lundi 2 avril 2007

Le secrétaire à la défense américain, Robert Gates, se prononce pour la fermeture de Guantánamo

Par Corinne Lesnes, le Monde, 31 mars 2007

Le secrétaire à la défense, Robert Gates, s'est prononcé, jeudi 29 mars, pour la fermeture de la prison de Guantánamo et le transfèrement sur le sol américain des "ennemis combattants" qui y sont détenus. Cette prise de position va à l'encontre de celle adoptée jusqu'à présent par le président George Bush, selon laquelle les étrangers soupçonnés de terrorisme ne doivent pas pouvoir prétendre aux garanties constitutionnelles américaines.
Devant une sous-commission des forces armées de la Chambre des représentants, M. Gates a invité le Congrès à travailler en liaison avec le gouvernement pour élaborer une nouvelle loi. Celle-ci devrait permettre de donner un cadre à la détention de ceux des détenus qui "doivent réellement être incarcérés à vie, sans les mêler à un système juridique dans lequel ils pourraient être éventuellement libérés", a-t-il dit.
Le New York Times avait fait état, au début de la semaine, d'un débat ayant opposé M. Gates et la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, au vice-président, Dick Cheney, et au ministre de la justice, Alberto Gonzales, sur la fermeture de Guantánamo. Les partisans du maintien de la prison l'avaient emporté, d'après le journal.
Selon le ministre, moins de 100 détenus sur les 385 encore présents à la base sont considérés comme des "durs". Ils pourraient être transférés dans des prisons militaires sur le sol américain. M. Gates n'a pas parlé de jugement.Le représentant républicain Duncan Hunter a mis en garde contre "l'importation" de ces suspects. "L'idée que nous pourrions importer de dangereux terroristes comme Khaled Cheikh Mohammed dans des communautés américaines est dangereuse", a-t-il dit, en faisant référence au Pakistanais qui vient de confesser avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001.
"LE PROBLÈME, C'EST LA DÉTENTION"
Les démocrates, qui souhaitent la fermeture du camp, ont exploré différentes possibilités dont celle d'envoyer les détenus dans les prisons militaires de Fort Knox, dans le Kentucky, ou de Fort Leavenworth, au Kansas, ou dans un établissement de haute sécurité comme la prison du Colorado dite "Super-max", où Zacarias Moussaoui purge sa peine.
Autre possibilité, a souligné le représentant démocrate Ike Skelton : conserver Guantánamo et en faire le quartier de haute sécurité pour les suspects les plus dangereux.Au même moment, se tenait, dans une autre sous-commission, un débat sur la manière de sortir du casse-tête qu'est Guantánamo pour le gouvernement américain. Le professeur de droit constitutionnel Neil Katyal, dont le client Salim Ahmed Hamdan a passé dix mois à l'isolement, a préconisé un transfèrement des suspects sur le sol américain et l'abandon des commissions militaires, celles-ci pouvant être remplacées par des cours martiales. M. Hunter a à nouveau défendu Guantánamo : "S'il y a un meurtre dans une prison aux Etats-Unis, comme c'est arrivé dans chacun des Etats dont nous venons, vous réclamez sa fermeture ?" "Non, a soupiré le professeur. Mais il ne s'agit pas des conditions, le problème, c'est la détention."
Source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3222,36-889850@51-869987,0.html

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