Depuis un certain temps, les petits éditeurs ont semblent-ils trouvé un moyen bien perfide pour faire parler de leurs mauvais jeux : évoquer un sujet d'actualité chaud et ainsi créer la polémique. Après le scandale provoqué par Six Days In Fallujah, le parfait inconnu T-Enterprise Scotland annonce Rendition : Guantanamo. Comme son nom l'indique, ce jeu d'action se déroule dans la fameuse prison américaine de Guantanamo. Le joueur incarnera un détenu, accusé à tort, qui tentera de s'échapper de cette véritable forteresse. Pour être certain de retranscrire toute l'atmosphère de la prison, l'éditeur s'est entouré de Moazzam Begg, un ancien prisonnier, porte-parole de l'organisation britannique Cageprisoners. Sortie prévue pour le courant de l'année sur PS3 et Xbox 360.
dimanche 31 mai 2009
Rendition : Guantanamo, un nouveau videogame
Depuis un certain temps, les petits éditeurs ont semblent-ils trouvé un moyen bien perfide pour faire parler de leurs mauvais jeux : évoquer un sujet d'actualité chaud et ainsi créer la polémique. Après le scandale provoqué par Six Days In Fallujah, le parfait inconnu T-Enterprise Scotland annonce Rendition : Guantanamo. Comme son nom l'indique, ce jeu d'action se déroule dans la fameuse prison américaine de Guantanamo. Le joueur incarnera un détenu, accusé à tort, qui tentera de s'échapper de cette véritable forteresse. Pour être certain de retranscrire toute l'atmosphère de la prison, l'éditeur s'est entouré de Moazzam Begg, un ancien prisonnier, porte-parole de l'organisation britannique Cageprisoners. Sortie prévue pour le courant de l'année sur PS3 et Xbox 360.
Berlusconi dit : "No"
ROME (AFP, 30/5/2009) — L'Italie est opposée à l'accueil en Europe de détenus de la prison américaine de Guantanamo, en dépit d'une requête en ce sens du gouvernement américain, a déclaré samedi Roberto Maroni, ministre italien de l'Intérieur.
"Les Etats-Unis nous ont demandé d'accueillir quelques détenus, pas plus de deux ou trois, mais je n'y suis pas favorable", a affirmé M. Maroni à l'issue de la réunion de deux jours des ministres de l'Intrieur et de la Justice du G8, en évoquant ses entretiens avec le secrétaire américain à la Justice, Eric Holder.
Le ministre italien a indiqué qu'il évoquerait le problème des détenus de Guantanamo avec ses homologues européens lors d'une réunion prévue le 4 juin au Luxembourg mais il a précisé "ne pas être favorable à l'accueil de ces détenus dans des pays n'ayant pas les moyens juridiques de les maintenir en prison".
Dans l'espace Schengen, "nous ne pouvons pas nous permettre de laisser en liberté des personnes soupçonnées de terrorisme", a-t-il affirmé. "Le niveau de menace du terrorisme est déjà suffisamment élevé. Je voudrais éviter de l'accroître davantage encore."
Vendredi, M. Holder avait remercié publiquement la France devant ses collègues du G8 pour avoir accepté d'accueillir le 15 mai un ex-détenu algérien de Guantanamo.
La France accepte d'envisager ces accueils à la double condition que le détenu n'ait pas été condamné et qu'il ait des liens avec le pays d'accueil, avait déclaré vendredi à l'AFP Mme Michèle Alliot-Marie, ministre français de l'Intérieur.
Lors de son point de presse, M. Maroni a également indiqué que l'Italie rétablirait exceptionnellement le contrôle des passeports à ses frontières pour les citoyens de l'espace Schengen du 18 juin au 15 juillet en raison de la tenue du sommet du G8 du 8 au 10 juillet à L'Aquila, dans les Abruzzes.
"C'est une procédure habituelle avant de tels sommets", a-t-il expliqué.
Ben Ali réclame l'extradition de deux Tunisiens détenus à Guantanamo
Selon la même source qui a requis l'anonymat, il s'agirait de deux détenus que Washington envisage de transférer en Italie, où ils sont poursuivis pour "soutien logistique à une cellule proche du groupe salafiste pour la prédication et le combat" (GSPC).
Riadh Nasri et Moez Fezzani font partie d'un groupe de 10 ressortissants tunisiens détenus dans la base américaine de Guantanamo Bay, sur l'île de Cuba.
Tunis s'est appuyé dans sa requête sur des jugements rendus par défaut à leur encontre pour délits à caractère "terroriste". En cas d'extradition, la procédure judiciaire leur donne la possibilité de faire opposition à ces jugements.
Source : AP, 30/5/2009
Obama demande que la Cour suprême n'examine pas la requête des détenus ouïghours
Dans une réponse déposée devant la plus haute juridiction des Etats-Unis dont l'AFP a obtenu copie samedi, l'avocate du gouvernement américain, Elena Kagan, estime que "les plaignants ont déjà obtenu un soulagement, ils ne sont plus détenus en tant que 'combattants ennemis'".
Elle rappelle que ces hommes, membres d'une minorité musulmane et turcophone qui craignent des persécutions de Pékin s'ils sont renvoyés en Chine, "sont logés dans des conditions relativement non contraignantes, étant donné que la baie de Guantanamo est une base militaire américaine".
Les Ouïghours attendent en effet leur libération vers un pays tiers dans une partie du centre de détention organisé pour la vie collective, avec des espaces récréatifs, la possibilité de regarder la télévision, d'avoir accès à une bibliothèque, etc.
Arrivés en 2002 à Guantanamo, 17 Chinois ouïghours encore en détention ont petit à petit été blanchis par le Pentagone, puis par la justice fédérale. Mais Washington n'a pas réussi à trouver un pays qui accepte de les accueillir.
Un juge fédéral avait ordonné en octobre 2008 leur libération sur le sol américain, une décision immédiatement contestée en appel par le gouvernement Bush. En février, une cour d'appel fédérale a renversé cet ordre, au motif que les lois sur l'immigration relevaient du seul pouvoir exécutif et que le juge fédéral avait donc outrepassé son pouvoir.
C'est cette décision d'appel que les Ouïghours contestent devant la Cour suprême. Les neuf juges sont souverains pour décider s'ils se saisissent de ce dossier. Ils pourraient se prononcer avant la fin du mois de juin.
samedi 30 mai 2009
"Participation aux frais"
L'UE s'accorde sur les ex-détenus de Guantanamo
par Jean-Pierre Stroobants, Le Monde, 29/5/2009
Mais l'Autriche exige un texte imposant aux Etats accueillant des détenus de limiter leurs déplacements. Ce point se heurte à des obstacles juridiques qui pourraient toutefois être contournés par une négociation avec les avocats des personnes concernées. Et il est probable que les pays d'accueil surveilleront discrètement les intéressés.
