samedi 24 mars 2007

Gitmo : à quand le retrait des gringos ?

La Grande-Bretagne a rendu Hongkong à la Chine en 1997. Les Etats-Unis ont rétrocédé, comme prévu en 1979, la gestion du canal de Panama au Panama fin 1999. Considérant l’invalidité du traité cubano-américain sur Guantanamo Bay, combien de temps encore Washington compte-t-il occuper l’extrême Sud-Est de Cuba ?
A cette excellente question, le Conseil pour les affaires hémisphériques (COHA) basé à Washington apporte plusieurs réponses, toutes aussi excellentes, dans une longue analyse publiée il y a quelques jours.
En premier lieu, le COHA souligne surtout « l’invalidité » du Traité cubano-américain sur Guantanamo Bay signé en 1903 et dont l’article II précise que l’octroi de cette facilité avait seulement pour cadre l’utilisation de Guantanamo « comme site d’approvisionnement en charbon (des navires) ou de base navale, et pour aucun autre motif ».
Rien à voir avec un quelconque centre de rétention pour migrants cubains ou haïtiens, encore moins avec un camp de détention ou d’interrogatoires, d’aucuns diront de tortures, pour combattants ennemis.Idem pour l’article III du Traité : la seule présence d’un fast-food McDonalds dans la base de Gitmo représente une violation, puisque cet article stipule que « les Etats-Unis d’Amérique acceptent qu’aucune personne, aucun partenariat, aucune compagnie ne soit autorisé à créer et gérer aucune entreprise commerciale ou industrielle dans cette zone ».
Deux autres éclairages remettent en question la validité de l’occupation US.Dans le cadre de la Convention de Vienne, Cuba pourrait aussi demander la rupture unilatérale de l’accord signé il y a 104 ans au motif que le bail d’une base militaire située dans un pays étranger est conditionnée aux relations « amicales » entretenues entre les deux nations.
Sur ce point, pas besoin de décodage : depuis l’imposition de l’embargo US à Cuba il y a 45 ans, on peut facilement interpréter la mesure comme étant hostile, donc fondamentalement opposée à l’alliance cordiale entre les deux Etats signataires, mais aussi comme contraire à la conception moderne de la souveraineté et de « l’égalité de souveraineté » entre Etats.Enfin, une lecture plus simpliste, pour ne pas dire logique, voudrait simplement qu’un accord plus que centenaire justifie à lui seul une renégociation entre les deux parties.La disparition à plus ou moins brève échéance du président Fidel Castro, relancera peut-être, et pour la première fois sur un plan international, le débat juridique « légitime » sur la présence « illégitime » des USA à Guantanamo.
Loyer annuel : 4.085 dollars
La Havane a toujours refusé d’encaisser le loyer annuel de Guantanamo, fixé à 4.085 dollars, contre 2.000 pièces d’or à l’origine. Sauf une fois, en 1959, date de l’arrivée de Castro au pouvoir. Sur la base de cette exception, Washington estime que Castro a reconduit tacitement le bail. Pour Fidel, Guantanamo est surtout un « poignard planté en plein cœur de Cuba », symbole de « l’arrogance impérialiste », Annexée par les troupes américaines en lutte contre les Espagnols et leurs velléités colonialistes à la fin du XIXè siècle, la base navale de Gitmo ressemble plus aujourd’hui à une ville de banlieue américaine qu’à un pénitencier : environ 6.000 personnels y vivent pour « approximativement » 385 prisonniers (dernière estimation officielle diffusée la semaine dernière par le ministère américain de la Défense).
Pour en savoir plus : http://www.coha.org/2007/03/15/a-constructive-plot-to-return-guantanamo-bay-to-cuba-in-the-near-future/
Source : http://www.ecaraibes.com/article/article.asp?id_article=11472670975275



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