lundi 17 décembre 2007

Kassim

Un homme est en train de mourir dans une prison marocaine. Dans l'indifférence quasi générale. Cet homme n'a pas droit à la publicité dont ont pu bénéficier Ingrid Bettancourt ou les infirmières bulgares. Pourtant cet homme est : 1 - innocent; 2 - citoyen de l'Union européenne. Malheureusement pour lui, il est musulman. Rome et Bruxelles finiront-elles par entendre la voix de sa femme Khadija, qui se bat presque toute seule pour sauver la vie de Kassim ?
Pour Kassimpar Khadija Anna Lucia Pighizzini , 15 décembre 2007
Cela fait aujourd’hui 30 jours que Kassim Britel refuse de s’alimenter, trente jours sans repos, de silence, de souffrance, d’attente.
À Aïn Bourja, Kassim cherche à se tenir droit lorsqu’il prie, ignorant les battements accélérés de son cœur qui lui coupent le souffle, la tête lourde, le ventre qui crie famine, les viscères endolories et aqueuses, le dos qui semble brisé…Hier il s’est évanoui, ses compagnons l’ont aidé, le médecin a compté ses cotes : il est très amaigri, mais sa détermination croît d’heure en heure, une détermination que rien ne peut abattre.
Nous nous parlons au téléphone, et moi, je me sens humiliée, une fois de plus, par le silence de notre pays, par mes journées de travail qui s’écoulent comme si de rien n’était, tenaillée par la perspective qu’il puisse mourir mais solidaire avec lui jusqu’au bout, par ce que cette injustice qui nous a privés de vie doit prendre fin, d’une manière ou d’une autre.
Et je lui parle du mieux que je peux du bien que nous aurons, et lui a une pensée de foi, une bonne parole qui lève la peine tue et cachée. Avec lui je suis calme, je sais qu’il ne nous arrivera rien qui n’ait été écrit.Dans notre maison vide, je travaille comme toujours pour la vie de mon mari, la peine et la colère sont intolérables. Kassim a déjà souffert trop de violences et de privations, je sais qu’il ne résistera pas longtemps, il doit déjà s’appuyer sur un bâton pour faire quelques pas, hier il n’a pas été en état de rencontrer sa sœur…Pour le respect du à chaque vie, pour la justice due à la victime innocente d’une « guerre » qui n’est pas la sienne, pour notre famille séparée depuis presque six ans, il faut que le gouvernement italien se décide finalement à rapatrier ce citoyen !
Claudio Fava, ancien rapporteur de la Commission du Parlement européen sur les vols de la CIA : «Si vous faites pression, Britel sera libéré»par Alberto D'Argenzio, IL MANIFESTO, 16 DÉCEMBRE 2007Bruxelles - Sans pressions diplomatiques de la part de l’Italie, Kassim Britel ne sera jamais libéré. Une idée simple que Claudio Fava, député européen de la gauche arc-en-ciel, répète à plusieurs reprises durant notre entretien. Fava a dirigé pendant un an et demi les travaux de la Commission du Parlement européen sur les activités de la CIA en Europe. Durant cette période il a entendu trois fois l’avocat de Kassim et il a parlé avec sa femme. La Commission a reconstitué ses vicissitudes. Fava en a aussi parlé avec le gouvernement italien. Massimo D'Alema et la Farnesina (ministère des Affaires étrangères, NdT) se taisent.Est-ce qu’il y a une issue pour Kassim?L’unique moyen de lui faire trouver la liberté, c’est une forte presión dplomatique et politique de la part du gouvernement italien. Nous l’avons dit à la Chambre et nous avons aussi envoyé une requête claire en ce sens au ministre D'Alema. Nous avons affaire à une extraordinary rendition, à un procès sans garanties, à une farce qui s’est déroulée à la va-vite et hors de toute surveillance, à un véritable cas d’acharnement judiciaire. Le Maroc en a fait une question de principe, il veut garder la face après avoir condamné quelqu’un sans preuves et sans garanties. Il ne le remettra en liberté que s’il y a de fortes pressions diplomatiques.Et qu’a fait la diplomatie italienne ?Je n’ai pas d’informations sur des actes de la Farnesina qu auraient abouti. J’espère que des pas ont été faits, au moins des contacts, mais je crois qu’il faut poser la question à D'Alema. Les pressions sont la seule solution possible, aussi parce que le Maroc considère la phase judiciaire comme close. Pour eux Kassim est coupable. Mais même s’il est né au Maroc, Kassim est un citoyen italien et doit donc être protégé à ce titre.Es-ce que la Farnesina ne fait pas le raisonnement inverse et ne bouge pas justement parce qu’il est né au Maroc ?