Pour écourter les discussions, les Vingt-Sept ont approuvé l'idée que chaque Etat décidera seul du statut légal à accorder aux personnes accueillies (réfugié, permis de séjour temporaire...).
L'autre volet de la négociation concerne la relation avec les Etats-Unis. Bruxelles a indiqué à l'administration Obama que seuls des détenus totalement innocentés par la justice américaine seraient admis sur le territoire de l'Union, soit 40 à 50 prisonniers sur un total de 250.
Les Européens demandent aux Américains d'accepter eux aussi d'ex-prisonniers sur leur territoire. "Les responsables (américains) qui négocient avec nous semblent d'accord, mais un problème politique interne subsiste", indique un diplomate de l'UE.
En revanche, un troisième obstacle semble levé. Washington accepterait de dédommager non pas les anciens détenus innocentés mais lesEtats européens prêts à les accueillir sous la forme d'une participation financière aux frais de voyage, d'installation et de santé des intéressés.
Enfin, certains pays européens aimeraient signer avec Washington une déclaration conjointe à haute portée symbolique. Elle stipulerait que la lutte antiterroriste doit respecter les droits humains fondamentaux, qu'il n'y aura plus jamais d'autre Guantanamo et que les conventions bannissant la torture seront désormais respectées.
Les Européens partisans d'un tel texte pensent que cet engagement moral permettrait à Washington de convaincre plus facilement le Canada et l'Australie, notamment, d'accepter à leur tour d'ex-prisonniers.
29.05.2009 The Washington Post
"Si les Etats-Unis refusent d'accueillir ces gens sur leur sol, pourquoi devrions-nous le faire ?" s'interroge un élu bavarois. La volonté américaine de transférer cinquante anciens détenus de Guantanamo Bay en Europe se heurte à une nouvelle opposition des pays concernés. "Les ministres de l'Intérieur des Vingt-Sept pressent l'administration Obama d'adopter une déclaration commune qui engagerait les Etats-Unis à accepter eux aussi certains détenus, ce à quoi le Congrès américain est très réticent", écrit le quotidien.
vendredi 29 mai 2009
Lakhdar Boumediene: enfin libre, il parle/free at last, he speaks
Témoignage exclusif de Lakhdar Boumediene
par Europe1fr
Visage émacié, barbe grisonnante bien taillée, polo gris à manches courtes, pantalon blanc, les yeux noirs enfoncés, Lakhdar Boumediene est un rescapé de 58 kilos. Il y a tout juste dix jours, le 15 mai, il débarquait d'un avion de l'US Air Force sur la base aérienne d'Evreux (Eure) en provenance de Cuba. Neuf heures de voyage mains et pieds menottés, avec seize gardes armés qui se sont relayés par groupe de quatre pendant toute la durée du vol. Sa hantise ? Etre pris d'un besoin pressant.
"Je me souvenais qu'au voyage aller, on n'avait pas le droit d'aller aux toilettes. Alors cette fois, j'avais pris mes précautions : je n'avais ni mangé, ni bu avant mon départ", raconte-t-il.
De nationalité algérienne, Lakhdar a été accueilli en France. Son épouse et ses filles qui, après son arrestation, étaient rentrées en Algérie, l'ont retrouvé ici grâce à l'intervention des autorités françaises. "Surtout n'oubliez pas de remercier le président Nicolas Sarkozy, les ambassadeurs de France à Washington et à Alger et le consul français à Oran", insiste-t-il.
Pour le moment, la famille Boumediene a choisi de vivre en France. Lakhdar y a de la famille et se dit attaché à la culture française. Peut-être retournera-t-il en Algérie un jour, mais l'heure n'est pas venue de dresser des plans sur la comète.
Lakhdar vient de sortir de l'hôpital militaire Percy de Clamart (Hauts-de-Seine), il y a à peine trois heures, et le voilà qui se promène librement au bras d'Abassia, son épouse, de Radjaa, 13 ans, et Raham, 8 ans, ses deux filles qu'il n'a pas vu grandir. "Bien sûr, je ne les ai pas reconnues", s'excuse-t-il.
Lui qui revient de l'enfer s'applique à renouer avec les gestes simples de l'existence. Se débarrasser de Guantanamo, dont il a tout de même ramené sa tenue de prisonnier : un pantalon et une veste kaki. S'échapper du camp 6, où le jour ne pénétrait pas et où le froid dans la cellule, avec la climatisation réglée au maximum, gelait les os. Il raconte : "Réveil à 5 heures pour la prière du matin. Après retour dans la cellule. 6 heures, les gardes viennent te chercher et t'amènent dans une salle. On t'assied sur une chaise, pieds et mains menottés et on te nourrit de force par intubation dans les voies nasales". Lakhdar ne parle à personne. Il respire l'air du dehors une fois par jour, moins d'une heure, "tantôt dans la journée, tantôt la nuit, c'est chacun à son tour", ne croise jamais un codétenu.
Pendant plus de deux ans, de février 2006 jusqu'à sa sortie, il a refusé de se nourrir. Sauf à deux reprises. Le jour de la victoire d'Obama en novembre 2008 - "J'étais content car on avait évité le pire avec Mc Cain" - et le jour où les juges l'ont blanchi. Il a perdu un peu plus de 20 kg.
L'épreuve la plus difficile remonte à février 2003. Son cauchemar. Ses gardes l'interrogeaient sans relâche. "Ils voulaient des informations sur les associations caritatives musulmanes en Bosnie et sur les Arabes qui étaient installés à Sarajevo, mais moi je ne savais rien là-dessus", dit-il. Alors en février 2003, ils l'ont soumis à un interrogatoire serré pendant 16 jours et 16 nuits : " Ça commençait à minuit, ça durait jusqu'à 5 heures du matin. Ça s'arrêtait quelques heures, puis ça reprenait. Ils se sont relayés à six ou sept. Au bout de la troisième ou cinquième nuit, j'ai été ausculté par un médecin de l'armée qui a dit aux geôliers que tout allait bien et qu'ils pouvaient continuer."
