An open letter to my military doctor: allow independent medical access -
Guantánamo Bay prison detainees protest – open letter full text
The signatories protest that the forced feedings administered by military physicians at Guantánamo are 'extremely painful' and 'in violation of the ethics of your ...
Traductions disponibles : Português Español
Les armes de l'alimentation forcée |
Guantanamo: l'alimentation forcée dénoncée
Marc Thibodeau, La Presse, Canada, 25/5/2013
Des manifestants
personnifiant des détenus de Guantanamo ont protesté le week-end dernier
devant l'ambassade des États-Unis à Londres pour dénoncer le traitement
fait aux prisonniers.
Photo Lefteris Pitarakis, Associated Press
L'alimentation forcée de dizaines de
détenus de la base militaire de Guantánamo qui ont engagé une longue
grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention soulève un
tollé.
Plusieurs
organisations de défense des droits de l'homme ont écrit de concert
récemment au secrétaire à la Défense américain, Chuck Hagel, pour lui
demander de mettre immédiatement un terme à cette pratique.
Ils soulignent que l'alimentation forcée de grévistes de la faim constitue un traitement «cruel, inhumain et dégradant» condamné par les instances médicales mondiales en raison de son caractère «invasif» et «violent».
Les signataires demandent que des professionnels médicaux «indépendants» soient autorisés à superviser les prisonniers concernés d'une manière éthique conforme aux standards internationaux.
«Le consensus international est de respecter l'autonomie des grévistes et de ne pas prendre une attitude de confrontation à leur égard», souligne en entrevue Vincent Iacopino, conseiller médical d'expérience au sein de l'organisation américaine Physicians for Humans Rights.
Selon lui, les prétentions de l'administration américaine, qui dit agir ainsi pour protéger la vie des détenus, ne tiennent pas la route. «Si des prisonniers mouraient, ça attirerait l'attention sur les problèmes qu'ils cherchent à dénoncer», déclare-t-il.
Onze ans sans procès
«Les détenus de Guantánamo utilisent la seule chose qui leur reste, leur corps, pour faire entendre leurs doléances», ajoute M. Iacopino, en rappelant que la plupart des 166 prisonniers de la prison sont retenus depuis 11 ans, sans procès.
Ils ont généralement été torturés et voient le recours à l'alimentation forcée comme un prolongement des abus qu'ils ont déjà subis, relate-t-il. «S'il y a de la résistance, l'expérience peut être très traumatisante», note M. Iacopino.
Polly Rossdale, activiste de l'organisation anglaise Reprieve qui soutient les efforts de réinsertion d'anciens détenus de Guantánamo, a rencontré plusieurs ex-prisonniers soumis à cette pratique. «Ils disent tous que c'est douloureux et profondément humiliant», relate-t-elle.
Un document opératoire révélé par la chaîne Al-Jazira indique que les détenus alimentés de force sont immobilisés sur des chaises de contention avec des sangles. Un tube inséré par le nez permet d'introduire un liquide nutritif sur une période pouvant durer jusqu'à deux heures. S'ils tentent de mordre le tube, un masque est placé sur leur visage. Ils sont replacés sur la chaise s'ils tentent de se faire vomir durant leur passage subséquent dans une salle d'observation.
Selon Mme Rossdale, la décision d'imposer ou non l'alimentation forcée relève non pas du personnel médical, mais du commandant de la base, ce qui augmente les risques d'utilisation des soins médicaux à des fins politiques.
Plusieurs détenus de Guantánamo sont d'avis que la technique utilisée a été durcie de manière à prendre un caractère «punitif», souligne-t-elle. Les tubes sont notamment introduits deux fois par jour plutôt que d'être maintenus en place, ce qui favorise les infections.
«Les prisonniers sont parfois réveillés dans le milieu de la nuit pour être alimentés parce qu'il y a trop de grévistes», ajoute Mme Rossdale.
Reprieve estime que la majeure partie des prisonniers qui restent à Guantánamo participent à la grève de la faim. Une trentaine seraient soumis à des séances d'alimentation forcée.
L'Association médicale américaine a rappelé en avril, dans une lettre également adressée à Chuck Hagel, que tous les patients en mesure de donner un consentement éclairé «ont le droit de refuser des interventions médicales, incluant celles qui permettent de les maintenir en vie».
