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jeudi 7 février 2008

Les voyages d'Air-CIA : la justice espagnole enquête

Les aéroports espagnols ont-ils servi de base de transit aux avions nord-américains qui transportaient des prisonniers d’Afghanistan vers Guantánamo, le camp de torture installé par les Américains en territoire cubain ? C’est ce que la justice espagnole cherche à établir.
LE 25 janvier dernier, le procureur Vicente Gonzalez Mota a demandé au juge Ismael Moreno, deuxième juge d’instruction à la Audiencia nacional, d’ouvrir une information afin de déterminer si les aéroports de Morón de la Frontera, à Séville, de Rota à Cadix et de Torrejón de Ardoz, à Madrid, ont servi à l’aviation américaine dans des escales entre l’Afghanistan et la base de Guantánamo. Le juge devra entendre, en qualité de témoins, tous les officiers de vols, les officiers d’aéroport et les contrôleurs civils et militaires de ces bases, ainsi que les fonctionnaires du Ministère de la Défense et des Affaires étrangères et les personnels de l’AENA (Aéroports espagnols et Navigation aérienne) en poste entre janvier 2002 et décembre 2006.Ce front ouvert par la Justice espagnole est un effort pour réintroduire le droit contre des agissements qui, sous couvert de lutte anti-terrorisme, font régner la terreur dans un total mépris du droit des personnes, comme c’est le cas au camp de Guantánamo.
Les témoignages ci-après montrent que l’irruption de la justice espagnole a pu mettre un terme à des procédures d’arbitraires.

Convention militaire modifiée
La demande d’information du procureur va également chercher à déterminer quels étaient les fonctionnaires des ministères de la Défense et des Affaires étrangères qui, entre les dates évoquées, ont siégé dans le Comité permanent hispano-étatsunien, créé en application d’une Convention de coopération militaire signée en 1989 entre l’Espagne et les Etats-Unis. Cette Convention définit les circonstances et les normes selon lesquelles les avions affrétés par ou pour les forces US peuvent survoler, pénétrer ou sortir de l’espace aérien espagnol ou en utiliser les bases. En 2002, quelques mois après le 11/9 et après l’invasion de l’Afghanistan, les gouvernements de José Maria Aznar et de son allié Georges Bush ont modifié cette convention bilatérale de Défense, pour en assouplir les autorisations d’escale des avions états-uniens sur les bases de Rota y Morón.
La Justice espagnole veut savoir si ces “assouplissements” ont servi à faire transiter les 23 premiers prisonniers envoyés de Kandahar (Afghanistan) à la base de Cuba, dans un avion C-17 Globemaster des Forces aériennes des EE-UU. En janvier 2002, selon l’agence de presse AP, ces prisonniers ont changé d’avion pour un C-141 Starlifter « dans un pays européen », disait la dépêche.Cette information est corroborée par une autre, émanant des registres du contrôle aérien des Açores (Portugal) qui certifient que cet avion C-141 a décollé le 11 janvier 2002 de la base de Morón à destination de Guantánamo.

Recherche de témoins
C’est sur cette base que le cabinet d’avocat londonien Reprieve dirigé par Clive Stafford Smith, qui représente une trentaine de prisonniers de Guantánamo, évoque aussi le rôle de l’Espagne dans ce transfert. Le cabinet londonien soutient que l’escale du 11 janvier eut lieu à la base de Morón de la Frontera, près de Séville et que 24 autres prisonniers, également identifiés, ont voyagé à bord d’un C-17 qui, toujours d’après le registre du Portugal, fit le vol de la base de Rota à celle de Guantánamo le 28 octobre 2002. Quelqu’un a-t-il vu ces prisonniers lors de leur passage en Espagne ? Ce sont ces témoignages que recherche la justice espagnole, indiquant que « si quelqu’un a vu dans ces aéroports le transfert de prisonniers d’un avion à un autre, cela peut représenter un changement substantiel ».
Entre 2002 et 2007, l’AENA a enregistré dans les aéroports espagnols 47 vols secrets, en provenance ou à destination de la base US de Guantánamo. Le gouvernement espagnol nie que ces vols aient servi à transférer des prisonniers vers le camp de Guantánamo. Mais selon la note du procureur guidant les investigations vers les ministères de la Défense et des Affaires étrangères, il y aurait eu sur ce nombre une douzaine de vols avec escale, dont on peut présumer qu’ils ont transporté des dizaines de prisonniers. Parmi eux, les deux avions qui, selon le cabinet londonien, avaient pour passagers 23 et 24 prisonniers de nationalités différentes, tous identifiés et dirigés vers Cuba.
D’après un article de José Maria Irujo paru le 4 février 2008

« J’ai voyagé ligoté, avec le canon de ses armes sur ma tête »
« J’ai voyagé de nuit, couché sur le plancher d’un avion militaire. On m’avait couvert la tête d’une cagoule et ligoté au sol par les mains et les pieds. De temps en temps, des soldats plaquaient le canon de leurs armes contre ma tête. Ce fut un long voyage et ils ne savaient pas bien où ils m’emmenaient ».C’est par ces mots que le prisonnier marocain Lahcen Ikassrien, 40 ans, se souvient de son transfert d’Espagne à Guantánamo, base navale états-unienne en territoire cubain, où il est resté enfermé pendant presque 4 ans.
Ikassrien a été jugé et acquitté, parce que les interrogatoires auxquels l’ont soumis les policiers espagnols à Guantánamo et qui furent utilisés comme preuve contre lui, ont été annulés par le tribunal.
« Je suis arrivé à la base de Torrejón de Ardoz le 18 juillet 2005 et on m’a transféré directement à la Audiencia nationale. Je pesais 55 kilos et j’ai été interrogé par le juge Fernando Grande-Marlaska. De Madrid, on m’a envoyé à une prison de Palencia » relate Ikassrien qui, après son jugement, a été remis en liberté. Le Maroc lui refuse désormais un passeport.
Une autre personne, du nom de Hamed Abderraman, le dénommé “Taliban de Ceuta”, a subi un transfert semblable à celui de Lahcen. Il fut aussi acquitté par la Haute Cour espagnole sur le même argument.

Source : Témoignages, 7 février 2008

mercredi 6 février 2008

Au Yémen, conférence à grand spectacle contre Guantanamo

(De Sanaa) Le petit badge jaune arboré par les représentants d'Amnesty International donne le ton: Guantanamo est une exception, juridique, militaire, sécuritaire et humaine. Une exception à combattre. Le mois dernier, ils s'étaient donné rendez-vous à Sanaa, pour la troisième fois, afin de sortir du silence le cas de ces détenus yéménites de la prison américaine située sur l'île de Cuba: avocats, anciens détenus, familles des prisonniers, parlementaires et ministres, représentants des ONG, journalistes.
Car les Yéménites sont aujourd'hui, à leur tour, une exception: ils forment le plus important contingent de prisonniers de Guantanamo. Seuls 13, sur un total de 107, ont pu regagner leur pays natal au cours des derniers mois. Une véritable discrimination selon Clive Smith, l'avocat britannique de plusieurs d'entre eux. Il rappelle que 500 prisonniers ont déjà été libérés, dont plus de 90% de Saoudiens.
Lire la suite de l'article de François-Xavier Trégan sur Rue89

lundi 21 janvier 2008

Une lettre de Guantánamo de Sami Al Haj

Nourri de force depuis le 7 janvier 2007
par Andy WORTHINGTON, 17 janvier 2008. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Aujourd'hui, Associated Press fait état d’une lettre de Guantánamo écrite par Sami Al Haj, le caméraman d'Al Jazeera. La lettre est datée du 27 décembre 2007 et vient juste d’être déclassifiée par les censeurs du Pentagone. Elle a été traduite de l'arabe par ses avocats de l’ONG Reprieve à Londres, qui représentent des douzaines de détenus de Guantánamo.

M. Al Haj a été capturé par les forces pakistanaises, agissant pour le compte des USA, en décembre 2001, alors qu’il se préparait, avec le reste de son équipe, à reprendre la couverture de l’Afghanistan pour la chaîne arabe de télévision. Comme Clive Stafford Smith, le directeur juridique de Reprieve, l’a expliqué après lui avoir rendu visite à Guantánamo en septembre dernier, il a été pris « parce que les USA pensaient qu'il avait filmé la fameuse interview d’ Oussama Ben Laden par Al Jazeera. Comme cela a souvent été le cas ces derniers temps, les USA se trompaient (mais citez-moi le nom d’un seul journaliste qui refuserait un scoop sur Ben Laden). »

À Guantánamo, M. Al Haj a été soumis à une panoplie extraordinaire d'allégations vagues pour lesquelles l'administration n'a fourni aucune preuve. Lors de l’examen administratif de son cas en septembre 2006, il a été allégué qu'il avait transporté 220.000 $ en Azerbaïdjan "pour ce qu’on lui avait dit être une mission humanitaire mais qui étaient en fait destinés aux rebelles tchétchènes," et que, quand il a travaillé pour une société appelée Union Beverage Company, il a « interagi avec l'individu responsable de la distribution de jus de fruit en Azerbaïdjan, » qui « faisait l’objet d’une enquête pour des liens possibles avec le terrorisme. »

En référence à sa première mission pour Al Jazeera en Afghanistan, les autorités ont également décidé que des interviews prétendument conduites par M. Al Haj et un collègue avec « le ministre du Trésor des Taliban, le ministre de l'Électricité, et le ministre des Affaires étrangères » et avec « un homme qui s'est identifié lui-même comme membre d'Al Qaïda (sic) » constituaient une connexion ou une association avec le terrorisme. Au cours de sa détention, d’autres affirmations - dont une allégation qui il aurait « arrangé le transport d'un système anti-aérien Stinger d'Afghanistan en Tchétchénie » - ont été écartées des « preuves » retenues contre lui.

Confirmant que ces allégations ne sont rien d’autre qu'un écran de fumée, les autorités de Guantánamo se sont concentrées presque exclusivement sur l’association de M. Al Haj avec Al Jazeera. Dans une interview avec Democracy Now (l’émission d’Amy Goodman aux USA, NdT) le 15 janvier, son plus jeune frère Asim a parlé à Amy Goodman de Khartoum et expliqué que son frère est « victime d'une opération politique contre Al Jazeera, que Washington n'approuve pas. » Il a ajouté que les 130 interrogatoires auxquels il a été soumis à Guantánamo, « étaient tous au sujet d'Al Jazeera et des relations alléguées entre Al Jazeera et Al Qaïda. Ils ont essayé de l’amener à travailler comme espion pour les renseignements US en échange de la citoyenneté US pour lui et pour sa famille et ont promis de l'aider même à écrire un livre, à condition qu'il espionne ses collègues d’Al Jazeera. Si par exemple vous regardez l'allégation qu'il a été impliqué dans des ventes de fusées ou de missiles à l'Afghanistan, je veux dire, comment un journaliste ou une personne de médias voyageant vers un pays où il n’a jamais été auparavant pouvait-il transporter ça ? Il les aurait transportés dans ses bagage ou quoi? »

À Guantánamo, M. Al Haj a été un militant inlassable pour la justice. Il a été en avant dans les campagnes exigeant que les détenus soient libérés ou soumis à procès équitable, et a fourni des informations détaillées (déclassifiées par le Pentagone) au sujet de ses compagnons de détention, et au sujet des diverses grèves de faim qui ont donné du fil à retordre à l'administration.

