobre l’audience du détenu accusé d’un attentat contre un navire américain. Guantanamo n’en était pourtant pas à sa première tempête, lui qui devait être fermé en 2009 par Barack Obama et a longtemps été pointé comme un symbole des dérives de la guerre contre le terrorisme. Trois ans et demi après cette promesse, le camp est toujours là, comptant 166 détenus, dont plus aucun d’origine occidentale.
Et les pratiques sur ses prisonniers sont toujours contestées : dernièrement, le Saoudien Abd-al-Rahim Nachiri, auteur présumé de l’attentat contre le navire américain USS Cole en 2000 au Yémen, qui avait fait 17 morts, a dénoncé devant le juge ce mercredi - avant que son audience de jeudi soit ajournée - les «chaînes», les «agressions» et les «attaques» qu’il doit selon lui subir dans la prison de Guantanamo. A une semaine de l’élection présidentielle, les documents secrets révélés par Wikileaks (à lire ici) – dont le fondateur Julian Assange est toujours réfugié à l’ambassade de l’Equateur à Londres – peuvent-ils peser sur la campagne ? Obama et Romney n’ont en tout cas abordé le sujet Guantanamo à aucun moment de leur débat sur la politique étrangère. Retour sur un dossier qui a été exclu de cette campagne présidentielle.

Obama n'a pas réussi à tenir ses engagements

C’était l’une de ses promesses de campagne: deux jours après son arrivée au pouvoir, le 22 janvier 2009, Barack Obama signe un décret prévoyant la fermeture de Guantanamo. Guantanamo compte alors 242 détenus selon Human Rights Watch. Mais très vite, il doit se heurter à l’opposition du Congrès, qui craint qu’un transfert de détenus du camp de Guantanamo ne menace la sécurité sur le sol américain. Obama a beau défendre devant les parlementaires, à majorité démocrates, le fait que personne ne se soit jamais échappé des prisons fédérales de haute sécurité, rien n’y fait: en mai 2009, 90 sénateurs contre 6 refusent de voter le financement du plan de fermeture de Guantanamo.
Il est de toute façon impossible à l’administration Obama de fermer si rapidement le camp, pour une raison simple, relève André Kaspi, directeur du Centre de recherches d’histoire nord-américaine (CRHNA): «Il faut savoir ce qu’on fait des détenus : certains ont été accueillis pour purger leur peine dans des pays alliés, comme la France (ce qui a permis de réduire le nombre de détenus dans le centre), mais d’autres n’ont pas pu trouver de pays d’accueil. Parmi les pays récalcitrants, il y a les Etats-Unis qui ne tiennent pas à recevoir des détenus de Guantanamo, vus comme des dangers pour leur sécurité.» 
Pour la politologue franco-américaine Nicole Bacharan, si Obama n’a pas fermé Guantanamo, c’est «parce qu’il n’a pas réussi, car c’est une espèce de monstruosité ingérable, une situation inextricable créée par Bush». Et puis, raconte la spécialiste, auteur avec Dominique Simonnet d’un «Guide des élections anti-américaines», il y a aussi «ces détenus dont on sait pertinemment, grâce à des preuves, qu’ils sont coupables, mais dont les aveux ont été obtenus avec torture.» Si ceux-là se retrouvent devant un tribunal américain et que la torture menée au cours de leurs interrogatoires est attestée, le juge devra prononcer un non-lieu. Ce qui voudrait donc dire pas de procès.
C'est l'une des raisons pour lesquelles, sur Guantanamo, le président a dû renoncer à son autre engagement : celui de faire juger les détenus par des tribunaux ordinaires, et non plus par des commissions militaires. Le 31 décembre 2011, il se voit contraint de promulguer une loi sur le budget de la Défense, votée par le Congrès, qui interdit le transfert de détenus depuis la base cubaine vers les Etats-Unis, autorise les détentions illimitées, sans procès, et impose à nouveau le recours aux tribunaux militaires pour juger les suspects de terrorisme. Les mêmes tribunaux que Barack Obama dénonçait du temps de Bush.
Sous l’ère Obama, néanmoins, les conditions de vie des détenus se sont améliorées: de nouveaux bâtiments en dur ont été construits, permettant aux prisonniers de vivre en communauté (et non plus, comme on se souvient, dans des cages grillagées), certains sont autorisés à communiquer par Skype avec leurs familles, et Human Rights Watch relevait en 2011 qu’il y avait certainement «moins de mauvais traitements», depuis que Barack Obama y a interdit la torture. Pendant cette nouvelle campagne, le démocrate a promis de soumettre à nouveau le projet de fermeture au vote du Congrès s’il est réélu. En attendant, comme son administration l'a reconnu en 2011, il reste à Guantanamo une cinquantaine de prisonniers qui ne peuvent pas être jugés, faute de preuves et de charges suffisantes, ni libérés, car considérés comme trop dangereux.

