jeudi 2 août 2007

Un Guantánamo pour migrants dans une base militaire en Sardaigne

par Umanità Nuova, N° 24, 15 juillet 2007
Traduit par Fausto Giudice

La Sardaigne est lontemps restée en dehors des flux migratoires provenant du Sud de la planète. La route des côtes nord-africaines vers l’île est plus longue et risquée que celle qui conduit à Lampedusa ou en Sicile. En outre, la Sardaigne offre bien peu d’opportunités de travail et pour ceux qui n’ont pas de papiers en règle, il peut être difficile de quitter l’île pour rejoindre le continent.
Depuis l’hiver dernier, la situation acommencé à changer et un flux de jeunes migrants provenant surtout d’Algérie (mais aussi du Maroc) a commencé à atteindre les côtes sardes à bord de petites embarcations (de 6 mètres environ) pourvues de moteurs hors-bord. Il est extrêmement risqué d’affronter la mer dans ces condtions si bien, que contre à peine 450 immigrants arrêtés en Sardaigne entre janvier et juin de cette année (Giornale di Sardegna 19 et 23/6/07, les garde-côtes algériens annoncent avoir repêché entre novembre 2006 et mars 2007 pas moins de 210 morts, noyés dans le bras de mer qui sépare la Sardaigne de l’Algérie (Giornale di Sardegna, 7/4/07).
Il s’agit d’un nombre restreint de migrants, mais les autorités et la presse ont saisi la balle au bond pour monter une campagne de manipulation, hurlant à “l’urgence débarquements”, à “l’exode probable”, aux possibles “infiltrations de terroristes” et autres absurdités du même genre.
Le fait est que, depuis le début de cette année, nous faisons face à une véritable urgence-racisme de la part des institutions : ici aussi se succèdent les campagnes de presse contre les “clandestins”, les “nomades”, les “Roumains” etc. , qui préparent ponctuellement des rafles et des chasses à l’homme contre des étrangers, des expulsions, des destructions de logements et des agressions racistes contre les résidents étrangers pauvres.
Toute cette politique répressive émane du gouvernement central : le 11 juin, le vice-ministre de l’Intérieur Minniti est venu à Cagliari pour signer un de ces fameux “pactes pour la sécurité”, qui ont été présentés dans la moitié des villes italiennes, à commencer par Milan. Celui qui a été signé à Cagliari prévoit (Unione Sarda del 12/6/2007) la création d’une "Task-Force s’occupant des débarquements d’immigrés clandestins”, la lutte contre l’occupation abusive de zones et de bâtiments abandonnés et le renforcement des opérations d’expulsion de squatteurs.
Il n’y a là rien de nouveau sous le soleil, la production d’alertes, d’états d’urgence, de peurs est aujourd’hui le principal instrument de maintien au pouvoir. La guerre contre les pauvres de toute nationalité est aujourd’hui plus que jamais la base constante d’organisation des poltiques des adminstrations publiques.
C’est pourquoi l’appel lancé fin mai par un groupes d’anarchistes sardes s’adressait à tous ceux e toutes celles qui veulent d’une manière ou d’une autre s’opposer :
- à la construction d’un lager (camp) destiné aux immigrés dans le sud de la Sardaigne;
- au racisme des institutions et aux campagnes de presse alarmistes visant à semer la peur;-
aux politiques de guerre aux pauvres et de féroce répression sociale conduites par les administrations publiques.
L’appel tombait on ne peut mieux. De fait, alors qu’à Cagliari on préparait le “pacte de sécurité”, le Préfet de police (Giornale di Sardegna, 13/5/07) réclamait la création d’un “centre d’accueil” (un CPA, qui heureusement n’existe pas encore en Sardaigne), et des émissaires de la préfecture (Unione Sarda, 23/5/2007) faisaient la tournée des communes de la côte concernées par les débarquements, en quête d’une école, d’une maison de retraite, d’un gymnase à réquistionner pour réaliser, dans le plus pur style chilien, le lager en question.
C’est alors (Unione Sarda, 25/5/2007) qu’ Emilio Casula, sous-secrétaire sarde à la Défense et fier défenseur des servitudes militaires, propose de réaliser le camp de prisonniers pour immigrés à l’intérieur de la base militaire de Capo Teulada.
L’idée de réaliser un petit Guantanamo sarde paraît si infame qu’elle a de quoi provoquer de l’incrédulité, ne serait-ce que parce que la création d’un lager à l’interieur d’une base militaire est un fait absolument inédit en Italie et, je crois, en Europe (si on exclut les prisons secrètes de la CIA en Pologne et en Roumanie). Mais pensez-vous...
Au terme du énième “sommet” à la préfecture de Cagliari, le 5 juin, est annoncée la décision de réaliser le premier CPA sarde à l’intérieur même de la base de Capo Teulada (Giornale di Sardegan, 6/6/07). La réalisation est, d’après les annonces, imminente, pour cet été.
