par Corinne Lesnes, le Monde, 21 juillet 2007
Avant de transmettre temporairement samedi ses pouvoirs au vice-président Dick Cheney, en prévision d'une coloscopie, le président américain, George Bush, a signé, vendredi 20 juillet, un décret (executive order) autorisant la CIA à reprendre son programme d'interrogatoires dans des lieux de détention tenus secrets.
Dans ce texte, M. Bush réaffirme sa décision du 7 février 2002, dans laquelle il estimait que les membres d'Al-Qaida et les talibans sont des "ennemis combattants illégaux" n'ayant pas droit à la protection des conventions de Genève. "Je réaffirme cette détermination", indique-t-il. Il rappelle aussi que la loi de 2006 créant des commissions militaires pour juger les détenus de Guantanamo lui a donné autorité pour préciser le "flou" de l'article 3 des conventions de Genève. Ce "flou" est critiqué par les partisans des interrogatoires "musclés", qui cherchent à se faire préciser où commencent les "traitements cruels ou dégradants". Les défenseurs des droits de l'homme estiment que ce serait une dérive dangereuse que de s'engager dans un débat de "techniques" et d'aller au-delà des conventions sur ce qui constitue la torture.
M. Bush détermine que le programme de détentions secrètes de la CIA "remplit complètement" les obligations qui incombent aux Etats-Unis en vertu de l'article 3 commun aux conventions de Genève, qui interdit les "traitements et punitions cruels, inhumains ou dégradants". Sont également spécifiquement mentionnés par le décret le meurtre, la torture et la mutilation, ainsi que les mauvais traitements destinés "à humilier ou à avilir l'individu". Le texte n'interdit pas spécifiquement la privation de sommeil ni le simulacre de noyade. Mais, sur ce dernier point, des officiels ont affirmé sous couvert d'anonymat que cette technique était désormais proscrite par la CIA.
Le décret indique que le directeur de la CIA devra rédiger un manuel d'instructions qui servira à élaborer un programme d'interrogatoires personnalisé pour chaque détenu. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) continuera de se voir refuser l'accès à ces "prisonniers fantômes".
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