En raison de sa fermeté sur les principes, M. Al Haj a fait l’objet d’une suspicion particulière des autorités, et a été soumis à un traitement effroyable au fil des années. Désespéré par le traitement auquel non seulement lui-même mais tous les autres détenus étaient soumis, il a déclenché une grève de faim le 7 janvier 2007, et refuse donc de s’alimenter depuis 374 jours. La réponse des autorités aux grèves de faim a été brutale, comme Clive Stafford Smith l’a expliqué en octobre. « L'éthique médicale prescrit qu’on ne peut pas nourrir de force un gréviste de la faim doté de toutes ses facultés mentales, car il a le droit de se plaindre au sujet des mauvais traitements subis, même jusqu’à la mort, » a écrit Stafford Smith dans le Los Angeles Times. « Mais le Pentagone sait qu'un prisonnier se laissant mourir de faim serait une publicité catastrophique, donc ils nourrissent Sami de force. Comme si ce n'étaient pas assez, quand le général. Bantz J. Craddock dirigeait le Commandement Sud US, il a annoncé que les soldats avaient commencé à rendre les grèves de faim moins 'commodes.' Plutôt que de laisser un tube d'alimentation en place, ils l'insèrent et le retirent deux fois par jour. Avez-vous jamais poussé un tube de 110 cm à travers votre narine vers votre gorge ? Ce soir, Sami av endurer cela pour la 479ème fois. »

Stafford Smith a également noté un déclin sérieux dans la santé mentale et physique de son client, et s’est inquiété qu'il puisse mourir à Guantánamo. « Sami paraît très maigre, » écrivait-il en octobre. « Sa mémoire se désagrège, et je m'inquiète qu'il ne survive pas s'il continue comme ça. Il a déjà écrit un message pour son fils de 7 ans Mohamed, au cas où il mourrait ici. » Sur Democracy Now, son frère a ajouté : « Si Sami meurt, qui sera responsable de cela ? Et contre qui devrions-nous porter plainte, contre qui ? La chose la plus difficile pour un être humain est d'être soumis à une injustice contre laquelle vous ne pouvez rien faire, pour vous-même ou pour à en soutien à d'autres. »

Dans l'espoir de fournir un petit geste pour maintenir l’attention du public sur la détresse de Sami Al Haj, je reproduis ci-dessous le texte intégral de sa lettre.


Lettre de Guantánamo de Sami Al Haj, 27 décembre 2007

C’est avec un grand plaisir que je transmets mes salutations les plus cordiales et ma gratitude pour tous vos efforts au sujet des prisonniers de Guantánamo. Je voudrais aussi vous transmettre nos voeux de Nouvel An et demander à Dieu qu’il soit réussi et prospère.

Quant à nos nouvelles, nous sommes ici depuis plus de six ans, et nous cherchons toujours à proclamer la vérité, la liberté et la paix mondiale.

Tout ceci a lieu dans un monde qui sait ce qui se passe mais reste silencieux et font à peine plus qu'observer ce théâtre désolé.

Désormais tout le monde sait sûrement cette vérité. Les USA étaient le pays qui s'est enorgueilli d’apporter la paix ; maintenant, c’est triste à dire, au lieu de cela il ne pleut que violence et discorde. Guantánamo en est l'exemple le plus évident.

Nous prisonniers sommes entrés à Guantánamo vivants, beaucoup l'ont quitté vivants, et certains d'entre nous y restent dans lui, apparemment vivants. Mais ceux qui restent meurent chaque seconde de chaque jour que nous sommes ici. Chacun de nous souffre de nouvelles douleurs physique, et nos coeurs blessés souffrent d'une douleur psychologique qui ne peut pas être décrite.

Toute ceci se produit et le monde reste silencieux. Et, comme cela a été écrit, voici notre vérité :

Je suis vivant et écouterai si vous appelez
Mais il n'y aura bientôt aucune vie pour nous que vous appelez ;
Et si vous souffliez sur les braises maintenant elles brilleraient
Mais attendez et vous constaterez que vous souffliez sur des cendres

Sami Al Haj













jeudi 20 décembre 2007

Retour à Khartoum

Khartoum, 13 décembre 2007 : Deux ans après avoir été reçu le feu vert pour être libérés par un commission militaire d’examen, Adel Hassan Hamad, un administrateur soudanais d'hôpital travaillant pour un organisme de bienfaisance saoudien, et Salim Muhood Adem, qui travaillé avec des orphelins pour une ONG koweïtienne, ont été rapatriés vers leur pays d’origine, où, comme l’a annoncé l’avocat Clive Stafford Smith, ils sont tous deux « en sécurité auprès de leurs familles. " Adel Hassan Hamad et Salim Muhood Adem, après leur libération.
Photo © Mohamed Nureldin Abdalla, Reuters.

Ils ont l’intention de continuer le combat pour demander justice et réparation pour les cinq années passées au goulag de Guantánamo. Regardez le reportage d’Al Jazeera.

Trois détenus de Guantánamo de retour en Grande-Bretagne

Trois détenus de Guantanamo sont rentrés en Grande-Bretagne, oùi ls étaient résidents étrangers, mercredi et ont été interpellés à leur arrivée, a-t-on appris de source policière.
Jamil el-Banna (Palestinien né en Jordanie), 45 ans, Omar Deghayes (Libyen), 38 ans, et Abdennour Sameur (Algéren), 34 ans, ont atterri vers 19hGMT à l'aéroport de Luton, a précisé Clive Stafford Smith, directeur juridique de l'ONG de défense des droits de l'Homme Reprieve, qui représente 39 détenus de Guantanamo.
Les policiers qui accompagnaient les trois hommes dans l'avion ont arrêté MM. Deghayes et Sameur peu avant leur arrivée, les accusant formellement d'avoir préparé des actes terroristes. Ils ont été transférés vers un commissariat londonien pour y être interrogés.
Quant au troisième homme, il a été arrêté, mais n'a pas été officiellement mis en cause. Il a été transféré vers un poste de police du comté de Bedfordshire, au nord de Londres, selon la police.
La législation britannique permet d'interpeller les personnes entrant sur le territoire britannique pendant huit heures et de prendre leurs empreintes digitales et génétiques.
Les Etats-Unis ont refusé de libérer les deux autres résidents britanniques, a précisé la semaine dernière le ministre des Affaires étrangères David Miliband. Cinq ressortissants britanniques avaient été relâchés en mars 2004 et quatre autres en janvier 2005.

lundi 17 septembre 2007

Sami Al Haj est sur le point de mourir à Guantánamo

Le syndrome du Darfour
par Robert Verkaik, The Independent, 13 septembre 2007
Traduit par Fausto Giudice,
Tlaxcala


Un journaliste d'Al Jazeera capturé en Afghanistan il y a six ans et envoyé à Guantánamo est sur le point de devenir le cinquième détenu à la base navale US à se suicider, selon un rapport médical rédigé par une équipe de psychiatres britanniques et usaméricains.
Sami Al Haj, un ressortissant soudanais, est dans son 250e jour de grève de la faim qu'il a entamé en protestation contre sa détention sans inculpation ni procès en Janvier 2002. Mais des médecins britanniques et usaméricains, qui ont pu avoir un accès exclusif à des procès-verbaux d’interrogatoire, disent qu'il y a de très forts indices qu'il a abandonné son combat pour la vie, subissant ce que les médecins qualifient de «suicide passif », un état éprouvé par des femmes victimes du Darfour.
Le Dr. Dan Creson, un psychiatre usaméricain qui a travaillé avec les Nations Unies au Darfour, dit que M. Al Haj souffre d'une dépression sévère et que la détérioration de son état rend sa mort imminente.Il dit que l'état du détenu était similaire à celui des femmes darfouries au Soudan dont l’état mental subit soudain un déclin irréversible après qu’elles ont enduré des mois de famine et d'abus. Il dit : « Entre viol, famine rampante et humiliations abjectes, elles faisaient ce qu'elles pouvaient pour survivre et sauver leurs enfants ; puis, soudain, quelque chose se passait dans leur psychisme, et, sans signes annonciateurs, elles allaient s’asseoir avec leurs petits enfants dans le premier coin d'ombre disponible pour attendre la mort sans émotion apparente ».
En juin de cette année, un Saoudien a été le quatrième prisonnier à se suicider à Guantánamo. Les gardiens l’ont retrouvé mort dans sa cellule. Deux prisonniers saoudiens et un prisonnier yéménite ont été retrouvés pendus dans ce qui apparaissait comme un suicide au mois de juin de l'année dernière à Guantánamo. Un responsable militaire US avait à l'époque provoqué l'indignation en décrivant le suicide des trois hommes comme un acte de guerre unilatéral et opération de relations publiques de la part des suspects de terrorisme.
M. Al Hajj, 38 ans, a été envoyé en mission par la chaine de télévision Al Jazeera pour couvrir la guerre en Afghanistan en octobre 2001. Le mois suivant, après la chute de Kaboul, M. Al Haj a quitté l'Afghanistan pour le Pakistan avec le reste de son équipe.
Début décembre, des visas ont été attribués à l'équipe pour retourner en Afghanistan. Mais quand M. Al Haj a essayé de rentrer en Afghanistan avec ses collègues, il a été arrêté par les autorités pakistanaises - apparemment à la demande de l'administration militaire US.Il a été emprisonné et remis aux autorités US en janvier 2002, emmené au camp militaire US à Bagram en Afghanistan, puis à Kandahar et finalement à Guantánamo en juin 2002.
Son avocat, Clive Stafford Smith de l'organisation humanitaire Reprieve , dit que son client a été brutalement nourri de force pendent des mois et a perdu presque le cinquième de son poids durant sa grève de faim.
M. Stafford Smith dit : « L'administration militaire US craint à juste titre qu'un cinquième prisonnier meure sous sa garde. Mais ils réagissent incorrectement en traitant les prisonniers encore plus mal. Les couvertures et les habits sont enlevés pour éviter qu'ils soient utilisés pour commettre un suicide. Les méthodes les plus brutales d'alimentation forcée sont employées - Sami a souffert, à plusieurs reprises, de l’introduction par erreur du tube d'alimentation forcée dans ses poumons».
L'alerte sur l'état de M. Al Haj coïncide avec la publication de transcriptions de documents de Guantánamo qui décrivent l'hostilité entre les gardiens et leurs prisonniers. Les transcriptions contiennent des détails sur des gardiens interrompant les prisonniers pendant la prière, des détenus lançant leurs excréments sur les gardiens, des interrogateurs suspendant la distribution de médicaments.
Le Dr. Hugh Rickards, un psychiatre britannique, a alerté dans son rapport que l’état de souffrance mentale de M. Al Haj « apparaît si aigu qu'il est de mon devoir de praticien de le signaler par écrit pour garantir une évaluation et un traitement appropriés ».
Le Dr. Mamoun Mobayed, un psychiatre britannique basé en Irlande du Nord, et troisième membre de l'équipe à qui on a donné l'accès à des procès-verbaux d’interrogatoires récents du prisonnier, dit qu'il y régnait aussi une inquiétude à propos de la santé mentale de la femme de M. Al Haj et de son fils âgé de sept ans, qui n’avait qu’un an quand son père a été envoyé en mission en Afghanistan.

