lundi 16 avril 2007

Un plan pour radicaliser les Musulmans

par Ajmal Masroor, The Guardian, 11 avril 2007 Voici ce que le gouvernement devrait faire pour promouvoir l’extrémisme
La ministre des Communautés Ruth Kelly a annoncé un plan en six points pour traiter l’extrémisme et la radicalisation des jeunes Musulmans. Voici mon plan en douze points qui garantirait une transformation des jeunes Musulmans en radicaux.
1. Associer l’extrémisme avec l’Islam et le terrorisme avec les Musulmans
La meilleur manière de détruire la confiance des gens est de constamment établir un lien entre eux et leur foi avec la violence et le fanatisme. Ils se sentiront transformés en victimes et soumis à des attaques. Sentant qu’il y a une conspiration contre eux, ils deviendront plus extrêmes et certains d’entre eux recourront au terrorisme.
2. S’immiscer dans la gestion des mosquées
Envoyer des consultants et des fonctionnaires pour faire des plans afin de s’assurer que les mosquées sont utilisées uniquement pour des rituels et des activités séculières. Former les directions des mosquées à l’interdiction de débats et discussions et ne tolérer que les débats et discussions qui s’inscrivent dans un agenda particulier. Tout dissidence doit être étouffée et rapidement étiquetée comme extrémiste – en particulier venant de ceux qui critiquent la politique étrangère du gouvernement. S’assurer que toutes les mosquées sont gérées par des gens qui aiment le gouvernement. Et pour faire bonne mesure, recruter des membres de leur conseil d’administration comme informations, pour qu’ils soient les yeux et les oreilles des services secrets.
3. Dire aux imams ce qu’ils doivent dire
Investir dans une nouvelle génération d’imams qui ne soient pas politisés et qui se concentrent sur la dimension séculière de la spiritualité. Des imams qui parlent bien l’anglais pour qu’ils fassent des prêches standardises et donnent des cours tires des abécédaires et de la littérature écrite par les experts de Whitehall (le gouvernement, NdT). Faire la promotion d’érudits et d’universitaires qui ne sont pas loyaux à leur foi et sont disposes à troquer l’enseignement de leur foi contre des titres, la célébrité et la fortune.
4. Monter et financer des groupes musulmans rivaux
Faire en sorte que la communauté musulmane entre en compétition pour attirer l’attention. Susciter une lutte interne pour le contrôle et l’influence. Diviser la communauté musulmane. Envoyer des menaces aux groupes qui ne sont pas dans la ligne et ne pas les subventionner. Se prétendre l’ami des uns en condamnant les autres et vice-versa. Puisque normalement les jeunes Musulmans ne font pas partie de la hiérarchie, ne pas s’embêter à parler avec eux.
5. Organiser des raids policiers contre des maisons de familles musulmanes
Utiliser les lois antiterroristes pour opérer des raids contre des maisons de familles musulmanes dans le plus grand nombre de villes possible. S’assurer que de tels raids ont lieu ouvertement et publiquement avec un nombre maximal de policiers et de véhicules bien identifiés. Avertissez discrètement les médias juste avant le raid pour que ça fasse la Une le lendemain.
6. Arrêter et détenir plus de jeunes Musulmans
Arrêter et détenir des jeunes Musulmans qui ont un air asiatique ou arabe, qui portent la barbe ou des vêtements étrangers, qui traînent autour d’une mosquée ou qui sont devenus récemment plus religieux. Ce sont les terroristes potentiels. Examinez leurs téléphones mobiles, leurs ordinateurs, leurs listes de ocntacts, leurs SMS et leurs emails. Copiez toutes ces informations, appelez les amis ou les membres de la famille du détenu et menacez-les d’arrestation s’ils ne coopèrent pas. Vous avez 28 jours pour monter un dossier contre le détenu. Si celui-ci est intelligent et de valeur, offrez-lui des positions ou des stimulants matériels pour qu’il devienne un informateur des services secrets.
7. Se vanter des succès remportés en Irak et y envoyer plus de troupes pour les consolider
L’invasion de l’Irak avait pour but de donner aux Irakiens un goût de liberté et de démocratie. Ce n’est pas notre fate si les Irakiens ont choisi de se tuer eux-mêmes. Ils ont hébergé Al Qaïda, sont entrés dans un réseau terroriste et maintenant, ils mènent des attaques-suicide contre les troupes de la coalition des bonnes volontés. La seule manière de traiter avec les terroristes, c’est de les éliminer. Quelques vies innocentes peuvent être perdues dans ce processus mais c’est le prix qui vaut la peine d’être payé par les Irakiens pour avoir la démocratie.
