vendredi 12 janvier 2007

10/11 janvier 2007 : cinq ans

par le Collectif guananamo,France, 10 janvier 2007

Refuge, par Deborah Clem
La possibilité, pour le pouvoir exécutif, de jeter un homme en prison sans formuler aucune charge reconnue par la loi contre lui, et notamment de lui refuser le jugement par ses pairs, est odieuse au plus haut degré et elle est le fondement de tout gouvernement totalitaire, qu’il soit nazi ou communiste.
Winston Churchill
Aucune circonstance exceptionnelle que ce soit, ni un état ou une menace de guerre, ni une instabilité politique interne ni aucune autre urgence publique, ne peut être invoquée pour justifier la torture.
Convention des Nations unies contre la torture, Article 2, Section 2

5 ans ce 10/11 janvier que les premiers « combattants ennemis » ont été débarqués dans le premier camp de concentration off shore de l’Empire au terme d’un hallucinant voyage en avion de 24 heures. Longtemps, ils ont ignoré jusqu’à l’endroit où ils se trouvaient. En tout 740 hommes de toutes nationalités, âgés de 15 à 90 ans, sont passés par ce goulag qui choque tout être humain doué de cœur et de raison. Aujourd’hui, ils sont encore environ 400 à végéter dans leurs cages, menacés de mort lente et de folie.

Bien sûr, il faut « fermer guantanamo ».
Bien sûr, il faut « soit les juger, soit les libérer ».
Mais il faut aussi dénoncer l’opération qui est en train de se dérouler et qui consiste à sous-traiter aux régimes des pays d’origine la détention des « suspects ».
Ainsi le Tunisien Hichem Sliti, atteint d’un cancer et dont le tabassage par les gardiens suscita la plus longue grève de la faim de l’histoire du camp de guantanamo, qui est aujourd’hui menacé d’être livré au régime Ben Ali.
Ainsi cet Égyptien non identifié qui a été remis à la police de Moubarak.
Ainsi ces Marocains qui sont passés de guantanamo à Témara, la prison spéciale édifiée par la DST marocaine avec l’aide et les conseils US.
Et il ne faut pas oublier les centaines d’inconnus détenus aux quatre coins de la planète dans des prisons clandestines administrées par la CIA ou par l’US Navy.
Ni non plus Ali Al Marri et José Padilla, détenus sur le sol US, le premier comme « combattant ennemi étranger », et le second comme « combattant ennemi américain ».
Ni non plus les 20 000 (ou plus) Iraquiens détenus, torturés, maltraités, humiliés à Abou Ghraïb, Camp Cropper, à l’aéroport international de Bagdad et une douzaine d’autres prisons « iraquiennes ».
Ni non plus le « Guantanamo du Nord » canadien, ce pénitencier de Millhaven, où trois détenus musulmans sont en grève de la faim (voir leur lettre ci-dessous).
L’Europe officielle a beau jeu de pousser aujourd’hui des cris de vierge effarouchée, après avoir consenti pendant cinq ans aux « transferts extraordinaires » par la CIA de « suspects » détenus illégalement sur ses territoires, à des kidnappings de réfugiés politiques sur ses territoires.
La Suède, l’Allemagne et la France ont été complices de guantanamo et leurs gouvernements, leurs services de renseignement ou leurs armées ont directement participé au déni de justice et d’humanité que constitue guantanamo.
Prisonniers du Pentagone, les bagnards de guantanamo se sont vus et se voient encore dénier les droits minimaux consentis aux prisonniers de guerre par les Conventions de Genève. L’administration Bush continue à ignorer superbement le jugement de la Cour suprême US, selon lequel les détenus ont droit à un jugement équitable devant une juridiction ordinaire. Elle se rend par là coupable de forfaiture. À défaut de la Cour pénale internationale, l’histoire la jugera.

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