mercredi 22 août 2007

Grève de la faim : conspiration du silence

C'est une véritable conspiration du silence qui règne sur la lutte désespérée des détenus de Guantánamo. Un porte-parole du camp, le commandant Rick Haupt, a reconnu mardi que 22 d'entre eux étaient en grève de la faim, et que 20 d'entre eux étaient nourris de force, ajoutant sans rire, qu'aucun d'entre eux n'était en danger immédiat, "grâce aux efforts héroïques du personnel médcal pour préserver leur vie et leur santé" (thanks to the heroic efforts of the medical staff who strive to preserve the life and health of detainees). Le commandant Haupt a faits sa déclaration pour démentir l'information donnée par Maître Clive Safford Smith, l'aviocat du caméraman soudanais Sami Al Haj, selon lequel son client est dans une situation très grave : il a perdu 18 kilos, il a eu un orteil brisé par un gardien lors d'un déplacement "escorté" et il est en train de perdre l'esprit. Selon l'avocat, qui l'a rencontré depuis juillet, Sami a de plus en plus de mal à se concentrer et à parler anglais. Il a aussi raconté que les méthodes pour nourrir de force les grévistes de la faim étaient particulièrement brutales : il arrive notamment que les tubes introduits de force par le nez atteignent le s poumons au lieu de l'estomac et ne soient pas lubrifiés, ce qui provoque des lésions internes. D'autre part, les grévistes d e la faim, outre le fait qu'ils sont nourris de force sur des chaises de contention qui sont une véritable torture, sont en guise de punition dépouillés de tous les objets personnels autres que leurs vêtements, leurs matelas leurs sont retirés et remplacés par un matelas mousse très fin.
Les grèves de la faim à Guantánamo se succèdent depuis le mois d'août 2005. les détenus actuellement en grève le sont depuis le mois de mai. Est considéré comme gréviste de la faim tout détenu qui refuse 9 plateaux de suite.
Enfin, à propos des informations parues dans un journal soudanais, selon lesquelles Sami Al Haj serait libéré prochainement, Clive Stafford Smith a annoncé qu'il ne s'agissait que de rumeurs, infirmées, d'après la famille du caméraman, par le gouvernement de Khartoum.
Source : AP, 22 août 2007

jeudi 2 août 2007

Voyage au bout de l'enfer

Depuis plus de six ans, le journaliste soudanais Sami Al Haj est illégalement détenu dans le camp de concentration de Guantanamo. Aucune charge précise n'est retenue contre lui. Cette situation digne des plus troublants romans de Kafka pourrait laisser songeur, si elle ne témoignait pas, plus simplement, d'une honteuse et intolérable injustice. Ni la première dame de France, ni Reporters Sans Frontières ne s'en émeuvent pourtant (si quand même, un tout petit peu, NDLR chronique de guantánamo)
Quand les États-Unis mènent leur guerre aveugle contre le terrorisme, la liberté de la presse et les droits de l'Homme trinquent. Rappel des faits : en octobre 2001, la chaîne Al Jazeera envoie son cameraman, Sami Al Haj , avec une équipe de journalistes en Afghanistan pour couvrir la guerre de Bush. Après un transit obligatoire au Pakistan, l'équipe obtient enfin un visa d'entrée, mais elle juge utile de prolonger son séjour à Quetta, en raison de la violence du conflit. Sami Al Haj paie aujourd'hui le prix fort de cette précaution qui, pourtant, relève du sens commun. Mais on peut se demander si, dans cette affaire, le bon sens est vraiment la chose au monde la mieux partagée. Quand les forces nordistes, avec l'appui des Américains, l'emportent, l'équipe de journalistes tente de retourner à Kandahar. Elle a, au préalable, prorogé son visa d'entrée. C'est donc au moment de passer la frontière, à la mi-décembre 2001, que les forces armées pakistanaises sur ordre des américains arrêtent Sami Al Haj . Le cauchemar commence. Dénudé, dépouillé de ses effets personnels, la tête couverte, les pieds et les mains enchaînés, le journaliste est jeté dans un avion, en direction de la prison américaine de Bagram en Afghanistan. Ensuite, il sera transféré vers la base de Guantanamo, zone de non-droit toujours active, où il reste à ce jour incarcéré, sans le moindre chef d'inculpation.
Son avocat, Clive Stafford Smith, a déclaré il y a un an que son client avait enduré des tortures et des abus sexuels. Contraint de suivre un traitement pour un cancer de la gorge, les autorités américaines refusent de lui administrer. En revanche, un comité d'experts, nommé le Behavorial Science Consultation Team, emploie toute son intelligence à détruire un homme affaibli, de surcroît innocent. Sami Al Haj rapporte ces châtiments corporels : outre les privations de sommeil et les tortures psychologiques, les détenus subissent des sévices sexuels et des humiliations qui les obligent à uriner ou déféquer sur eux-mêmes. Aspergés de sang menstruel, soumis à des températures extrêmes, ces hommes doivent assister, voire participer, à la profanation de leur livre sacré. Mais Sami-Al-Hajj, qui a non seulement l'outrecuidance d'être musulman, s'avère également être un Noir. Son temps de récréation est, par conséquent, inférieur à celui des détenus blancs.
Selon Stafford-Smith, cette incarcération, dénuée de tout fondement légal et rationnel, répond à une volonté politique : « les Américains ont voulu, sous la menace, faire de lui un informateur censé confirmer des liens de toutes pièces fabriqués entre la chaîne de télévision arabe Al-Jazeera et le groupe Al-Qaïda. » Alternant la carotte (promesse d'accession à la nationalité américaine) et le bâton (menace pesant sur son épouse et sur leur jeune fils), ceux qui interrogent le journaliste se sont heurtés à un refus. « A titre strictement personnel, je ressens de l'admiration pour le courage dont fait preuve Sami Al Haj » observe son avocat. « Il est tout à fait innocent. Aussi terroriste que mon grand-père. La seule raison qui explique un tel traitement, c'est son appartenance à la chaîne d'information Al-Jazeera. »
Vivement critiquée par l'Arabie Saoudite, comme par les États-Unis, celle-ci semble oeuvrer, de quelque façon, en faveur du rapprochement des riches par delà les divergences culturelles. Mais c'est une vertu que nul hélas ne lui reconnaît. On l'accuse de rendre publics les messages des ennemis de la liberté. Mais si la télévision occidentale elle-même répondait à cette injonction extrême, elle serait privée d'information et tout à fait silencieuse. Les dépêches regorgent de crimes inesthétiques ou immoraux dont il faut toutefois rendre compte. La guerre contre le terrorisme seule explique cette volonté de museler une certaine presse, en persécutant des journalistes qui ne font que leur travail. Stafford Smith déplore que les associations et les médias occidentaux soient si peu sensibles à la souffrance de Sami Al Haj qui découle du mépris pour les droits de l'Homme et pour la liberté de l'information. Pourtant, il est à noter qu'une pétition circule sur internet, à l'initiative d'Amnesty International (Groupe 54 d'Ottignies-Louvain-La-Neuve). Ce ne sera sans doute pas assez pour que s'achève ce long périple au bout de l'enfer de la cellule 345 qui est aussi, pour tout citoyen soucieux du respect des droits de l'Homme, un voyage au bout de la honte.

Source : najzoug@yahoo.fr

mercredi 4 juillet 2007

Rasoul Koudaïev, prisonnier des talibans puis des Américains et des Russes

Combattant islamiste ou espion antitaliban? Ni l'un ni l'autre, ou plutôt les deux: Rasoul Koudaïev fait partie d'un groupe de détenus qui, après avoir été délivrés des geôles talibanes en Afghanistan, se sont retrouvés à la prison de Guantánamo Bay (Cuba), où les autorités américaines détiennent des suspects de terrorisme.
Koudaïev a le parcours le plus incroyable. Cet ancien champion de lutte quitte sa région natale de Kabardino-Balkarie en 2000 pour, prétend-il, se rendre par voie terrestre en Iran, où il souhaitait étudier dans une université islamique. Mais il est arrêté près de Hérat, dans l'ouest de l'Afghanistan, accusé d'être un espion russe.
Après l'invasion américaine fin 2001, il tombe aux mains de l'Alliance du Nord, la résistance afghane, qui l'enferme dans la sinistre prison de Qalaï Janghi, près de Mazar-e-Charif (nord). Au terme d'une émeute de prisonniers, qui lui coûtera une balle dans la hanche, il est remis aux Américains et transféré à Guantánamo.
Les Etats-Unis n'ont jamais fourni d'explications concernant les anciens prisonniers des talibans détenus ensuite à Guantánamo. Mais une enquête de l'Associated Press a permis d'identifier au moins neuf hommes ayant subi ce sort. Emprisonnés, battus et torturés par le régime islamiste afghan qui les accusait d'être des ennemis, des espions ou des assassins, ils ont rejoint le centre de détention américain à Cuba au lieu d'être remis en liberté après la chute des talibans.
"Les mots me manquent pour décrire ce qui leur est arrivé. C'est kafkaïen. C'est Alice au pays des merveilles", s'indigne Clive Stafford Smith, directeur juridique de l'ONG de défense des droits humains Reprieve, qui représente 39 détenus de Guantánamo.
Koudaïev dit avoir été victime de mauvais traitements et avoir subi des injections dont il ne connaît pas la composition. Il déclare aussi avoir vu des gardes profaner le Coran, avoir été déshabillé et forcé à faire ses besoins devant des gardiennes, et avoir été atouché sexuellement par des interrogatrices légèrement vêtues.
Selon lui, les même questions revenaient toutes les heures: "Quel est ton lien avec les attentats du 11-Septembre? Connais-tu Ousama ben Laden? Où as-tu combattu aux côtés des talibans?"
"Non, non, non. Je leur ai dit que c'était des questions stupides", raconte-t-il.
Il est impossible pour l'AP de le confirmer, mais son récit est conforme aux allégations d'abus faites par d'autres prisonniers de Guantánamo.
En 2004, Koudaïev est remis aux autorités russes avec plusieurs de ses compatriotes. Ils resteront détenus plusieurs mois à la prison hautement sécurisée de Piatigorsk.
Même après sa remise en liberté, il affirme avoir été victime de harcèlement de la part des autorités russes. En 2005, est arrêté au motif qu'il aurait participé à une attaque de militants islamistes contre la police dans la ville de Naltchik, dans le Nord-Caucase. Selon sa mère, il a fini par avouer sous la torture, alors qu'il assure aujourd'hui qu'il se trouvait chez lui au moment de l'assaut.
Parmi les neuf prisonniers de Guantánamo autrefois détenus par les talibans (deux Russes, deux Saoudiens, deux Afghans, un Britannique, un Syrien et un Irakien qui se disent tous innocents), quatre ont été renvoyés dans leur pays d'origine sans être inculpés et trois sont toujours emprisonnés à Cuba. Le sort des deux autres est incertain.
Les deux Russes sont mentionnés dans un rapport de l'ONG Human Rights Watch, selon lequel des prisonniers remis à la Russie ont bien subi des abus. Le rapport fustige leur rapatriement sur décision des Etats-Unis.
Parmi les 750 personnes qui ont été détenues à Guantánamo depuis 2001, plus de la moitié ont été relâchées. Seule une infime fraction des prisonniers restants ont été inculpés.
Source : AP, 2 juillet 2007

lundi 25 juin 2007

La production de ressentiment


En persécutant la communauté musulmane, le gouvernement britannique s'aliène ceux là même dont il a besoin pour éviter de nouvelles atrocités.
par Paul Donovan, 21 juin 2007
Traduit par Djazaïri

