Le tout nouveau chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a créé la surprise hier, en annonçant devant un parterre de journalistes, en marge des travaux de l’atelier sur l’universalité de la mise en œuvre de la convention pour l’interdiction des armes chimiques en Afrique, que « des informations précises nous seront données dans les prochaines heures » sur la libération éventuelle des détenus algériens de cette prison militaire américaine, située à Cuba.
Si tel est le cas, cela voudrait dire que l’une des deux parties, l’Algérie ou les USA, a fait marche arrière du fait que jusqu’à il y a quelques jours, les négociations étaient au point mort. L’Algérie refusait catégoriquement de céder aux « conditionnalités » imposées par le département d’Etat en contrepartie de l’extradition, alors que les négociateurs américains sont restés intransigeants quant au traitement accordé à ceux qu’ils qualifient d’« ennemis combattants illégaux » une fois de retour dans leur pays. Ils sont au nombre de 26, arrêtés à partir de la fin 2001, en Afghanistan et au Pakistan (19), en Georgie (1) et en Bosnie (6) puis déportés vers la base militaire de Guantanamo. Depuis, aucune nouvelle n’a été donnée quant à leur sort jusqu’à octobre 2005, lorsque des responsables américains ont pris attache avec les autorités algériennes pour leur exprimer leur vœu de trouver une solution à la situation. Les Américains se sont dits prêts à extrader certains d’entre eux mais avec des conditions : engager une procédure à même d’empêcher que les mis en cause se lancent dans des activités terroristes, partager les renseignements sur leurs activités, informer de toute mesure judiciaire prise à leur encontre, surveiller leurs activités quotidiennes et en faire part, confisquer leurs passeports et refuser de leur en délivrer en cas de demande, engager une procédure pour inscrire leurs noms sur la liste rouge de terroristes établie par l’ONU, avoir la garantie qu’ils ne créent pas d’organisations terroristes et accepter que chaque mois une tierce personne vienne leur rendre visite pour vérifier s’ils sont bien traités. Des conditions jugées comme étant une atteinte à la souveraineté des lois algériennes et, de ce fait, elles ont été rejetées par la partie algérienne. Celle-ci a estimé, a révélé notre source, que l’Algérie ne « se dérobe pas à ses responsabilités à l’égard de ses ressortissants ». La loi lui permet de juger ses ressortissants pour les actes terroristes commis à l’étranger, même s’ils ne sont pas dirigés contre elle. Le refus de céder aux conditionalités judiciaires et sécuritaires a poussé les USA à trouver d’autres solutions, dont le transfert vers d’autres pays. C’est le cas de Boucetta Fethi, un jeune natif de Mostaganem, qui a rejoint l’Afghanistan en 1989 et s’est retrouvé captif des troupes US, fin 2001, après le bombardement des monts de Tora Bora.
Les garanties
Boucetta Fethi et cinq séparatistes musulmans chinois de la région frontalière avec le Turkmenistan, arrêtés à la frontière pakistanaise, et non considérés comme des « combattants ennemis », ont été transférés en Albanie, où ils sont maintenus en détention depuis octobre 2006. Aucune information n’a filtré sur les conditions et les contreparties d’une telle décision, restée dans les secrets du département d’Etat. Lors de la conférence-débat tenue mercredi dernier au siège de l’ambassade US à Alger, le directeur principal des détenus, M. J. Alan Liotta et la sous-directrice du bureau des investigations sur les crimes de guerre, Mme Sandra Hotgkinson, ont tous les deux indiqué que leur pays veut avoir la garantie que « les combattants ennemis » une fois dans leurs pays ne constituent plus de menaces contre lui ou contre ses alliés. Les deux responsables ont présenté Guantanamo comme un hôtel 5 étoiles, qualifié, selon eux, par les députés européens qui lui ont rendu visite, de « modèle de prison ». Selon les conférenciers, les conditions de détention « sont meilleures » que celles des prisons ailleurs dans le monde. « Les détenus ont droit à trois repas par jour, de l’eau en quantité suffisante, à la prière, à la lecture du Coran, à écrire et recevoir des lettres, jouer au football et à avoir un avocat . En 2006, un millier de journalistes, 500 avocats et 70 000 [sic!] personnes faisant partie des familles des détenus ont visité Guantanamo. Les prisonniers qui ne sont plus des combattants ennemis peuvent être renvoyés vers leurs pays, mais une fois que nous nous assurons que leur gouvernement est prêt à prendre ses responsabilités pour qu’ils (les détenus) ne constituent plus de menaces et qu’ils soient bien traités chez eux. D’autres solutions sont également envisageables, celles de les envoyer vers un pays tiers pour y être jugés. Pour ceux qui constituent une menace, ils devront rester à Guantanamo jusqu’à la fin du conflit avec Al Qaïda ». Les conférenciers ont indiqué à propos des négociations avec l’Algérie qu’il s’agit de discussions en précisant qu’elles vont se poursuivre. Au cours de cette semaine, des sources diplomatiques ont parlé de blocage de ces mêmes discussions du fait de l’intransigeance des deux parties. Néanmoins, les mêmes sources relèvent que la porte du dialogue n’a pas été fermée. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, déclare ne pas exclure la libération de certains parmi les 25 Algériens en attente d’« informations précises qui nous seront données dans les prochaines heures ». La question qui reste posée est de savoir si les Américains sont revenus sur les conditionalités qu’ils estimaient, il y a quelques jours, essentielles pour leur sécurité et pour celle de leurs alliés.
