lundi 27 août 2007

Bye bye, Alberto !

Le ministre de la justice américain, Alberto Gonzales, a officiellement annoncé sa démission, lundi 27 août, lors d'une conférence de presse, après que l'information, relayée par le New York Times, a été confirmée par la Maison Blanche.
"J'ai rencontré le président Bush hier [dimanche] et je l'ai informé de ma décision de mettre fin à ma fonction de secrétaire à la justice des Etats-Unis à partir du 17 septembre 2007", a déclaré M. Gonzales. "Je rappelle à nos concitoyens que nous vivons dans le plus extraordinaire des pays et que j'ai vécu le rêve américain", a-t-il poursuivi. Selon
CNN, il pourrait être remplacé par l'actuel secrétaire à la sécurité intérieure, Michael Chertoff. Selon un haut responsable de l'administration, M. Gonzales a pris lui-même l'initiative de démissionner et n'a subi aucune pression extérieure. Selon cette même source, le ministre de la justice a expliqué à M. Bush que sa démission, prise au cours des vacances parlementaires cet été, se faisait "dans le meilleur intérêt de son ministère".

MIS EN CAUSE DANS UN PROGRAMME D'ÉCOUTES SECRÈTES
Les appels à la démission de M. Gonzales, mis en cause dans deux affaires, s'étaient multipliés ces derniers mois. En juin, les républicains avaient empêché de justesse le Sénat américain de voter une motion de défiance contre lui. Le ministre a été accusé d'avoir limogé neuf procureurs fédéraux en décembre 2006 pour des motifs politiques. Après que certains de ces magistrats se sont plaints au Congrès de voir leurs compétences mises en cause, les véritables motivations de ces limogeages ont été découvertes.
Dans l'un des cas les plus flagrants, la procureure de San Diego, Carol Lam, était justement en train d'instruire une affaire de corruption dans laquelle elle avait déjà mis en prison un représentant lié au lobbyiste Jack Abramoff. Lors de ses auditions, M. Gonzales a affirmé ne se souvenir de rien alors que son calendrier a montré sa participation à des réunions à ce sujet.
Par ailleurs, M. Gonzales a été accusé de parjure par des sénateurs démocrates lors de son récent témoignage au Congrès sur le programme d'écoutes extrajudiciaires créé après les attentats du 11-Septembre, jugé illégal par certains parlementaires. Il occupait alors le poste de conseiller juridique de la Maison Blanche. Il a été mis en cause pour avoir tenté de convaincre le soir du 10 mars 2004 le ministre de la justice de l'époque, John Ashcroft, alors hospitalisé et sous sédatifs, de signer la réautorisation du programme d'écoutes électroniques secrètes qui arrivait à échéance.
George Bush, qui soutenait depuis des mois son ministre, ne s'en est pas départi. Il a dit avoir accepté à contrecœur sa démission. "Il est triste de vivre à une époque où quelqu'un de talentueux et d'honorable comme Alberto Gonzales se voit empêché d'accomplir un travail important parce qu'on traîne son nom dans la boue pour des raisons politiques", a-t-il lancé.
Source :
Le Monde, avec AFP et AP, 27 août 2007

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