Les efforts incessants du gouvernement pour extrader vers leur pays un certain nombre d'Algériens suspectés de terrorisme sur la base de garanties diplomatiques devraient connaître un tournant majeur cette semaine lorsque l'affaire de Mustafa Taleb, connu du public comme Y, sera présentée devant la cour d'appel.
Craignant pour sa vie, Taleb avait fui l'Algérie dans les années 90 et avait obtenu le statut de réfugié politique au Royaume-Uni. Il avait ensuite travaillé dans une librairie. Dans l'après-11 septembre, l'opinion publique avait eu à le connaître comme une des personnes arrêtées et inculpées dans ce qui a été connu sous le nom de procès de la ricine dans lequel on n'avait pas trouvé de ricine. En avril 2005, Taleb avait été un des quatre Algériens acquittés de tous les chefs d'inculpation par le jury.
Après les attentats de Londres, Taleb et les trois autres figurèrent à nouveau parmi les personnes interpellées et qui firent l'objet d'arrêtés d'expulsion en tant que menace pour la sécurité nationale. Ils furent d'abord incarcérés avant d'être relâchés un peu plus tard sous le coup d'un arrêté d'expulsion, ce qui signifiait qu'ils faisaient l'objet d'un contrôle judiciaire strict.
En août dernier, le recours de Taleb devant la commission spéciale d'appel pour l'immigration (Special immigration appeals commission, SIAC) fut rejeté et on le renvoya en prison en attendant son expulsion vers l'Algérie. Précédemment, la SIAC avait statué que l'Algérie n'était pas un pays sûr. Cependant cette façon de voir a connu un changement quand la commission a décidé que Taleb pouvait rentrer en Algérie sur la base des garanties données à Tony Blair par le gouvernement algérien et selon lesquelles il n'y aurait "ni torture ni mauvais traitements."
Depuis la décision pour Taleb, quatre autres Algériens ont été renvoyés en Algérie, deux ayant été immédiatement arrêtés et inculpés. Ils attendent maintenant leur jugement. Un des hommes, désigné comme H, est détenu dans la prison de Serkadji à Alger. Il rapporte avoir entendu les cris de personnes torturées dans d'autres cellules et les cris de douleur d'une femme "écartelée" dans une cellule proche de la sienne avant de voir les gardiens qui transportaient la femme inconsciente passer devant sa cellule.
Plus largement, la question se pose de savoir si ce que le gouvernement a fait depuis le 11 septembre a été efficace dans la dissuasion du terrorisme ou a rendu la situation plus dangereuse.
Il ne semble guère faire de doute qu'il y a un petit groupe de ressortissants étrangers que, sur le conseil des services de sécurité, le gouvernement a ciblé particulièrement en revenant continuellement à la charge depuis décembre 2001. Algériens pour la plupart, dix de ces hommes avaient initialement été arrêtés sans inculpation au titre de la loi anti-terroriste (Anti-Terrorism Crime and Security Act, ATCSA) avant d'être placés sous contrôle judiciaire suite à l'arrêt de la Chambre des Lords selon lequel les pouvoirs de détention au titre de l'ATCSA étaient incompatibles avec la loi portant sur les droits de l'homme (Human Rights Act).
Après les attentats de Londres, les membres de ce groupe, en dépit du fait qu'ils disposaient des meilleurs alibis qui soient, étant sous contrôle judiciaire à l'époque, avaient été interpellés et mis en prison. Ils firent l'objet d'arrêtés d'expulsion au motif qu'ils représentaient des menaces pour la sécurité nationale.
Ce groupe d'individus "suspects" est effectivement devenu ce que l'avocat Gareth Pierce décrit comme des cobayes. ""L'expérimentation permanente est dangereuse et insidieuse à plusieurs titres. Il est devenu évident que quand un objectif a été atteint, les limites sont repoussées et un nouveau système se met en place," explique Pierce.
Amnesty International considère que les mesures adoptées par le gouvernement au nom de la guerre contre le terrorisme ont sapé les règles du droit au niveau national et nui à la réputation de la Grande-Bretagne à l'étranger. Selon John Watson, directeur pour l'Écosse d'Amnesty International, "les politiques anti-terroristes se sont moquées complètement du droit humain le plus élémentaire à la liberté et à un procès équitable,"
Malheureusement le temps passe et fort peu d'attention est accordée à la situation critique de ces hommes et d'autres qui sont arrêtés de manière routinière tandis que chaque jour qui passe nous aliène de nombreux membres de la communauté musulmane.
Alors que le débat porte sur la sécurité ou d'autres questions relatives à l'expulsion de personnes vers des pays qui pratiquent la torture ou sur l'efficacité du contrôle judiciaire, il n'y a aucun débat sur l'essentiel qu'est la disparition de la règle de droit que représentent les dispositions actuelles. La question longtemps oubliée est : pourquoi, si ces gens sont dangereux, ne sont-ils pas déférés devant un véritable tribunal pour répondre de chefs d'accusations?
Un système kafkaïen a été créé dans lequel des gens peuvent être détenus, apparemment indéfiniment, sur la base d'informations dont eux-mêmes ou leurs avocats n'ont pas eu connaissance et qu’ils n'ont pu remettre en cause. Des questions essentielles telles que la manière dont les informations ont été obtenues, si de l'argent a circulé etc. ne peuvent jamais être examinées dans le cadre d'une procédure publique.
Au lieu de remettre en cause cette situation, le gouvernement affiche parmi ses priorités la nécessité de plus de législations visant à restreindre encore plus les droits des citoyens sacrifiés sur l'autel des besoins en matière de sécurité.
Le problème à présent est que tout ce qui se passe en matière de persécution de la communauté musulmane aliène tout simplement les personnes mêmes dont le soutien est nécessaire pour éviter de nouvelles atrocités terroristes. Pierce fait le parallèle avec ce qui s'est passé en Irlande du nord quand les membres de la communauté suspectée ont complètement perdu confiance dans le recours au droit et ont donc été plus enclins à aller vers la confrontation violente.
L'avocat Clive Stafford Smith qui exerce aux USA a fait le parallèle entre ce qui s'est passé à Guantanamo Bay, où il représente un certain nombre de clients, et le régime de détention élaboré au Royaume-Uni. Il a déclaré :
"Les USA et le Royaume-Uni cherchent à répondre à une mauvaise question et apportent donc une mauvaise réponse. L'accent est mis sur la manière de neutraliser des individus qui pourraient à l'avenir commettre un crime. Les opérations de Guantanamo et de Belmarsh signifient que nous jetons par dessus bord les valeurs que nous sommes supposés défendre. Ce qui provoque la radicalisation de milliers de personnes... Appliquer les droit de l'homme est la meilleure manière d'affronter le terrorisme."La mise en oeuvre du présent système ne fait pas qu'imposer une injustice scandaleuse à un nombre croissant de personnes au Royaume-Uni mais elle fabrique le ressentiment à venir. Elle n'a aucun sens du point de vue humanitaire ou sécuritaire. Il faut revenir à un système judiciaire plus responsable, appliquant les droits de l'Homme et visant à traduire en justice ceux qui pourraient tenter de commettre des actes terroristes au Royaume-Uni.

Paul Donovan à une manifestation pour les 13 de Belmarsh, février 2004


Original : http://commentisfree.guardian.co.uk/paul_donovan/2007/06/breeding_resentment.html
Paul Donovan est un journaliste membre de Peace & Justice East London. Il écrit des chroniques hebdomadaires pour l’Irish Post et les journaux du groupe Universe newspapers sur des questions de justice politique et sociale.

Traduit par Djazaïri pour Chronique de Guantánamo

samedi 28 avril 2007

Où est Ahmed Errachidi ?

Ahmed Errachidi, le détenu marocain de guantánamo que le gouvernement britannique refusait d'autoriser à revenir au Royaume-Uni, où il était résident permanent, a été remis mardi 24 avril aux autorités marocaines, qui l’ont fait immédiatement disparaître dans une geôle. Ni sa famille, ni son avocat londonien n’ont depuis lors aucune nouvelle de lui. Ahmed Errachidi est atteint de trouble bipolaire (maniaco-dépression). Me Clive Stafford Smith a déclaré qu’il était du devoir du gouvernement britannique de demander de ses nouvelles au gouvernement marocain et de s’assurer qu’il était bien traité. Une forfaiture de plus à mettre au passif du gouvernement de Tony Bliar, le menteur.

samedi 24 mars 2007

Musique, torture et droits d’auteur : et si les majors du disque étaient rachetées par l'armée ?