Lakhdar Boumediene a été arrêté à Sarajevo en octobre 2001 en compagnie de quatre autres Algériens qui demeuraient comme lui dans la capitale bosniaque. Il était arrivé en Bosnie en avril 1997, où il travaillait pour le Croissant-Rouge, l'équivalent musulman de la Croix-Rouge. Il est parti de Saïda en Algérie, en 1990. "Je voulais aller travailler dans les pays du Golfe parce qu'en Algérie j'étais employé dans une cimenterie et c'était mauvais pour ma santé", assure-t-il.
Après un séjour à Sanaa, au Yémen, il s'est installé pendant deux ans au Pakistan - en 1991 et 1992 - non loin de Peshawar, où il s'occupait d'orphelins dans une école. Il est ensuite retourné au Yémen, où il a été surpris par la guerre de 1994 qui opposait le Yémen du Nord au Yémen du Sud. Il en a profité pour s'inscrire à l'université de Sanaa tout en suivant des cours au Centre culturel français. De là, il a rejoint un copain de Saïda en Albanie, où il a commencé des missions avec le Croissant-Rouge qui l'a finalement envoyé à Sarajevo.
En décembre 2000, lors d'une visite à sa famille en Algérie, il est interpellé par la police alors qu'il vient de franchir la douane à l'aéroport d'Alger. Son passeport confisqué, il est sommé de rester dans la capitale, le temps que les enquêteurs procèdent à des vérifications.
A cette époque, pour fuir l'Algérie et rejoindre le djihad, de nombreux combattants du GIA ont gagné les camps afghans via le Pakistan. Les autorités algériennes le suspectent d'être l'un de ces islamistes. Au bout de cinq ou six jours, on lui rend son passeport, mais après lui avoir délivré un certificat d'amnistie, comme les autorités algériennes en délivraient aux islamistes repentis. "Je n'ai jamais été islamiste, jure-t-il. Je crois que c'est cet épisode qui est à l'origine de mon arrestation."
Des listes de ressortissants algériens passés par le Pakistan ont-elles été transmises aux Américains après le 11-Septembre ? Sans trop s'appesantir, Lakhdar Boumediene pense que oui.
Source : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/05/26/un-ancien-detenu-algerien-raconte-guantanamo_1198086_3222.html#ens_id=1073709
Un visa français de trois mois
Pour l'heure, les autorités françaises ont délivré un visa de trois mois à Lakhdar Boumediene, à son épouse Abassia et à leurs deux enfants. Selon Eric Chevallier, porte-parole du Quai d'Orsay, il s'agit d'une "décision au cas par cas en réponse à une demande d'une personne qui pense ne pas être en mesure ou qui ne souhaite pas retourner dans son pays". Algérien d'origine, Lakhdar Boumediene avait obtenu la nationalité bosniaque, dont il a été destitué après son arrestation en 2001. M. Boumediene se réserve maintenant la possibilité d'attaquer l'Etat américain : "C'est une décision que je prendrai avec mes avocats américains."
Libérables Sur un total de 240 détenus, 21 doivent être libérés, faute de preuves suffisantes.
50 sont susceptibles d'être envoyés à l'étranger. Après la France et le Royaume-Uni, l'Italie, l'Allemagne et la Belgique pourraient accueillir des prisonniers.
Poursuivis 20 d'entre eux, dont les accusés des attentats du 11-Septembre, seront poursuivis devant les commissions militaires rénovées. La procédure a été suspendue pour accorder des protections plus grandes à la défense.
Certains seront jugés par la justice fédérale. Premier annoncé à New York : le Tanzanien Ahmed Ghailani, soupçonné d'avoir participé aux attentats de 1988 en Afrique de l'Est.
Statut spécial Ceux qui ne pourront être ni poursuivis ni libérés (pour avoir été entraînés au maniement d'explosifs) seront placés en détention administrative prolongée.
In France, Algerian Savors Normal Life
By Edward Cody, Washington Post Foreign Service Tuesday, May 26, 2009
PARIS, May 25 -- When the nightmare finally ended -- seven years at Guantanamo Bay, two years of force-feeding through a tube in his right nostril, the long struggle to proclaim his innocence before a judge, and finally 10 days of hospitalization -- Lakhdar Boumediene celebrated with pizza for lunch in a little Paris dive.
"When we were at the restaurant," Boumediene said Monday, shortly after the meal that marked his release from doctors' care and reentry into normal society, "I told my wife that for the first time I felt like a man again, tasting things, picking things up in my fingers, eating lunch with my wife and my two daughters."
Boumediene, 43, had been in a French military clinic under physical and psychological observation since his arrival in Paris on May 15 aboard a U.S. government aircraft that carried him -- in shackles -- away from the military prison at Guantanamo Bay, Cuba.
In what he describes as an ugly mistake by U.S. authorities, Boumediene, an Algerian citizen, had spent seven years there as terrorism suspect No. 10005. Later he became the plaintiff in a landmark Supreme Court case, Boumediene v. Bush, that in June 2008 gave Guantanamo detainees the right to seek judicial review of their imprisonment.
Boumediene, in a lengthy interview in a Paris suburb, said he joined the case to represent the scores of prisoners held at Guantanamo charged with being "enemy combatants" and having no power to challenge the accusation in court.
Later ordered released by a U.S. district judge in Washington, he represents something new: dozens of prisoners whom the U.S. government has decided to release but cannot, because no other country will take them in and most Americans do not want them on U.S. soil.
At the request of the Obama administration, France agreed to take in Boumediene but appears reluctant to accept any more detainees. Britain accepted one released Guantanamo prisoner in February and has promised to take in a second. In all, human rights activists say, Washington is looking for homes for about 60 such prisoners, swept up without trial in the aftermath of the Sept. 11, 2001, attacks on the World Trade Center and the Pentagon and now judged fit for release.
Boumediene's version of events is impossible to verify independently. But he described himself as collateral damage in those sweeps, an aid worker in Bosnia wrenched from his life and, he said, interrogated endlessly about something about which he had no knowledge.
Boumediene, who at the time was an aid worker with the Red Crescent, was arrested in Bosnia in October 2001 along with five other Algerians accused of plotting to blow up the U.S. and British embassies in Sarajevo, charges that were later withdrawn. In January 2002, the six were turned over to U.S. officials and flown to Guantanamo, despite rulings by several Bosnian courts that there was no reason to deport them.
U.S. interest was high because one of the six Algerians, Belkacem Bensayah, was accused by U.S. investigators of being an al-Qaeda operative in Bosnia. Moreover, Bosnian police had discovered a piece of paper in Bensayah's home with a handwritten number and a name that corresponded to that of a senior al-Qaeda leader in Afghanistan.
