par Fausto Giudice, 7 avril 2007 Bisher Al Rawi et Jamil El Banna
Bisher Al Rawi est rentré le week-end dernier en Grande-Bretagne, où il résidait depuis son enfance, après 4 ans dans le bagne de Guantanamo. C’est une bonne nouvelle, mais pas pour tout le monde : le MI5 et ses chefs politiques vont devoir rendre des comptes pour leur forfaiture. Si Bisher Al Rawi s’est retrouvé dans le goulag off shore de l’Empire, c’est sur dénonciation des services de renseignement britanniques qui l’ont « donné » à leurs collègues de la CIA. Récapitulaton de cette histoire incroyable mais vraie.
Bisher Al Rawi s’est réfugié avec sa famille en 1984 en Angleterre, fuyant l’Irak où son père avait été emprisonné et torturé par le régime de Saddam Hussein. Bisher a un ami, Jamil El Banna, plus âgé que lui. Jamil a obtenu l’asile en Angleterre en 2000, fuyant, lui, la Jordanie où il a été emprisonné et torturé. Bisher et Jamil, à l’automne 2002, décident de se rendre en Gambie – pays anglophone enclavé dans le Sénégal – pour donner un coup de main au frère de Bisher qui souhaite y monter une usine d’huile d’arachide.
Bisher Al Rawi s’est réfugié avec sa famille en 1984 en Angleterre, fuyant l’Irak où son père avait été emprisonné et torturé par le régime de Saddam Hussein. Bisher a un ami, Jamil El Banna, plus âgé que lui. Jamil a obtenu l’asile en Angleterre en 2000, fuyant, lui, la Jordanie où il a été emprisonné et torturé. Bisher et Jamil, à l’automne 2002, décident de se rendre en Gambie – pays anglophone enclavé dans le Sénégal – pour donner un coup de main au frère de Bisher qui souhaite y monter une usine d’huile d’arachide.
Mais le 31 octobre, Jamil reçoit la visite de deux hommes du MI5 qui lui expliquent tout de go qu’ils savent qu’il connaît l’imam Abou Qatada, qu’ils considèrent comme le « représentant d’Al Qaïda pour l’Europe occidentale » et ils proposent à Jamil d’espionner le suspect ainsi que d’autres Musulmans suspectés d’activités illégales. En échange, les pandores de Sa Majesté proposent au réfugié jordanien de l’argent, une nouvelle identité et une « nouvelle vie ». Jamil reste poli et explique à ces messieurs qu’il n’est mêlé à aucune activité illégale, qu’il est contre toute forme de terrorisme et que la proposition ne l’intéresse pas. Il profite de l’occasion pur demander aux agents secrets s’ils pensent qu’il peut se rendre en Gambie pour affaires et revenir en Grande-Bretagne. « No problem », répondent les agents, puisqu’il a des papiers en règle.
Le 8 novembre, le MI5 envoye un télégramme à la CIA pour annoncer le voyage de Bisher et Jamil à Banjul. Il présente les deux hommes comme dangereux : Jamil est un homme d’Abou Qatada et Bisher transporte des éléments pour fabriquer des bombes dans ses bagages (il s’agissait en fait d’un chargeur de batterie…). Qu’à cela ne tienne : les deux voyageurs sont cueillis à leur descente d’avion et remis immédiatement à la CIA par la police gambienne réduite au rôle de simple exécutant. Direction…Kaboul, où on les fait d’abord macérer dans « le puits », une prison secrète de la CIA dans la capitale afghane. L’étape suivante est la base aérienne de Bagram, transformée en « camp de filtration » (terme utilisé par les Russes en Tchétchénie) vers Guantanamo.
Le reste de l’histoire est connu. Mais ce qui ne l’était pas, c’était que c’était le MI5 qui avait livré les deux réfugiés à la CIA, précisant même dans un nouveau télégramme que la CIA n’avait pas de soucis à se faire, puisque les autorité britanniques n’interviendraient pas en faveur des deux prisonniers. Ils n’étaient même pas sujets de Sa Majesté, alors pensez…
Le 8 novembre, le MI5 envoye un télégramme à la CIA pour annoncer le voyage de Bisher et Jamil à Banjul. Il présente les deux hommes comme dangereux : Jamil est un homme d’Abou Qatada et Bisher transporte des éléments pour fabriquer des bombes dans ses bagages (il s’agissait en fait d’un chargeur de batterie…). Qu’à cela ne tienne : les deux voyageurs sont cueillis à leur descente d’avion et remis immédiatement à la CIA par la police gambienne réduite au rôle de simple exécutant. Direction…Kaboul, où on les fait d’abord macérer dans « le puits », une prison secrète de la CIA dans la capitale afghane. L’étape suivante est la base aérienne de Bagram, transformée en « camp de filtration » (terme utilisé par les Russes en Tchétchénie) vers Guantanamo.
Le reste de l’histoire est connu. Mais ce qui ne l’était pas, c’était que c’était le MI5 qui avait livré les deux réfugiés à la CIA, précisant même dans un nouveau télégramme que la CIA n’avait pas de soucis à se faire, puisque les autorité britanniques n’interviendraient pas en faveur des deux prisonniers. Ils n’étaient même pas sujets de Sa Majesté, alors pensez…
Bisher a retrouvé sa famille – ils sont tous Britanniques désormais, sauf lui – et Jamil reste enfermé à Guantanamo. Il faudra à Bisher – et à Jamil, quand il sera libéré - beaucoup de patience et d’endurance pour continuer à vivre dans un pays dont les autorités, qui leur avaient accordé l’asile, les ont trahis et vendus. Et pour réclamer justice et réparation. Ils pourront s’inspirer de l’exemple de Maher Arar, ce citoyen canadien kidnappé par le FBI à New York et remis à la police syrienne, qui l’a enfermé et « traité » pendant dix mois dans une de ses geôles. Le gouvernement canadien, reconnaissant sa responsabilité dans cette affaire, vient de verser 5 millions de dollars (canadiens) d’indemnités à Maher Arar. De quoi monter une belle usine d’huile d’arachide en Gambie. Ou plutôt, tiens, un restaurant à…Maracaibo, au Venezuela. Les lois de l’hospitalité, bafouées dans la perfide Albion, sont mieux respectées en république bolivarienne. Et le climat y est incomparablement meilleur.
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