Par Guillaume Champeau, 23 mars 2007

La musique est une arme de guerre. Nous ne parlons pas ici des poursuites lancées par la RIAA contre ceux qui l'écoutent, mais bien de la vraie guerre. Aussi étrange que cela puisse paraître, les voix s'élèvent pour demander à l'armée américaine d'arrêter de passer du Metallica pour torturer ses prisonniers... ou comment le droit d'auteur se trouve remis en cause par la guerre en Irak.Si le marché de la musique en ligne continue à s'effondrer, il n'y aura bientôt plus d'autre choix pour les maisons de disques que de se faire racheter pour s'abriter sous des ailes plus confortables. On parle de plus en plus d'acquisitions d'industries culturelles par les industries de l'informatique, Microsoft et Google en tête. Ca serait la manière la plus simple et expéditive pour ne plus s'embêter avec les problèmes de gestion de droits d'auteurs sur les services web 2.0. Mais si ces ailes étaient des ailes de Rafales ?
Clive Stafford Smith, un avocat américain connu pour son opposition à la peine de mort, conseille aux musiciens de faire jouer leurs droits d'auteurs pour empêcher le gouvernement américain d'utiliser leur musique à des fins de torture en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo ! Vous ne le saviez peut-être pas, mais le "bombardement acoustique" est une arme utilisée très sérieusement par les Etats-Unis depuis plusieurs décennies. L'armée a par exemple utilisé Enter Sandman de Metallica pendant la guerre en Irak en 2003, et I Love You du Dinosaure Violet Barney (sorte de Casimir national) pour interroger les prisonniers. Parmi les autres chansons de torture figurent des titres de Christina Aguilera, Eminem, Dr Dre, Aerosmith, Don McLean ou Bruce Springsteen. Il s'agit de les passer en boucle et à un volume élevé pour faire craquer l'ennemi. Ça serait drôle si ça n'a était pas la guerre.
Pas de droit moral reconnu aux Etats-Unis
En principe, le droit d'auteur doit permettre de lutter contre ce genre d'utilisations des oeuvres. Le droit français est un modèle du genre en faveur de la reconnaissance du droit moral, qui donne à l'auteur une sorte de droit de véto à toute utilisation de son oeuvre qu'il juge contraire à l'intérêt et à l'image de l'oeuvre elle-même. C'est une personnification de l'oeuvre et de son "droit à l'intégrité" que ne connaît pas le droit américain, malgré la reconnaissance d'un droit moral à l'article 6bis de la Convention de Berne.
Le droit d'auteur américain est, même s'il connaît des nuances grâce à la jurisprudence de la Cour Suprême, essentiellement patrimonial. Tout se monnaye et tout ce qui n'est pas du ressort de l'argent n'est pas du ressort du copyright. Si un disque est mis sur le marché, alors rien ni personne ne doit pouvoir en empêcher l'utilisation dès lors que les droits sont correctement payés.
Même les opposants au copyright le plus dur, tel le créateur des Creative Commons Lawrence Lessig, jugent le droit moral comme une absurdité. Il est vrai qu'il est exploité même en France à des fins essentiellement patrimoniales. Charles Trénet s'était paraît-il offusqué de l'utilisation de sa chanson Y a de la joie dans la publicité TV d'une eau gazeuse... et avait sorti le carton rouge "droit moral" pour pouvoir mieux négocier le prix de la moralité. C'est une pratique courante et qui pervertit les fondements réels du droit moral, qui selon la loi ne peut pas être monnayé."Le droit d'auteur, qui a été étendu pour le seul bénéfice des grandes entreprises de médias, pourrait permettre davantage pour les droits humains de beaucoup, lorsque les Droits de l'Homme ont principalement échoué", écrit David Mery dans le Register. Vous y penserez la prochaine fois que vous critiquerez les droits d'auteurs.
Original : http://www.ratiatum.com/news4665_Et_si_les_majors_du_disque_etaient_rachetees_par_l_armee.html

lundi 19 mars 2007

Le jour de la publication des aveux de Khaled Cheikh Mohamed, Shaker Aamer en était à sa 100ème et Sami Al Haj à sa 67ème journée de grève de la faim

Par Reprieve, 15 mars 2007

Aujourd’hui, le jeudi 15 mars 2007, est le centième jour de grève de la faim de Shaker Aamer, un étranger résident en Grande-Bretagne détenu à Guantanamo. Deux fois par jour, Shaker Aamer est attaché à une chaise de torture pendant dix heures et nourri de force par un tube introduit dans son nez.Shaker vient de passer la cinquième année de sa détention à Guantanamo. Pour avoir défendu les droits d’autres prisonniers, il a été maintenu à l’isolement total au Camp Echo depuis le 24 septembre 2005.Le centième jour de son calvaire coïncide avec la publication des transcriptions de l’interrogatoire de Khalid Cheikh Mohamed, qui fournissent de nouvelles informations sur les conditions à Guantanamo. Dans ces transcriptions, celui-ci dit
- qu’il a été torturé ;
- que sous la torture il a accusé faussement d’autres détenus de crimes
- qu’il y a beaucoup d’hommes à Guantanamo qui n’ont rien à voir avec un quelconque complot terroriste.
Pour illustrer la détresse des détenus de Guantanamo, Reprieve, -une association qui oeuvre en faveur de la justice pour les personnes détenues sans inculpation ni procès – et en tain de reconstituer la torture à Guantanamo avec un acteur sur une réplique de la chaise d’alimentation forcée. Notre association est aussi en train de préparer un nouveau rapport sur ce centre de détention off shore, comprenant une information actualisée sur les résidents étrangers de Grande-Bretagne détenus et le journal de Sami Al Haj, le journaliste d’Al Jazeera qui en est à son 67ème jour de grève de la faim.

Shaker Aamer

Sami Al Haj

Clive Stafford Smith, fondateur de Reprieve, a dit: « Les révélations d’aujourd’hui apportent une nouvelle preuve accablante de la nature injuste, inhumaine et illégale de Guantanamo. Nous vivons actuellement une situation dans laquelle un résident de Grande-Bretagne est torturé 20 heures par jour – et notre gouvernement ne veut toujours pas intervenir sur des bases humanitaires. Au centième jour de son calvaire, ils doivent maintenant se réveiller et combattre pour les droits humains de Shaker. La transcription de l’audition de Khalid Cheikh Mohamed confirme que les preuves qu’il a fourni volontairement de sa culpabilité – y compris par le biais d’une interview à Al Jazeera – infirment toute justification des commissions militaires. Il y a suffisamment de preuves des crimes commis par Mohamed pour qu’il soit jugé par un tribunal ordinaire US. C’est une tragédie que la torture de Mohamed ait sérieusement compromis les possibilités pour un quelconque tribunal de le juger. »
Dans l’audition du Tribunal d’examen du statut de combattant, Khalid Cheikh Mohamed déclare également : « Je vous demande à nouveau d’être corrects avec les nombreux détenus qui ne sont pas des combattants ennemis. Parce que beaucoup d’entre eux ont été arrêtés injustement. Beaucoup et pas juste deux ou trois. » Mohamed en nomme un et en suggère d ‘autres.
En attendant, 380 détenus (dont beaucoup sont innocents, selon Mohamed) continuent à être détenus sans procès à Guantanamo, souffrant d’un abus terrible.
Original : Reprieve
Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.

Balayer le Sahara - Une visite à Nouakchott

Par Clive Stafford Smith, 1er février 2007

Il y a quelques semaines, en visite à Guantánamo, je me préparais pour une rencontre avec Jamil El Banna, qui y est détenu. J’étais en train d’essayer de trouver comment lui annoncer la mort de sa mère. L’enterrement avait déjà eu lieu et il pourrait se passer des années avant qu’il puisse se rendre sur sa tombe. Naturellement, quand nous avons parlé, il s’est mis à pleurer, et à 80000 km de sa famille, il s’est senti encore plus seul.
La semaine dernière, j’étais à Nouakchott, en Mauritanie, pour essayer d’obtenir le rapatriement de deux autres prisonniers de Guantánamo. Je regardais mes emails durant un court break avant une rencontre avec le ministre de la Justice, quand j’ai appris que mon père était mort le matin même, dans sa maison de soins près de Cambridge. Je n’aurais pas un avion pour rentrer à Londres de sitôt, ce qui n’a fait qu’aggraver mon sentiment que le monde qui m’entourait m’était étranger. La chambre d’hôtel me rendait claustrophobe. Assis sur le balcon, j’entendais l’appel à la prière résonner à travers la ville.
Je regardai le désert du Sahara, qui s’étend des lisières de la ville à travers tout le continent africain. Pendant un moment, j’ai senti une analogie poignante entre la situation du client et celle de son avocat. Mais, en dernière analyse, la souffrance du client était plus grande.
Étant dans l’impossibilité de quitter la Mauritanie dans les 36 prochaines heures, je suis allé, avec deux collègues américains, rendre visite à la famille d’un autre prisonnier de Guantánamo, Mohammed Amin. Nous sommes allés dans une Toyota Landcruiser noire à leur maison – un trois-pièces avec toilettes à l’extérieur de la ville. Sur la route, nous avons doublé des caravanes d’ânes trottinant devant des charrettes charges de bidons d’eau, la seule “eau courante” que l’on connaisse dans leur quartier.
Mohammed a cinq soeurs et une maman mal en point. Son père est mort, et il n’y a pas d’autres frères. La famille est pauvre, dans un pays où le revenu moyen par tête est de moins de 250 £ [=365 €] par.
Mohammed n’est pas censé avoir fait quelque chose contre l’Amérique – et d’ialleurs personne ne le prétend. Il n’avait jamais été en Afghanistan jusqu’à ce que les US l’achètent à des Pakistanais pour une prime, et l’emmènent enchaîné à la base aérienne de Bagram. Il est néanmoins considéré comme un trublion par les US, car il a été parmi les grévistes de la faim les plus déterminés, se laissant dépérir en refusant de manger, pour demander un procès équitable pour tous.
Assis jambes croisées par terre dans la pièce principale, nous avons raconté son action courageuse à sa famille. Leur réponse nous a stupéfaits.
“Dites-lui d’arrêter sa grève de la faim ! Dites-lui d’obéir à ses geôliers ! Nous avons besoin de lui ici !”, s’est exclamée la sœur aînée de Mohammed. Elle a montré la terrasse de leur petite maison où elles prévoient de lui construire une chambre et le bâtiment de l’autre côté de la route, où elles espèrent qu’il pourra démarrer une boutique. “ Il n’aura jamais besoin de repartir d’ici. Même pas d’aller au centre-ville.”
Ce sont six femmes seules au monde. Elles parlent bien l’anglais, ce qui normalement devrait leur donner accès à de bons jobs. Mais leur peau est d’un noir foncé dans un pays où l’on favorise les Arabes dominants à la peau plus claire, et la discrimination à laquelle elles font face n’a fait que s’aggraver depuis que l’on sait qu’elles ont un frère à Guantánamo. Ces femmes doivent se battre pour trouver le moindre boulot subalterne.
J’ai alors pensé à mon frère et à ma sœur en Australie. Si j’étais moi-même enfermé à Guantánamo, ils n’auraient de cesse de me voir libéré. Mais ces femmes n’ont pas l’influence nécessaire pour pouvoir traverser Nouakchott et rencontrer les ministres mauritaniens, et encore moins de traverser l’Atlantique pour demander aux tribunaux de libérer leur frère. Et voilà que nous autres avocats avions traversé l’Océan pour les voir : elles se démenaient pour nous offrir un repas – du couscous, du mouton et des fruits étalés sur le tapis devant nous.
Dehors, lorsque nous repartions, nous avons vu un petit garçon de quatre ou cinq ans, tout de bleu vêtu. Il frottait frénétiquement avec une brosse de brindilles, faisant voler la poussière. Il avait l’air de vouloir balayer tout le Sahara. Dans quinze ans, où sera ce garçon ? Sera-t-il encore en train de balayer le sable dans quelque McJob, pour essayer de maintenir sa famille ? Ou arrivera-t-il, par miracle, à arracher une éducation et devenir une voix pour la démocratie dans cette partie du monde ? Ou plutôt, frustré par la futilité de son existence et l’inéquité du monde qui éclate sur les écrans de télévision même dans la rue la plus pauvre, rejoindra-t-il le Jihad contre ceux qu’il percevra comme ses oppresseurs ?