Boumediene, in the interview, said he did not know Bensayah well but that, as a fellow Algerian, Bensayah had come to Boumediene's Red Crescent office seeking help for his family. In addition, he said, Bensayah's wife sought assistance after her husband's arrest, and Boumediene provided money for a lawyer. Boumediene said U.S. officials concluded that those connections linked him to al-Qaeda's activities in Bosnia.
In addition, Boumediene said, a stint in Pakistan in the early 1990s aroused the suspicions of U.S. investigators and may have landed his name on a watch list shared by Algerian security services with their U.S. counterparts.
But during his stay, he had his passport renewed at the Algerian Embassy in Islamabad. Because many Islamist Arab fighters were gathered in Pakistan, including Algerians, the passport renewal in Islamabad marked him for Algerian security services as a possible extremist.
As a result, when he traveled to Algeria in December 1999 to visit family, Boumediene recalled, he was stopped at the airport and told he was on a list of people wanted for questioning. Boumediene denied any connection to Algeria's Islamist extremists, but Algerian investigators were intrigued by his time in Pakistan and confiscated his passport.
As he sought to get the suspicions lifted and retrieve his passport, Boumediene said, he was told by an official in the prosecutor's office that he could avoid further trouble with Algerian authorities if he registered for an amnesty being offered to Islamist activists by President Abdelaziz Bouteflika. Reluctantly, and still denying any association with the Algerian extremists, he accepted the government's amnesty and got his passport back.
That solved his problem in Algeria. But a document listing him as a beneficiary of the amnesty was found in his home after his arrest in Bosnia and, Boumediene speculated, served to reinforce U.S. suspicions about his ties to al-Qaeda.
Boumediene said he was interrogated more than 120 times during his stay in Guantanamo's Camp Delta, mostly about Arabs and other foreign Muslims in Bosnia. "At first I thought they were honest, and when I explained they would see I was innocent and would release me," he recalled. "But after the first two years or so, I realized they were not straight. So I stopped cooperating." During one 16-day period in February 2003, he said, the interrogations went on day and night, sometimes with tactics such as lifting him roughly from the chair where he was strapped, so the shackles dug into his flesh. The interrogators, some dressed in military uniforms and others in civilian clothes, were assisted by Arabic interpreters who seemed mostly to be from Egypt and Lebanon, he recalled, and later included a few Moroccans and Iraqis.
On Christmas in 2006, Boumediene recalled, he started a hunger strike in an effort to get someone to listen to his pleas of innocence. Twice a day, about 6 a.m. and 1 p.m., he was strapped to an iron chair and force-fed through a tube in his nose that reached into his stomach.
Until a meal with his lawyers as he was about to leave Guantanamo, Boumediene said, he broke his fast only twice, once when he learned of President Obama's election and again when the judge ordered his release.
"I have no idea why this happened to me," he said. "I'm a Muslim like any other. I pray and I observe Ramadan. But I don't have any hatred against anybody."
Grateful to be settling in France with government help, his first goal is to draw close to his family again, Boumediene said. But down the road, he added, he wants to sue the U.S. government or its senior officials to hold them accountable.
"I don't know whether it will be possible," he said. "But even if it takes 100 years, I am determined to bring suit."
jeudi 28 mai 2009
Hardin, Big Horn County, Montana, USA
par Corine Lesnes, Washington, Le Monde, 26/5/2009
Etablissement pénitentiaire neuf cherche détenus. A Hardin, localité du Montana de 3 600 habitants, les élus croyaient avoir trouvé une clientèle pour leur prison désespérément vide : les occupants de Guantanamo en attente d'hébergement après la fermeture du camp en janvier 2010.
Le comté est l'un des plus pauvres du pays. Grâce à sa prison privée, achevée en 2007, la municipalité espérait créer une centaine d'emplois. Mais le "marché" local n'a pas tenu ses promesses. Aucun détenu n'a été envoyé, ni par l'Etat ni par le gouvernement.
Fin avril, le conseil municipal d'Hardin a donc voté une résolution proposant ses services pour remplacer "Gitmo". Greg Smith, le responsable du développement, a demandé une mise aux normes de haute sécurité de la prison (464 lits). Quant aux évasions, pas de souci, affirme-t-il : il n'y a aucun immeuble élevé et les condamnés auraient du mal à se fondre dans une population à 62 % blanche et 32 % amérindienne.
Le Montana a beau être l'un des Etats américains les moins densément peuplés, le tollé a été instantané chez les élus, y compris les deux sénateurs démocrates et amis du président. "Que Barack Obama les appelle terroristes ou non, c'est exactement ce qu'ils sont", a résumé Denny Rehberg, un élu de l'assemblée locale.
RÉACTIONS IRRATIONNELLES
Comme dans le Montana, les parlementaires américains sont frappés par le syndrome "not in my backyard" ("pas dans ma cour"), dès qu'ils entendent le nom Guantanamo. En Virginie, démocrates et républicains s'opposent à la venue des détenus ouïgours, alors qu'ils ont été déclarés innocents il y a quatre ans par le Pentagone et que la communauté chinoise musulmane est prête à les accueillir. "Un terroriste est un terroriste, a déclaré le représentant républicain Frank Wolf. Je suis très critique par rapport à la Chine, mais je ne suis pas favorable à ce que les citoyens fassent sauter les Jeux olympiques ou s'attaquent à la population chinoise."
La semaine dernière, le président Obama a tenté de calmer les réactions "irrationnelles" en rappelant qu'un certain nombre d'individus dangereux se trouvent déjà dans les prisons américaines, notamment à "SuperMax", dans le Colorado : Ramzi Youssef, condamné pour l'attentat de 1993 contre le World Trade Center ; le "shoe bomber" Richard Reid ; le 20e pilote présumé Zacarias Moussaoui... Depuis, les démocrates ont promis d'examiner son "plan" quand il sera prêt.
Les partisans d'Hardin savent qu'ils ont peu de chances de remporter le marché. Comme l'a expliqué à Time Magazine George Lammers, le propriétaire du Trading Post, le climat est rude sur les plateaux et le vent horriblement desséchant. Pour des détenus habitués à des températures tropicales, "ce serait une torture".
Source : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/05/26/hardin-la-commune-du-montana-aux-etats-unis-qui-revait-d-etre-guantanamo_1198104_3222.html#ens_id=1073709
PROPOSITION Hardin, une localité du Montana, défraie la chronique en voulant repeupler sa prison, désespérément vide.
© DR La prison de Hardin est vide, en raison de la faible criminalité du Montana. On y accueillerait volontiers les détenus de Guantánamo.
