mercredi 11 juillet 2007

Guantánamo Bay, 11 juillet 1962 : qui a assassiné Rodolfo Rosell ? Il y a 45 ans, l’assassinat d’un humble pêcheur











PAR LISANKA GONZALEZ SUAREZ, Granma international

LES recherches concernant le pêcheur Rodolfo Rosell se sont achevées le 14 juillet 1962 quand ses camarades de la coopérative de pêche et les garde-côtes cubains l’ont découvert mort dans son bateau Las dos hermanas.
Sur la poupe de l’embarcation son cadavre était veillé par son chien fidèle, qui ne cessait d’aboyer. On a appris plus tard qu’il était mort des suites d’une hémorragie intracrânienne, provoquée par trois coups énormes sur la tête, mais son corps présentait aussi des blessures causées par un instrument tranchant, ce qui démontrait qu’il avait été torturé.
Qui était ce pêcheur ? Pourquoi un tel acharnement ?
Rodolfo Rosell Salas était un homme sans histoires de 29 ans, père de deux enfants et d’un troisième en route, qui travaillait durant la journée comme employé dans la coopérative de pêche Gustavo Fraga et qui partait en mer chaque nuit pour pêcher. C’était un bon travailleur et il avait rejoint les Milices nationales révolutionnaires de son centre.
Rosell n’ignorait pas le danger que représentait la traversée du canal d’entrée de la baie de Guantánamo, car d’après son épouse, on avait déjà tiré sur lui une nuit. Dans la soirée du 11 juillet 1962, comme tant d’autres fois, il a quitté sa femme et ses enfants ; aucun d’entre eux ne soupçonnait qu’ils ne se retrouveraient plus jamais. « Ca été très dur, et pire encore pour les enfants, car ils ont été privés de la chaleur paternelle », se rappelle sa veuve avec amertume.
Des documents de l’époque témoignent que son enterrement a constitué une grande manifestation de deuil à Caimanera, en même temps qu’un rejet énergique de la barbarie nord-américaine de la part du peuple cubain.
Six jours après sa mort, naissait son troisième enfant, Reina (Oh père ! ils n’ont eu aucune pitié pour toi, et j’ai vécu sans t’avoir connu mon père ! écrirait l’enfant quelques années plus tard).
A cette date le gouvernement de l’île avait déjà déclaré publiquement sa décision de suivre la voie du socialisme, les grands monopoles nord-américains établis à Cuba avaient été nationalisés, l’invasion de Playa Giron avait été écrasée, plusieurs plans d’assassinat du chef de la Révolution cubaine avaient été déjoués, parmi de nombreuses autres tentatives d’intimidation.
Parallèlement, quelques jours auparavant des terroristes cubains avaient perpétré plusieurs actes de sabotage non seulement dans le but de terroriser le peuple cubain mais aussi de justifier leur salaire qu’ils recevaient de la CIA. Ils choisissaient presque toujours les cibles les plus vulnérables : un mitraillage contre une automobile sur la route, une attaque contre une famille paysanne, et maintenant, l’assassinat d’un humble pêcheur de Caimanera, une cible idéale pour leurs grands projets.
Rodolfo Rosell ne serait pas la seule victime à cet endroit du territoire, il y eut aussi le pêcheur Ruben Lopez Sabariego ainsi que les soldats de la brigade de la frontière Ramon Lopez Peña et Luis Ramirez Lopez. La mort les a tous fauchés sur ce morceau de terre de l’île que les Etats-Unis occupent contre la volonté de Cuba et qui constitue toujours un antre de la mort.
Depuis l’assassinat du pêcheur Rosell 45 ans sont passés et sa famille attend toujours que justice soit rendue. Tandis que les assassins se promènent comme des héros sur le territoire d’un pays dont le gouvernement prétend être le champion de la lutte contre le terrorisme.

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