Original : Reprieve
Clive Stafford Smith est l’avocat de plusieurs détenus de Guantánamo et directeur juridique de l’ONG américano-britannique Reprieve.
Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.

vendredi 9 mars 2007

Mission en Tunisie

Deux membres de l’organisation britannique Reprieve vienent de se rendre en mission en Tunisie pour y rencontrer les familles et les avocas des Tunisiens détenus à Guantánamo . Voici les compte-rendus de cette « mission impossible" par les agences Associated Press et AFP ainsi qu’un communiqué du Conseil national des Libertés en Tunisie.

L'organisation Reprieve clame l'innocence de détenus tunisiens à Guantánamo

Le chef d'une délégation de l'organisation humanitaire Reprieve qui vient d'achever une mission en Tunisie, Christopher Chang, s'est dit "convaincu de l'innocence de détenus tunisiens" incarcérés dans la prison américaine de Guantánamo , à Cuba, lors d'un entretien vendredi avec l'Associated Press.
Basée à Londres, cette organisation dirigée par Clive Stafford Smith parraine 36 prisonniers du centre de détention de l'armée américaine à Guantánamo , dont quatre Tunisiens sur les 12 figurant sur la liste du Pentagone.
Il s'agit de Hichem Sliti, Abdul al-Hadi, Abdallah Ben Amor et Adel Al Hakimi. Quatre autres sont représentés par des avocats bénévoles américains et les quatre restants n'ont pas encore d'avocats, selon Chang.
Pour l'enquêteur britannique, ces Tunisiens sont "détenus illégalement à Guantánamo Bay. Ils sont faussement accusés et la plupart des dossiers sont vides", a-t-il soutenu. "Sur les quelque 400 détenus libérés, pas un seul n'a eu l'occasion de passer devant un juge pour prouver son innocence. C'est frustrant."
Il a par ailleurs dénoncé "les conditions d'incarcération très dures" et "la grande pression" que subissent les prisonniers à Guantánamo , faisant état de trois morts enregistrés depuis l'ouverture du centre en 2002.
Christopher Chang a révélé au passage que le détenu tunisien Abdullah bin Omar, parrainé par Reprieve, serait libéré dans quelques mois.
"Nous avons reçu un message dans ce sens de la base de Guantánamo , dans lequel ils (les responsables du centre de détention) disent qu'il a été désigné pour être libéré. Ils ne disent pas qu'il est innocent, mais qu'il ne représente peut être pas une menace sérieuse et qu'il n'est pas trop dangereux", a-t-il précisé.
Selon lui, la liste des détenus publiée par le Pentagone à la suite de la requête présentée à la Cour suprême des Etats-Unis par l'Associated Press, bien que contenant "le minimum de données" et malgré "les erreurs" qui y figurent, a "beaucoup aidé" Reprieve dans sa mission.
Au cours d'un séjour de plusieurs jours effectué cette semaine en Tunisie, en compagnie de l'avocate américaine Cori Crider, les deux représentants de Reprieve ont rencontré les familles de Hichem Sliti et Adel Hakeemi. Ils ont aussi pu rendre visite à la famille d'un troisième détenu, Adel Mabrouk, qui n'a pas d'avocat et obtenu les signatures devant permettre à l'organisation de les représenter légalement.
"La plupart sont persuadés que leurs enfants détenus à Guantánamo n'ont rien fait. En Tunisie, c'étaient des jeunes normaux. Ils ne faisaient pas partie de groupes extrémistes et n'avaient pas de penchants prononcés pour la religion. Ils rêvaient de voyager", a relaté le représentant de Reprieve.
"Nous aussi, nous sommes convaincus qu'ils sont innocents, mais on a encore du travail à faire pour le prouver", a-t-il martelé.
Les deux enquêteurs ont pris avec eux des photos, quelques lettres ainsi que des messages vidéo -une "nouveauté" désormais autorisée par l'administration de Guantánamo - qu'ils comptent transmettre aux détenus.
Ils projettent de revenir en Tunisie pour prendre contact avec d'autres familles de détenus et rencontrer aussi des officiels.
Des missions similaires ont déjà été menées par cette organisation ou sont en cours dans d'autres pays qui comptent des ressortissants détenus à Guantánamo , dont la Mauritanie, le Maroc, le Kenya et la Jordanie. Des représentants de Reprieve projettent de se rendre en avril en Algérie et au Tchad.
Source : AP, 9 mars 2007

Guantánamo : des enquêteurs ont visité des familles de détenus tunisiens

Deux enquêteurs de l'organisation humanitaire Retrieve ont effectué une mission en Tunisie, où ils ont rencontré des proches de Tunisiens détenus dans la prison américaine de Guantánamo à Cuba, ont-ils déclaré jeudi à l'AFP peu avant leur départ de Tunis.
"Notre mission avait pour but de retrouver les familles des prisonniers, en particulier ceux qui n'ont pas encore d'avocats désignés, et de rétablir le contact par courrier, photos ou messages", a déclaré Christopher Chang.
Cet enquêteur britannique et l'avocate américaine Cori Crider ont indiqué avoir rencontré les familles de quatre prisonniers et obtenu les signatures, exigées par le Pentagone pour la désignation d'un avocat.
Me Crider a exprimé son "émotion" de repartir avec de courts messages vidéos enregistrés par les proches de Hichem Sliti (40 ans) et Adel al Hakimi (41 ans), qui ont déjà reçu la visite d'un avocat mandaté par Retrieve.
"Nous sommes émus de voir tant d'amour et de souffrance chez une maman, une soeur, un frère après des années de séparation avec leurs proches", a-t-elle déclaré.
Les deux bénévoles ont indiqué que leur association, basée à Londres, parrainait 36 prisonniers présumés terroristes, parmi lesquels quatre Tunisiens sur un total de douze figurant sur la liste du Pentagone.
Parmi les douze tunisiens, quatre ont des avocats bénévoles américains, les quatre autres risquent de ne pas être assistés durant les pourparlers précédant éventuellement leur libération, ont-ils poursuivi.
Les deux enquêteurs, qui ont été interrogés par la police sur leur mission, devraient poursuivre les investigations avec l'aide d'avocats tunisiens et des militants du Conseil national des Libertés (CNLT), association de défense des droits de l'Homme non agrée par les autorités.
Des missions similaires ont été effectuées récemment en Mauritanie, au Maroc, et en Jordanie, a indiqué M. Chang, ajoutant que son organisation négociait des possibilités d'asile pour les prisonniers libérés.
Les deux enquêteurs ont critiqué les audiences qui doivent commencer vendredi pour quatorze détenus parmi 370 détenus de Guantánamo.
"Cela ne rime à rien, puisque tout est construit sur le principe d'éviter à tout prix une juridiction américaine", a affirmé Me Crider, ajoutant "aucun juge fédéral ne voudra se prononcer sur la base d'aveux extorqués sous la torture".
Khaled Cheikh Mohammed, cerveau présumé du 11-Septembre, figure parmi ces détenus présentés comme de hauts responsables d'Al-Qaïda.
Source : AFP, 8 mars 2007

Agression de journalistes et encerclement du siège du CNLT

Ce matin 8 mars, le siège du CNLT a été encerclé par un nombre d’agents de la police politique dépassant la trentaine. Leur objectif était d’empêcher les journalistes invités d’assister à une conférence de presse organisée par l’ONG britannique Repreive au local du CNLT. Le journaliste de l’hebdomadaire « Al maoukif », Mohamed Hamrouni a été agressé par des agents qui l’ont poursuivi jusqu’à l’intérieur de l’immeuble où se trouve le siège du CNLT et ont tenté de le sortir de force ; il n’a réussi à se dégager que lorsque les membres du CNLT ont accouru en entendant ses cris.
De même, Sahbi Smara, journaliste de l’hebdomadaire « Muwatinun » a été brutalisé et empêché d’accéder au local et menacé par ces mêmes agents s’il persistait à vouloir entrer au local. De la même manière, Abdeljabbar Maddahi, membre de la section de Bizerte de la LTDH a été empêché d’enter au local du CNLT.
La veille, le 7 mars, une dizaine de policiers en civil ont embarqué devant leur hôtel les membres de la mission de Repreive Christopher Chang et Cori Crider pour les emmener au commissariat de Bab Bhar et les ont interrogés sur la nature de leur mission et leurs contacts en Tunisie. Ils leur ont signifié qu’ils auraient dû préalablement obtenir « l’autorisation de l’ATCE » pour mener leurs enquêtes alors qu’ils ne sont pas des journalistes et ils les ont invités à ne plus avoir de relations avec le CNLT au prétexte que cette ONG n’est pas reconnue.
Les enquêteurs de Reprieve - une ONG britannique qui a constitué un groupe d’avocats pour défendre les prisonniers tunisiens à Guantánamo -sont arrivés à Tunis le 3 mars dans le cadre d’une mission qui a pour but d’entrer en contact avec les familles des détenus tunisiens emprisonnés à Guantánamo Bay ainsi qu’avec des avocats et des ONG de droits humains afin d’avoir une idée précise sur leur situation judiciaire au cas où ils seraient livrés à la Tunisie lors de leur libération qui est probable. Et durant tout leur séjour, ils ont été soumis à une surveillance policière rapprochée.
Interruption brutale de la visite à Abbou
Ce jeudi 8 mars, alors que Samia Abbou était en train de parler avec son mari, l’avocat Mohamed Abbou, au cours de la visite hebdomadaire à la prison du Kef, la direction de la prison du Kef a délibérément interrompu la visite dès les 5 premières minutes alors que Samia commençait à rapporter à son mari les échos de la campagne internationale qui a eu lieu le 1er mars pour exiger sa libération. La sonnerie de fin de visite a été actionnée et le rideau tiré cachant Abbou qui protestait et criait pour qu’on le laisse parler avec sa femme ; il s’accrochait aux barreaux alors que les gardiens le traînaient de force. Sa fille Nour, présente à la visite s’est effondrée en pleurs, croyant qu’on frappait son père.