La prison de Deux-Rivières devait créer une centaine d’emplois à Hardin, petite ville de 3384 habitants dans le Montana. Mais, près de deux ans après son inauguration, l’établissement qui jouxte la réserve indienne des Crow est toujours vide. Du coup, la Municipalité de Hardin a eu une idée pour sauver l’établissement: accueillir les quelque 240 détenus de Guantánamo.
«Quelqu’un doit se porter volontaire et les accepter (ndlr: les prisonniers de Guantánamo) chez lui», déclare Greg Smith, directeur de Deux-Rivières. «Nous avons une prison et ils (ndlr: la Maison-Blanche) ont besoin d’aide.»
Des élus hostilesDepuis qu’il a annoncé la fermeture du pénitencier de Guantánamo, le 22 janvier dernier, Barack Obama cherche où placer les prisonniers. Jusqu’ici, il a dû composer avec l’opposition d’élus de nombreux Etats. Ceux du Montana se sont d’ailleurs immédiatement désolidarisés de l’initiative de Hardin. Malgré cette fin de non-recevoir des élus locaux, Greg Smith affirme que la ville de Hardin n’abandonnera pas. La Municipalité s’adresse directement aux représentants du gouvernement. «Comment le président peut-il donner des droits aux détenus de Guantánamo si personne n’accepte de les recevoir?» s’interroge-t-il.
La prison, qui a coûté 27 millions de dollars et où 460 personnes peuvent être incarcérées, n’a pas accueilli le moindre détenu: la criminalité dans la région se limite le plus souvent aux abus d’alcool et de produits stupéfiants. Greg Smith affirme que l’établissement peut être facilement transformé en pénitencier de sécurité maximale. «Nous avons des cellules d’isolement et même un petit tribunal sur place si besoin, poursuit-il. Notre bâtiment répond aux normes de sécurité les plus élevées.»
Greg Smith et la Municipalité de Hardin font parler d’eux aux Etats-Unis. Rant Rave, un site internet, a d’ailleurs rebaptisé la petite localité Montanamo Bay. Le gouvernement, qui concentrait jusqu’ici ses recherches sur les bases militaires et des pénitenciers de haute sécurité, n’a pas encore pris position. Greg Smith, lui, croit en ses chances: «Nous n’offrons peut-être pas la solution idéale, mais mieux vaut considérer le verre à moitié plein plutôt que de le voir à moitié vide.»
Smalltown USA's Guantanamo hopes
Could terror detainees from Guantanamo be housed in this prison in Hardin, Montana?
Barack Obama has ordered the detention facility at Guantanamo Bay, Cuba, to be closed by early next year, and as the fate of the remaining 240 prisoners is decided some could be moved to the US for trial or continued detention.
Al Jazeera's Rob Reynolds travelled to the town of Hardin in the US state of Montana to find out why it has offered to take in some of the detainees.
They call eastern Montana "big sky country" - a vast sweep of prairie stretching from horizon to rugged horizon. Towering thunderclouds roiled the sky as we approached Hardin, population 3,400.
It is a long way from Guantanamo Bay, Cuba. But if people here get their way, up to 100 detainees now held in Guantanamo will soon be living in a brand new prison on the edge of town.
I toured the empty, never-used jail with Greg Smith, Hardin's economic development director.
It is a windowless, low-slung tan concrete hulk surrounded by a double row of high mesh fence topped with gleaming coils of razor wire.
Earlier this month, Hardin's town council voted unanimously to offer the US government a deal: Send Hardin the detainees that most foreign countries and other cities the US are afraid to take.
"Why not us?" Smith asks. "They've got to go somewhere."
He dismisses security concerns over housing inmates former Bush administration officials famously described as "the worst of the worst".
"We have some very hardened criminals in our own country that have committed some heinous crimes, and they are in communities all across this country," Smith argues.
A desperate town
Smith says the prison represents his town'squest for a piece of the "American dream"It is an unusual offer - but Hardin is an unusually desperate town.
Decent, well-paid jobs are scarce here on the prairie. The unemployment rate is more than 10 per cent in Big Horn County, and even higher on the neighboring Crow Native American reservation.
Hardin's streets are full of empty storefronts and shabby houses. Intoxicated men and women stagger out of the numerous bars and alcohol stores lining the main road. This town has been down on its luck for a long time.
"We're the poorest county in the state and one of the poorest counties in the nation," Smith says.
He estimates at least 100 new jobs would come from filling the prison, a real boost to this small, beleaguered community.
Smith describes the town's quest to become a new penal colony as "a piece of the American dream."
"Like anything in America, we're looking for opportunities," he says.
Smith says the prison represents his town'squest for a piece of the "American dream"
Mixed opinions
"I don't really like the word terrorist but ... it would create jobs, bring people into the town and increase home ownership"
Clare Carleton, Hardin residentThe prison, built to hold 464 inmates, was authorised five years ago. Hardin officials raised $27m in municipal revenue bonds to build it.
But then, a new governor was elected and decided not to use it. Now the bonds are in default.
Hardin has pleaded with state officials to send them prisoners, any kind of prisoners: inmates from out of state, sex offenders, criminal illegal aliens. Every effort failed.
The proposal to install a "Big Sky Gitmo" has attracted considerable local, national and international media attention.
But at the Bighorn grocery store a few hundred meters from the prison, people voiced mixed opinions.
"For this area, I think it'd be a economic boom," said Cindy Book, a local woman, while Hardin pizza restaurant owner Clare Carleton says she thought long and hard before deciding to support the prison plan.
"I don't really like the word terrorist but ... it would create jobs, bring people into the town and increase home ownership," she said.
"I think it's really going to help our community."
But local Ron Williamson worries about the proximity of detainees to the Crow Indian Reservation, where he lives.
"They'll be bringing in terrorists, that's what I think!" he declared.
Heated debate
But Montana's senators and congressmen have blocked Hardin's Gitmo gambit, fearing the state's reputation would suffer.
And while the prison in Montana sits empty, the debate over what to do with the Guantanamo detainees is heating up in Washington.
The Obama administration is not saying where it intends to put them, but politicians from both parties have made it clear it's a case of "not in our backyards".
Congress is considering a measure that would bar detainees from being brought to US soil, while at a recent senate hearing, lawmakers seemed scared that detainees might run wild, terrorising the countryside.
"We have to make sure streets and neighborhoods are not going to be the repository of Guantanamo prisoners," said Barbara Mikulski, a Democrat senator.