Ni Obama ni Romney «n'ont intérêt à en parler»

En publiant une centaine de documents du ministère américain de la Défense, regroupés sous le titre «Politiques sur les détenus» et qui révèlent «les règles et procédures concernant les détenus dans les prisons militaires américaines», dont celle de Guantanamo, Wikileaks entend rouvrir le débat sur ce qui est devenu, «le symbole d’un système occidental de violation des droits de l’Homme», selon les mots de son fondateur Julian Assange. Wikileaks avait déjà créé le scandale en publiant en 2011 des documents attestant que des innocents avaient été détenus à Guantanamo.
Les documents publiés ce jeudi sont «nécessaires», estime Suzanne Nossel, directrice d’Amnesty International USA, qui tire l’alarme: «En dépit de certaines réformes et des discours de l’administration Obama, les droits de l’Homme continuent d'être violés au nom de la sécurité nationale - y compris les détentions sans inculpation, les audiences devant d’injustes tribunaux militaires d’exception et l’impunité face à la torture.» Auprès de Libération, la responsable pointe la responsabilité de la Maison Blanche, «qui n'a pas donné à cette question la priorité qu'elle nécessitait».
Si Barack Obama s’est engagé à faire voter un nouveau projet de fermeture au Congrès s’il était élu, la question Guantanamo semble bien absente des discours des deux candidats. Pour André Kaspi, historien des Etats-Unis, le sujet était nettement plus présent en 2008, «car il s’agissait de dénoncer les excès ou les prétendus excès de Bush, dont Guantanamo, les Américains étant traditionnellement très soucieux des questions ayant trait à la liberté». Selon l’historien, «si on en parle moins aujourd’hui, c’est aussi parce que d’autres sujets sont au premier plan».
Pour Nicole Bacharan, politologue, «ce n’est dans l’intérêt de ni l’un ni l’autre d'en parler»: pendant la campagne  des primaires pour les élections de 2008, Mitt Romney, déjà candidat, avait affirmé qu’il «doublerait Guantanamo», sans expliciter ce que cela signifiait: «Bref, ce n’est pas un terrain sur lequel Romney peut aller», conclut l’experte. D'autant qu'il ne veut pas «donner l'impression d'être un héritier de George Bush», relève Amy Greene, auteur de «L'Amérique après Obama».
De toute façon, les rares enquêtes d’opinion sur le sujet montrent que les citoyens américains sont moins sensibles sur le sujet: «On ne voit plus d’images scandaleuses de ces prisonniers en orange, menottés dans des cages», explique Nicole Bacharan, ajoutant: «pour les Américains, ça a beau être une tache sur la démocratie américaine, ce n’est plus le premier sujet.» D'autant qu'aux Etats-Unis, note Amy Greene, «on est de plus en plus conditionnés à considérer ces détenus comme le pire du pire.»
Le procès des cinq cerveaux des attentats du 11-Septembre, passibles de la peine de mort, vient de commencer, devant un tribunal militaire de Guantanamo. Et étant donné les perturbations qu’ont connues les premières audiences, il pourrait durer plusieurs mois, voire plusieurs années. De quoi éloigner un peu plus la perspective d’une fin de ce centre, devenu symbole des années Bush.

