Cinq ans après l'ouverture de Guantanamo, la vingtaine de musulmans européens qui y ont séjourné sont presque tous libresde toute poursuite judiciaire et continuent de dénoncer les atteintes auxdroits de l'Homme dont ils affirment avoir été victimes. À leur retour en Europe, les neuf Britanniques, l'Allemand, le Danois et leSuédois retenus pendant plusieurs années sur la base américaine de Cuba ontvu les poursuites à leur encontre abandonnées. Le Tribunal suprême espagnol a, en juillet 2006, annulé une condamnation à six ans de prison prononcée contre Hamed Abderrahmane.Seuls six des sept Français qui avaient été libérés entre juillet 2004 et mars 2005 - l'un a été relâché sans poursuites - sont encore susceptibles d'être condamnés. Leur procès a été reporté pour "supplément d'informations"à mai 2007.Les détenus européens de Guantanamo, remis à leur pays par les USA ou simplement relâchés, présentaient des profils divers, certains ayantf réquenté les camps d'entraînement afghans, d'autres à les en croire ayant échoué au gré des circonstances en Afghanistan ou au Pakistan.Les Français Mourad Benchellali, 25 ans, Nizar Sassi, 26 ans et BrahimYadel, 36 ans, seraient passés par les camps afghans. Les parents du premier avaient été inquiétés pour des faits de terrorisme en 2004. Sassi a dit avoir fait le voyage pour assouvir "sa passion pour les armes".Plus engagé, Yadel voulait défendre "un État islamique". Le Danois Slimane Hadj Abderahmane, 32 ans, libéré en février 2004 après deux ans de détention, s'était aussi rendu en Afghanistan par conviction religieuse poursuivre un entraînement dans les camps talibans.Les autres ont assuré avoir été pris par hasard dans les mailles du filet américain. Le Suédois Medhdi Ghezali, 27 ans, avait été arrêté en décembre2001 au Pakistan. Il a affirmé qu'il rendait visite à un ami et venait étudier le Coran quand les villageois l'ont capturé et remis à la police pakistanaise, qui l'a transféré aux Américains.Le Français Imad Achab Kanouni, 29 ans, ne voulait pas non plus "faire ledjihad", juste "étudier le Coran". Son compatriote Khaled Ben Mustapha, 34ans, marié et père de deux enfants, voulait "voir à quoi ressemble un régime dirigé par la charia".Le Britannique Moazzam Begg, 39 ans, vendait des livres d'histoire et dereligion avant de partir avec sa famille en Afganistan pour y mener, selonses proches, des activités caritatives. Jamal al-Harith, 39 ans, avait d'abord été prisonnier des talibans qui le prenaient pour un espion britannique, avant d'être capturés par les Américains, selon son avocat. Les ex-détenus ont tous décrit les mêmes sévices subis à Guantanamo: "coups"de pieds, de poings, "insultes", "crachats", "accrochage au plafond par les mains", interrogatoires sous la menace de chiens, surmédication avec apparition d'effets secondaires...L'Allemand Murat Kurnaz, surnommé le "Taliban de Brême", y a passé quatreans, bien qu'il ait été très vite établi qu'il n'avait pas de lien avec un groupe terroriste. Il a dénoncé les tortures physiques, avec entre autresdes "électrochocs aux pieds", et psychologiques.Rhuhal Ahmed, Asif Iqbal et Shafiq Rasul, tous trois d'origine pakistanaise et vivant à Tipton (centre de l'Angleterre), ont parlé d'agressions sexuelles et d'humiliations à caractère religieux dont auraient été victimes les détenus, ainsi que de procédures d'interrogatoire brutales conduisant àde fausses confessions.L'histoire de ces trois hommes, détenus pendant deux ans à Guantanamo sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux, a fait l'objet d'un film "The road to Guantanamo" par le Britannique Michael Winterbottom, qui a obtenu l'Ours d'argent au festival de Berlin 2006.Selon des chiffres du Pentagone datés de décembre, environ 380 détenus ont quitté Guantanamo depuis 2002. Environ 395 restent encore prisonniers sur la base.Source : AFP, 9 janvier 2007
mercredi 10 janvier 2007
Les ex-détenus européens de Guantanamo sont libres mais n'ont pas oublié
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