La monstruosité de Guantánamo aurait sans doute inspiré des auteurs comme Mark Twain, Ambrose Pierce ou Courteline. Car à l'horreur de l'illégalité et de la torture s'ajoute l'absurde d'une bureaucratie militaire qui n'a pas peur du ridicule. En témoigne la lettre hallucinante adressée par un commandant du camp à la mi-août à Me Clive Stafford Smith, de l'organisation Reprieve, défenseur de nombreux détenus dont Shaker Amer, détenu n° ISN 239. La lettre concernait la "découverte de sous-vêtements de contrebande" sur deux détenus, Amer Shaler et le jeune Tchadien Mohamed Al Qareni, détenu n°ISN 269 défendu par Me Katznelson, lui aussi membre de Reprieve.
Le pandore écrit dans sa lettre que l'on a découvert sur les deux détenus des sous-vêtements de marque Under Armor et sur l'un d'eux un costume de bain de marque Speedo. Et qu'ils ne peuvent avor été introduits que par les avocats, auxquels il demande donc de répondre à la question : est-ce vous qui avez fourni ces slips aux détenus ? Et dans ce cas, vous rendez-vous compte de la gravité de cette transgression ?
Me Clive Stafford Smith, qui en a vu d'autres, a pris sa plus belle plume pour écrire une réponse digne d'une anthologie au pandore courtelinesque anonyme. L'avocat explique entre autres qu'il n'avait jamais entendu parler de ces marques de sous-vêtements jusque-là, que, renseignements pris sur Internet, il avait découvert que les sous-vêtements Under Armor (ou Under Armour) étaient très appréciés par le personnel militaire; que comme il n'avait pas pu rencontrer son client depuis un et son collègue son propre client depuis 4 mois, et que comme les visiteurs tout comme les détenus étaient soumis à une fouille au corps avant et après chaque visite, durant laquelle ils étaient surveillés par vidéo, par conséquent, il fallait plutôt rechercher les contrebandiers des slips du côté du personnel militaire. En outre, il ne voyait pas ce que son client aurait fait d'un costume de bain, sauf à plonger dans ses toilettes, la seule "piscine" à laquelle il ait accès.
Bref, à Guantánamo, on nage dans la folie bureaucratique pure.
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