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vendredi 26 octobre 2012

WikiLeaks Reveals Secret Files on All Guantánamo Prisoners/Wikileaks révèle les dossiers secrets de tous les prisonniers de Guantánamo


[fr] Wikileaks révèle les dossiers secrets de tous les prisonniers de Guantánamo 


In its latest release of classified US documents, WikiLeaks is shining the light of truth on a notorious icon of the Bush administration’s "War on Terror" — the prison at Guantánamo Bay, Cuba, which opened on January 11, 2002, and remains open under President Obama, despite his promise to close the much-criticized facility within a year of taking office.
In thousands of pages of documents dating from 2002 to 2008 and never seen before by members of the public or the media, the cases of the majority of the prisoners held at Guantánamo — 765 out of 779 in total — are described in detail in memoranda from JTF-GTMO, the Joint Task Force at Guantánamo Bay, to US Southern Command in Miami, Florida.
These memoranda, known as Detainee Assessment Briefs (DABs), contain JTF-GTMO’s recommendations about whether the prisoners in question should continue to be held, or should be released (transferred to their home governments, or to other governments). They consist of a wealth of important and previously undisclosed information, including health assessments, for example, and, in the cases of the majority of the 172 prisoners who are still held, photos (mostly for the first time ever).
They also include information on the first 201 prisoners released from the prison, between 2002 and 2004, which, unlike information on the rest of the prisoners (summaries of evidence and tribunal transcripts, released as the result of a lawsuit filed by media groups in 2006), has never been made public before. Most of these documents reveal accounts of incompetence familiar to those who have studied Guantánamo closely, with innocent men detained by mistake (or because the US was offering substantial bounties to its allies for al-Qaeda or Taliban suspects), and numerous insignificant Taliban conscripts from Afghanistan and Pakistan.
Beyond these previously unknown cases, the documents also reveal stories of the 399 other prisoners released from September 2004 to the present day, and of the seven men who have died at the prison.
The memos are signed by the commander of Guantánamo at the time, and describe whether the prisoners in question are regarded as low, medium or high risk. Although they were obviously not conclusive in and of themselves, as final decisions about the disposition of prisoners were taken at a higher level, they represent not only the opinions of JTF-GTMO, but also the Criminal Investigation Task Force, created by the Department of Defense to conduct interrogations in the "War on Terror," and the BSCTs, the behavioral science teams consisting of psychologists who had a major say in the "exploitation" of prisoners in interrogation.
Crucially, the files also contain detailed explanations of the supposed intelligence used to justify the prisoners’ detention. For many readers, these will be the most fascinating sections of the documents, as they seem to offer an extraordinary insight into the workings of US intelligence, but although many of the documents appear to promise proof of prisoners’ association with al-Qaeda or other terrorist organizations, extreme caution is required.
The documents draw on the testimony of witnesses — in most cases, the prisoners’ fellow prisoners — whose words are unreliable, either because they were subjected to torture or other forms of coercion (sometimes not in Guantánamo, but in secret prisons run by the CIA), or because they provided false statements to secure better treatment in Guantánamo.
Regular appearances throughout these documents by witnesses whose words should be regarded as untrustworthy include the following "high-value detainees" or "ghost prisoners". Please note that "ISN" and the numbers in brackets following the prisoners’ names refer to the short "Internment Serial Numbers" by which the prisoners are or were identified in US custody:
Abu Zubaydah (ISN 10016), the supposed "high-value detainee" seized in Pakistan in March 2002, who spent four and a half years in secret CIA prisons, including facilities in Thailand and Poland. Subjected to waterboarding, a form of controlled drowning, on 83 occasions in CIA custody August 2002, Abu Zubaydah was moved to Guantánamo with 13 other "high-value detainees" in September 2006.
Ibn al-Shaykh al-Libi (ISN 212), the emir of a military training camp for which Abu Zubaydah was the gatekeeper, who, despite having his camp closed by the Taliban in 2000, because he refused to allow it to be taken over by al-Qaeda, is described in these documents as Osama bin Laden’s military commander in Tora Bora. Soon after his capture in December 2001, al-Libi was rendered by the CIA to Egypt, where, under torture, he falsely confessed that al-Qaeda operatives had been meeting with Saddam Hussein to discuss obtaining chemical and biological weapons. Al-Libi recanted this particular lie, but it was nevertheless used by the Bush administration to justify the invasion of Iraq in March 2003. Al-Libi was never sent to Guantánamo, although at some point, probably in 2006, the CIA sent him back to Libya, where he was imprisoned, and where he died, allegedly by committing suicide, in May 2009.
Sharqawi Abdu Ali al-Hajj (ISN 1457), a Yemeni, also known as Riyadh the Facilitator, who was seized in a house raid in Pakistan in February 2002, and is described as "an al-Qaeda facilitator." After his capture, he was transferred to a torture prison in Jordan run on behalf of the CIA, where he was held for nearly two years, and was then held for six months in US facilities in Afghanistan. He was flown to Guantánamo in September 2004.
Sanad Yislam al-Kazimi (ISN 1453), a Yemeni, who was seized in the UAE in January 2003, and then held in three secret prisons, including the "Dark Prison" near Kabul and a secret facility within the US prison at Bagram airbase. In February 2010, in the District Court in Washington D.C., Judge Henry H. Kennedy Jr. granted the habeas corpus petition of a Yemeni prisoner, Uthman Abdul Rahim Mohammed Uthman, largely because he refused to accept testimony produced by either Sharqawi al-Hajj or Sanad al-Kazimi. As he stated, "The Court will not rely on the statements of Hajj or Kazimi because there is unrebutted evidence in the record that, at the time of the interrogations at which they made the statements, both men had recently been tortured."
Others include Ahmed Khalfan Ghailani (ISN 10012) and Walid bin Attash (ISN 10014), two more of the "high-value detainees" transferred into Guantánamo in September 2006, after being held in secret CIA prisons.