Eric Holder, the US attorney general, tried to calm those fears, promising: "We are not going to put at risk the safety of the people of this country."
But Richard Shelby, Republican senator for the state of Alabama, asked Holder in an incredulous tone: "Do you know of any community in the US that would welcome terrorists, would be terrorists, former terrorists incarcerated in Guantanamo?"
Hardin's 'holy grail'?
Many in the Hardin community feel the prisoncould turn their fortunes aroundOf course, there is one such community and it is determined to keep on trying.
Greg Smith clearly sees the Guantanamo detainees as a kind of modern-day holy grail.
"If you're gonna believe in something, you have say, OK, I'm willing to put it in my back yard," he said.
There is something strange and somehow dismaying about the idea that the national disgrace many feel is represented by Guantanamo could be transformed into a positive benefit for anyone.
Guantanamo, to many Americans and the majority of people abroad, is synonymous with the disregard of human rights, indefinite detention, torture, and despair.
Many in the Hardin community feel the prisoncould turn their fortunes around
A last stand
Before we left Hardin, we drove about 30 minutes to the Little Bighorn Battlefield National Monument.
On June 25, 1876, 263 soldiers and other personnel of the US Seventh Cavalry, commanded by the dashing Lieutenant Colonel George Armstrong Custer, attacked a large encampment of Lakota Cheyenne and Arapaho Indians.
Custer and his men were then annihilated in one of the Native Americans' greatest military triumphs.
But of course it was a Pyrrhic victory; within a few years almost all of the Great Plains Indians were either killed or herded onto prison-like reservations, their traditional way of life shattered forever.
It remains one of the greatest tragedies in American history.
I sensed an almost eerie connection, somehow, between the wars that devastated the Indians and the devastation of the so-called war on terror; a link between Custer's last stand and Hardin's quixotic quest.
In the 19th century, pursuit of the US concept of "manifest destiny" and unbridled power led US policymakers to ignore the human rights of native peoples, treating them as sub-human.
In the 21st century, America is again embroiled in wars against people it does not fully understand, extending its military power worldwide with what many see as little regard for the long-term consequences.
As I stood regarding the white marble headstones that marked the places where Custer's men fell on that day so long ago, a cold gust of rain swept over the prairie.
It was time to leave big sky country, its tragic history, and its troubled present.
Source: http://english.aljazeera.net/news/americas/2009/05/2009515211913607892.html
mercredi 27 mai 2009
Non-lieu en Belgique pour Moussa Zemmouri et Mesut Sen
Ces deux ressortissants belges avaient été arrêtés aux abords de la frontière afghane dans les mois qui suivirent les attentats du 11 septembre. Ils avaient ensuite été emmenés et incarcérés dans le camp américain de Guantanamo à Cuba. Pour les services américains, il était évident que ces deux ressortissants belges se devaient d’être soupçonnés de terrorisme.
Selon le rapport, le premier, Moussa Zemmouri, voulait gagner un camp d’entraînement en Afghanistan, possédait une montre d’un modèle utilisé à plusieurs reprises pour la fabrication d’explosifs de fortune et avait sur lui une lettre d’un membre bien connu d’Al-Qaeda contenant une citation écrite à la main par Oussama Ben Laden.
Le deuxième, Mesut Sen, un Bruxellois d’origine turque, avait admis avoir voyagé avec un passeport belge et 2500 dollars jusqu’à Jalalabad. Il avait aussi admis avoir sur place changé de nom. Libérés du camp de Guantanamo en 2005, après plus de trois ans de détention, ils avaient alors été renvoyés vers la Belgique. Ils ont été inculpés ici de participation à une organisation criminelle, mais avaient pourtant été laissés en liberté par la justice.
Cependant les éléments récoltés par les services américains n’ont manifestement pas été considérés comme des éléments de preuve suffisants par le parquet fédéral.
Devant la Chambre du conseil chargée d’examiner s’il convenait ou non de les renvoyer devant le tribunal, le parquet a requis le non-lieu, a annoncé "Le Soir". Ils ont donc été blanchis. Les deux hommes et leur avocat ne commentent pas la décision de la chambre du conseil. On ne sait pas non plus, à ce jour, s'ils reprendront le chemin des tribunaux mais en qualité de victime cette fois.
Source : RTBF, 26/5/2009
vendredi 22 mai 2009
De Guantánamo à ADX, l’Alcatraz des Rocheuses
ADX, qui va succéder à Guantánamo, mérite d’être connue. Située à 145 km au sud de Denver et à 72 km au sud de Colorado Springs, elle fait partie d’un complexe de trois prisons fédérales, de moyenne, haute et très haute sécurité, achevé en 1994 dans une région totalement polluée par une mine d’uranium qui a fermé il y a quelques années et où seule la construction de quelques prisons était susceptible de procurer du travail à la population jeune de la région.
ADX est un véritable cauchemar climatisé et électronique, avec ses 1400 portes d’acier dont »jamais deux ne son ouvertes en même temps », ses caméras, ses rayons laser, ses barbelés et ses cellules de 2 m sur 3,5, tout en ciment et acier, sans lumière naturelle, où les détenus sont enfermés 23 heures sur 24, ne disposant que de 9 heures par semaine pour être hors de leurs cellules, dans des cours où ils ne peuvent jamais se rencontrer.Dans les cellules, ils disposent , s’ils sont jugés les mériter, de téléviseurs noir et blanc et de radios, sur lesquels ils ne peuvent accéder qu’à des émissions éducatives et de télé-réalité. Les journaux leur arrivent avec 30 jours de retard, après être passés sous les ciseaux de la censure.Sécurité maximale ? Trois prisonniers y ont tout de même trouvé une mort violente en 15 ans.
Fin 2007, 463 des 490 cellules individuelles d’ADX étaient occupées par des détenus. Il faudra donc que l’administration procède à des transferts si elle veut faire de la place pour les détenus de Guantánamo. Ce qui ne sera pas sans poser des problèmes. En effet, les hommes détenus à ADX sont considérés comme les plus dangereux de tout l’archipel du goulag impérial. Parmi eux se trouvent ou se trouvaient :
Barry Byron Mills (Fraternité aryenne), emprisonné pour divers crimes depuis 40 ans.
Charles Harrelson (1928-2007) père de l'acteur Woody Harrelson, emprisonné pour avoir tué le juge John H. Wood, Jr." le 29 mai 1979. En 1982 il a prétendu avoir participé à l'assassinat de John F. Kennedy.
David Lane, meurtrier d'Alan Berg, un animateur juif libéral de talk-show)
Eric Robert Rudolph, poseur de la bombe de l'Olympic Park à Atlanta
Francisco Javier Arellano Félix (Chef mexicain du Cartel de Tijuana).
Howard "Pappy" Mason, trafiquant dedrogue emprisonné pour avoir tué le policier Eddie Byrne).
José Padilla (Abdullah al-Muhajir), condamné comme « terroriste islamiste,» en 2008.
Larry Hoover, leader de la Black Gangster Disciples Nation, de Chicago.
Matthew F. Hale, suprématiste blanc condamné pour avoir ordonné l'assassinat d'un juge fédéral.
Michael Swango, le docteur tueur en série arrêté en 1997 pour avoir tué jusqu'à 60 personnes)
Omar Abdel-Rahman , le Cheikh aveugle impliqué dans l'attentat à la bombe contre le World Trade Center en 1993)
Ramzi Yousef ,neveu de Khaid Cheikh Mohamed, impliqué dans l'attentat à la bombe contre le World Trade Center en 1993
Ahmed Ajaj , lui aussi impliqué dans l'attentat à la bombe contre le World Trade Center en 1993
Richard Reid, l’homme qui avait une bombe dans le talon d’une de ses chaussures, alias "Shoe bomber"
Robert Hanssen, agent du FBI condamné pour espionnage au profit de l'Union soviétique et de la Russie)
Terry Nichols, conspirateur de l'attentat d'Oklahoma City
Theodore Kaczynski, dit "Unabomber"
Timothy McVeigh (1968-2001), responsable de l'attentat d'Oklahoma City, exécuté le 11 juin 2001.
Zacarias Moussaoui, condamné pour conspiration dans les attentats du 11 septembre 2001
Dandenis Muñoz Mosquera, alias Dandenes Munoz-Mosquera, alias Luis Fernandez, alias Hernandez-Hernandez, alias Esteban Restrepo Echavarria, alias La Quinca, alias Luis Fernando, tueur à gages du cartel de Medellín, accusé de plusieurs meurtres et d’un attentat contre un avion de ligne.
Mutulu Shakur, beau-père du rappeur Tupac Shakur, condamné pour un hold-up sanglant contre un transport de la Brink’s, commis en 1981 par un commando conjoint de la Black Liberation Army et du Weather Underground. Sa complice Kathy Boudin, a été libérée sur parole en 2003 et lui-même doit sortir de prison en 2016.
Mais le détenu le plus isolé est Thomas Silverstein, un ancien membre de la Fraternité aryenne (une organisation née en prison parmi les détenus blancs qui éprouvaient le besoin de s’organiser face aux organisations de détenus noirs comme les Black Muslims, qui furent à l’origine de la naissance de gangs politico-ethniques dans les prisons. Sans être particulièrement progressiste, la Fraternité aryenne n’avait rien de nazi et se spécialisa dans le trafic interne de drogue), à laquelle il a adhéré durant son séjour à la prison de Leavenworth.
C’est qu’il a commencé jeune sa carrière de détenu à l’âge de 19 ans, en 1971, échouant à San Quentin pour un vol à main armée. Il a ensuite été condamné pour le meurtre d’un détenu, puis pour celui de 4 gardiens de prison, dont le dernier à Marion en 1983. Silverstein , qui n’a reconnu que 2 de ces meurtres, est à l’isolement total depuis 26 ans, ce qui semble être un record inégalé.
Dessin de Tom Silverstein
La prison de Marion a ouvert en 1963, l’année où celle d’Alcatraz, The Rock, a fermé. À la fin des années 1970, elle était devenue la prison la plus violente des USA Entre 1979 et 1983, la prison a vécu 81 attaques de détenus contre d’autres détenus et 44 contre des gardiens. 13 détenus ont é té tués. Les années de Silverstein à Marion sont une longue suite de meurtres et de vengeances entraînant d ‘autres meurtres, entre détenus blancs et noirs, encouragés à s’entretuer par les gardiens.
Le 22 octobre 1983, Silverstein, avec l’aide d’un détenu, parvient à se libérer de ses chaînes au cours d’un transfert à l’intérieur de la prison et, armé d’un couteau bricolé, en assène 40 coups au gardien Merle Clutts, dont il était devenu le souffre-douleur. Quelques heures plus tard, utilisant la même tactique, le détenu Clayton Fountain, un ami de Silverstein, tue le gardien Robert Hoffman. La justice rejettera toute circonstance atténuante pour ces meurtres, justifiés par leurs auteurs par les violences exercées sur eux par ces gardiens.
C’est cette affaire qui sera à l’origine de la construction d’ADX, où Silverstein a été transféré en 2005. Et ce n’est pas à ADX quu’il risque de revivre ce qu’il a vécu au pénitencier fédéral d’Atlanta, où il connut une semaine de liberté au cours d’une révolte des détenus cubains en 1987, jusqu’à ce que ceux-ci lui remettent ses chaînes et le livrent à la direction de la prison, dont c’était une des premières exigences dans les négociations avec les mutins.
Entretemps, Silverstein est devenu doux comme un agneau, se tournant vers le yoga et le bouddhisme pour calmer sa colère. Et du fond de sa cellule insonorisée dans l’unité Z, il continue de réclamer que l’on mette un terme à son isolement. Il a tout son temps : condamné à trois fois la prison à vie + 45 ans, sa date de libération possible la plus proche est en …2095.
Tout comme Jamil Abdullah Al-Amin, qui, lui , croupit, au fond de ce qu’on appelle « le trou » (the hole), l’unité A. Jamil Al-Amin n’est autre que Rap Brown, le révolutionnaire noir célèbre dans les années 70 – il fut président du Student Nonviolent Coordinating Committee puis ministre de la Justice du Parti des Panthères Noires. Sa phrase la plus célèbre de l’époque : « la violence est aussi américaine que la tarte aux cerises ».
