En tournée en Europe, Daniel Fried arrive ce vendredi à Berne pour tenter de placer des détenus «libérables»
Trois détenus pour l’Italie. Quatre supplémentaires pour l’Espagne. Peut-être «un ou deux» en Hongrie. Et la Suisse? En tournée d’une semaine en Europe, Daniel Fried, le «Monsieur Guantanamo» du Département d’Etat américain, devrait tenter ce vendredi d’ajouter Berne à son palmarès. Ce diplomate europhile, nommé à son poste en mars dernier par Hillary Clinton, a une tâche bien précise: convaincre l’Europe de prendre des engagements concrets à l’heure d’accepter les prisonniers de Guantanamo dont les Etats-Unis ne veulent pas.
L’Europe réticente
Dès la première heure, Daniel Fried fut l’un des défenseurs, aux Etats-Unis, du métallurgiste de Gdansk Lech Walesa. Devenu l’un des maîtres d’œuvre de l’élargissement de l’OTAN à l’Europe de l’Est, puis ambassadeur en Pologne, il a été choisi parce qu’il connaît bien l’Europe et les Européens. Plus: sous George Bush, il faisait le poing dans la poche, défendant les intérêts européens au Conseil national de sécurité, alors que son administration raillait à qui mieux mieux cette «vieille Europe» décadente.
Aujourd’hui, c’est à ce même Daniel Fried d’essayer de réparer les pots cassés. Or il le sait mieux que personne: l’Europe est encore extrêmement réticente à l’idée d’endosser ce fardeau hérité de l’administration Bush. Et ses réserves ne sont pas infondées. Comme le résumait récemment le ministre allemand de l’Intérieur, Wolfgang Schäuble: «Si aucun des Etats américains ne veut prendre ces prisonniers, il faut expliquer au public européen pourquoi les règles en Europe devraient être différentes de celles des Etats-Unis.»
Pour une raison bien simple, en réalité: devenue un très gros enjeu politique américain, la libération des prisonniers de Guantanamo rencontre une opposition de plus en plus frontale aux Etats-Unis. Républicains et démocrates confondus, les élus ne veulent pas entendre parler de ces détenus qui, après avoir été présentés comme «le pire du pire» par l’équipe de George Bush, se perdraient dans la nature en Amérique. Or ils ne peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine où ils risquent la torture et la persécution. Si Daniel Fried ne parvient pas à faire plier les Européens, la promesse présidentielle de fermer Guantanamo d’ici à janvier prochain pourrait être sérieusement compromise.
Pressé de questions, le ministre de la Justice, Eric Holder, l’a admis devant les sénateurs mercredi: il estime que, sur les quelque 230 détenus qui restent à Guantanamo, une cinquantaine tout au plus seront jugés aux Etats-Unis, dans des cours civiles ou militaires. D’autres (dont le nombre n’est pas établi) continueront d’être emprisonnés sans jugement. Des négociations sont par ailleurs en cours avec l’Arabie saoudite pour qu’elle se charge d’un fort contingent de prisonniers yéménites que l’administration ne veut renvoyer au Yémen de peur qu’ils grossissent là-bas les rangs des sympathisants d’Al-Qaida. Restent encore une soixantaine de détenus «libérables», sur lesquels ne pèse aucune charge, et que Daniel Fried doit «vendre» en Europe, ou alors en Asie ou en Australie.
Trois détenus pour l’Italie. Quatre supplémentaires pour l’Espagne. Peut-être «un ou deux» en Hongrie. Et la Suisse? En tournée d’une semaine en Europe, Daniel Fried, le «Monsieur Guantanamo» du Département d’Etat américain, devrait tenter ce vendredi d’ajouter Berne à son palmarès. Ce diplomate europhile, nommé à son poste en mars dernier par Hillary Clinton, a une tâche bien précise: convaincre l’Europe de prendre des engagements concrets à l’heure d’accepter les prisonniers de Guantanamo dont les Etats-Unis ne veulent pas.