La réaction du mouvement antiraciste sarde naissant a été immédiate : une manifestation animée a eu lieu le 15 juin devant la préfecture de Cagliari, accompagnée d’actions de contre-information (distributions de tracts et projections de films).Une centaine de personnes ont affronté les hommes en uniforme, branidissant des banderoles, bloquant la circulation et scandant des slogans contre les bases militaires, les lager et les CPT-CPA. Outre les sanarchistes, ont pzrtcipé des muilitants de groupes antimilitaristes, indépendantistes, antifascistes et antiracistes sardes, ainsi que le COBAS (syndicat autonome de base) et des militants du PRC (Parti de la refondation communiste) à titre individuel.
L’hypothétique réalisation d’un lager pour immigrés à l’interieur d’un camp militaire est d’’une gravité inouïe, non seulement par ce qu’elle rappelle de tristes événements historiques (1) et récents (2) mais aussi parce qu’elle propose un nouveau “modèle de développement “ obscène, consistant à faire coexister dans un seul et même lieu tourisme, lager et activités militaires.
Ces jours-ci, d’ailleurs, alors q’elle se prépare à accueillir le camp pour immigrés, la base de Teulada se vante d’avoir restitué, pour usage touristique estival, certaines des plages utilisées durant les autres saisons pour les bombardements et les simulations guerrières. Évidemment, les plages n’ont pas été nettoyées et donc les fonds sont couverts de bombes non explosées et la baignade a été inetrdite dans certains cas.
Ces premières actions contre la rélisation d’un CPA semblent avoir eu un certaine efficacité : durant les denrières semaines de juin, les journaux de l’île ont en fait adopté une attitude plus prudente, passant de titres sur une “réalisation immédiate” à “il n’y a pas de ceritudes sur la date d’ouverture” (Giornale di Sardegna del 23/6/07). Nous ignorons s’il s’agit d’une simple tactique ou s’i ya eu vraiment un report de la date d’ouverture, mais il n’y a pas d’illusions à se faire.
De fait, les rafles et les chasses à l’homme visant les migrants ne se sont pas interrompus et les immigrés arrêtés par la police sont déportés vers les CPT (Centres de rétention temporaire) du continent (à Crotone en Calabre et Bari dans les Pouilles), après avoir été détenus brièvement dans des hôtels locaux.Les anarchistes sardes ont été les premiers et les plus déterminés à affronter cette situation nouvelle, qui pose à tous les antiracistes sardes des problèmes jamais affrontés auparavant.
Dans l’immédiat, il est urgent de développer une action de contre-information vers la population des zones côtières concernées par les débarquements mais il est tout aussi urgent et nécessaire d’élargir notre réseau de relations et de contacts hors de l’île. L’infamie d’un lager à l’intérieur d’une base militaire est de fait trop grave pour n’être affrontée qu’au nivau local. Pour qu’une opposition soit efficace, il nous faudra faire appel à l’expérience de ceux qui affrontent le problème depuis plusieurs années. Pour infos et contacts, écrire à istrangi@libero.it Notes (1) Qu’n se rappelle par exemple que le coup d’État préparé par le général De Lorenzo, le "Piano Solo", prévoyait que les principaux responsables de l’opppostion politique seraient déportés en Sardaigne et enfermés dans un camp de concentration à l’intérieur de la base militaire de Capo Marrargiu.
(2) À Capo Teulada se trouve un polygone de tir pour l’artllerie navale, l’aviation et les blindés, uutilisé par toutes les armées de l’OTAN pour s’entraîner. De nombreux militaires ont dénoncé le fait qu’ils étaient tombés malades à cause de l’utilisation de projectiles à l’uranium appauvri, et baucoup d’entre eux sont morts. De 2003 à 2005, les pêcheurs de la zone ont mené une lutte acharnée contre la base, occupant à plusieurs reprises le polygone de tir et empêchant les exercices. Au cours des occupations du polygone, les militaires ont tiré “par erreur” des projectiles qui sont tombés à quelques centaines de mètres des barques des pêcheurs et des travailleurs qui installaient les parasols sur les plages avoisinantes.

La Sardaigne, une grande base militaire
La Maddalena: Base US de sous-marins nucléaires
Monte Limbara: Base US de missiles
Sinis di Cabras: centre d’élaboration de données (NSA)
Tavolara: station radio US
Torre Grande:Capo Frasca.
Santulussurgiu:station de télécommunications US
Perdasdefogu: base expérimentale de missiles
Capo Teulada: polygone de tir de l’OTAN
Decimomannu: aéroport US/OTAN Elmas: base aérienne US
Capo S. Lorenzo: polygone de tir de la VIè Flotte US
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