vendredi 12 janvier 2007

Anas El Banna, 10 ans, à Tony Blair : "Pourquoi mon Papa est-il en prison ?"

Bisher Al Rawi et Jamil Al Banna

Tony Blair a été mis hier soir sous une forte pression pour qu’il assure la libération des résidents étrangers de Grande-Bretagne détenus à guantanamo après que lui fils de l’un des détenus lui eut demandé : « Pourquoi mon papa est-il en prison ? »
Une lettre bouleversante à M. Blair du jeune Anas El Banna, 10 ans, a été rendue publique hier pour marquer le 5ème anniversaire de l’ouverture du camp sur l’île de Cuba.
Son père Jamil est l’un des huit étrangers résidents en Grande-Bretagne que le gouvernement a refusé d’aider car ils ne sont pas ressortissants britanniques.
Ceux qui font campagne sont en train de demander que le Foreign Office agisse pour venir en aide à M. El Banna, qui a cinq enfants, tous de nationalité britannique.
Dans sa lettre, Anas El Banna regrette tout d’abord que Tony Blair n’ait pas répondu à une lettre précédente.
Il poursuit : « Vos enfants ont passé Noël avec vous mais moi et mes frères et sœurs avons passé l’Aïd seuls sans notre Papa depuis trois ans. Qu’en pensez-vous ? J’espère que cette fois-ci vous me répondrez. »
Jeudi Anas ira avec sa mère Sabah et leur député, la libéral-démocrate, remettre une nouvelle lettre au 10 Downing Street, pour demander que le gouvernement agisse en vue de permettre la libération de son père.
Hier soir, Mme Theater a présenté une pétition avec 1100 signatures au Parlement, demandant que M. El Banna soit libéré ou inculpé.
Il a été arrêté avec son ami Bisher Al Rawi, un citoyen iraquien, durant un voyage d’affaires en Gambie en 2002, sous le soupçon de terrorisme.
Après interrogatoire, les deux hommes ont été remis à des officiers de sécurité usaméricains et transférés à guantanamo via la base aérienne US de Bagram en Afghanistan.
Selon certaines allégations, les services de sécurité britanniques auraient indiqués aux services US que les deux hommes étaient liés à Abou Qatada, lui-même suspecté de faire partie d’Al Qaïda.
Mais les avocats de M. El Banna disent qu les preuves contre lui sont légères. Il a été accusé d’avoir un engin suspect dans ses bagages mais il s’est avéré qu’il s’agissait d’un chargeur de batterie acheté chez Argos.
M. El Banna souffre de diabète mais s’est vu refuser, selon Mme Theater, le régime alimentaire dont il a besoin pour que ses taux de sucre dans le sang ne montent pas « car c’est trop cher », ce qui a causé une grave détérioration de sa vue.
Mme Theater a dit au Daily Mail : « Ce que nous voulons, c’est une justice basique. Jamil dvrait être soit inculpé ou relâché mais ses avocats sont sûrs qu’il n’existe pas de preuves contre lui. La Grande-Bretagne a des obligations vis-à-vis de quelqu’un qui a vécu ici depuis 1994. il a élevé cinq enfants britanniques, qui se retrouvent obligés de vivre sans leur père. Jamil était à l’origine Palestinien mais il a maintenant un passeport jordanien. Il a le statut de réfugié. Aucun autre gouvernement que le britannique ne peut intervenir en sa faveur [NdT : sin l’Autorité palestinienne, mais n rêvons pas…]. Ce homme et d’autres ont été torturés en Afghanistan et ont été particulièrement maltraités à guantanamo. La réponse du Foreign office a été singulièrement peu exaltante. La chancelière allemande Angela Merkel a récemment permis la libération de guantanamo d’un résident étranger [NdT : Murat Kurnaz avait de fait la nationalité allemande mais avait négligé de demander un passeport allemand avant de se rendre en Afghanistan, préférant utiliser son passeport turc], ce qui montre qu’on peut faire quelque chose si on veut. »
La Grande-Bretagne a assuré la libération de ses 9 ressortissants détenus à guantanamo mais argue qu’elle n’est pas obligée de rechercher la libération des étrangers résidents en Grande-Bretagne, même si les responsables usaméricains seraient heureux de le renvoyer au Royaume-Uni s’ils avaient l’assurance qu’ils seraient surveillés.Des députés demandent aussi la libération de M. Al Rawi, après qu’il fut apparu qu’on l’avait laissé se morfondre à guantanamo bien qu’il eût coopéré avec le MI5.
L’ancien ministres Affaires étrangères Jack Straw a écrit l’année dernière à la secrétaire d’État Condoleezza Rice pour lui demander la libération d’Al Rawi. Mais un porte-parole du Foreign Office a déclaré que les négociations avec les US continuaient sur le sort de M. Al Rawi et qu’il ne savi pas quand elles s’achèveraient.
On apprend en même temps que le nombre de détenus de guantanamo en grève de la faim a plus que doublé depuis un mois. Onze détenus sont actuellement en grève pour protester contre leur traitement et les responsables US sont forcés (sic !) de nourrir de force cinq d’entre eux.
Les responsables Us disent que l’action est une tactique terroriste pour susciter une sympathie illicite. « La technique de la grève de la faim est cohérente avec les pratiques d’Al Qaïda et reflète la tentative des détenus d’attirer l’attention des médias afin de créer des pressions internationales sur les USA pour qu’ils les libèrent, leur permettant ainsi de retourner sur le champ de bataille », a déclaré un porte-parole.
Source : This is London, 11 janvier 2007
Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de
Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.

URL de cet article : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=1893&lg=fr

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