Par Jean-Pierre Stroobants, Le Monde, 1er mars 2007
John Bellinger, conseiller juridique du département d'Etat américain, a indiqué à Bruxelles, mercredi 28 février, que son pays n'extraderait vers l'Italie aucun des 26 agents de la CIA poursuivis dans ce pays pour avoir enlevé, en février 2003, l'ex-imam égyptien Ossama Moustafa Hassan Nasr, alias Abou Omar. La demande d'extradition n'a pas été envoyée à Washington par le ministre italien de la justice, Clemente Mastella, mais M. Bellinger a indiqué qu'elle ne serait, de toute manière, suivie d'aucun effet.
Abou Omar a été incarcéré en Egypte durant quatre ans, avant qu'un tribunal ne le libère. Il affirme avoir été torturé.Emissaire habituel du gouvernement américain auprès des institutions bruxelloises, M. Bellinger tente d'y justifier la politique antiterroriste américaine. Après avoir rencontré ses homologues européens et avant une visite à l'OTAN, il a expliqué aux journalistes tout le mal qu'il pensait de l'idée de poursuivre les enquêtes sur les vols secrets de la CIA. Selon M. Bellinger, cela pourrait affaiblir la coopération euro-américaine dans le domaine du renseignement. Le Parlement européen a recensé plus de 1 200 vols secrets depuis 2001 et estime que certains ont transporté de prétendus "ennemis combattants", en violation du droit international.
Pour l'adjoint de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, le rapport du Parlement est "déséquilibré, inexact et injuste". "Nous ne pouvons, d'une manière ou d'une autre, dire que toutes les activités de renseignement sont illégales ou douteuses", a poursuivi M. Bellinger.
La Roumanie et la Pologne auraient-elles abrité des prisons secrètes ? Le diplomate élude, évoquant "diverses allégations" qui ne seraient que des "rumeurs".Le gouvernement américain est, depuis quelques jours, soumis à d'autres questions, relatives au sort de terroristes présumés qui ont vraisemblablement été détenus par les services secrets. Le président George Bush, reconnaissant, en septembre 2006, l'existence d'un tel programme, avait affirmé que les derniers prisonniers - quatorze détenus - avaient été transférés à Guantanamo. L'organisation de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), estime pour sa part que 38 personnes n'auraient pas réapparu et pourraient encore être emprisonnées sous le contrôle de la CIA ou dans des pays pratiquant la torture."Il est incorrect d'évoquer des disparitions", a commenté M. Bellinger de manière évasive. Selon lui, les terroristes capturés par les Etats-Unis sont à Guantanamo où ils ont été soit simplement interrogés, soit relâchés, soit remis à des pays qui se chargent de les juger.
Pressé de questions sur l'avenir du camp de détention cubain, M. Bellinger a réaffirmé que son gouvernement comptait le fermer lorsque le sort des personnes qui y sont détenues serait réglé. Il déplore, à cet égard, que les Etats européens critiquent mais ne fassent aucune "proposition constructive", par exemple pour accueillir des prisonniers qui ne peuvent, pour diverses raisons, être renvoyés vers leur pays d'origine.
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