Je ne voudrais pas être amené à penser que Britel soit considéré comme un citoyen italien de rang inférieur pour la seule raison d’avoir acquis la nationalité par mariage.Tout le laisse croire, au vu de l’attitude de l’ambassade (italienne au Maroc, NdT) face à ses demandes d’aide ...Nous connaissons certains détails de ses vicissitudes qui révèlent une certaine négligence de la part du personnel diplomatique italien, une attention pour le moins distraite à ses préoccupations, à ses demandes d’aide. Et il n’est pas l’unique Européen oublié. Durant les travaux de la Commission temporaire nous sommes tombés sur de nombreux cas de citoyens européens qui avaient une tache fondamentale : ne pas être nés sur le sol de l’UE. Formellement, il s’agissait d’Italiens,d’Allemands, de Britanniques mais ils étaientnés en Égypte, au Maroc, en Syrie et cela a entraîné des comportements étourdis, distraits. C’est le cas de l’Allemand Murat Kurnaz, rencontré à Guantánamo par des fonctionnaires du renseignement de son pays, nous pas pour être libéré mais pour être interrogé. Grâce à cette visite, il s’est payé quatre ans et demi de plus à Guantánamo. J’ai le sentiment que cela ne se serait pas passé si Kurnaz était né à Munich et de même pour Kassim Britel s’il était né à Milan.
Source : http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/16-Dicembre-2007/pagina03.htm
Traduit par Fausto Giudice, TlaxcalaPer KassimKhadija Anna Lucia Pighizzini, 15 dicembre 2007
Oggi fanno trenta giorni che Kassim Britel rifiuta il cibo: giorni senza riposo, di silenzio, di sofferenza, di attesa.
Ad Ain Bourja, Kassim cerca di tenersi ritto mentre prega, ignorando i battiti affrettati a tagliare il respiro, la testa pesante, il ventre spalancato a reclamar pienezza, le viscere doloranti e acquose, la schiena che pare spezzata, …
Così ieri è svenuto, i suoi compagni l'hanno aiutato, il medico gli ha contato le costole: è molto dimagrito, eppure di ora in ora cresce la sua determinazione, una determinazione che nulla può scalfire.
Ci sentiamo al telefono, umiliata io, una volta di più dal silenzio del nostro Paese, dal fluire delle mie giornate di lavoro come se nulla fosse, con il tarlo della sua possibile morte eppure solidale con lui fino in fondo, perché quest'ingiustizia che ci ha privato della vita deve finire, in un modo o nell'altro.
E gli racconto come meglio posso del bene che avremo, e lui ha un pensiero di fede, una parola buona che solleva la pena taciuta e nascosta. Con lui sono calma, so che non ci succederà nulla che non ci sia stato destinato.
Nella nostra casa vuota, lavoro come sempre per la vita di mio marito, pena e collera sono intollerabili, Kassim ha già patito troppe violenze e privazioni, so che non resisterà a lungo, già ora si poggia ad un bastone per muovere qualche passo, ieri non è stato in grado d'incontrare sua sorella…
Per il rispetto dovuto ad ogni vita, per la giustizia dovuta alla vittima innocente di una "guerra" non sua, per la nostra famiglia separata da quasi sei anni, che il Governo italiano si decida finalmente a portare a casa questo cittadino!

AscoltateKassim che parla
dal carcere di Äin Bourja
della sua vicenda
e
dello sciopero della fame
Pour information http://www.giustiziaperkassim.net/
Cliquez ci-dessous sur le mot-clé Abou Elkassim Britel pour en savoir plus

Aucun commentaire: