lundi 21 janvier 2008

Le Canada place les USA et Israël sur une liste de surveillance des pays soupçonnés de pratiquer la torture

Acte I

Par David Ljunggren, Reuters, 17 janvier 2008. Traduit par Antonio Artuso

OTTAWA (Reuters) - Le ministère canadien des Affaires étrangères a mis les USA et dsraël sur la liste de surveillance des pays où les détenus risquent d'être torturés.
D'autre part il considère que certaines techniques d'interrogatoire utilisés par les USA constituent des actes de torture.
C'est ce qu'indique un document obtenu par Reuters jeudi. La révélation est de nature à embarrasser le gouvernement conservateur minoritaire, qui est un allié indéfectible des USA et d'Israël.
Les deux pays ont nié qu'ils permettaient l'utilisation d'actes de torture dans leurs prisons. Le document fait partie du matériel de formation d'un cours de sensibilisation des diplomates sur l'utilisation de la torture, mentionne la prison US de Guantanamo Bay à Cuba, où un Canadien est détenu.
L'homme, Omar Khadr, est le seul Canadien à Guantanamo. Ses défenseurs affirment que le document montre combien sont ridicules les affirmations d'Ottawa selon lesquelles Khadr n'a pas été maltraité. Sous la rubrique «définition de la torture», le document énumère les techniques US d'interrogatoire telles que la nudité forcée, l'isolement, la privation de sommeil et l'utilisation d'un bandeau sur les yeux des détenus.
«Les USA ne permettent ni ne tolèrent la torture en aucune circonstance", a indiqué un porte-parole de l'ambassade US à Ottawa.
Un porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier a tenté de distancer Ottawa du document. «Ce manuel de formation n'est pas un document de politique et ne reflète pas les vues ou les politiques de ce gouvernement», a-t-il dit.
Le gouvernement a fourni par erreur le document à Amnesty International Canada dans le cadre d'une plainte judiciaire lancée par l’organisation contre Ottawa au sujet du traitement des détenus en Afghanistan.
Le secrétaire général d'Amnesty, Alex Neve, a déclaré à Reuters que son groupe avait des preuves très claires de violation des droits de la personne dans les prisons israéliennes et US.
«Il est donc rassurant et réconfortant de voir que ... ces deux pays ont été lis sur la liste et que les considérations de politique étrangère ne l'ont pas emporté sur le souci des droits de l'homme», a-t-il dit.
Khadr est détenu à Guantanamo Bay depuis cinq ans. Il est accusé d'avoir tué un soldat états-unien lors d'un affrontement en Afghanistan en 2002, quand il avait 15 ans.
Des groupes de défense des droits de la personne affirment que Khadr devrait être rapatrié au Canada, idée que le premier ministre Stephen Harper rejette en alléguant que l'homme doit répondre à de graves accusations.
«À un moment donné au cours de la détention d'Omar Khadr, le gouvernement canadien commencé à soupçonner qu'il était soumis à des actes de torture», a déclaré William Kuebler, avocat US de Khadr. «Le gouvernement canadien n'a cependant rien fait pour obtenir la libération de Khadr de la prison de Guantanamo et pour protéger ses droits, contrairement à tous les autres pays du monde occidental qui ont eu des ressortissants détenus à Guantanamo, a déclaré l'avocat à la chaîne de télévision CTV.
La liste de surveillance comprend la Syrie, la Chine, l'Iran, l'Afghanistan, le Mexique et l'Arabie Saoudite.
«Si Israël est inclus dans la liste en question, l'ambassadeur d'Israël s'attendrait à sa suppression», a déclaré le porte-parole de l'ambassade israélienne, Michael Mendel.
Le cours de sensibilisation a commencé après qu'Ottawa a été critiqué pour la façon dont il a traité le cas du Canadien Maher Arar, qui avait été déporté des USA vers la Syrie en 2002. Arar affirme avoir été torturé à plusieurs reprises au cours de l'année qu'il a passé dans les prisons de Damas. Une enquête sur cette affaire a révélé que des diplomates canadiens n'avaient pas reçu de formation officielle leur permettant de détecter si les détenus sont maltraités.