Other unreliable witnesses, held at Guantánamo throughout their detention, include:

Yasim Basardah (ISN 252), a Yemeni known as a notorious liar. As the Washington Postreported in February 2009, he was given preferential treatment in Guantánamo after becoming what some officials regarded as a significant informant, although there were many reasons to be doubtful. As the Post noted, "military officials ... expressed reservations about the credibility of their star witness since 2004," and in 2006, in an article for the National Journal, Corine Hegland described how, after a Combatant Status Review Tribunal at which a prisoner had taken exception to information provided by Basardah, placing him at a training camp before he had even arrived in Afghanistan, his personal representative (a military official assigned instead of a lawyer) investigated Basardah’s file, and found that he had made similar claims against 60 other prisoners in total. In January 2009, in the District Court in Washington D.C., Judge Richard Leon (an appointee of George W. Bush) excluded Basardah’s statements while granting the habeas corpus petition of Mohammed El-Gharani, a Chadian national who was just 14 years old when he was seized in a raid on a mosque in Pakistan. Judge Leon noted that the government had "specifically cautioned against relying on his statements without independent corroboration," and in other habeas cases that followed, other judges relied on this precedent, discrediting the "star witness" still further.
Mohammed al-Qahtani (ISN 063), a Saudi regarded as the planned 20th hijacker for the 9/11 attacks, was subjected to a specific torture program at Guantánamo, approved by defense secretary Donald Rumsfeld. This consisted of 20-hour interrogations every day, over a period of several months, and various other "enhanced interrogation techniques," which severely endangered his health. Variations of these techniques then migrated to other prisoners in Guantánamo (and to Abu Ghraib), and in January 2009, just before George W. Bush left office, Susan Crawford, a retired judge and a close friend of Dick Cheney and David Addington, who was appointed to oversee the military commissions at Guantánamo as the convening authority, told Bob Woodward that she had refused to press charges against al-Qahtani, because, as she said, "We tortured Qahtani. His treatment met the legal definition of torture." As a result, his numerous statements about other prisoners must be regarded as worthless.
Abd al-Hakim Bukhari (ISN 493), a Saudi imprisoned by al-Qaeda as a spy, who was liberated by US forces from a Taliban jail before being sent, inexplicably, to Guantánamo (along with four other men liberated from the jail) is regarded in the files as a member of al-Qaeda, and a trustworthy witness.
Abd al-Rahim Janko (ISN 489), a Syrian Kurd, tortured by al-Qaeda as a spy and then imprisoned by the Taliban along with Abd al-Hakim Bukhari, above, is also used as a witness, even though he was mentally unstable. As his assessment in June 2008 stated, "Detainee is on a list of high-risk detainees from a health perspective ... He has several chronic medical problems. He has a psychiatric history of substance abuse, depression, borderline personality disorder, and prior suicide attempt for which he is followed by behavioral health for treatment."
