vendredi 17 août 2007

Jose Padilla, symbole des excès de la lutte antiterroriste, a été reconnu coupable

Après trois ans et demi de détention et un procès long de trois mois, le verdict à l'encontre de Jose Padilla est tombé en à peine vingt-quatre heures, jeudi 16 août. Ce citoyen américain converti à l'islam, que l'administration Bush avait d'abord accusé d'avoir planifié un attentat à la "bombe sale", a été déclaré coupable par un jury de Miami de trois chefs d'accusation, pour soutien à des réseaux terroristes. Padilla et ses deux coaccusés, Kifah Wael Jayyousi, 45 ans, et Adham Amin Hassoun, 44 ans, ont été reconnus coupables d'association de malfaiteurs en vue de meurtres, d'enlèvements et de blessures, complot en vue de fournir un soutien matériel à des activités terroristes et soutien matériel à des activités terroristes. La Maison Blanche a immédiatement salué cette importante victoire, évoquant une décision "juste". Mais le verdict, qui ne fait pas mention d'un projet d'attentat à la "bombe sale", rappelle toutefois, pour ses opposants, les excès de l'administration Bush dans sa lutte contre le terrorisme.

L'ACCUSATION D'ATTENTAT "SALE" ABANDONNÉE
Ancien membre d'un gang hispanique de Chicago, Jose Padilla, âgé de 36 ans, s'est converti à l'islam en prison. Suivant sa famille en Floride, il y a rencontré ses deux coaccusés, qui l'ont aidé à partir étudier en Egypte, où il s'est marié et a eu deux enfants, avant de gagner l'Afghanistan. Il a été arrêté à son retour aux Etats-Unis en mai 2002. Le gouvernement a alors affirmé qu'il prévoyait des attentats meurtriers aux Etats-Unis, notamment avec une bombe radiologique, des accusations qui ont entraîné son incarcération, sur ordre direct du président Bush, dans une prison militaire à l'isolement absolu, sans bruit ni lumière du jour et souvent privé de sommeil.
La bataille a fait rage pendant des années devant les tribunaux pour déterminer si le président avait le droit d'ordonner ainsi la détention illimitée et sans inculpation d'un citoyen américain. Le gouvernement a cédé en novembre 2005 : il a confié le prisonnier à la justice fédérale, abandonné toute mention d'une bombe radiologique, et ne lui reprochait plus qu'un engagement criminel auprès d'Al-Qaida.
Au procès, l'accusation s'est appuyée essentiellement sur un document présenté comme un formulaire d'inscription rempli par M. Padilla pour rejoindre un camp d'entraînement de la nébuleuse terroriste en Afghanistan. Ses avocats, qui contestaient l'authenticité du document, ont fait valoir que l'accusation cherchait d'abord à exploiter la peur du terrorisme pour obtenir une condamnation politique susceptible de justifier le traitement infligé à leur client. A l'énoncé du verdict, il n'a pas cillé. Il connaîtra sa peine le 5 décembre. Lui et ses deux coaccusés risquent la réclusion criminelle à perpétuité.

Source : Le Monde, avec AFP, AP et Reuters, 17 août 2007

Aucun commentaire: