par Khadija, 1er décembre 2007
Abou ElKassim Britel est en grève de la faim depuis le 19 Novembre 2007 à la prison d’Aïn El Bourja, à Casablanca. Sa femme donne les dernières informations.
Kassim est en grève de la faim depuis de nombreux jours.
Les problèmes soulevés, les solutions promises puis retardées ont renouvelé le vigoureux mouvement de protestation dans les prisons marocains. Depuis le 16 novembre, la grève est à nouveau générale.Il est demandé au gouvernement marocain d’apporter des améliorations consistantes aux conditions de détention, mais surtout l’élimination des violations du droit constituées par les innombrables détentions secrètes et par les procès irréguliers.Cette souffrance dure depuis longtemps, et mettre sa vie en danger semble être l’unique action possible dans un pays qui ignore depuis des années le cri lancé par tant de musulmans détenus injustement et par leurs familles.Kassim, qui avait jugé bon d’avertir les autorités italiennes de son action, a continué à s’abstenir de manger en solidarité avec ses camarades.Sa grève est aussi une demande précise adressée à l’État italien pou qu’il intervienne avec fermeté afin d’obtenir sa libération.
Les nouvelles d’Aïn Bourja
Le 30 novembre, personne n’a pu entrer visiter les détenus en prison. Environ 150 parents de détenus son restés en sit-in devant l’entrée de la prison, en signe de solidarité et de protestation.À l’intérieur, le silence est irréel, rompu parfois par l’arrivée d’une ambulance. AUjourd’hui, le portail s’est ouvert dix fois pour laisser passer le transport d’un frère vers l’hôpital.À la prière à la mosquée, les frères se comptent, ils sont toujours moins nombreux. Les autres prient dans leurs cellules, ils craignent leur faiblesse et de se sentir mal devant leurs camarades, ils restent allongés pour économiser leurs forces.Le médecin est maintenant toujours disponible, l’État ne veut pas d’autres morts actuellement. Les mois passés, quelques décès suspects ont été critiqués par les médias : refus de médicaments vitaux et manque d’assistance. Le dernier est mort d’une crise d’asthme, de nuit, sans soins, il avait demandé en vain de l’aide.Je parle avec Kassim au téléphone, il a le soufflé court, mal à la tête, sa tension est très basse.Mon mari ne me dit pas s’il a des évanouissements, il ne veut pas que je m’inquiète, je le sais.Je lui demande des nouvelles, je lui dis que je dois écrire, pour faire connaître le drame qui est en train de se jouer là.
Lui veut savoir si l’État italien a répondu à son appel – no, rien ¡ - et je le sens déçu, mais comment pourrais-je lui mentir ? Les conversations éléphoniques sont brèves, il est difficile de trouver des paroles d’espoir.Je sens en moi un grand vice, mais je ne me rends pas. Comment raconter et transmettre toute cette douleur…Nous avons besoin d’aide, une aide concrète. La vie de mon mari est maintenant plus que jamais en danger, est-ce que nous allons vraiment le laisser mourir ?Dans 20 jours aura lieu la fête musulmane la plus importante, l’Aïd El Adha, l Fête du Sacrifice. L’année dernière nous attendions anxieusement sa libération, une année est passée et le problème reste entier : une vie vaut-elle moins que rien ?
Khadija
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