Source : Communiqué CNLT

Le cameraman Sami Al-Haj victime de représailles après avoir entamé une grève de la faim à Guantánamo


Reporters sans frontières condamne les mauvais traitements infligés par les autorités du camp de Guantánamo à Sami Al-Haj, cameraman soudanais de la chaîne Al-Jazira, en représailles à une grève de la faim qu’il a entamée le 7 janvier 2007.
“Sami Al-Haj est détenu depuis cinq ans par les forces américaines, sans charges, dans des conditions indignes et au mépris de toute convention internationale concernant les prisonniers. Il a fait valoir, légitimement mais en vain, ses droits auprès des autorités militaires. Si nous ne saurions l’encourager à poursuivre une grève de la faim, nous condamnons fermement qu’il soit nourri de force. Nous espérons que la Cour suprême, à nouveau saisie de la question des garanties constitutionnelles offertes aux prisonniers de Guantánamo , se prononcera en ce sens comme elle l’a déjà fait par deux fois”, a déclaré Reporters sans frontières, qui réclame la libération de Sami-Al-Haj.
Le 7 janvier 2002, Sami Al-Haj avait été livré à l’armée américaine par les forces de sécurité pakistanaises qui l’avaient arrêté, deux semaines plus tôt, à la frontière afghane. Le 13 juin suivant, le cameraman soudanais d’Al-Jazira avait été transféré à la base militaire de Guantánamo (cf. nos précédents communiqués). Pour marquer les cinq ans de sa détention sans jugement, le journaliste a entamé, le 7 janvier dernier, une grève de la faim assortie de cinq revendications adressées aux autorités militaires :
le respect du droit des prisonniers à pratiquer leur religion ;l’application aux détenus de Guantánamo des conventions de Genève sur les prisonniers ;la fin du régime d’isolement total pour certains prisonniers ;une enquête complète, impartiale et rendue public sur les circonstances des décès de trois prisonniers, le 10 juin 2006 ;sa libération ou, à défaut, sa comparution devant un tribunal civil américain.
L’administration du camp n’a jamais répondu aux requêtes du prisonnier. Les militaires ont, en revanche, procédé à des confiscations - matelas, tapis de prière, bouteilles d’eau, nécessaire de toilette, lunettes, prothèse du genou, correspondance, stylo - “proportionnelles” au nombre de repas refusés, comme l’a confié Sami Al-Haj à son avocat, Clive Stafford-Smith, récemment en visite à Guantánamo .
Le journaliste, amaigri d’une dizaine de kilos, a été transféré à l’hôpital à plusieurs reprises, du 25 au 30 janvier, en faisant valoir qu’il était “prêt à mourir”. Il a été nourri de force, via un tube relié à son estomac, avant d’être renvoyé en cellule, selon son avocat.
Considérés comme des “combattants ennemis”, les prisonniers de Guantánamo ne peuvent saisir la justice civile avant d’avoir été jugés par des tribunaux militaires, en vertu d’une loi votée au Congrès le 17 octobre dernier, qui autorise également le recours à la torture.
En février dernier, les avocats de deux prisonniers, jugeant ces dispositions anticonstitutionnelles, ont saisi la Cour suprême. Celle-ci avait pourtant établi par deux fois que la Constitution s’appliquait aux détenus de Guantánamo . Le gouvernement américain affirme que la Constitution ne s’applique pas à un individu hors du territoire américain. L’enclave de Guantánamo est pourtant, de fait, une partie du territoire des États-Unis.

Source : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=21212

lundi 12 février 2007

Le Kenya livre des Britanniques à Mogadiscio avec la complicité de Londres

Par Reprieve,10 février 2007
Reprieve a appris que quatre ressortissants britanniques (Shahajan Janjua, Reza Afsharzadagen, Mohammed Ezzoueck et Hamza Chentouf) ont été livrés le 10 février 2007 par le Kenya à la Somalie, où ils se trouvent dans un lieu de détention innconnu. Reprieve craint qu’ils soient soumis à la torture à moins que le gouvernement britannique n’agisse immédiatement pour assurer leur retour à la maison sains et saufs.
Une enquête menée par Cageprisoners et Reprieve a révélé que ces hommes ont fui la Somalie, où ils étaient en danger et qu’ils ont été détenus sans inculpation par les autorités kényanes pendant plus d’un mois. Pendant ce temps ils n’ont reçu aucune visite consulaire du Foreign and Commonwealth Office (FCO) mais ont été interrogés à plusieurs reprises par les services de sécurité britanniques. »Ce qui est arrivé à ces quatre hommes est un scandale », a déclaré Clive Stafford Smith, directeur juridique de Reprieve. « Apparemment, la seule assistance consulaire que des Britanniques musulmans à l’étranger puissent escompter, c’est le risque d’être interrogés par les services de de renseignement du Royaume-Uni. Le FCO a reconnu qu’il savait que ces hommes étaient détenus depuis me 21 janvier. Pourquoi n’est-il pas intervenu ? »
Shahajan Janjua, citoyen britannique de 22 ans, a acheté un billet d’avion au Royaume-Uni pour une brève visite en Somalie, pour assister au mariage d’un ami. Quand l’Éthiopie et les USA ont attaqué le pays, il a cherché désespérément à à échapper au danger et a fui au Kenya. Le 31 janvier, il a contacté des ONG au Royaume-Uni depuis un téléphone portable, les informant qu’il avait été détenu sans inculpation pendant un mois au commissariat de police d’Ungata Rongoi avec trois autres Britanniques. Il a ajouté qu’il avait eu le nez cassé par un gardien kényan et qu’il avait été torturé.
Les quatre Britanniques ont été arrêtés par les autorités kényanes début janvier 2007. ils faisaient aprtie d’un groupe de sept r essortissants étrangers, dont un Suédois, détenus à la prison d’Ungata Rongoi à Nairobi avant d’être transférés vers d’autres prisons. On ignore où se trouvent les autres étrangers actuellement.
Ces dernières semaines, 62 ressortissants étrangers ont été,selon nos informations, remis, menottes aux poignets, par le Kenya à la Somalie. Le 28 janvier, le porte-parole du gouvernement intérimaire somalien Abdirahman Dinari a confirmé que les ressortissants étrangers récemment livrés par le Kenya à la Somalie étaient « détenus au secret quelque part dans Mogadiscio ».
Louise Christian, avocate britannique des familles de ces hommes, a dit:
« Le gouvernement britannique a l’obligation, vis-à-vis, de citoyens britanniques détenus à l’étranger, d’assurer leur sécurité et leur bien-être. Au lieu de cela, il semble qu’il ait activement participé à leur transfert extraordinaire vers un pays qui commet de notoriété publique des violations graves des droits humains, mettant ainsi leurs vies en danger. Le Foreign Office a assuré les familles qu’il contrôlait la situation e qu’il était en train de les rapatrier. Il est incroyable qu’ils aient laissé faire de telles choses. »
Pour plus d’informations :
Clara Gutteridge à Reprieve – 0044 7973 687 950
Clive Stafford Smith - clivess@mac.com, 0044 1308 424 412
Louise Christian – 0044 7884 363 630
http:// www.reprieve.org.uk
Original : http://www.cageprisoners.com/articles.php?id=18898
Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de
Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.

dimanche 28 janvier 2007

Conférence de presse des avocats des détenus mauritaniens à Guantánamo

Le représentant des familles des détenus mauritaniens à Guantánamo a tenu à saluer et remercier le public et l’ensemble de la presse de leur présence. Me Smith, l’Avocat américain et des ses collègues étaient en place ainsi que Me Fatimata M’Baye et Monsieur Boubacar Ould Messaoud et d’autres avocats Mauritaniens.Me Smith a tenu à exprimer son indignation et sa désolation face aux atrocités et maltraitance dont sont victimes les prisonniers de Guantánamo dont les Mauritaniens.
Ce qui constitue la raison principale de leur visite à Nouakchott.Les autorités américaines, selon eux, sont les principaux responsables de ces violations des droits de l’Homme flagrantes. Ils lancent un appel à l’endroit de la communauté internationale à se mobiliser pour réclamer la fermeture immédiate et sans condition de la prison de Guantánamo .
C’est dans le même registre, qu’ils ont demandé au Ministre de la justice de la Mauritanie à adresser une lettre aux autorités américaines pour exiger le retour de leurs concitoyens détenus arbitrairement et dans des conditions inhumaines, depuis des années sans aucune procédure judiciaire.
Selon eux, la Mauritanie doit sans tarder suivre l’exemple de la Grande Bretagne et le Soudan le Maroc et la Jordanie qui ont obtenu la libération et le rapatriement de leurs concitoyens.Tous les participants ont sollicité vivement l’implication des autorités et le soutien du peuple Mauritaniens pour que ce dossier soit enfin clôturé. En fin de compte toutes les organisations des droits ont été interpellées à ce titre, car c’est l’humanité tout entière qui est concernée.

vendredi 12 janvier 2007

Reporters sans frontières réclame à nouveau la libération de Sami Al Haj, cinq ans après l’arrivée des premiers détenus à Guantanamo