These are just some of the most obvious cases, but alert readers will notice that they are cited repeatedly in what purports to be the government’s evidence, and it should, as a result, be difficult not to conclude that the entire edifice constructed by the government is fundamentally unsound, and that what the Guantánamo Files reveal, primarily, is that only a few dozen prisoners are genuinely accused of involvement in terrorism.
The rest, these documents reveal on close inspection, were either innocent men and boys, seized by mistake, or Taliban foot soldiers, unconnected to terrorism. Moreover, many of these prisoners were actually sold to US forces, who were offering bounty payments for al-Qaeda and Taliban suspects, by their Afghan and Pakistani allies — a policy that led ex-President Musharraf to state, in his 2006 memoir, In the Line of Fire, that, in return for handing over 369 terror suspects to the US, the Pakistani government “earned bounty payments totalling millions of dollars.”
Uncomfortable facts like these are not revealed in the deliberations of the Joint Task Force, but they are crucial to understanding why what can appear to be a collection of documents confirming the government’s scaremongering rhetoric about Guantánamo — the same rhetoric that has paralyzed President Obama, and revived the politics of fear in Congress — is actually the opposite: the anatomy of a colossal crime perpetrated by the US government on 779 prisoners who, for the most part, are not and never have been the terrorists the government would like us to believe they are.
(Andy Worthington)

How to Read WikiLeaks’ Guantánamo Files

The nearly 800 documents in WikiLeaks’ latest release of classified US documents are memoranda from Joint Task Force Guantánamo (JTF-GTMO), the combined force in charge of the US "War on Terror" prison at Guantánamo Bay, Cuba, to US Southern Command, in Miami, Florida, regarding the disposition of the prisoners.
Written between 2002 and 2008, the memoranda were all marked as "secret," and their subject was whether to continue holding a prisoner, or whether to recommend his release (described as his "transfer" — to the custody of his own government, or that of some other government). They were obviously not conclusive in and of themselves, as final decisions about the disposition of prisoners were taken at a higher level, but they are very significant, as they represent not only the opinions of JTF-GTMO, but also the Criminal Investigation Task Force, created by the Department of Defense to conduct interrogations in the "War on Terror," and the BSCTs, the behavioral science teams consisting of psychologists who had a major say in the "exploitation" of prisoners in interrogation.
Under the heading, "JTF-GTMO Detainee Assessment," the memos generally contain nine sections, describing the prisoners as follows, although the earlier examples, especially those dealing with prisoners released — or recommended for release — between 2002 and 2004, may have less detailed analyses than the following:

1. Personal information

Each prisoner is identified by name, by aliases, which the US claims to have identified, by place and date of birth, by citizenship, and by Internment Serial Number (ISN). These long lists of numbers and letters — e.g. US9YM-000027DP — are used to identify the prisoners in Guantánamo, helping to dehumanize them, as intended, by doing away with their names. The most significant section is the number towards the end, which is generally shortened, so that the example above would be known as ISN 027. In the files, the prisoners are identified by nationality, with 47 countries in total listed alphabetically, from "az" for Afghanistan to "ym" for Yemen.