Source : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=70755
Source : Département de la défense US
Le gouvernement américain multiplie les embûches
Près de 400 avocats américains bataillent, bénévolement, pour que les détenus du Guantanamo puissent avoir un procès juste.
Leur combat s’inscrit à contre-courant de la politique américaine actuelle. La tâche n’est guère aisée d’autant que l’administration américaine multiplie les embûches, les brimades et les vexations. L’île-prison de Guantanamo Bay est sortie de l’anonymat depuis que le gouvernement Bush a choisi d’y incarcérer les personnes suspectées d’avoir des accointances avec le groupe Al Qaïda. Ce choix ne doit rien au hasard. L’administration américaine semble avoir bien examiné la question avant de transférer les premiers détenus. Me Joshua Colangelo-Bryan, avocat new-yorkais représentant six détenus bahreïnis à Guantanamo, explique que la difficulté qu’il a rencontrée réside dans le fait que ces prisonniers ne séjournent pas dans un territoire américain. Les citoyens et les différents Etats fédéraux n’avaient pas, de ce fait, leur mot à dire. Un groupe d’avocats a porté plainte. En vain. Dès lors qu’il ne s’agit pas de prisonniers américains, les tribunaux américains n’ont aucune prérogative. Opiniâtres, les avocats américains ont saisi la Cour suprême. L’un des juges a réussi à trouver une brèche dans la législation. Il se trouve, en effet, que des animaux (les iguanes) habitant sur le même territoire sont protégés par la législation américaine. « L’on s’est interrogé sur la raison pour laquelle des animaux sont protégés par les lois et non pas les humains », affirme Me Colangelo-Bryan. Trois ans plus tard, un certain nombre d’avocats a saisi l’affaire. Une juge américaine a décidé que tous les détenus doivent connaître la raison de leur détention. Les avocats n’ont pas eu le temps de crier victoire que le Congrès américain a légiféré une loi qui anéantit ces efforts. La loi en question limite l’intervention des avocats américains sur la base de Cuba. « C’est quelque chose qui est en contradiction avec la Constitution américaine », s’insurge Me Colangelo-Bryan.
Amel B., El Watan, 19 juin 2007
Près de 400 avocats américains bataillent, bénévolement, pour que les détenus du Guantanamo puissent avoir un procès juste.
Leur combat s’inscrit à contre-courant de la politique américaine actuelle. La tâche n’est guère aisée d’autant que l’administration américaine multiplie les embûches, les brimades et les vexations. L’île-prison de Guantanamo Bay est sortie de l’anonymat depuis que le gouvernement Bush a choisi d’y incarcérer les personnes suspectées d’avoir des accointances avec le groupe Al Qaïda. Ce choix ne doit rien au hasard. L’administration américaine semble avoir bien examiné la question avant de transférer les premiers détenus. Me Joshua Colangelo-Bryan, avocat new-yorkais représentant six détenus bahreïnis à Guantanamo, explique que la difficulté qu’il a rencontrée réside dans le fait que ces prisonniers ne séjournent pas dans un territoire américain. Les citoyens et les différents Etats fédéraux n’avaient pas, de ce fait, leur mot à dire. Un groupe d’avocats a porté plainte. En vain. Dès lors qu’il ne s’agit pas de prisonniers américains, les tribunaux américains n’ont aucune prérogative. Opiniâtres, les avocats américains ont saisi la Cour suprême. L’un des juges a réussi à trouver une brèche dans la législation. Il se trouve, en effet, que des animaux (les iguanes) habitant sur le même territoire sont protégés par la législation américaine. « L’on s’est interrogé sur la raison pour laquelle des animaux sont protégés par les lois et non pas les humains », affirme Me Colangelo-Bryan. Trois ans plus tard, un certain nombre d’avocats a saisi l’affaire. Une juge américaine a décidé que tous les détenus doivent connaître la raison de leur détention. Les avocats n’ont pas eu le temps de crier victoire que le Congrès américain a légiféré une loi qui anéantit ces efforts. La loi en question limite l’intervention des avocats américains sur la base de Cuba. « C’est quelque chose qui est en contradiction avec la Constitution américaine », s’insurge Me Colangelo-Bryan.
Amel B., El Watan, 19 juin 2007
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