Le principe a également été souligné par la prestigieuse revue médicale The Lancet dans un récent éditorial au sujet de Guantánamo.
«On ne peut qu'espérer que les travailleurs de la santé responsables des soins des détenus agissent de manière éthique, tant pour le bien des individus concernés que pour les principes d'humanité et de dignité que la profession médicale, et les États-Unis, ont promis de défendre», conclut l'éditorial.
Ils soulignent que l'alimentation forcée de grévistes de la faim constitue un traitement «cruel, inhumain et dégradant» condamné par les instances médicales mondiales en raison de son caractère «invasif» et «violent».
Les signataires demandent que des professionnels médicaux «indépendants» soient autorisés à superviser les prisonniers concernés d'une manière éthique conforme aux standards internationaux.
«Le consensus international est de respecter l'autonomie des grévistes et de ne pas prendre une attitude de confrontation à leur égard», souligne en entrevue Vincent Iacopino, conseiller médical d'expérience au sein de l'organisation américaine Physicians for Humans Rights.
Selon lui, les prétentions de l'administration américaine, qui dit agir ainsi pour protéger la vie des détenus, ne tiennent pas la route. «Si des prisonniers mouraient, ça attirerait l'attention sur les problèmes qu'ils cherchent à dénoncer», déclare-t-il.
Onze ans sans procès
«Les détenus de Guantánamo utilisent la seule chose qui leur reste, leur corps, pour faire entendre leurs doléances», ajoute M. Iacopino, en rappelant que la plupart des 166 prisonniers de la prison sont retenus depuis 11 ans, sans procès.
Ils ont généralement été torturés et voient le recours à l'alimentation forcée comme un prolongement des abus qu'ils ont déjà subis, relate-t-il. «S'il y a de la résistance, l'expérience peut être très traumatisante», note M. Iacopino.
Polly Rossdale, activiste de l'organisation anglaise Reprieve qui soutient les efforts de réinsertion d'anciens détenus de Guantánamo, a rencontré plusieurs ex-prisonniers soumis à cette pratique. «Ils disent tous que c'est douloureux et profondément humiliant», relate-t-elle.
Un document opératoire révélé par la chaîne Al-Jazira indique que les détenus alimentés de force sont immobilisés sur des chaises de contention avec des sangles. Un tube inséré par le nez permet d'introduire un liquide nutritif sur une période pouvant durer jusqu'à deux heures. S'ils tentent de mordre le tube, un masque est placé sur leur visage. Ils sont replacés sur la chaise s'ils tentent de se faire vomir durant leur passage subséquent dans une salle d'observation.
Selon Mme Rossdale, la décision d'imposer ou non l'alimentation forcée relève non pas du personnel médical, mais du commandant de la base, ce qui augmente les risques d'utilisation des soins médicaux à des fins politiques.
Plusieurs détenus de Guantánamo sont d'avis que la technique utilisée a été durcie de manière à prendre un caractère «punitif», souligne-t-elle. Les tubes sont notamment introduits deux fois par jour plutôt que d'être maintenus en place, ce qui favorise les infections.
«Les prisonniers sont parfois réveillés dans le milieu de la nuit pour être alimentés parce qu'il y a trop de grévistes», ajoute Mme Rossdale.
Reprieve estime que la majeure partie des prisonniers qui restent à Guantánamo participent à la grève de la faim. Une trentaine seraient soumis à des séances d'alimentation forcée.
L'Association médicale américaine a rappelé en avril, dans une lettre également adressée à Chuck Hagel, que tous les patients en mesure de donner un consentement éclairé «ont le droit de refuser des interventions médicales, incluant celles qui permettent de les maintenir en vie».
Le principe a également été souligné par la prestigieuse revue médicale The Lancet dans un récent éditorial au sujet de Guantánamo.
«On ne peut qu'espérer que les travailleurs de la santé responsables des soins des détenus agissent de manière éthique, tant pour le bien des individus concernés que pour les principes d'humanité et de dignité que la profession médicale, et les États-Unis, ont promis de défendre», conclut l'éditorial.
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