mardi 21 août 2007

Les psychologues US et la torture (suite)

La Convention de l’Association américaine de psychologie a finalement adopté une résolution mi-chèvre mi-chou, qui condamne une douzaine de formes de torture causant des peines ou des souffrances « significatives » mais pas celles causant des peines ou des souffrances moindres. D’autre part, la résolution n’aborde pas les conditions de détention en dehors des séances d’interrogatoires. Or celles-ci font aussi partie des tortures telles qu’elles sont définies par la législation internationale. Lire ci-dessous le compte-rendu de l’envoyé spécial d’Associated Press ainsi que le commentaire des Psychologues pour une APA éthique, qui avaient organisé la moblisation pour amener les psychologues à refuser d’assister la torture de « combattants ennemis » sous quelque forme que ce soit.

Les psychologues pourront participer aux interrogatoires de Guantanamo
par Sudhin Thanawala
, Associated Press, San Francisco, 20 août 2007

L'Association américaine de psychologie (APA), considérée comme la plus grande organisation professionnelle du pays, a décidé dimanche de ne pas interdire à ses membres de participer aux interrogatoires de détenus à Guantanamo et dans d'autres centres de détention militaires américains. Alors que certains réclamaient une interdiction sous peine d'expulsion, l'APA n'a pas voulu aller aussi loin, se contentant de réaffirmer son opposition à la torture.
Ce débat au sein de l'association a été rendu nécessaire par la présence avérée de psychologues à Guantanamo et dans la tristement célèbre prison irakienne d'Abou Ghraïb. À l'occasion de son congrès annuel à San Francisco, l'APA (148.000 membres), a étudié une motion interdisant à ses membres d'être impliqués de quelque façon que ce soit dans les interrogatoires menés dans de tels centres de détention. Ses promoteurs ont souligné qu'il fallait que l'APA suive l'exemple de l'Association médicale américaine et de l'Association américaine de psychiatrie, qui ont décidé que leurs membres ne pouvaient jouer aucun rôle dans les interrogatoires menés dans des prisons telles que Guantanamo. Mais d'autres, opposés à l'interdiction, ont fait valoir que la présence de psychologues pouvait aider à s'assurer que des abus ne soient pas commis lors des interrogatoires. Cette tendance l'a donc emporté, au grand dam de certains. «Si on en arrive à justifier la présence de psychologues par le simple fait que ça permet d'empêcher que des détenus ne soient tués, alors la seule chose à faire, sur le plan moral et éthique, c'est de s'en aller», a réagi Laurie Wagner, qui exerce à Dallas. L'APA s'est donc contentée d'adopter une résolution réaffirmant son opposition à la torture et interdisant à ses membres de se livrer ou d'être partie prenante à plus d'une dizaine de pratiques spécifiques, incluant la nudité forcée ou la privation de sommeil. «Nous avons profité de ce congrès pour montrer que l'APÀ attire l'attention sur des actes qui n'ont pas de raison d'être, qui ne sont pas éthiques et qu'aucun psychologue ne doit commettre», s'est justifiée la porte-parole de l'APA, Rhea Farberman. Le débat au sein de l'association fait suite à la publication des rapports qui impliquent des spécialistes de la santé mentale dans les scandales d'abus sur des détenus à Guantanamo et à Abou Ghraïb, près de Bagdad. Certains de ces psychiatres et psychologues sont notamment accusés d'avoir aidé les interrogateurs à augmenter le niveau de tension chez les prisonniers, en exploitant leurs peurs. Un rapport du ministère de la Défense récemment déclassifié confirme que depuis 2002, des psychiatres et psychologues ont aidé les interrogateurs militaires à développer de nouvelles techniques afin de soutirer des informations aux prisonniers.


2007 American Psychological Association Convention
Below is link to a Resolution, Substitute Motion 3, which was passed by an overwhelming majority of the members of the American Psychological Association’s Council of Representatives at their annual meeting on Sunday, August 19, 2007. This Resolution leaves fewer ethical loopholes than the previous year’s Resolution and has been welcomed by Physician’s for Human Rights as a significant step forward. Nonetheless, this Resolution leaves room for improvement. Although it unequivocally condemns over a dozen forms of torture, in line 97 you will see that these tortures are not to be used in a manner that represents significant pain or suffering, leaving open the question of what happens when they cause mild or moderate pain and suffering. Further these prohibitions are limited to interrogations, the conditions of detention and what happens outside of interrogations are not addressed. The conditions of detention, themselves have been called tantamount to torture by the International Committee of the Red Cross.Most disappointing to Psychologists for an Ethical APA is that the following amendment was not passed:
BE IT RESOLVED that the objectives of the AP A shall be to advance psychology as a science and profession and as a means of promoting health, education and welfare ... " (Bylaws of the APA: Article 1) and, therefore, the roles of psychologists in settings in which detainees are deprived of adequate protection of their human rights, should be limited as health personnel to the provision of psychological treatment.
The failure of this amendment means that the American Psychological Association continues to collaborate with the US Government in its policy of holding detainees indefinitely without due process in detention centers that are in direct violation of International Human Rights Law and the Geneva Convention. We hope you will join us in working for the passage of this amendment in the future.
Here is a link to is the wording of the Resolution (Substitute Motion 3).

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