Enfermés dans leurs cellules de Guantanamo, les cinq accusés
du 11-Septembre ont vu s'écouler les présidences de George W. Bush et
de Barack Obama sans jamais avoir été condamnés faute de procès. Une
nouvelle étape de leur odyssée s'ouvre après l'arrivée de Donald Trump à
la Maison Blanche.
Les cinq hommes --dont Khaled Cheikh
Mohammed (KSM) qui est considéré comme le cerveau des attentats de
2001-- doivent retrouver la justice à partir de mercredi, avec une
nouvelle série d'audiences du tribunal militaire à Guantanamo, dans le
cadre de la préparation de leur procès.
La
procédure suscite un regain d'intérêt avec l'arrivée au pouvoir du
républicain Donald Trump, qui a affirmé qu'il n'hésiterait pas à envoyer
de nouveaux prisonniers dans le centre de détention installé sur une
base américaine à Cuba et qu'il ne voyait pas non plus d'inconvénient à
ce qu'ils y soient jugés.
La peine de mort encourue
Mais
impossible à ce stade de prévoir une date de procès pour les «Cinq du
11-Septembre», qui est l'une des procédures les plus complexes de
l'histoire judiciaire américaine. Ils risquent la peine de mort.
«Nous
sommes plus déterminés que jamais à présenter ces personnes devant la
justice, et nous le ferons, quel que soit le temps que cela prendra», a
déclaré mardi le général Mark Martins, procureur principal dans cette
affaire. Selon lui, la sélection du jury pourrait commencer d'ici un
peu plus d'un an, en mars 2018. Mais, côté défense, 2020 est considéré
comme un calendrier plus réaliste.
Détenus depuis une quinzaine d'années, les cinq hommes ont été inculpés il y a neuf ans.
La procédure avance à un rythme de tortue, et le programme de cette semaine pourrait être remis en cause dès mercredi.
L'avocate s'est cassé le bras
Le
juge militaire, le colonel James Pohl, va devoir décider si les
audiences peuvent se dérouler en l'absence de Cheryl Bormann, avocate
principale du Yéménite Walid ben Attach. Elle s'est cassé un bras et
n'est pas à Guantanamo.
L'accusation voudrait que Ben
Attach renonce exceptionnellement à la présence de son avocate, mais les
défenseurs des autres accusés s'inquiètent du précédent que cela
créerait.
Si le Yéménite refuse la requête de
l'accusation, le témoignage d'un octogénaire ayant perdu son fils, sa
belle-fille et sa petite-fille, qui se trouvaient à bord d'un des
avions, pourrait être reporté.
Torture
Le
processus judiciaire est d'autant plus complexe que les prisonniers
sont passés par les prisons secrètes de la CIA, où certains ont subi des
«procédures d'interrogatoires poussés» --un euphémisme pour désigner la
torture-- qui ont servi à construire le dossier d'accusation.
C'est
en particulier le cas pour KSM, arrêté au Pakistan en 2003, qui a
notamment été soumis à de nombreuses sessions de simulation de noyade
(«waterboarding») ou encore à des séances de «réhydratation rectale»
sans justification médicale, avant d'être transféré à Guantanamo en
2006.
Des éléments à charge recueillis par la CIA
demeurent classifiés dans le rapport du gouvernement américain sur la
torture. Ce qui rend furieux les avocats de la défense car ils n'ont pas
connaissance de tout le dossier dont dispose le gouvernement. «Nous ne
savons pas ce que nous ne savons pas, et c'est bien là le problème», a
résumé Walter Ruiz, avocat du Saoudien Moustapha al-Houssaoui.
L'échec d'Obama
Il
reste encore 41 détenus à Guantanamo. Le président Barack Obama n'a pas
réussi à fermer le camp de prisonniers comme il l'avait promis, se
contentant d'en réduire le nombre d'occupants: ils étaient 242 à son
arrivée au pouvoir.
Pendant sa campagne, Donald Trump a
affiché sa volonté de remplir à nouveau le camp de prisonniers de
«mauvais gars». Il voulait aussi rétablir la torture, en faisant
«davantage que la simulation de noyade», mais il a semble-t-il changé
d'avis sous l'influence de son ministre de la Défense, le général James
Mattis.
Les deux autres accusés du 11-Septembre sont le
Yéménite Ramzi ben al-Chaïba, et le neveu de KSM, Ammar al-Baluchi,
aussi appelé Ali Abdoul Aziz-Ali, d'origine pakistanaise comme son
oncle.
(AFP/nxp)
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