TUNIS (TAP), 14/9/2011 - Une conférence internationale pour la défense des prisonniers tunisiens à Guantanamo a été organisée mercredi à Tunis.
Les participants ont unanimement appelé à l'abrogation de la loi anti-terroriste de décembre 2003 de manière à permettre à l'Etat tunisien de discuter "d'égal à égal" avec les autorités américaines pour la libération des 5 tunisiens toujours détenus à Guantanamo.
L'abrogation de cette loi constitue la première étape concrète à franchir pour engager une action "sérieuse" visant à rendre justice aux cinq tunisiens toujours emprisonnés à Guantanamo, ont souligné les intervenants à la conférence organisée à l'initiative de l'organisation humanitaire et juridique anglaise "Reprieve".
Douze tunisiens ont été incarcérés à Guantanamo depuis son ouverture. Cinq d'entre-eux sont toujours prisonniers "bien que leurs noms figurent depuis un moment sur la liste d'extradition, leur innocence ayant été établie après des années de détention sans procès ou charges précises", a-t-on indiqué au cours de la conférence.
Les participants réprouvent que la Tunisie, "un pays qui a réalisé une révolution radicale et historique, maintienne une loi inique promulguée pour violer les libertés", qualifiant la loi précitée de "terrorisme d'Etat".
Les changements opérés en Tunisie, après une rupture définitive avec l'injustice et la dictature, resteront inachevés si des citoyens tunisiens sont encore détenus illégalement dans des prisons étrangères "surtout qu'ils ont été innocentés", ont-ils encore fait noter.
Ils ont souligné qu'un cadre juridique doit être mis en place pour habiliter la partie tunisienne à discuter avec les autorités américaines la libération des détenus ou l'ouverture de procès justes et conformes aux normes internationales d'équité.
Des intervenants ont, en outre, souligné l'importance de préciser la définition même du terrorisme, d'assainir la magistrature et les appareils sécuritaires et de changer les lois vers plus de démocratie et d'institutions démocratiques "afin que le gouvernement puisse faire pression sur les Etats-Unis et libérer les détenus tunisiens".
Des témoignages d'anciens détenus de Guantanamo sur les tortures et mauvais traitements subis ont été présentés, et qualifiés par des participants de "crimes contre l'humanité".
La rencontre a, également, permis d'évoquer la question des dédommagements matériels et moraux des prisonniers, pour les tortures et traitements humiliants subis.
Les intervenants se sont interrogés "comment un Etat qui se considère comme un exportateur de démocratie et donne des leçons de droits de l'Homme peut-il enfreindre les règles et lois internationales ainsi que les droits fondamentaux, et faire fi des chartes et conventions internationales qu'il a adoptées ?".
Ils ont, dans ce sens, évoqué "l'absence d'une volonté politique américaine de fermer cette prison et de libérer les prisonniers".
Les détenus tunisiens à Guantanamo ont été innocentés puisque "ne constituant pas un danger pour les Etats-Unis", a expliqué Ghada Eldemellawy, responsable de la communication à Retrieve. "Les USA ne les ont pas extradé parce qu'ils estimaient qu'ils encouraient un risque de mauvais traitements sous le régime de Ben Ali", a-t-elle encore précisé.
Des membres de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, des représentants des partis politiques tunisiens et d'organisations concernées ont pris part aux travaux de la conférence.
Fondée en 1999, l'organisation Reprieve Royaume-Uni est la première et plus importante des organisations Reprieve dans le monde. Elle lutte contre la peine de mort et les violations des droits de l'Homme, et pour la défense des droits des prisonniers de Guantanamo.