8. Tuer plus d’Afghans et rejeter la faute sur les Talibans
Les Afghans produisent la drogue qui détruit les jeunes du monde occidental. Même l’Islam ne sanctionne pas la production de stupéfiants. Ils sont responsables de Ben Laden et Al juillet à Londres. Ils sont arriérés, mal éduqués et, plus important encore, ne sont pas disposés à se moderniser. Les Talibans se cachent en Afghanistan. Il faut les éradiquer. Nous n’avons pas le choix : il faut envoyer plus de soldats et détruire ces gens qui veulent faire revenir le monde à l’ère des ténèbres. La mission est simple : tuez-les où qu’ils soient, et si vous manquez de renseignements précis pour les localiser, détruisez tout le village. Qu’est-ce que la vie de quelques Afghans , comparée à l’élimination d’un taliban ?
9. Menacer Téhéran de sanctions économiques pour ses ambitions nucléaires mais fournir à Israël les armes de destruction massive les plus sophistiquées
Le monde occidental a besoin d’une bonne dissuasion nucléaire contre des États voyous comme l’Arabie saoudite, l’Iran et la Syrie. Ils constituent d’ores et déjà une menace même sils n’ont encore aucune arme nucléaire, car ils ont l’intention d’en acquérir et de less utiliser contre les pays occidentaux et Israël. La stratégie doit consister à s’assurer qu’aucun pays musulman n’acquière jamais des armes nucléaires. S’ils en montrent ne serait-ce que l’intention, menacez-les de leur balancer des bombes qui les feraient retourner à l’âge de pierre.
10. Ignorer la souffrance des Palestiniens mais condamner le peuple palestinien même lorsqu’Israël agresse les Palestiniens
Notre position est très claire : Israël ne peut jamais faire d’erreur. C’est un pays démocratique et quoiqu’il fasse, nous le soutiendrons. D’un autre côté, les palestiniens n’ont même pas de pays ou de dirigeants; nous ne savons pas à qui parler; ils préfèrent la violence et ignorent le langage de paix. Comment pourrions-nous parler avec des gens qui sont si peu civilisés qu’ils comment des attentats-suicide, se tuant eux-mêmes et ceux qui les entourent ? Il ne pourra jamais y avoir de paix avec des gens qui ne reconnaissent pas le droit à l’existence d’Israël, après tout c’est la terre promise par Dieu au peuple juif. Dénier cela, c’est dénier Dieu.
11. Soutenir, aider et être complice des despotes illégitimes du Moyen-Orient et du monde musulman
Leur fournir des armes valant des millions de livres pour qu’ils puissent se maintenir au pouvoir. Les encourager à mettre à l’ombre leurs opposants politiques, surtout s’ils se trouvent être des Musulmans pratiquants. Leur promettre aide et faveurs s’ils rejoignent la « guerre contre le terrorisme » et les utiliser pour subjuguer leur peuple et démanteler leurs institutions civiles, dont les médias. Leur enseigner comment torturer des prisonniers de manière sûre. Instituer des sanctions contre le peuple, s’il exerce son libre choix pour élire n’importe qui sauf les despotes. Garder le silence quand ces despotes transmettent leur trône à leurs fils.
12. La prison de Guantanamo a pour but de de faire du monde un endroit plus sûr
Enlever des jeunes musulmans aux quatre coins du monde puis les jeter dans la prison de Guantanamo. Les y laisser pourrir. Ils n’ont pas de droits. Ce sont des combattants illégaux, des terroristes.
Source : The Guardian, Comment is free
Ajmal Masroor dirige l’entreprise Egal Community Consultants, spécialisée dans le développement communautaire. Il est vice-Président du London Civic Forum et Président de Communities in Action. Il est membre de l’organe consultatif national de la Islamic Society of Britain et travaille étroitement avec le Muslim Council of Britain. Il dirige la prière du vendredi dans quatre mosquées de Londres à tour de rôle. Il est diplômé en Sciences politiques, arabe et études islamiques. Il envisage d’être candidat aux prochaines élections législatives sous l’étiquette du parti des Libéraux-démocrates.
Traduit de l’anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.

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