L’Europe réticente
Dès la première heure, Daniel Fried fut l’un des défenseurs, aux Etats-Unis, du métallurgiste de Gdansk Lech Walesa. Devenu l’un des maîtres d’œuvre de l’élargissement de l’OTAN à l’Europe de l’Est, puis ambassadeur en Pologne, il a été choisi parce qu’il connaît bien l’Europe et les Européens. Plus: sous George Bush, il faisait le poing dans la poche, défendant les intérêts européens au Conseil national de sécurité, alors que son administration raillait à qui mieux mieux cette «vieille Europe» décadente.
Aujourd’hui, c’est à ce même Daniel Fried d’essayer de réparer les pots cassés. Or il le sait mieux que personne: l’Europe est encore extrêmement réticente à l’idée d’endosser ce fardeau hérité de l’administration Bush. Et ses réserves ne sont pas infondées. Comme le résumait récemment le ministre allemand de l’Intérieur, Wolfgang Schäuble: «Si aucun des Etats américains ne veut prendre ces prisonniers, il faut expliquer au public européen pourquoi les règles en Europe devraient être différentes de celles des Etats-Unis.»
Pour une raison bien simple, en réalité: devenue un très gros enjeu politique américain, la libération des prisonniers de Guantanamo rencontre une opposition de plus en plus frontale aux Etats-Unis. Républicains et démocrates confondus, les élus ne veulent pas entendre parler de ces détenus qui, après avoir été présentés comme «le pire du pire» par l’équipe de George Bush, se perdraient dans la nature en Amérique. Or ils ne peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine où ils risquent la torture et la persécution. Si Daniel Fried ne parvient pas à faire plier les Européens, la promesse présidentielle de fermer Guantanamo d’ici à janvier prochain pourrait être sérieusement compromise.
Pressé de questions, le ministre de la Justice, Eric Holder, l’a admis devant les sénateurs mercredi: il estime que, sur les quelque 230 détenus qui restent à Guantanamo, une cinquantaine tout au plus seront jugés aux Etats-Unis, dans des cours civiles ou militaires. D’autres (dont le nombre n’est pas établi) continueront d’être emprisonnés sans jugement. Des négociations sont par ailleurs en cours avec l’Arabie saoudite pour qu’elle se charge d’un fort contingent de prisonniers yéménites que l’administration ne veut renvoyer au Yémen de peur qu’ils grossissent là-bas les rangs des sympathisants d’Al-Qaida. Restent encore une soixantaine de détenus «libérables», sur lesquels ne pèse aucune charge, et que Daniel Fried doit «vendre» en Europe, ou alors en Asie ou en Australie.
Niveau de «dangerosité»?
Vendre? Cette semaine, le délégué américain a exclu que les Etats-Unis offrent de l’argent en échange des détenus. Il a cependant répété que Washington était prêt à financer une partie des coûts de leur prise en charge. Fait nouveau: le diplomate vient aussi de suggérer que les futurs pays hôtes pourront «interviewer» les prisonniers avant de décider ou non de les accepter. Comme la Suisse (LT du 16.06.2009), de nombreux pays d’accueil se sont plaints du fait que les dossiers transmis par Washington sont extrêmement lacunaires. Pas moyen, notent ces Etats, d’avoir une idée précise de l’histoire des détenus ou de leur niveau de «dangerosité».
La Suisse a été le premier pays à s’engager à accueillir des prisonniers de Guantanamo, le jour même de l’investiture de Barack Obama. Jeudi, Amnesty International invitait Berne à se saisir de l’occasion de la visite de Daniel Fried pour «débloquer le dialogue hésitant mené jusque-là». Le Conseil fédéral, disait encore l’organisation de défense des droits de l’homme, «doit maintenant donner des informations de manière transparente sur la suite de la procédure et sur les problèmes restant à résoudre pour qu’une décision puisse rapidement être prise».
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