vendredi 9 mars 2007

Le cameraman Sami Al-Haj victime de représailles après avoir entamé une grève de la faim à Guantánamo


Reporters sans frontières condamne les mauvais traitements infligés par les autorités du camp de Guantánamo à Sami Al-Haj, cameraman soudanais de la chaîne Al-Jazira, en représailles à une grève de la faim qu’il a entamée le 7 janvier 2007.
“Sami Al-Haj est détenu depuis cinq ans par les forces américaines, sans charges, dans des conditions indignes et au mépris de toute convention internationale concernant les prisonniers. Il a fait valoir, légitimement mais en vain, ses droits auprès des autorités militaires. Si nous ne saurions l’encourager à poursuivre une grève de la faim, nous condamnons fermement qu’il soit nourri de force. Nous espérons que la Cour suprême, à nouveau saisie de la question des garanties constitutionnelles offertes aux prisonniers de Guantánamo , se prononcera en ce sens comme elle l’a déjà fait par deux fois”, a déclaré Reporters sans frontières, qui réclame la libération de Sami-Al-Haj.
Le 7 janvier 2002, Sami Al-Haj avait été livré à l’armée américaine par les forces de sécurité pakistanaises qui l’avaient arrêté, deux semaines plus tôt, à la frontière afghane. Le 13 juin suivant, le cameraman soudanais d’Al-Jazira avait été transféré à la base militaire de Guantánamo (cf. nos précédents communiqués). Pour marquer les cinq ans de sa détention sans jugement, le journaliste a entamé, le 7 janvier dernier, une grève de la faim assortie de cinq revendications adressées aux autorités militaires :
le respect du droit des prisonniers à pratiquer leur religion ;l’application aux détenus de Guantánamo des conventions de Genève sur les prisonniers ;la fin du régime d’isolement total pour certains prisonniers ;une enquête complète, impartiale et rendue public sur les circonstances des décès de trois prisonniers, le 10 juin 2006 ;sa libération ou, à défaut, sa comparution devant un tribunal civil américain.
L’administration du camp n’a jamais répondu aux requêtes du prisonnier. Les militaires ont, en revanche, procédé à des confiscations - matelas, tapis de prière, bouteilles d’eau, nécessaire de toilette, lunettes, prothèse du genou, correspondance, stylo - “proportionnelles” au nombre de repas refusés, comme l’a confié Sami Al-Haj à son avocat, Clive Stafford-Smith, récemment en visite à Guantánamo .
Le journaliste, amaigri d’une dizaine de kilos, a été transféré à l’hôpital à plusieurs reprises, du 25 au 30 janvier, en faisant valoir qu’il était “prêt à mourir”. Il a été nourri de force, via un tube relié à son estomac, avant d’être renvoyé en cellule, selon son avocat.
Considérés comme des “combattants ennemis”, les prisonniers de Guantánamo ne peuvent saisir la justice civile avant d’avoir été jugés par des tribunaux militaires, en vertu d’une loi votée au Congrès le 17 octobre dernier, qui autorise également le recours à la torture.
En février dernier, les avocats de deux prisonniers, jugeant ces dispositions anticonstitutionnelles, ont saisi la Cour suprême. Celle-ci avait pourtant établi par deux fois que la Constitution s’appliquait aux détenus de Guantánamo . Le gouvernement américain affirme que la Constitution ne s’applique pas à un individu hors du territoire américain. L’enclave de Guantánamo est pourtant, de fait, une partie du territoire des États-Unis.

Source : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=21212

Aucun commentaire: