Berlin n'a jamais demandé aux Etats-Unis de libérer Murat Kurnaz, un Turc vivant en Allemagne et détenu quatre ans à Guantanamo, a indiqué jeudi un ancien responsable américain à la télévision allemande, réfutant les affirmations du gouvernement allemand. "Pendant toute la période de mon mandat, il n'y a eu aucun action du gouvernement allemand indiquant sa disposition à se voir remettre Kurnaz, et j'étais la personne responsable (de cette affaire) au sein du gouvernement américain", a affirmé à l'émission Monitor Pierre-Richard Prosper, représentant du Département d'Etat chargé notamment des crimes de guerre entre 2002 et 2005.
"Si les Allemands avaient dit dès 2002 qu'ils étaient prêts à reprendre Kurnaz, j'aurais pris l'avion, avec l'appui total du secrétariat d'Etat et de la présidence, pour négocier avec les Allemands des conditions et des modalités d'une libération", a-t-il ajouté dans le magazine qui devait être diffusé jeudi soir.
Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Jäger, a qualifié d'"imcompréhensibles" les déclarations de l'ancien responsable américain, affirmant que "le gouvernement allemand s'est préoccupé à plusieurs reprises depuis 2002 et à des niveaux différents de M. Kurnaz".
Murat Kurnaz, surnommé le "Taliban de Brême" car il vivait dans cette ville, a été arrêté en décembre 2001 au Pakistan, livré aux forces américaines en Afghanistan et transféré début 2002 à Guantanamo. Il a été libéré en 2006 sur pression du gouvernement d'Angela Merkel.
Frank-Walter Steinmeier, actuel ministre des Affaires étrangères et ancien bras droit du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005), a toujours démenti avoir reçu une offre en bonne et due forme des Etats-Unis pour la libération de Kurnaz. Le ministre doit être entendu, probablement le 22 mars, par la commission d'enquête parlementaire chargée d'éclaircir l'affaire Kurnaz.
Interrogé par Monitor, l'ancien vice-président des services de protection de la constitution (renseignements intérieurs) de l'Etat régional de Brême (nord), Lothar Jachmann, a indiqué qu'il n'existait dès 2002 aucun indice permettant de lier Kurnaz à un risque terroriste. "Nous n'avions rien, ni les Américains, ni le BND (services d'espionnage allemands), ni les services de protection de la constitution", a-t-il affirmé.
Source : AFP, 1er mars 2007
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