Acte II
Réaction
L'ambassadeur israélien est outré qu'Israël soit sur la liste
Associated Press (AP) 20/01/2008
L'ambassadeur d'Israël au Canada trouve choquant d'apprendre que le nom de son pays figure sur une liste des États tortionnaires dans un manuel de formation du ministère des Affaires étrangères.
Alan Baker croit que la personne qui a dressé cette liste a été induite en erreur ou mal informée.
Il est néanmoins heureux de la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, qui a annoncé que le manuel allait être révisé et que les noms des États-Unis et d'Israël allaient en être retirés.
Les États-Unis étaient cités dans le manuel compte tenu des inquiétudes que soulèvent les conditions de détention des présumés terroristes sur la base de Guantanamo. Le groupe de défense des droits de la personne, Amnistie internationale, s'est déjà fait critique à l'égard de Guantanamo et des techniques d'interrogatoire de l'armée et des services secrets israéliens.
Selon l'ambassadeur Baker, Amnistie a été trop prompte à accepter des accusations de torture qu'il juge non fondées sans les vérifier.
Acte III
Excuses
Le ministre des Affaires étrangères du Canada regrette la 'liste de torture"

Maxime Bernier, ministre des Affaires étrangères du Canada

Le ministre des Affaires étrangères du Canada a demandé des excuses pour l'inclusion des États-Unis et d'Israël dans la liste des pays qui risquent de torturer.
Maxime Bernier a dit que la liste, qui faisait partie d'un manuel de sensibilisation à la torture donné à des diplomates «comprend de façon erronnée certains de nos plus proches alliés».
Monsieur Bernier a affirmé que le manuel ne constitue pas un document relatif aux politiques et ne représentait pas les opinions de son gouvernement.
La liste a été critiquée par les États-Unis et par Israël, qui ont exigé que celle-ci soit modifiée.
«Nous trouvons insultant d'être placé ans la même liste que des pays comme l'Iran et la Chine. C'est franchement absurde», a déclaré l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Wilkins.
Un porte-parole de l'ambassade d'Israël à Ottawa, Michael Mendel, a dit que la Cour suprême d'Israël «a déclaré qu'elle interdit expressemment tout type de torture».
«Si le nom d'Israël est indiqué sur la liste en question, l'ambassadeur d'Israël s'attend à ce qu'il en soit enlevé», a-t-il ajouté.
Dans une déclaration émise samedi, monsieur Bernier a dit qu'il regrettait l'embarras causé par la diffusion publique de la liste et a promis qu'elle serait changée de façon a présenter la position officielle du gouvernement canadien.
«Le manuel n'est ni un document sur les politiques ni une déclaration politique. Il ne représente pas les points de vue ou les positions du gouvernement.»
«Le manuel contient une liste qui inclue de façon erronnée certains de nos plus proches alliés. J'ai ordonné la révision et la réécriture du manuel» a-t-il déclaré.
«Le manuel n'est ni un document sur les politiques ni une déclaration politique. Il ne représente, en tant que tel, pas les points de vue ou les positions du gouvernement.»
Le manuel enumère les techniques d'interrogatoire des États-Unis telles que la nudité forcée, l'isolement, la privation de sommeil et le fait de bander les yeux des détenus, et indiquen que ces actes correspondent à la «définition de la torture». Il se réfère également au camp de détention américain de Guantanamo Bay, où un homme canadien, Omar Khadr, est actuellement détenu. Les critiques disent que cela rend ridicules les affirmations d'Ottawa selon lesquelles ce dernier n'est pas maltraité. Le manuel se réfère à Guantanamo Bay où un Canadien est actuellement détenu.
D'autres pays sur la liste des pays à surveiller sont les suivants: Afghanistan, Chine, Iran, Israël, Mexique, Arabie saoudite et la Syrie. Le document a été fourni par erreur au groupe de défense des droits humains Amnesty International dans le cadre d'un procès qu'il intente au gouvernement canadien au sujet du traitement des détenus en Afghanistan. Le cours de sensibilisation aux cas de torture a été mis en place après qu'Ottawa ait été vivement critiqué pour sa gestion du cas d'un Canadien qui a été déporté des États-Unis vers la Syrie en 2002.
Né en Syrie, Maher Arar, qui a été accusé d'être membre d'Al-Qaïda, a déclaré qu'il avait été torturé pendant les 10 mois de sa détention dans une prison de Damas. Une enquête a reconnu qu'il n'avait aucun lien avec des groupes terroristes en 2006.

TOUT COMMENTAIRE EST SUPERFLU

Source : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/7198435.stm

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