Le 11 janvier 2002, plusieurs centaines d’individus, capturés par l’armée américaine lors de l’opération “liberté immuable” en Afghanistan, étaient transférés sur la base militaire de Guantanamo (est de Cuba). Cette date a marqué l’ouverture d’un véritable goulag tropical qui aura reçu jusqu’à 770 prisonniers, dont le cameraman soudanais de la chaîne qatarie Al-Jazira Sami Al-Haj, toujours détenu sans charges depuis le 13 juin 2002.“L’invalidation par la Cour suprême, en juin 2006, des tribunaux militaires chargés de juger les “combattants ennemis” détenus à Guantanamo n’a malheureusement rien changé à la situation de ces derniers, détenus pour la plupart sans motif dans des conditions épouvantables. La libération d’une trentaine d’entre eux, au dernier trimestre 2006, n’enlève rien au scandale juridique et humanitaire dont s’est rendu responsable depuis quatre ans un pays pourtant démocratique. Nous espérons que la nouvelle majorité investie au Congrès le 4 janvier 2007 se saisira très rapidement du dossier et obligera le pouvoir exécutif à fermer le camp. Nous demandons, une fois encore, la libération de Sami Al-Haj”, a déclaré Reporters sans frontières.Capturé en décembre 2001 à la frontière afghane par l’armée pakistanaise puis remis aux soldats américains, le cameraman soudanais d’Al-Jazira, Sami Al-Haj, a rejoint la base navale le 13 juin 2002. Forcé d’avouer des connexions supposées entre la chaîne qatarie et Al-Qaïda, il a été soumis à plus de 150 interrogatoires et régulièrement torturé (exposition prolongée en plein soleil, supplice de la baignoire, privation de sommeil, etc.). Malade et privé de tout contact avec sa famille depuis son incarcération, le journaliste a évoqué pour la première fois sa volonté de se suicider lors d’une visite de son avocat, Clive Stafford-Smith, en avril 2006. Le cas de Sami Al-Haj, accusé sans preuve d’avoir réalisé une interview d’Oussama Ben Laden et de s’être livré à du trafic d’armes pour le compte de terroristes islamistes, est exemplaire du sort réservé à beaucoup de ses codétenus.Une directive de la Maison Blanche du 7 février 2002 a d’abord soustrait les détenus de Guantanamo aux Conventions de Genève sur les prisonniers de guerre, les plaçant ainsi hors de tout cadre juridique. Après une longue bataille juridique, la Cour suprême a déclaré inconstitutionnels les tribunaux militaires chargés de juger les “combattants ennemis” , le 29 juin 2006. Le 12 juillet suivant, la directive présidentielle du 7 février 2002 a été abrogée mais le 28 septembre, le Congrès a légalisé les tribunaux d’exception et introduit de nouvelles clauses empêchant les prisonniers de contester leur détention avant d’avoir été jugés et interdisant toute poursuite contre leurs geôliers. Le 17 octobre, une autre loi a autorisé le recours à la torture.La base navale de Guantanamo a reçu jusqu’à 770 prisonniers. Une trentaine ont été libérés au dernier trimestre 2006. Le camp compte actuellement 395 détenus. Selon l’Agence France-Presse (AFP), le gouvernement a prévu d’en juger entre 60 et 80. Clive Stafford-Smith n’a pas pu préciser à Reporters sans frontières si Sami Al-Haj faisait partie de ces derniers. L’avocat londonien a confié à l’organisation : “Le moral des prisonniers est au plus bas pour d’évidentes raisons : ils ont été détenus pendant cinq ans sans la moindre perspective de jugement équitable. Contrairement à ce que prétendent les militaires, les conditions sont pires qu’elles n’ont jamais été, pires que dans n’importe quel couloir de la mort que j’ai visité, et j’en ai vu beaucoup, depuis vingt ans que je défends des condamnés à mort aux Etats-Unis. La plupart des détenus de Guantanamo sont aujourd’hui maintenus à l’isolement, sans rien à faire de toute la journée.”Il y a plus de 16 ans, Reporters sans frontières mettait en place « le parrainage » et appelait les médias internationaux à soutenir un journaliste emprisonné. Plus de 200 rédactions dans le monde soutiennent ainsi un confrère en demandant régulièrement sa libération aux autorités concernées et en médiatisant sa situation pour que son cas ne tombe pas dans l’oubli.
Parrains Espagne : La Sexta, IPS-Comunica, La Voz del Occidente, Colexio de Xornalistas de Galicia
Canada : Corriere Canadese, Atlas media, Magazine de Saint-Lambert, Mouton Noir, CIBL, Radio Canada Sudbury.
Signez la pétition en faveur de Sami Al-Haj : http://www.rsf.org/article.php3 ?id_article=19076
Source : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=20345

Sami Al Haj
La fiche de RSF
Assistant cameraman de la chaîne qatarie Al-Jazira, il a été arrêté le 15 décembre 2001 en Afghanistan. Il a été transféré à la base militaire de Guantanamo le 12 juin 2002. Aucun procès n’a eu lieu. Les prisonniers de Guantanamo sont détenus en dehors de tout cadre légal et ne bénéficient pas des droits inscrits dans les Conventions de Genève sur les prisonniers de guerre.Sami Al-Haj est considéré comme un “ennemi combattant” par les autorités américaines au motif, jamais établi, qu’il aurait dirigé un site soutenant le terrorisme, qu’il se serait livré au trafic d’armes, qu’il serait entré illégalement en Afghanistan et qu’il aurait interviewé Oussama Ben Laden. Le Département d’Etat américain est persuadé de l’existence de connexions entre la chaîne Al-Jazira et Al-Qaïda.
Un temps émigré aux Emirats arabes unis où il travaillait dans une société d’import-export, Sami Al-Haj venait d’intégrer la chaîne Al-Jazira lorsque celle-ci l’a envoyé en Afghanistan couvrir les frappes américaines d’octobre 2001. Refoulée de Kandahar par les talibans, son équipe de tournage a été obligée de se replier au Pakistan voisin. Après avoir prolongé son visa, Sami Al-Haj est reparti en Afghanistan le 15 décembre 2001, date à laquelle les forces de sécurité pakistanaises l’ont arrêté. Selon Al-Jazira, le journaliste aurait été interpellé sur la base d’un mandat d’arrêt portant son nom, mais le numéro de passeport inscrit sur le mandat était faux. D’abord détenu à Chaman (Pakistan) pendant vingt-trois jours, Sami Al-Haj a été livré le 7 janvier 2002 aux militaires américains qui l’ont transféré le jour même sur la base de Bagram (Afghanistan). A Bagram, le journaliste a été accusé d’avoir enregistré des vidéos d’Oussama Ben Laden, ce qu’il a catégoriquement démenti, et a subi de mauvais traitements : privation de nourriture, coups, exposition à des températures hivernales.
Le 23 janvier 2002, les forces américaines l’ont envoyé à la prison de Kandahar où il est resté cinq mois, durant lesquels il a fait l’expérience de tortures physiques et psychologiques, avant son transfert vers Guantanamo. Selon le quotidien britannique The Guardian, Sami Al-Haj aurait reçu des autorités américaines, le 26 septembre 2005, la promesse d’une libération et l’octroi d’un passeport américain s’il consentait à espionner Al-Jazira pour le compte de Washington.
Durant son transfert à Guantanamo, Sami Al-Haj a voyagé enchaîné et la tête recouverte d’une cagoule. Les soldats qui l’escortaient le frappaient pour le réveiller dès qu’il s’endormait. Ces méthodes n’ont pas cessé depuis son incarcération. Enfermés dans des cages, forcés d’y rester assis, exposés en plein soleil, privés de sommeil, les prisonniers de Guantanamo ont tous confié avoir subi des tortures lors des interrogatoires auxquels ils sont soumis (sévices sexuels, passages à tabac, isolement dans une pièce où de la musique retentit à pleins décibels...).
Sami Al-Haj a été questionné sous la menace plus de 130 fois. Il souffre d’un cancer de la gorge pour lequel il ne reçoit aucun soin. Il est privé de tout contact avec sa famille. Très éprouvé psychologiquement, le journaliste a évoqué devant son avocat, le londonien Clive A. Stafford-Smith, venu lui rendre visite en avril 2006, sa volonté de se suicider. Le 29 juin 2006, la Cour suprême des Etats-Unis, saisie par l’avocat d’un autre prisonnier, a déclaré illégaux les tribunaux d’exception chargés de juger les prisonniers de Guantanamo. Cette décision n’implique malheureusement pas la fermeture du camp, où 450 prisonniers restent détenus.
Le 20 septembre 2002, Reporters sans frontières s’était adressée par courrier à John Ashcroft, alors secrétaire d’État à la Justice pour lui demander des explications sur l’arrestation de Sami Al-Haj et le mettre en garde contre les persécutions manifestes du Département d’Etat envers la chaîne Al-Jazira. Ce courrier est resté sans réponse. A plusieurs reprises et en lien avec son avocat, Reporters sans frontières a plaidé pour la libération de Sami Al Haj et la fermeture de Guantanamo.

lundi 8 janvier 2007

Fermez Guantanamo maintenant

Par humanadijon, 8 janvier 2007
humanadijon est un blog qui se présente comme
Journal d'une militante pour les droits humains voulant partager son expérience, vécue, coup de coeur, coup de gueule

Hier, j'ai participé à la manifestation d'Amnesty International pour demander la fermeture de Guantanamo, cette prison ignoble et indigne d'un pays disant porté le modèle de la démocratie dans le monde. Pourtant, c'est par cette prison que les Etats-Unis fragilisent la démocratie dans le monde. Comment dans les dictatures, les militants des défenseurs des droits humains peuvent convaincre leur concitoyens des bienfaits de la démocratie si ceux qui sont censé présenter le modèle bafoue les droits.
Aujourd'hui, la prison de Guantanamo comme hier d'Abou Ghraïb est utilisé par les extrémistes pour pousser la haine contre l'occident. Ces prisons sont censées lutter contre le terrorisme. Mais elles nourrissent le terrorrisme. Elles affaiblissent les démocrates et les défenseurs des droits humains. Enfin, tolérer la régression des drois humains au nom de la lutte contre le terrorisme, c'est donner victoire aux intégristes. C'est par le respect des droits humains et par la démocratie que l'on vaincra le terrorisme.
Après le 11 septembre, j'osais espérer enfin que la communauté internationale allait enfin se préoccuper des démocraties dans le monde . Mais pas du tout. Au contraire, il suffisait qu'on traite ses ennemis de terroristes pour avoir la paix: les oppposants démocrates, les journalistes trop indépendants, les tchétchènes, les palestiniens, les ouïghours...
Et l'Union Européenne qui tente d'oublier la Convention de Genève garantissant les droits de demandeurs d'asile. Selon deux anciens détenus français rencontrés lors de la manifestation, sur 420 prisonniers, il n'y aurait que 30 qui seraient réellement de El Qaïda.
Parmi les autres prisonniers, on compte un cameraman soudanais de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira Sami Al-Haj, arrêté par les forces de sécurité pakistanaises à la frontière afghane en décembre 2001 et livré à l’armée américaine en janvier 2002. Le journaliste est soupçonné d’être un “ennemi combattant” au prétexte qu’il serait entré illégalement sur le territoire afghan en octobre 2001 au moment des frappes américaines, qu’il aurait dirigé un site Internet soutenant le terrorisme, qu’il se serait livré à du trafic d’armes et qu’il aurait interviewé Oussama Ben Laden.
Aucune enquête ni aucun témoignage ne sont venus corroborer ces accusations.
Souffrant d’un cancer de la gorge, privé de soins et de contacts avec sa famille, Sami Al-Haj a déclaré à son avocat britannique Clive A. Stafford Smith avoir subi 130 interrogatoires depuis le début de son incarcération. Ces interrogatoires, destinés à lui faire avouer des liens entre Al-Jazira et Al-Qaïda, ont été ponctués de sévices et de menaces à l’encontre de sa famille.
Il y a aussi 4 mineurs: Mohammed al-Gharani, ressortissant tchadien arrêté au Pakistan alors qu’il avait 15 ans, Omar Khadr, Canadien, capturé en Afghanistan à l’âge de 15 ans, Hassan bin Attash, Yéménite, arrêté au Pakistan à l’âge de 17 ans ,Yousef al Sheri arrêté à l’âge de 16 ans en Afghanistan le 30 novembre 2001, a été transporté sur la base navale de Guantánamo le 16 janvier 2002.
Comme les autres détenus mineurs (à l’exception de 3), il n’a jamais bénéficié des protections particulières pourtant prévues par le droit et les normes internationaux interdisant les pratiques suivantes : détention avec les adultes, aucune assistance juridique ou toute autre assistance appropriée, mauvais traitements, détention en isolement… Qu'ils soient coupables ou non, les détenus ont des droits inaliénables: avoir un avocat, avoir des contacts avec leur famille, le respect de leur intégrité physique.
Alors, fermez Guantanamo Maintenant.