Emprisonné à la prison d’Attica de 1971 à 1976 pour vol à main armée, il s’y convertit à ‘l’Islam. Installé dans le West End d’Atlanta, il y gérait une épicerie et animait la National Ummah, prêchant contre le trafic de drogue et les jeux de hasard, les deux plaies de la communauté noire. Jusqu’à cette soirée de l’an 2000 où un shérif-adjoint venu l’arrêter fut tué par un inconnu. Jamil Abdullah Al-Amin fut condamné à la prison à vie. Malgré les aveux d’un certain Otis Jackson, qui se dit l’auteur du crime, la Cour suprême a confirmé la condamnation en 2004. Le 21 octobre 2007, Jamil a été transféré à ADX où il a été mis au « trou », le bien-nommé « hole ». Si vous voulez en savoir plus sur lui, http://www.imamjamil.com/,
D’autres détenus politiques ont séjourné à ADX, comme Oscar López Rivera, le vétéran du Vietnam et combattant pour l’indépendance de Porto-Rico, condamné à 70 ans de prison, qui a refusé une clémence conditionnelle proposée par le président Clinton, dans la logique de sa position de non-coopération avec les autorités judiciaires, puisqu’il se considère comme un prisonnier de guerre, ce qui l’a aussi amené à refuser de travailler en prison, puisque UNICOR, l’entreprise pénitentiaire qui fait travailler les détenus, est une sous-traitante du département de la Défense.
Ray Luc Levasseur
Tom Manning
Ou encore ces autres vétérans du Vietnam, qui se sont politisés en prison, le Farnco-Canadien du Maine Raymond Luc Levasseur et Tom Manning, les deux principaux membres du groupe United Freedom Front, condamnés en 1986 pour une série d’attentats contre le Capitole, le consulat sud-africain de New York ou le siège d’Union Carbide, la multinationale responsable de la catastrophe de Bhopal en Inde. Levasseur est aujourd’hui de nouveau en liberté mais Manning reste en prison. Il a en tout été condamné à …135 ans de prison. C’est qu’en plus des attentats anti-impérialistes commis par son groupe, qui n’ont fait aucune victime, car le groupe envoyait toujours des avertissements, il a été condamné pour avoir tué un membre de la Garde nationale à un barrage routier. Il a plaidé la légitime défense, arguant que le militaire avait voulu le tuer.
Tout ce petit monde se retrouve donc enterré vivant à ADX, où la lumière du jour ne pénètre pas, et dont le directeur, Ron Wiley, nommé en 2005 - il a 25 ans de carrière derrière lui et c’’est son cinquième poste - fait sa tournée hebdomadaire, avec sa matraque (électrique, évidemment) anti-émeutes à la main, pour s’assurer que « tout va bien ».
Étant donné ce qu’on le sait d’ADX, les 200 détenus qui y seront transférés en arriveront à regretter Guantánamo.
samedi 16 mai 2009
Bonne nouvelle, mauvaises nouvelles
Lakhdar Boumediene, 42 ans, Mustafa Aït Idir, 38 ans, Mohamed Nechla, 40 ans, Hadji Boudella, 43 ans, Saber Lahmar, 39 ans, et Belkacem Bensayah, 46 ans : ils étaient six Algériens, naturalisés bosniaques, pour services rendus à la cause bosniaque pendant la guerre d'indépendance de cette ancienne république yougoslave. Ils avaient été remis par traîtrise par le gouvernement de Sarajevo à la CIA en 2001. En novembre 2008, un juge fédéral US avait ordonné la libération de cinq d'entre eux. L'un d'eux, Lakhdar Boumediene, vient d'être libéré et d'arriver en France vendredi soir 15 mai, où il est accueilli, ansi que sa femme et ses deux enfants, venus d'Algérie. La nouvelle avait été annoncée par Sarkozy lors du sommet de l'OTAN à Strasbourg, en avril dernier. Lakhdar a mené une grève de la faim depuis décembre 2006 et avait été nourri de force depuis. Il a perdu 20 kg.
Barack Obama a pris deux décisions :
2 - Il vient d'annoncer que les tribunaux militaires d'exception (d'une légalité plus que douteuse) mis en place à guantánamo sous Bush II seraient maintenus, ajoutant que les "droits de la défense" seraient améliorés.
vendredi 15 mai 2009
"Suicidé" au Kadhafiland
Des organisations de défense des droits de l'homme à l'Ouest ont demandé l'ouverture immédiate d'une enquête sur la mort de cet homme de 46 ans, qui aurait commandé en Afghanistan un camp militaire pour activistes islamistes du monde arabe.
"Ali Mohamed Abdelaziz al Fakhiri, alias Ibn al Cheikh al Libi, a été retrouvé inanimé après s'être suicidé", précise le journal, qui fait état de l'ouverture par les autorités d'une enquête.
Fait prisonnier au Pakistan par les forces sous commandement américain dans les semaines qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, Fakhiri avait inventé par la suite une histoire sur de prétendus liens entre Al Qaïda et l'Irak pour échapper à la torture dans un pays tiers, selon un rapport datant de 2006 de la commission des services de renseignement du Sénat américain.
D'après des médias américains, Fakhiri aurait livré ces informations lors d'interrogatoires menés en Egypte où il avait été transféré par les Etats-Unis en janvier 2002.
L'islamiste a par la suite été incarcéré par les Américains et, selon le rapport du Congrès, il s'est rétracté en janvier 2002 à propos de liens supposés entre Al Qaïda et le régime de Saddam Husseïn.
La commission parlementaire américaine a conclu que lors des préparatifs de la guerre en Irak, les évaluations émanant de la communauté du renseignement sur d'éventuels camps d'entraînement d'Al Qaïda en Irak étaient en grande partie fondées sur le témoignage de Fakhiri.
Ce dernier fût par la suite envoyé au centre de détention de Guantanamo, sur l'île de Cuba, puis extradé par les Etats-Unis vers la Libye en 2006.
D'après Oed, Fakhiri a été condamné par la justice de son pays à la peine de réclusion criminelle à perpétuité.
Le journal relève que les amis du défunt ont exprimé des doutes quant au suicide de Fakhiri en expliquant que cet ancien prédicateur de mosquée de la localité côtière d'Ajdabiya savait que l'islam interdit le suicide.
Heba Morayef, chercheuse à l'ONG Human Rights Watch (HRW) à Londres, avait pu très brièvement rencontrer le 27 avril le détenu dans la cour de la prison principale de Tripoli. Selon son témoignage, Fakhiri semblait en bonne santé mais avait refusé de parler à la délégation de HRW.
"Nous demandons l'ouverture rapide d'une enquête transparente sur les circonstances de sa mort", a ajouté Morayef.
"Reprieve", une association londonienne d'avocats défenseurs des droits de l'homme, a fait part de son inquiétude quant à la nouvelle de la mort de l'islamiste libyen. "Nous exigeons la vérité sur l'annonce de la mort d'Ibn Cheikh al Libi, 'l'indicateur' dont les aveux obtenus sous la torture ont servi à justifier la guerre en Irak", a déclaré "Reprieve".
Pour en savoir plus, lire Que sont les prisonniers de la CIA devenus?, 26/11/2007