2. Health

This section describes whether or not the prisoner in question has mental health issues and/or physical health issues. Many are judged to be in good health, but there are some shocking examples of prisoners with severe mental and/or physical problems.

3. JTF-GTMO Assessment

a. Under "Recommendation," the Task Force explains whether a prisoner should continue to be held, or should be released. b. Under "Executive Summary," the Task Force briefly explains its reasoning, and, in more recent cases, also explains whether the prisoner is a low, medium or high risk as a threat to the US and its allies and as a threat in detention (i.e. based on their behavior in Guantánamo), and also whether they are regarded as of low, medium or high intelligence value. c. Under "Summary of Changes," the Task Force explains whether there has been any change in the information provided since the last appraisal (generally, the prisoners are appraised on an annual basis).

4. Detainee’s Account of Events

Based on the prisoners’ own testimony, this section puts together an account of their history, and how they came to be seized, in Afghanistan, Pakistan or elsewhere, based on their own words.

5. Capture Information

This section explains how and where the prisoners were seized, and is followed by a description of their possessions at the time of capture, the date of their transfer to Guantánamo, and, spuriously, "Reasons for Transfer to JTF-GTMO," which lists alleged reasons for the prisoners’ transfer, such as knowledge of certain topics for exploitation through interrogation. The reason that this is unconvincing is because, as former interrogator Chris Mackey (a pseudonym) explained in his book The Interrogators, the US high command, based in Camp Doha, Kuwait, stipulated that every prisoner who ended up in US custody had to be transferred to Guantánamo — and that there were no exceptions; in other words, the "Reasons for transfer" were grafted on afterwards, as an attempt to justify the largely random rounding-up of prisoners.

6. Evaluation of Detainee’s Account

In this section, the Task Force analyzes whether or not they find the prisoners’ accounts convincing.

7. Detainee Threat

This section is the most significant from the point of view of the supposed intelligence used to justify the detention of prisoners. After "Assessment," which reiterates the conclusion at 3b, the main section, "Reasons for Continued Detention," may, at first glance, look convincing, but it must be stressed that, for the most part, it consists of little more than unreliable statements made by the prisoners’ fellow prisoners — either in Guantánamo, or in secret prisons run by the CIA, where torture and other forms of coercion were widespread, or through more subtle means in Guantánamo, where compliant prisoners who were prepared to make statements about their fellow prisoners were rewarded with better treatment. Some examples are available on the homepage for the release of these documents: http://wikileaks.ch/gitmo/
With this in mind, it should be noted that there are good reasons why Obama administration officials, in the interagency Guantánamo Review Task Force established by the President to review the cases of the 241 prisoners still held in Guantánamo when he took office, concluded that only 36 could be prosecuted.
The final part of this section, "Detainee’s Conduct," analyzes in detail how the prisoners have behaved during their imprisonment, with exact figures cited for examples of "Disciplinary Infraction."

8. Detainee Intelligence Value Assessment

After reiterating the intelligence assessment at 3b and recapping on the prisoners’ alleged status, this section primarily assesses which areas of intelligence remain to be "exploited," according to the Task Force.

9. EC Status

The final section notes whether or not the prisoner in question is still regarded as an "enemy combatant," based on the findings of the Combatant Status Review Tribunals, held in 2004-05 to ascertain whether, on capture, the prisoners had been correctly labeled as "enemy combatants." Out of 558 cases, just 38 prisoners were assessed as being "no longer enemy combatants," and in some cases, when the result went in the prisoners’ favor, the military convened new panels until it got the desired result.


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